Ali Ben Ghedhahem
Ali Ben Ghedhahem ou Ali Ben Ghdahem (arabe : علي بن غذاهم), de son nom complet Ali Ben Mohamed Ghedhahem El Mejri, né en 1814 à Sbeïtla et empoisonné le à La Goulette[1], est un dirigeant tribal et révolutionnaire tunisien.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
علي بن غذاهم |
Nom de naissance |
Ali Ben Mohamed Ghedhahem El Mejri |
Nationalité |
Son père, Mohamed Ben Ghedhahem, cadi de la tribu berbère des Majer, avait été empoisonné par le caïd du Kef, El Arbi El Baccouche Essehili[2]. Ali jure alors de le venger et finit par tuer le caïd de ses propres mains quelques années plus tard[3], lors de la révolution des tribus.
Biographie
Chef de la tribu berbère des Majer, de la région de Kasserine, il est l'une des figures emblématiques de la révolte menée en 1864 contre le pouvoir beylical, à la suite du dédoublement des impôts (mejba) imposé en 1858 par la politique financière instaurée par le ministre Mustapha Khaznadar[4].
Alors que les soldats du bey s'en prennent à toutes les tribus, Ali Ben Ghedhahem ordonne la désobéissance fiscale et se voit contraint de se réfugier dans les montagnes près des djebels Oueslatia et Bargou et d'organiser la résistance ; d'autres tribus se rallient à son mouvement[5] dont les Ouled Ayar de la région de Makthar, les Jlass et les Ousseltia de la région de Kairouan, les Hamama de la région de Sidi Bouzid et les Fraichiches de la région de Thala et Kasserine.
En , Ben Ghedhahem et ses alliés déclarent la révolution, mouvement qui gagne les trois-quarts de la population, n'épargnant que la capitale Tunis et la région du cap Bon. Toutefois, grâce à des « manœuvres de ruse, de perfidie, de convoitise et de promesses »[6], les alliances tribales finissent par se rompre. Selon l'historienne Sophie Bessis, Ali Ben Ghedhahem « est déconsidéré depuis qu'il a reçu un important domaine en récompense de son abandon de la lutte armée et que des membres de sa famille ont eux aussi bénéficié de postes et de prébendes »[7]. Ben Ghedhahem est capturé — ou se rend selon certaines sources[5] — torturé au palais du Bardo puis incarcéré dans le fort de la Karaka de La Goulette jusqu'à sa mort par empoisonnement le .
Perceptions
L'historien Pierre Grandchamp le décrit comme étant « un homme de petite taille, d'un teint blanc, d'un esprit fin et éclairé, courageux, connaissant bien les affaires du temps, bon cavalier, aimé par toute la tribu des Majer ainsi que par tous ceux qui l'ont connu à l'époque. Il avait fait ses études à la grande mosquée Ezzeïtouna »[8]. Plus critique, l'historien Ibn Abi Dhiaf, proche du pouvoir beylical, le présente comme « un homme de la population des Oulad Msahil de ceux qui prétendent être homme de science, en vérité il ne l'était pas. Inconnu durant sa vie, il n'avait jamais eu l'occasion d'avoir un quelconque pouvoir politique »[9].
Malgré les controverses ayant entouré sa vie, Ali Ben Ghedhahem est souvent considéré comme un héros de la résistance populaire tunisienne au XIXe siècle[10].
Références
- Arthur Pellegrin, Histoire de la Tunisie : depuis les origines jusqu'à nos jours, Tunis, Librairie Louis Namura, , 256 p., p. 165.
- Jean Ganiage, La révolte de Ali Ben Ghdahem : 1864, Tunis, Bibliothèque historique, , p. 20.
- Ganiage 1965, p. 25.
- Pellegrin 1948, p. 164.
- Habib Missaoui, « Sur les traces de Ben Oun Khannag Larouâh (preneur des âmes) : le petit-fils de Ali Ben Ghedhahem El Mejri », Le Quotidien, inconnu (lire en ligne, consulté le ).
- Abdelmajid Haouachi, « La révolte d'Ali Ben Ghdahem : « le bey du peuple » », Le Quotidien, inconnu (lire en ligne, consulté le ).
- Sophie Bessis, Histoire de la Tunisie : de Carthage à nos jours, Paris, Tallandier, , 528 p. (ISBN 979-10-210-2141-9), p. 244.
- Pierre Grandchamp, André Martel et Paul Sebag, Études d'histoire tunisienne : XVIIe-XXe siècles, Paris, Presses universitaires de France, , 200 p..
- Ahmed Younes, « La mort de Ali Ben Ghedhahem », Le Temps, .
- Moncef Ben Fraj, « L'anniversaire de la mort du héros Ali Ben Ghdahem », Al Chourouk, .