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Orgnac III

Orgnac III (aussi appelé Matte Carlinque) est un site archéologique français situé sur la commune d'Orgnac-l'Aven dans le département de l'Ardèche en Auvergne, région Auvergne-Rhône-Alpes.

Orgnac III
Localisation
Pays Drapeau de la France France
région Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie
Auvergne, Languedoc
départements Ardèche, Gard
commune Orgnac-l'Aven
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (2006)
CoordonnĂ©es 44° 19′ 14″ nord, 4° 24′ 07″ est
Altitude 320 m
Géolocalisation sur la carte : Ardèche
(Voir situation sur carte : Ardèche)
Orgnac III
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(Voir situation sur carte : Languedoc-Roussillon)
Orgnac III
Orgnac III
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Orgnac III
Orgnac III
Histoire
Acheuléen final
Paléolithique

Il est internationalement connu pour avoir livré une des plus anciennes industries lithiques Levallois.

Il fait partie de l'ensemble de l'aven d'Orgnac, classé grand Site de France en 2004.

Situation

Il se trouve Ă  800 m Ă  l'ouest du puits Bertras[1] (entrĂ©e de l'aven d'Orgnac), au lieu-dit Mattecarlinque, Ă  320 m d'altitude, sur le bord sud-ouest du plateau karstique urgonien[2] - [3].

Il est au milieu d'une doline d'environ 600 m2 orientée S-S-O[4].

Occupation humaine

Il a Ă©tĂ© occupĂ© par Homo heidelbergensis de ~312 000 Ă  ~265 000 ans (± 4 000 ans) BP (de l'AcheulĂ©en final jusqu'au dĂ©but du PalĂ©olithique moyen)[2]. Il est mondialement connu comme un des plus anciens sites Ă  avoir livrĂ© de l'industrie lithique Ă  dĂ©bitage Levallois[5].

La grotte des premières occupations s'est lentement comblée pour devenir un abri sous roche puis un site de plein air.

Les comportements aussi bien pour l'industrie lithique que pour la subsistance s'y sont modifiés au cours des âges, sans liaison avec le changement climatique de la fin de l'occupation du lieu. Ils touchent l’approvisionnement en matières premières, les modes de débitage, l’outillage, la gestion de la biodiversité animale, le traitement des carcasses et les types d’occupation[6]. L'essentiel des dépôts s'est accumulé au Pléistocène moyen lors d'une période tempérée plus ou moins humide, et la fin de la séquence dans un climat plus froid et plus sec[7].

Stratigraphie, archéologie

Les 11 m d'Ă©paisseur du remplissage archĂ©ologique[2] incluent les cendres et dĂ©pĂ´ts volcaniques dĂ©posĂ©s par l'Ă©ruption volcanique du Puy de Sancy (~275 000 ans)[5]. Ils sont divisĂ©s en quatre unitĂ©s stratigraphiques principales et 12 niveaux sĂ©dimentaires : Ia Ă  Ie, IIa et IIb, IIIa Ă  IIIc, IVa et IVb. Ces niveaux incluent 10 niveaux archĂ©ologiques (1, 2, 3, 4a, 4b, 5a, 5b, 6, 7 et 8) et 3 de ces niveaux (6, 5b et 5a) contiennent des fossiles d'hominidĂ©s[8].

Ensemble stratigraphique I

La première et plus ancienne unitĂ© stratigraphique (I) comprend cinq niveaux, « I.a Â» Ă  « I.e Â». Elle est faite de lits de sable et argile avec des graviers anguleux. Elle contient principalement des vestiges de renne et de carnivores, dont petit Canis lupus, hyène des cavernes, ours Ă  collier, renard roux, lion des cavernes, ours de Deninger, ours brun ; le tout semble avoir Ă©tĂ© dĂ©posĂ© lors d'un climat gĂ©nĂ©ralement froid[8].

Ensemble stratigraphique II

La deuxième unité stratigraphique (II) comprend trois niveaux, 6, 5b et 5a (du plus ancien au plus récent). Elle est composée de dépôts de limon enrobant des graviers érodés, de grands blocs et des spéléothèmes. Elle contient des fossiles de cerf élaphe, daim de Clacton[n 1], Capreolus sussenbornensis[n 2] et sanglier. Le tout correspond à un climat humide et tempéré[8].

Ensemble stratigraphique III

La troisième unité stratigraphique (III) comprend trois niveaux, IIIa à IIIc, et trois horizons archéologiques : 4b, 4a et 3. Elle est faite de sable argileux avec des graviers anguleux et des blocs. Elle contient de nombreux fossiles de bovidés et correspond à un climat humide et frais. Elle contient aussi les premiers témoins d'industrie Levallois[8].

Ensemble stratigraphique IV

La quatrième et plus rĂ©cente unitĂ© stratigraphique (IV) comprend deux niveaux, 2 et 1. Elle est faite de dĂ©pĂ´ts argileux et graviers. C'est la dernière occupation humaine du site. Elle contient principalement des vestiges d'Equus steinheimensis[9] et correspond Ă  un climat frais et des paysages ouverts[8]. Moncel et al. (2020) donnent une datation par minĂ©ralogie volcanique du dĂ©but du MIS 8[10] (~300 000 ans).

Industrie lithique

Elle est présente dans les quatre ensembles stratigraphiques, et les outils présentent peu de retouches (bifaces et industrie lithique de mode 1). Les couches 7 à 5a contiennent des séries de débitage faites principalement de nucléus centripètes. Les premiers outils Levallois apparaissent dans les couches 4b et 4a. Dans les niveaux 3 à 1 (les plus récents), les nucléus sur éclats sont dominants. Les niveaux 8 à 3 contiennent une plus grande diversité d'éclats, tandis que les niveaux 2 et 1 sont riches en racloirs à retouches plus minces et contiennent peu de bifaces (moins de 1 %), ces derniers comportant généralement peu de retouches. L'industrie lithique dans la succession des couches montre une évolution graduelle en lien avec les techniques utilisées et les stratégies de subsistance, vers un comportement typique du Paléolithique moyen[8].

Le silex est largement exploitĂ© pour tous les niveaux. Il compose 90 % de l'industrie des plus anciens niveaux et près de 99 % pour les niveaux les plus rĂ©cents. Il provient de sites Ă  courtes distances : 2 Ă  5 km, des formations de l'Oligocène au sud du site[7]. Les silex en galets provenant de la vallĂ©e du RhĂ´ne (une quinzaine de km Ă  l'est) sont plus nombreux dans les couches anciennes : leur nombre dĂ©croĂ®t dans les couches 1 et 2. Les silex Levallois sont sĂ©lectionnĂ©s avec un soin croissant[4].

Quelques autres roches sont prĂ©sentes : quartz, quartzite, calcaire, granite, basalte et autres roches volcaniques, schiste et grès (galets ou grands Ă©clats). Ces pierres ont Ă©tĂ© ramassĂ©es Ă  15 km ou moins : au sud dans la Cèze, au nord dans la rivière Ardèche ou Ă  l'est dans le RhĂ´ne. Elles sont gĂ©nĂ©ralement utilisĂ©es pour fabriquer des outils sur galet, par percussion ; et occasionnelemrnt pour fabriquer des bifaces[4].

Cendres volcaniques

Vers 1985 Debard et Pastre[11] dĂ©crivent et analysent les cendres de retombĂ©e volcanique dans le niveau 2, fait de sable limoneux brun clair. Les cendres volcaniques y forment des inclusions jaunâtres de plusieurs dizaines de cm, contenant des pyroxènes verts anguleux bien prĂ©servĂ©s typiques d'une des dernières Ă©ruptions du Puy de Sancy, qui se trouve Ă  180 km au nord-ouest d'Orgnac ; Debard et Pastre proposent un âge d'environ 300 000 ans pour le niveau 2.
Analysant par les traces de fission 22 zircons provenant de la mĂŞme couche, Khatib (1994)[12] obtient un âge de 298 000 Â± 55 ans. Roger et al. (1999)[13] donnent pour l'Ă©ruption un âge de 275 000 ans ± 5 000 ans (d'après la datation de sanidines des lacs de Praclaux et du Bouchet)[14].

Protection

En 2006 le périmètre de classement de l'aven d'Orgnac est agrandi pour inclure Orgnac III et une plus grande surface de l'environnement paysager de l'aven[15].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Aouraghe 1990] Hassan Aouraghe, « Les cervidĂ©s du site plĂ©istocène Moyen d'Orgnac 3 (Ardèche, France) », Quaternaire, vol. 1, nos 3-4,‎ , p. 231-245 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • [Biot et al. 2007] Vincent Biot, MĂ©lanie Duval et Christophe Gauchon, « L’aven d’Orgnac - Identification d’un haut lieu du tourisme souterrain », dans L'Aven d'Orgnac, valorisation touristique, apports scientifiques, (lire en ligne [PDF]), p. 13-35. Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Delannoy et al. 2007] Jean-Jacques Delannoy, Christophe Gauchon et StĂ©phane Jaillet (dir.), L'Aven d'Orgnac, valorisation touristique, apports scientifiques, coll. « Cahiers de gĂ©ographie » (no 5), , 185 p. (ISSN 1762-4304, lire en ligne [PDF]).
  • [Khatib 1989] Samir Khatib, « Le site d'Orgnac 3 (Ardèche, France). Étude sĂ©dimentologique et gĂ©ochimique. Cadre chronologique et Ă©volution palĂ©oclimatique (thèse) », MusĂ©um d'Histoire Naturelle,‎ (rĂ©sumĂ©, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • [Michel et al. 2013] (en) VĂ©ronique Michel, Guanjun Shen, Chuan-Chou Shen, Chung-Che Wu, Chrystèle VĂ©rati, Sylvain Gallet, Marie-HĂ©lène Moncel, Jean Combier, Samir Khatib et Michel Manetti, « Application of U/Th and 40Ar/39Ar Dating to Orgnac 3, a Late Acheulean and Early Middle Palaeolithic Site in Ardèche, France », PLOS one, vol. 8, no 12,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Moncel et al. 2010] Marie-HĂ©lène Moncel et al., « Émergence et diversification des stratĂ©gies au PalĂ©olithique moyen ancien (350 000 Ă  120 000 ans) dans la vallĂ©e du RhĂ´ne (France). Les sites d’Orgnac 3 et Payre », Bulletin de la SociĂ©tĂ© prĂ©historique française, no 2,‎ , p. 59-79 (lire en ligne, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • [Moncel et al. 2011] (en) Marie-HĂ©lène Moncel, Anne-Marie Moigne, Youssef Sam et Jean Combier, « The Emergence of Neanderthal Technical Behavior: New Evidence from Orgnac 3 (Level 1, MIS 8), Southeastern France », Current anthropology, vol. 52, no 1,‎ (rĂ©sumĂ©).
  • [Moncel et al. 2020] Marie-HĂ©lène Moncel, Nick Ashton, Marta Arzarello, Federica Fontana, Agnès Lamotte, Beccy Scott, Brunella Muttillo, Gabriele Berruti, Gabriele Nenzioni, Alain Tuffreau et Carlo Peretto, « Early Levallois core technology between Marine Isotope Stage 12 and 9 in Western Europe », Journal of Human Evolution, no 139,‎ (lire en ligne [PDF] sur museodellapreistoria.it, consultĂ© le ). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Notes et références

Notes

  1. « Dama clactoniana Falconer », sur inpn.mnhn.fr (consulté le ). Pour une description plus détaillée, voir Claude Guérin, Marylène Patou-Mathis et al. (préf. Yves Coppens), Les Grands Mammifères plio-pléistocènes d'Europe, Elsevier Masson, , XII-291 p., sur books.google.fr (ISBN 978-2-402-01005-4 et 2-402-01005-3, lire en ligne), sans n° (ou lire dans Gallica).
  2. « Capreolus sussenbornensis Kahlke, 1956 », sur inpn.mnhn.fr (consulté le ). Pour plus de détails, voir Aouraghe 1990.

Références

  1. Biot et al. 2007, p. 18.
  2. Michel et al. 2013, « Introduction ».
  3. « Orgnac III, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  4. Moncel et al. 2010, p. 61.
  5. « Le site préhistorique d’Orgnac 3, objet de nouvelles datations », sur cnrs.fr, (consulté le ), introduction.
  6. Moncel et al. 2010, p. 59.
  7. Moncel et al. 2010, « Résumé », p. 60.
  8. Michel et al. 2013, « Stratigraphy, biostratigraphy and lithic industry ».
  9. [Forsten & Moigne 1998] (en) A. Forsten et Anne-Marie Moigne, « The horse from the middle Pleistocene of Orgnac-3 (Ardèche, France) » [« Le cheval du Pléistocène moyen d'Orgnac-3 (Ardèche, France) »], Quaternaire, vol. 9, no 4,‎ , p. 315-323 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Moncel et al. 2020, p. 3.
  11. [Debard & Pastre 1988] E. Debard et J.-F. Pastre, « Un marqueur chronostratigraphique du Pléistocène moyen à la périphérie du Massif central : la retombée à clinopyroxène vert du Sancy dans le site acheuléen d'Orgnac III (Bas-Vivarais, SE France) », Compte Rendu Académie des Sciences Paris, no 306,‎ , p. 1515-1520 (résumé). Cité dans Michel et al. 2013, « Previous chronological studies ».
  12. [Khatib 1994] Samir Khatib, « Datation des cendres volcaniques et analyses géochimiques du remplissage d'Orgnac 3 (Ardèche, France) », Quaternaire, no 5,‎ , p. 13-22 (lire en ligne, consulté le ). Cité dans Michel et al. 2013, « Previous chronological studies ».
  13. [Roger et al. 1999] Stéphan Roger, Gilbert Féraud, Jacques-Louis de Baulieu, Nicolas Thouveny, Christian Coulon, Jean J. Cochemé, Valérie Andrieu et Trevor Williamse, « 40Ar/39Ar dating on tephra of the Velay maars (France) : implications for the Late Pleistocene proxy-climatic record », Earth and Planetary Science Letters, no 170,‎ , p. 287-299 (résumé). Cité dans Michel et al. 2013, « Previous chronological studies ».
  14. Michel et al. 2013, « Previous chronological studies ».
  15. Biot et al. 2007, p. 19, 22.
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