Opération Mer Verte
L'opĂ©ration Mer Verte (en portugais : Operação Mar Verde) est une opĂ©ration militaire amphibie des forces armĂ©es portugaises exĂ©cutĂ©e le pendant la guerre coloniale portugaise en GuinĂ©e-Bissau. Elle est conçue et conduite par le capitaine-lieutenant Alpoim CalvĂŁo (pt), responsable du centre des opĂ©rations spĂ©ciales de GuinĂ©e-Bissau, avec le soutien du gĂ©nĂ©ral de brigade AntĂłnio de SpĂnola, gouverneur militaire du territoire.
Date | |
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Lieu | Conakry (Guinée) |
Casus belli | Soutien de la Guinée au PAIGC |
Issue |
Victoire tactique portugaise
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Alpoim CalvĂŁo (pt) | SĂ©kou TourĂ© Siaka TourĂ© Lansana DianĂ© (c) AmĂlcar Cabral |
220 hommes 200 hommes | Inconnues |
1 Ă 3 morts 7 morts | 52 Ă 500 hommes |
Guerre d'indépendance de la Guinée-Bissau
Coordonnées | 9° 32′ 53″ nord, 13° 40′ 14″ ouest |
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Opération extrêmement audacieuse — du fait qu'elle consiste à attaquer la capitale d'un État souverain avec très peu d'hommes — son objectif principal est de renverser le président guinéen Sekou Touré, qui accueille les indépendantistes bissaoguinéens et caboverdiens du PAIGC dans son pays.
Risquant d'aggraver l'isolement international du Portugal (dont la politique coloniale est presque unanimement décriée), le succès de l'opération repose sur son caractère secret, aucun élément ne devant permettre de relier les forces armées portugaises à cette dernière. Pour se faire, les soldats portugais participants à l'opération banalisent leurs navires, revêtent un uniforme indistinct, portent des armes courantes en Afrique (telles que des AK-47 et des RPG acquis au marché noir) et se griment en Noirs. Par ailleurs, ils signent tous un document par lequel ils s'engagent à ne jamais parler de cette intervention. Encore aujourd'hui, le gouvernement portugais ne reconnait pas son existence.
Contexte
En 1952, Sékou Touré est devenu le chef du Parti démocratique guinéen (PDG). En 1957, la Guinée a organisé une élection au cours de laquelle le PDG a remporté 56 sièges sur 60. Le PDG organisa un referendum en septembre 1958, au cours duquel la majorité des Guinéens optèrent pour une indépendance immédiate plutôt que pour une association continue avec la France. Les Français se retirent et, le 2 octobre 1958, la Guinée se proclame république souveraine et indépendante sous le président Touré.
En 1960, TourĂ© accueillit en GuinĂ©e et soutint AmĂlcar Cabral et son organisation, le PAIGC, qui cherchait Ă obtenir l’indĂ©pendance de la GuinĂ©e portugaise (aujourd’hui la GuinĂ©e-Bissau) et du Cap-Vert portugais. En 1963, le PAIGC entame la guerre d’indĂ©pendance de la GuinĂ©e-Bissau.
Déroulement de l'opération
Dans la nuit du 21 au 22 novembre 1970, environ 200 GuinĂ©ens armĂ©s — portant des uniformes similaires Ă ceux de l'armĂ©e guinĂ©enne et commandĂ©s par des officiers portugais — et 220 soldats portugais (africains et europĂ©ens) envahissent certaines positions autour de Conakry. Les soldats dĂ©barquent de quatre navires non marquĂ©s, dont un bâtiment de dĂ©barquement et un cargo, et dĂ©truisent 4 ou 5 navires de ravitaillement du PAIGC. D'autres dĂ©barquent près de la rĂ©sidence d'Ă©tĂ© du prĂ©sident SĂ©kou TourĂ©, qu'ils incendient[1]. Les envahisseurs se concentrent sur la destruction du siège du PAIGC dans une tentative infructueuse de capturer AmĂlcar Cabral qui se trouve alors en Europe. D'autres soldats s'emparent des camps de prisonniers politiques et libèrent un certain nombre de prisonniers, y compris des soldats et des aviateurs portugais dĂ©tenus au camp Boiro qui avaient Ă©tĂ© capturĂ©s par les forces du PAIGC et remis aux GuinĂ©ens pour ĂŞtre mis en sĂ©curitĂ© ; certains avaient Ă©tĂ© retenus prisonniers pendant sept ans. La principale force d'attaque atteint l'aĂ©roport mais l'ignore et attaque ce qu'elle pense apparemment ĂŞtre la station de radio, ignorant que son utilisation avait Ă©tĂ© interrompue lorsqu'elle avait Ă©tĂ© remplacĂ©e plus tĂ´t par une nouvelle station. D'autres soldats prennent la principale centrale Ă©lectrique de la ville. Les milices guinĂ©ennes combattent les attaquants avec peu de succès. Ahmed SĂ©kou TourĂ© se trouve Ă ce moment-lĂ au palais prĂ©sidentiel.
La moitié de la force d'invasion se retire avec les prisonniers libérés vers les navires laissés en attente, laissant la tâche de renverser le gouvernement guinéen à une force estimée à moins de 150 hommes. Ce groupe espère apparemment un soulèvement de la population, mais cela ne se produit pas. Comme Cabral et Sékou Touré sont introuvables, les commandos portugais battent en retraite après avoir subi des pertes mineures.
Des observateurs extérieurs ont émis l'hypothèse que le soutien de la population n'a pas été obtenu parce que les envahisseurs n'ont pas réussi à s'emparer de la bonne station de radio, qui a continué à fonctionner sous le contrôle du gouvernement. En outre, la plupart des responsables importants du gouvernement ou du parti ont évité d'être capturés.
RĂ©actions
Internationales
Le , le conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 290, qui condamne le Portugal pour son invasion de la Guinée et lui enjoint de respecter les principes d'autodétermination et d'indépendance en ce qui concerne la Guinée portugaise[2]. Le , l'Organisation de l'unité africaine (OUA) adopte à son tour une résolution condamnant l'invasion et ce de façon unanime[3].
À la suite de l'invasion, l'Algérie et le Nigeria proposent leur aide à la Guinée tandis que l'Union soviétique envoie des navires de guerre dans la région pour dissuader toute nouvelle intervention militaire contre le régime de Sékou Touré et les bases du PAIGC[4].
Articles connexes
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Operation Green Sea » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Guinea: Cloudy Days in Conakry », .
- « Resolution 290 (1970) », Bibliothèque numérique des Nations Unies (en) (consulté le )
- (en) Michael Brecher et Jonathan Wilkenfeld (en), A Study of Crisis, Ann Arbor, University of Michigan Press , , 1064 p. (ISBN 0-472-10806-9 et 978-0-472-10806-0, OCLC 36470155, lire en ligne), p. 446
- (en) Foreign Policy Study Foundation, South Africa : Time Running Out, Berkeley, University of California Press, , 517 p. (ISBN 0-520-04547-5, 978-0-520-04547-7 et 978-0-520-04504-0, OCLC 7328165, lire en ligne), chap. 15 (« The Communist States and Southern Africa »), p. 327