Opération Bui Clean
L'opération Bui Clean, également appelée opération Kumbo Clean[1] ou opération Clean Kumbo[2], est une offensive militaire menée par les forces armées camerounaises contre les groupes armés séparatistes dans la région du Nord-Ouest du Cameroun de mai à juin 2021. Elle s'est déroulée dans le contexte de la crise anglophone au Cameroun.
Date | - juin 2021 |
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Lieu | Bui (RĂ©gion du Nord-Ouest, Cameroun) |
Issue | Victoire camerounaise |
ValĂšre Nka Charles Alain Matiang | Capo Daniel « GĂ©nĂ©ral No Pity » (WIA) « GĂ©nĂ©ral Insobu » « GĂ©nĂ©ral Thunder » â « GĂ©nĂ©ral Abakwa » â « GĂ©nĂ©ral Spider » â |
Forces armées camerounaises
| Forces de défense de l'Ambazonie (FDA) Bambalang Marine Forces Bui Warriors |
Plusieurs morts | Plusieurs morts |
Batailles
Batailles et opérations
Attentats
Massacres
Contexte
AprÚs le début de la crise anglophone au Cameroun, les rebelles séparatistes ont commencé à opérer dans le département du Bui, de la région du Nord-Ouest, dont le chef-lieu est Kumbo. Les séparatistes ont bénéficié d'un certain avantage dans la région, car son terrain montagneux et ses mauvaises infrastructures ont rendu difficile leur expulsion par les forces de sécurité[3] - [4]. Les groupes rebelles de la région comprenaient les Forces de défense de l'Ambazonie (FDA), les Forces de renseignement de l'Ambazonie, et les Chaussures noires d'Oku[5]. L'officier divisionnaire principal du Bui, Harry Lanyuy, a affirmé que les rebelles perturbaient l'activité économique dans la région et a imploré les forces armées camerounaises de les chasser[1]. Cependant, de nombreux habitants, y compris des membres de l'élite et du clergé, soutenaient secrÚtement les insurgés[4].
En 2020, les forces armées camerounaises tentent pour la premiÚre fois de chasser les rebelles du Bui lors de l'opération NgokeBui. Cependant, les séparatistes ont persisté[6]. Au cours du premier semestre 2021, les rebelles ont infligé un certain nombre de pertes aux forces armées camerounaises dans la région de Kumbo[7] - [8]. En février et mars, la 5e région militaire interarmées des forces armées camerounaises, sous le commandement du général de brigade ValÚre Nka, a lancé une autre offensive dans le Bui, appelée Bui 1. Bien que l'armée ait déclaré que cette opération de huit jours était un succÚs, ValÚre Nka a directement annoncé son plan pour une autre offensive appelée Opération Bui Clean[5] - [6]. à ce stade, les rebelles maintenaient toujours une forte présence dans le Bui[6]. Pendant ce temps, un chef rebelle, le général No Pity, a dirigé sa milice, les Bambalang Marine Forces, pour augmenter le taux d'attaques contre les forces gouvernementales. Il est donc devenu une cible prioritaire pour les forces gouvernementales[9].
DĂ©roulement
Le 15 mai 2021, la 5e région militaire interarmées sous ValÚre Nka a lancé l'opération Kumbo Clean[1] - [4], qui visait à détruire les forces séparatistes dans le département du Bui. L'opération a été confiée à 300 soldats de la 51e brigade d'infanterie motorisée, dirigée par le colonel Charles Alain Matiang[1]. Cette fois-ci, l'armée s'est efforcée d'effectuer un contrÎle de sécurité approfondi pour débarrasser Kumbo et toutes les localités environnantes des rebelles[6]. Les forces de sécurité ont effectué des ratissages maison par maison, tenté de débarrasser les routes des engins explosifs improvisés et recherché les bases des rebelles dans les montagnes boisées[10].
Le 25 mai, les insurgés ont attaqué un avant-poste de l'armée dans l'arrondissement de Noni, tuant cinq soldats et s'emparant d'armes et d'autres équipements[11].
Au cours de l'offensive, l'armĂ©e camerounaise a pris le contrĂŽle d'un certain nombre de repaires sĂ©paratistes, dont Kikaikom et Muluf[1] - [6]. Kikaikom servait de base au gĂ©nĂ©ral Insobu[6] des Bui Warriors[12] ; les forces gouvernementales y ont affirmĂ© avoir tuĂ© le bras droit d'Insobu, le gĂ©nĂ©ral Thunder[6]. Muluf Ă©tait associĂ© Ă Daniel Caapo, dĂ©putĂ© des FDA[6] - [10] ; les soldats y auraient tuĂ© le gĂ©nĂ©ral Abakwa. En outre, les militaires affirment avoir Ă©liminĂ© un certain nombre de sous-commandants rebelles tels que Bui Stars, Mensah et Tanga[6]. Les forces gouvernementales se sont Ă©galement heurtĂ©es Ă la milice du GĂ©nĂ©ral No Pity ; ce dernier a Ă©tĂ© blessĂ© lors de ces affrontements, mais a survĂ©cu[2]. Les forces armĂ©es camerounaises ont progressĂ© jusqu'Ă Vekovi, Mbiame, Ibal et certaines parties de Nwa dans le Donga-Mantung[1]. Les deux camps attaquent les civils et brĂ»lent les maisons[3] ; les habitants accusent les soldats camerounais de pillage gĂ©nĂ©ralisĂ© et de diverses autres exactions[10]. Le Fon de Nsem fuit son palais face Ă l'offensive gouvernementale et est ensuite accusĂ© par le colonel Charles Alain Matiang d'ĂȘtre un partisan des rebelles[6].
Le 13 juin, à Kumbo, six civils sont tués par un engin explosif improvisé. Daniel Caapo affirme que les victimes se trouvaient à l'intérieur de véhicules militaires au moment de l'attaque et qu'ils considÚrent les véhicules militaires comme des cibles légitimes[10]. à la mi-juin, l'armée a augmenté le nombre de soldats impliqués à 400[13]. Elle a ensuite lancé la deuxiÚme phase de l'opération, déployant 300 nouveaux soldats dans le Bui[10].
L'opĂ©ration s'est achevĂ©e fin juin 2021[4]. Juste Ă la fin de l'offensive ou peu aprĂšs, des rebelles ont tendu une embuscade et tuĂ© une douzaine de soldats camerounais dans le Bui[4]. Les forces armĂ©es camerounaises ont admis la mort de quatre soldats[1], tout en dĂ©clarant qu'elles avaient rĂ©ussi Ă rĂ©duire la prĂ©sence des rebelles et tuĂ© au moins sept sĂ©paratistes[6] - [10]. L'armĂ©e prĂ©sente Ă la presse un butin saisi aux sĂ©paratistes comprenant « dix motos, cinq fusils d'assaut de type AK-47, des canons, des amulettes, des gallons de carburant de contrebande, du matĂ©riel utilisĂ© pour fabriquer des engins explosifs improvisĂ©s »[1]. Dans une interview, l'Ă©vĂȘque George Nkuo de Kumbo dĂ©clare qu'Ă sa connaissance, de nombreuses personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es de part et d'autre lors de l'opĂ©ration[3].
Suites
Diverses milices rebelles, dont les Bui Warriors et les Bambalang Marine Forces, ont continué à opérer dans le Bui malgré la victoire revendiquée par le gouvernement dans le cadre de l'opération Bui Clean[14]. Finalement, les divers groupes d'insurgés du Bui ont commencé à se battre les uns contre les autres, ce qui a entraßné la mort du Général Insobu aux mains du Général No Pity en 2022[14]. Le Bui est resté le théùtre de combats entre les forces gouvernementales et les rebelles en 2023[15].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Operation Bui Clean » (voir la liste des auteurs).
- (en-US) Chief Bisong Etahoben, « 4 Soldiers, 3 Separatist âGeneralsâ Die In Military Offensives In Cameroonâs Northwest Region », sur HumAngle, (consultĂ© le )
- « Breaking au Noso : Shina Rambo se livre à l'armée et confirme ce qui est arrivé à son frÚre No Pity », sur CamerounWeb, (consulté le )
- (en) « Bishop warns Cameroon military offensive risks radicalizing Anglophone youth », sur Crux, (consulté le )
- CAMEROON MAGAZINE- LK, « Cameroun : des militaires à l'attaque », sur Cameroon Magazine, (consulté le )
- La Nouvelle Expression n°5417, « Nord-Ouest : violents affrontements Ă Kumbo », Actu Cameroun,â (lire en ligne )
- La Nouvelle Expression n°5488, « Crise anglophone : prĂ©lats et chefs traditionnels indexĂ©s », Actu Cameroun,â (lire en ligne )
- (en) « Cameroon: Army captain allegedly killed by Ambazonia fighters in Kumbo », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
- « Cameroon: Ambazonia fighters ambush two soldiers in restive NW Region », sur Journal du Cameroun, (consulté le )
- « Cameroun : jusquâoĂč ira « No Pity », ennemi numĂ©ro 1 de YaoundĂ© ? â Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consultĂ© le )
- (en) « Cameroon Deploys Troops to Fight Separatists », sur VOA, (consulté le )
- « Five soldiers killed in separatist attack on army outpost in Cameroon - Xinhua | English.news.cn », sur www.xinhuanet.com (consulté le )
- (en-US) « Insobu Dies: Why Infighting Keeps Taking Away Ambazonia Best Front Warriors », sur Cameroon News Agency (consulté le )
- Alain Nwaha, « Crise anglophone : quatre soldats et plusieurs sĂ©paratistes tuĂ©s Ă Kumbo », Actu Cameroun,â (lire en ligne )
- (en-US) « Anglophone Crisis: Self styled General Insobu, Amba Lord of Kikaikom dies », sur Mimi Mefo Info, (consulté le )
- (en) « Cameroon Military Cracks Down on Separatists », sur VOA, (consulté le )