Objection Overruled
Objection Overruled est le neuviÚme album du groupe allemand de heavy metal Accept. Il s'agit de l'album qui marque le retour du groupe aprÚs sa séparation en 1989. L'album voit le retour au chant de Udo Dirkschneider depuis l'album Russian Roulette.
Sortie | FĂ©vrier 1993 |
---|---|
Enregistré |
1992 |
Durée | 47:57 |
Genre | Heavy metal, speed metal |
Producteur | Accept |
Label | RCA |
Critique |
Hard Rock Magazine (favorable)[1] |
Albums de Accept
Musique
Au regard du succÚs de l'album live et face à l'insistance continue des fans, le groupe décide de se reformer en 1992[2]. Hoffmann évoque à ce propos les circonstances qui les ont amenés à se reformer :
« Depuis la sĂ©paration du groupe, nous Ă©tions toujours restĂ©s en contact les uns avec les autres. De temps Ă autre, nous nous passions un petit coup de fil et nous nous tenions au courant de l'Ă©volution des choses. Puis, la destinĂ©e a voulu qu'Ă un certain moment, nous nous retrouvions tous en Allemagne. Pour ma part, j'Ă©tais revenu des USA depuis un an et demi. Stefan kaufman et Udo Ă©taient toujours lĂ , et nous avons vu Peter Baltes dĂ©barquer pour prendre des vacances. C'est Ă ce moment-lĂ que nous nous sommes rĂ©unis et avons dĂ©cidĂ© de tenter l'expĂ©rience de rejouer ensemble. Nous avons donc rĂ©pĂ©tĂ© : une reformation s'imposait ! Pendant tout ce temps Ă©coulĂ©, chacun d'entre nous avait vĂ©cu son expĂ©rience et nous avons rĂ©alisĂ© qu'Accept Ă©tait ce que nous faisions de mieux. Nous avions constamment en tĂȘte cette comparaison : « pourquoi cela n'est pas aussi bien qu'Accept, dans son ancienne formule ? ». Alors quand s'est prĂ©sentĂ©e cette occasion de jammer ensemble aprĂšs quelques biĂšres, nous avons voulu tenter le coup et voir si ce serait comme avant. Souvent, avec le recul, on a tendance Ă idĂ©aliser les choses. Il nous fallait savoir si ce n'Ă©tait pas le cas. DĂšs les premiers morceaux, c'Ă©tait comme si nous ne nous Ă©tions jamais sĂ©parĂ©s : tout se passait vraiment pour le mieux, comme au bon vieux temps. C'est donc tout naturellement qu'Accept a retrouvĂ© vie[3]. »
AprÚs l'échec de leur précédent album Eat the Heat,plus accessible et plus mélodique, le groupe entendait revenir à un style plus agressif dans l'esprit de leurs albums Restless and Wild et Balls to the Wall. Wolf Hoffmann remarquait à ce sujet :
« On sentait qu'on devait revenir aux vieilles formules en laissant de cÎté toute sorte d'expérimentation et on a fait ce pour quoi Accept est connu[4]. »
« Nous aurions trÚs bien pu décider de repartir ensemble sur de nouvelles bases et faire quelque chose de totalement différent. Or, nous avons voulu jouer ce qui, à notre avis, nous convenait le mieux, le registre dans lequel nous nous sentions le plus à l'aise. Et de ce cÎté là , il n'y a pas de doute : le bon gros heavy metal est notre point fort[3]. »
Il en résulte une musique empreinte de titres heavy metal et speed assez agressifs et incisifs. Un titre comme Objection Overruled reste proche de morceaux speed comme Fast as a Shark tandis que I don't Wanna be Like You se rapproche de morceaux comme Balls to the Wall. L'influence de AC/DC reste présente sur certains titres (Donation ainsi que sur le bonus track japonais Rich and Famous). Contrairement à d'autres albums d'Accept, Wolf Hoffmann se souvient d'Objection Overruled comme d'un album facile à enregistrer :
« C'Ă©tait gĂ©nial ! Je veux dire, les retours sont toujours gĂ©niaux, parce qu'on sent cet Ă©tat d'esprit oĂč ce vent frais souffler Ă nouveau. C'Ă©tait gĂ©nial. On s'est vraiment amusĂ©s[5]. »
Textes
Au niveau des paroles, le groupe reste fidÚle à l'écriture de textes portées sur les questions éthiques et sociales avec notamment des titres comme Protectors of Terror, Objection Overruled, I Don't Wanna be like You, Bulletproof, Sick Dirty and Mean, Amamos La Vida. Peter Baltes explique :
« Nous abordons toujours des sujets importants⊠On essaie⊠Câest une part importante dâAccept, pas juste la musique. Les textes en font partie. Donc on sâest dit, si on doit refaire un album, si on doit relancer le groupe Ă nouveau, on doit le faire de façon raisonnĂ©e. Cela veut dire Ă©crire des paroles, dans lâesprit de ce que nous Ă©crivions auparavant. On a donc passĂ© beaucoup de temps Ă faire cela aussi[6] - [7]. »
Wolf Hoffmann ajoute dans une autre interview:
« Nous ne souhaitons en aucun cas écrire des textes idiots traitant de sexe, de drogue et de rock'n'roll. Nous nous sentions concernés par le monde qui nous entoure, aussi aimons aborder des sujets qui nous touchent. Cette fois, il y a par exemple Protectors of Terror qui traite des extrémistes religieux. »
Objection Overruled (« Objection rejetĂ©e ») s'inspire des faits divers liĂ©es Ă l'affaire Rodney King. La chanson critique la dĂ©cision de justice qui a relaxĂ© les policiers accusĂ©s de racisme dans l'affaire et a menĂ© aux Ă©meutes de Los Angeles en 1992[7] - [8] - [9]. D'une façon gĂ©nĂ©rale, elle traite des « bavures » judiciaires et des rĂ©actions extrĂȘmes qu'elles peuvent dĂ©clencher, comme les Ă©meutes et le dĂ©sir d'auto-justice.
I don't wanna Be Like You (« Je ne veux pas ĂȘtre comme vous ») traite du conformisme social. La chanson se veut une sorte d'hymne Ă la diffĂ©rence et une rĂ©bellion contre toute pression sociale qui pousse l'individu Ă se conformer Ă un mode de vie normatif (« The ordinary way of life ain't for me. I do what I want and I wanna be free, Can't you see? - I'm the exception to the rule »).
Protectors of Terror ("Protecteurs de la terreur") prend pour thĂšme les dĂ©rives et la tyrannie que la religion a exercĂ© sur les consciences au cours de l'histoire[7], ainsi que les tueries qu'elle a pu engendrer (« A thousand years of slaying of terror in the name of the cross »), dĂ©crivant la religion comme un empire construit sur la terreur, l'illusion et la souffrance (« They're in the business of illusion, An empire built on pain »). La chanson cible principalement la religion chrĂ©tienne (tout particuliĂšrement l'Ă©glise catholique)[7], citant des passages de la bible en anglais moderne naissant et se rĂ©fĂ©rant aux crimes perpĂ©trĂ©s au nom de la croix (croisades, guerres de religions, l'inquisition, chasses aux sorciĂšres, etc.), contrairement Ă leur chanson Heaven is Hell traitant du mĂȘme thĂšme mais de façon plus gĂ©nĂ©rale. Cette chanson tenait particuliĂšrement Ă cĆur au bassiste Peter Baltes[9]. Il commente au sujet de la chansonË
« " Sais-tu qu'ils viennent de sortir leur nouveau "livre des pĂȘchĂ©s"? C'est tellement mĂ©diĂ©val que tu as peine Ă y croire ! Tu vois le genre, pas de sexe avant le mariage, le sexe pendant le mariage mais seulement pour la procrĂ©ation, surtout pas de plaisir sexuel, pas de masturbation, une femme est censĂ©e rester prĂšs de son mari. C'est vrai qu'il y a beaucoup de pĂȘchĂ©s lĂ -dedans ! Je veux dire par lĂ que les gens qui Ă©crivent ces lois vivent avec la tĂȘte dans les nuages ! De vieux types en robe installĂ©s dans leur tour d'ivoire. Ils n'ont probablement pas vu une femme depuis bien des annĂ©es ! Ils n'ont aucune idĂ©e de ce qui se passe dans la rue, dans la vie de tous les jours. J'ai toujours pensĂ© que le christianisme Ă©tait censĂ© venir du peuple, mais il semble en rĂ©alitĂ© Ă©maner d'une bande de bigots, de vieux Ă©tudiants en droit qui n'ont pas la moindre idĂ©e de ce qui se passe dans la vraie vie. VoilĂ de quoi parle cette chanson, de ceux qui veulent instaurer leurs rĂšgles par la terreur.[9] »
All or Nothing ("Tout ou rien") se présente comme une sorte de chant révolutionnaire de libération, de solidarité et de défense des droits. La chanson décrit un mouvement populaire renversant de façon irreversible un pouvoir totalitaire. De par sa thématique, elle fait écho au textes de chansons comme "Balls to the Wall".
Bulletproof ("à l'épreuve des balles"/"Pare-balles") est une chanson anti-drogue (dans la lignée de Midgnight Moverdans l'album Metal Heart) évoquant la déchéance d'une personne se croyant intouchable, tombant petit à petit dans l'enfer de la drogue.
Amamos la Vida (« Nous aimons la vie ») rend hommage aux enfants des bidonvilles en Amérique du sud, qui malgré leur misÚre s'accrochent à la vie (« The one who's born in misery is left without a chance. But still holding on to naked life »).
Sick, Dirty and Mean cible les pratiques de la mafia (désignée sous le terme de « the Mob » dans la chanson) et leurs recours à la violence et à la terreur. La chanson décrit le mafieux/parrain comme un diable de chair et de sang n'ayant pour seule religion que le culte du calibre 45 et la loi du silence(« He's got the power - he's like a God. But he's a devil of flesh and blood. A '45 is his religion - code of silence his belief »). La référence au Thomson submachine gun, arme iconique employée durant la prohibition, semble renvoyer plus particuliÚrement à la figure de Al Capone (« A Thompson sub-machine gun made my day »).
Rich And Famous ironise sur les travers et les excĂšs de la vie des rockstars.
Clip promotionnel
Pour la promotion de l'album, le groupe tournera une vidĂ©o pour la chanson "Protectors of Terror" Ă la tonalitĂ© trĂšs sombre qui mĂ©lange des plans en noir et blanc et des plans en couleur. Le clip entend prolonger les Ă©lĂ©ments de la thĂ©matique de la chansonË« le but est de "dĂ©noncer la terreur insidieuse de l'Ă©glise » explique le bassiste[9]. Le montage entrecoupe des plans du groupe jouant dans une chapelle, avec des plans au visuel sombre visant Ă illustrer l'hypocrisie, la violence et les mĂ©faits de la religion au cours de son histoire. Il montre les images d'un prĂȘtre bĂ©nissant une arme Ă feu et une liasse de dollars. Il joue aussi sur une ambiguĂŻtĂ© iconique : le clip montre de nombreuses images de croix jalonnant les cimetiĂšres, associant ainsi symboliquement la croix Ă la mort. On y voit un prĂȘtre bĂ©nissant une arme Ă feu et une liasse de billets, ainsi qu'un passage oĂč celui-ci tente de nettoyer le sang qu'il a sur les mains. Une symbolique visant Ă montrer les paradoxes du christianisme, dont une grande partie de l'histoire a Ă©tĂ© Ă©maillĂ©e de tueries. Baltes explique que le groupe a bien conscience du caractĂšre extrĂȘmement sombre du clip dĂ©pareillant de leur imagerie habituelle et du risque qu'il puisse crĂ©er des polĂ©miques. Le musicien insiste que le but n'Ă©tait pas de choquer dĂ©libĂ©rĂ©ment ou d'offenser des croyants, mais de rĂ©pondre Ă la nĂ©cessitĂ© d'aborder la thĂ©matique de la chanson de façon sĂ©rieuse et comprĂ©hensible qui puisse amener « Ă faire rĂ©flĂ©chir le spectateur sur la question »[9].
Liste des titres
- Objection Overruled â 3:38
- I Don't Wanna Be Like You â 4:19
- Protectors of Terror â 4:03
- Slaves to Metal â 4:37
- All or Nothing â 4:32
- Bulletproof â 5:05
- Amamos la Vida â 4:39
- Sick, Dirty and Mean â 4:33
- Donation â 4:48
- Just by My Own â 3:29
- This One's for You â 4:10
- Rich & Famous (titre bonus japonais) - 3:10
Formation
- Udo Dirkschneider : Chant
- Wolf Hoffmann : Guitares
- Peter Baltes : Basse
- Stefan Kaufmann : Batterie
Notes et références
- Laurence Faure, Chronique de Objection Overruled, Hardrock Magazine n°99, février 1993, p.90
- Article Anonyme (probablement Louis Bourgade), « Accept, No Substitute (interview avec les quatre membres du groupe) », MetalHammer, no 42, juillet 1992, pp. 76-79
- Henry Dumatray, interview avec Udo Dirkschneider et Wolf Hoffmann, Hardforce n°9, février/mars 1993, p.30
- « We felt like we should use the old formulas with no more sort of experiments and just pretty much do what Accept is known for; and that's what we did. » Interview de Wolf Hoffmann - Tony Antunovich, 27 novembre 2005
- « That was great! I mean, making up and having reunions are always great in a way because you feel that sort of spirit or fresh wind again. It was great! We had a ball back then » Interview de Wolf Hoffmann - Tony Antunovich, 27 novembre 2005
- Libre traduction : « We always deal with important subjectsâŠWe try to⊠That was actually being part of Accept not just the music. The lyrics was part of it. So we figured, If we do this album again, if weâre gonna do this band again we have to do it wise. That means we have to do the lyrics, we used to do. We spent a lot of time doing that too. »
- Headbangers Ball : On tour in Germany, MTV, décembre 1992, reportage consacré à Accept à l'occasion de la soirée au Hard Rock Café de Berlin en 1992, célébrant en avant-premiÚre la sortie de l'album Objection Overruled. L'émission est présentée par Vanessa Warwick (diffusée en janvier 1993)
- Pipa Lang, « Accept, Amamos La Vida (interview avec Peter Baltes et Udo Dirkschneider) », MetalHammer, n° 47, février 1993, pp. 76-79