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O bon

O bon (お盆) ou simplement Bon (盆, sans le prĂ©fixe honorifique) ou Ura bon est un festival bouddhiste japonais honorant les esprits des ancĂȘtres. O bon existe depuis plus de cinq cents ans et fut importĂ© de Chine oĂč il est appelĂ© « fĂȘte des fantĂŽmes ».

Danseuses du Bon odori.
Danseuses du Bon odori (Zƍjƍ-ji).

Au fil des ans, cette fĂȘte religieuse s'est transformĂ©e en rĂ©union de famille durant laquelle les gens des grandes villes retournent dans leur ville natale et s'occupent des tombes de leurs ancĂȘtres. Un festival de danse, le Bon odori ou « danse Bon », est traditionnellement donnĂ© pendant ces trois jours. Ces jours ne sont pas fĂ©riĂ©s mais de nombreux Japonais prennent des jours de vacances durant cette pĂ©riode et certaines entreprises ferment.

Historique

Ce rite japonais existe depuis plus de cinq cents ans et fut importĂ© de Chine oĂč elle est appelĂ©e « fĂȘte des fantĂŽmes » (chinois : éŹŒçŻ€ ; pinyin : guijie ou chinois : 侭慃節 ; pinyin : zhongyuanjie). O bon a cependant subi une japonisation, en modelant notamment les coutumes sur la fĂȘte du Nouvel An[1]. Au cours de la commĂ©moration O bon, on accueille non seulement les ancĂȘtres, mais aussi Sai no kami, le dieu des chemins[1]. Alors que la fĂȘte chinoise ne dure que quelques jours, O bon s'Ă©tale gĂ©nĂ©ralement sur un mois[1].

Symbolique

O bon est un diminutif pour le mot Urabonne/Urabanna (äșŽè˜­ç›†äŒšïŒç›‚蘭盆䌚) qui dĂ©rive du nom d'un sĂ»tra, le Ullambana sĂ»tra. « Ullambana Â» signifie en sanskrit « pendu Ă  l'envers en enfer Â». Durant O bon, les offrandes faites aux morts permettent d'amoindrir la douleur de ces Ăąmes en peine.

La lĂ©gende associĂ©e Ă  O bon veut que Mokuren, un disciple de Shakyamuni, ait eu une vision de sa dĂ©funte mĂšre, tourmentĂ©e dans le Royaume des esprits affamĂ©s, oĂč elle payait pour son Ă©goĂŻsme. BouleversĂ©, il alla demander au Bouddha comment il pourrait sauver sa mĂšre de ce royaume. Bouddha lui rĂ©pondit : « Au quinziĂšme jour de juillet, fais donner une grande fĂȘte en l'honneur des sept derniĂšres gĂ©nĂ©rations de morts. » Le disciple fit comme demandĂ© et de ce fait, libĂ©ra sa mĂšre. Il dĂ©couvrit par la mĂȘme occasion l'abnĂ©gation dont avait fait preuve sa mĂšre et les multiples sacrifices qu'elle avait faits pour lui. Le disciple, heureux de la libĂ©ration de sa mĂšre et reconnaissant envers celle-ci pour sa gentillesse, dansa de joie. De cette danse de joie vient le Bon odori.

O bon est le temps durant lequel on se remĂ©more et on remercie les ancĂȘtres de leurs sacrifices. Du point de vue du calendrier, cette fĂȘte a lieu durant le mois des fantĂŽmes, la seule pĂ©riode oĂč les morts peuvent retourner sur Terre. C'est une fĂȘte trĂšs populaire, mĂȘme si de moins en moins de gens prennent le temps de retourner Ă  leur village natal pour s'occuper des tombes de leur famille. Ces trois jours furent longtemps les seuls jours fĂ©riĂ©s de l'annĂ©e avec le pour les cols bleus, et donc le seul moment de l'annĂ©e oĂč ceux-ci pouvaient revoir leur famille restĂ©e au village.

Dates actuelles

Le festival O-Bon dure trois jours, mais sa date de dĂ©part varie dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du Japon. À l’origine, il Ă©tait tenu autour du 15e jour du 7e mois du calendrier lunaire traditionnel. Lorsque ce calendrier lunaire a Ă©tĂ© remplacĂ© par le calendrier grĂ©gorien au dĂ©but de l’ùre Meiji, 29 jours ont Ă©tĂ© supprimĂ©s pour s’aligner avec le calendrier occidental, et le de l’annĂ©e Meiji 5 a Ă©tĂ© transformĂ© en 1er janvier annĂ©e Meiji 6.

Les rĂ©gions ont rĂ©agi diffĂ©remment pour adapter l’ancienne date du festival au nouveau calendrier, ce qui a abouti Ă  trois pĂ©riodes distinctes de O bon[2] - [3].

  • Shichigatsu bon (Bon en juillet), aussi appelĂ© « Shin bon », est basĂ© sur le calendrier solaire et est cĂ©lĂ©brĂ© du (O bon de bienvenue) au 15 (O bon d'adieu) dans le sud du Kanto (Tokyo, Yokohama) et le Tƍhoku. Il rĂ©sulte d’une transposition directe du septiĂšme mois lunaire au septiĂšme mois solaire.
  • Hachigatsu bon (Bon en aoĂ»t), cĂ©lĂ©brĂ© du 13 au , est le plus rĂ©pandu (Kansai par exemple
). Lui aussi est basĂ© sur le calendrier solaire mais la date a Ă©tĂ© repoussĂ©e d’un mois afin de compenser le dĂ©calage des 29 jours. Ce compromis entre calendrier solaire et lunaire est largement adoptĂ© et est d'usage pour de nombreux festivals[3].
  • Kyu bon (vieux Bon) est toujours cĂ©lĂ©brĂ© le 15e jour du septiĂšme mois du calendrier lunaire, sa date diffĂšre donc chaque annĂ©e. Kyu bon est cĂ©lĂ©brĂ© dans la partie nord du Kanto, la rĂ©gion de ChĆ«goku, Shikoku, et les Ăźles du Sud-Ouest. Ces trois jours ne sont pas rĂ©pertoriĂ©s comme des jours fĂ©riĂ©s, mais il est d'usage que les gens bĂ©nĂ©ficient d'un congĂ©.

La semaine de mi-août du Hachigatsu bon est l'une des trois périodes de vacances les plus importantes du Japon avec le Nouvel An et la Golden Week, et est marquée par un trÚs intense trafic touristique national et international[4].

Rituels

Pour guider les Ăąmes des morts pendant la journĂ©e, des lanternes sont allumĂ©es devant chaque maison. Certaines lanternes peuvent ĂȘtre extrĂȘmement Ă©laborĂ©es, faites exprĂšs pour l'occasion. La partie la plus importante du rituel est l'offrande de nourriture (riz, lĂ©gumes, fruits, gĂąteaux, fleurs, etc.) qui est le symbole du partage. Cette fĂȘte, bien que religieuse et grave, est l'occasion de rĂ©unions joyeuses.

PrĂšs d'Hiroshima, des lanternes de couleur sont allumĂ©es sur les tombes des ancĂȘtres. Les lanternes blanches sont celles de ceux qui sont morts entre la fin de l'O bon prĂ©cĂ©dent et le dĂ©but de celui-ci.

La nuit du , on allume également des lanternes afin de consoler les esprits des victimes tuées par le bombardement atomique.

Tƍrƍ nagashi

Toro nagashi Ă  Sasebo.

Les tƍrƍ nagashi sont les petites lanternes carrĂ©es de papier dĂ©posĂ©es sur l'eau le dernier aprĂšs-midi d'O bon, et qui doivent guider les esprits vers l'autre monde. Une petite bougie est allumĂ©e Ă  l'intĂ©rieur de la lanterne qui flottera ensuite sur la riviĂšre ou la mer.

Hatsu bon

Le Hatsu bon (ou shin bon, nii bon) est le nom donné à l'O bon qui suit l'année de la mort d'un proche. Des rituels supplémentaires sont effectués lors de cet O bon particulier.

Bon odori

Bon odori (ç›†èžŠă‚Š, littĂ©ralement la « danse du bon ») est une danse traditionnelle associĂ©e Ă  un festival, dont l'origine remonte Ă  l'Ă©poque Muromachi. Son style est variable dans les diffĂ©rentes rĂ©gions du Japon. C'est l'un des points forts de la fĂȘte de O bon. Le Bon odori a lieu pour se rappeler la reconnaissance due aux ancĂȘtres.

Originellement le Bon odori Ă©tait une danse folklorique nenbutsu destinĂ©e Ă  rĂ©conforter les esprits des dĂ©funts. Le style de cette danse varie d'une rĂ©gion Ă  l'autre. Les diffĂ©rentes prĂ©fectures ont souvent des danses particuliĂšres du Bon odori et leur musique propre allant avec. Le Bon odori de la prĂ©fecture d'Okayama est complĂštement diffĂ©rent de celui de la prĂ©fecture de Kanagawa. La musique varie aussi de la musique classique Ă  de la musique traditionnelle japonaise comme le makkƍ ondo en passant par des chansons rĂ©centes et mĂȘme Ă©trangĂšres.

Cette tradition est censée avoir débuté vers la fin de la période Muromachi dans le but de divertir le peuple. Le temps passant, la signification religieuse a peu à peu disparu et la danse a été associée avec l'été.

Le plus souvent, la danse a lieu dans un temple, sur les rives d'une riviÚre ou de la mer, ou dans un lieu public quelconque. Les gens forment généralement une ronde autour d'un petit bùtiment de bois nommé yagura et monté spécialement pour l'occasion. Dans la préfecture d'Okinawa, on danse l'eisa, dont le rythme est à base de percussions, à la place du Bon odori.

Références

  1. Laurence Caillet, FĂȘtes et rites des quatre saisons au Japon, Presses orientales de France, 1991.
  2. « Bon A-B-C, 2002, »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?).
  3. (en) Fanny Hagin Mayer, « The Calendar of Village Festivals: Japan », Asian Folklore Studies, 1989, vol. 48, no 1, p. 145.
  4. (en) « Obon », sur www.japan-guide.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Laurence Caillet, FĂȘtes et rites des quatre saisons au Japon, Presses Orientales de France, 1991.

Articles connexes

Lien externe

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