Nombre de Hadwiger
En thĂ©orie des graphes, le nombre de Hadwiger d'un graphe non orientĂ© G est la taille du plus grand graphe complet qui peut ĂȘtre obtenu en contractant des arĂȘtes de G. De maniĂšre Ă©quivalente, le nombre de Hadwiger h(G) est le plus grand entier k pour lequel le graphe complet K k est un mineur de G[1]. Le nombre de Hadwiger est Ă©galement connu comme le nombre de clique de contraction de G [2] ou le degrĂ© d'homomorphisme de G[3]. Il est nommĂ© d'aprĂšs Hugo Hadwiger, qui l'a introduit en 1943 en conjonction avec la conjecture de Hadwiger qui stipule que le nombre de Hadwiger est toujours au moins aussi grand que le nombre chromatique de G.
Les graphes qui ont un nombre de Hadwiger au plus égal à quatre ont été caractérisés par Wagner en 1937[4]. Les graphes qui ont un nombre de Hadwiger fini borné sont peu denses et ont aussi un petit nombre chromatique. La détermination du nombre de Hadwiger d'un graphe est NP-difficile mais traitable à paramÚtre fixe.
Graphes avec un peit nombre de Hadwiger
Un graphe G a un nombre de Hadwiger au plus Ă©gal Ă deux si et seulement s'il est une forĂȘt, car un mineur complet Ă trois sommets ne peut ĂȘtre formĂ© qu'en contractant un cycle de G.
Un graphe a un nombre de Hadwiger au plus trois si et seulement si sa largeur arborescente est au plus deux, ce qui est le cas si et seulement si chacune de ses composantes biconnexes est un graphe série-parallÚle.
Le thĂ©orĂšme de Wagner, qui caractĂ©rise les graphes planaires par leurs mineurs exclus, implique que les graphes planaires ont un nombre de Hadwiger au plus Ă©gal Ă quatre. Dans le mĂȘme article oĂč il prouve ce thĂ©orĂšme, Wagner caractĂ©rise Ă©galement les graphes avec un nombre de Hadwiger au plus Ă©gal Ă quatre de maniĂšre plus dĂ©taillĂ©e : ce sont des graphes qui peuvent ĂȘtre formĂ©s par des opĂ©rations de somme de cliques (en) qui combinent des graphes planaires avec le graphe de Wagner Ă huit sommets.
Les graphes avec un nombre de Hadwiger au plus cinq incluent les graphes apex (en) et les graphes plongeables sans entrelacs, qui tous deux ont le graphe complet K 6 parmi leurs mineurs exclus[5].
Densité
Tout graphe avec n sommets et nombre de Hadwiger k a arĂȘtes. Cette borne est atteinte : pour tout k, il existe des graphes avec nombre de Hadwiger k et qui ont arĂȘtes. Si un graphe G a un nombre de Hadwiger Ă©gal Ă k, alors tous ses sous-graphes ont un nombre de Hadwiger au plus Ă©gal Ă k, et il s'ensuit que G doit avoir une DĂ©gĂ©nĂ©rescence en Par consĂ©quent, les graphes avec un nombre de Hadwiger bornĂ© sont des graphes creux .
Coloration
La conjecture de Hadwiger affirme que le nombre de Hadwiger d'un graphe G est toujours au moins aussi grand que son nombre chromatique. Autrement dit, chaque graphe de nombre de Hadwiger k doit admettre une coloration en au plus k couleurs. Le cas k = 4 est équivalent, par la caractérisation par Wagner des graphes avec ce nombre de Hadwiger, au théorÚme des quatre couleurs sur les colorations des graphes planaires, et la conjecture a également été prouvée pour k †5, mais est ouverte pour des valeurs plus élevées de k[6].
En raison de leur faible dĂ©gĂ©nĂ©rescence, les graphes avec un nombre de Hadwiger au plus k peuvent ĂȘtre colorĂ©s par un algorithme de coloration glouton utilisant couleurs.
Complexité algorithmique
Tester si le nombre de Hadwiger d'un graphe donnĂ© est supĂ©rieur ou Ă©gal Ă une valeur k donnĂ©e est NP-complet[7], d'oĂč il rĂ©sulte que la dĂ©termination du nombre de Hadwiger est NP-difficile. Cependant, le problĂšme est traitable Ă paramĂštre fixe : il existe un algorithme pour trouver la plus grande clique mineure dans un temps qui est polynomial en la taille du graphe, mais exponentiel en h(G). De plus, les algorithmes en temps polynomial approximent le nombre de Hadwiger de maniĂšre beaucoup plus prĂ©cise que la meilleure approximation en temps polynomial (en supposant que P â NP) en la taille du plus grand sous-graphe complet .
Notions associées
Le nombre achromatique d'un graphe G est la taille de la plus grande clique qui peut ĂȘtre formĂ©e en contractant une famille d'stable dans G.
Dans les graphes infinis, les mineurs non dĂ©nombrables peuvent ĂȘtre caractĂ©risĂ©s en termes de refuges (en), qui formalisent les stratĂ©gies d'Ă©vasion pour certains jeux de poursuite-Ă©vasion (en) : si le nombre Hadwiger est non dĂ©nombrable, alors il est Ă©gal au plus grand ordre d'un refuge dans le graphe[8].
Tout graphe de nombre de Hadwiger k a au plus cliques (sous-graphiques complets)[9].
Halin a dĂ©fini en 1976[3] une classe de paramĂštres de graphes qu'il appelle des fonctions S, et qui incluent le nombre de Hadwiger. Ce sont des fonctions des graphes dans les entiers doivent ĂȘtre nulles pour le graphe nul, ĂȘtre mineur-monotones[10], qui augmente d'une unitĂ© lorsque l'on ajoute un sommet qui est adjacent Ă tous les autres sommets et qui prend comme valeur la plus qrande pour les deux sous-graphes situĂ©s de chaque cĂŽtĂ© d'un sĂ©parateur d'une clique. L'ensemble des toutes ces fonctions forme un treillis complet pour les opĂ©rations de minimisation et maximisation. Le plus petit Ă©lĂ©ment de ce treillis est le nombre de Hadwiger, et le plus grand la largeur arborescente.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Hadwiger number » (voir la liste des auteurs).
- Un graphe plus petit obtenu Ă partir de G par contractions d'arĂȘtes et suppressions de sommets et d'arĂȘtes.
- BollobĂĄs, Catlin et ErdĆs (1980).
- Halin (1976).
- Wagner (1937).
- Robertson, Seymour et Thomas (1993b).
- Robertson, Seymour et Thomas (1993a).
- Eppstein (2009).
- Robertson, Seymour et Thomas (1991).
- Fomin, Oum et Thilikos (2010).
- Une fonction mineur-monotone f a la propriété que si H est un mineur de G, alors f(H) †f(G).
Bibliographie
- Noga Alon, Andrzej Lingas et Martin Wahlen, « Approximating the maximum clique minor and some subgraph homeomorphism problems », Theoretical Computer Science, vol. 374, nos 1â3,â , p. 149â158 (DOI 10.1016/j.tcs.2006.12.021, lire en ligne).
- BĂ©la BollobĂĄs, Paul A. Catlin et Paul ErdĆs, « Hadwiger's conjecture is true for almost every graph », European Journal of Combinatorics, vol. 1,â , p. 195â199 (DOI 10.1016/s0195-6698(80)80001-1, lire en ligne).
- David Eppstein, « Finding large clique minors is hard », Journal of Graph Algorithms and Applications, vol. 13, no 2,â , p. 197â204 (DOI 10.7155/jgaa.00183, arXiv 0807.0007).
- Fedor V. Fomin, Sang-il Oum et Dimitrios M. Thilikos, « Rank-width and tree-width of H-minor-free graphs », European Journal of Combinatorics, vol. 31, no 7,â , p. 1617â1628 (DOI 10.1016/j.ejc.2010.05.003, arXiv 0910.0079).
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- Rudolf Halin, « S-functions for graphs », J. Geometry, vol. 8, nos 1-2,â , p. 171â186 (DOI 10.1007/BF01917434, MR 0444522).
- Alexandr V. Kostochka, « Lower bound of the Hadwiger number of graphs by their average degree », Combinatorica, vol. 4, no 4,â , p. 307â316 (DOI 10.1007/BF02579141).
- Neil Robertson, Paul Seymour et Robin Thomas, « Excluding infinite minors », Discrete Mathematics, vol. 95, nos 1-3,â , p. 303â319 (DOI 10.1016/0012-365X(91)90343-Z, MR 1141945).
- Neil Robertson, Paul Seymour et Robin Thomas, « Hadwiger's conjecture for K6-free graphs », Combinatorica, vol. 13, no 3,â 1993a, p. 279â361 (DOI 10.1007/BF01202354, lire en ligne).
- Neil Robertson, Paul Seymour et Robin Thomas, « Linkless embeddings of graphs in 3-space », Bulletin of the American Mathematical Society, vol. 28, no 1,â 1993b, p. 84â89 (DOI 10.1090/S0273-0979-1993-00335-5, MR 1164063, arXiv math/9301216).
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