Nicolas Gasté
Nicolas Gasté, né le à Asnan dans le Nivernais et mort le à Brest, est un prêtre jésuite français. Avec une cinquantaine d’autres prêtres réfractaires nivernais, il meurt en déportation pendant la Terreur (Révolution française).
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(Ă 68 ans) HĂ´pital Saint-Louis (d) |
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Biographie
Issu d’une famille de commerçants et de petits notables du Nivernais, Nicolas Gasté est l’un des onze enfants de Pierre Gasté (1695-1779), marchand de chevaux à Asnan[1].
Il entre dans la Compagnie de Jésus en novembre 1747 comme écolier approuvé au Collège des Jésuites de Moulins. Nicolas Gasté y enseigne toujours lorsque le Parlement de Paris ordonne en octobre 1761 la fermeture des collèges des Jésuites en France[2]. Les Jésuites sont bannis de France en 1763. Nicolas Gasté prête d’abord serment de fidélité au Roi et s’engage à ne pas suivre la Compagnie des Jésuites dans leur exil. Il se rétracte quelques mois plus tard, et se soumet à son tour au bannissement « Je pars chercher un asile et du pain chez les étrangers »[3].
Dans les années 1770, il est incardiné au diocèse de Nevers. Il est le curé de la paroisse d’Hubans (commune annexée en 1835 par Grenois). En 1783, il fait publier à son nom une nouvelle version revue et corrigée de La Science du Crucifix en forme de méditation, imprimée et éditée à Paris par François-Ambroise Didot[4].
En 1784, il est nommé curé d’Asnan, sa paroisse natale où demeure toute sa famille. En mars 1789, suivant la rédaction controversée du Cahier de doléances d’Asnan, il en rédige une autre version à la demande des habitants. Cette version, demeurée célèbre[5], est directement envoyée au ministre Jacques Necker[6]. Ce cahier de doléances témoigne avec réalisme des nombreuses misères et injustices que subissent les paysans à la fin de l'Ancien Régime.
En septembre 1790, il résigne sa cure au profit de son neveu, nommé aussi Nicolas Gasté (1761-1832), vicaire à Asnan depuis trois ans. En janvier 1791, l'oncle et le neveu refusent de prêter serment à la constitution civile du clergé. Trois prêtres constitutionnels les remplacent avec difficulté jusqu’en 1793 : le village d’Asnan est divisé entre les partisans du clergé réfractaire et ceux de l’Église constitutionnelle[7].
Après la prise du décret contre les prêtres réfractaires, Nicolas Gasté est dénoncé « pour avoir suscité des troubles par ses discours ». Il échappe aux poursuites en se retirant chez sa sœur à Vitry-Laché où il reste six mois. Recherché de nouveau et menacé d'être arrêté, il se réfugie ensuite chez un de ses neveux à Magny-Cours. Il y est finalement arrêté le 20 avril 1793 et conduit à la maison d'arrêt de Nevers[8].
Le 14 février 1794, il embarque en compagnie de soixante-et-un autres prêtres réfractaires du diocèse de Nevers dans la cale d’un bateau sur la Loire à destination de Nantes puis de la Guyane[9] - [10]. Le voyage prend rapidement une tournure dramatique. Malades, affamés, menacés, maltraités, la moitié des prêtres y laissent la vie[11]. En raison du blocus maritime de Nantes par les troupes anglaises, aucun navire ne peut quitter le port pour la Guyane. Les prêtres sont enfermés dans la cale d’une galiote hollandaise[12], la moitié d’entre eux y meurent de faim et de maladie[11]. Le 18 mai suivant, les quinze survivants atteignent Brest où ils sont conduits à la Prison de Pontaniou. Affaibli et malade, Nicolas Gasté meurt à l’hôpital Saint-Louis de Brest le 19 août 1794[13]. Seuls douze prêtres sur les soixante-et-un ont survécu à cette déportation[11].
Son neveu Nicolas Gasté (1761-1832) rentre d’exil à Asnan sous le Directoire. Il en demeure le curé jusqu’en 1828.
Notes et références
Notes
Références
- Archives de la Mairie d'Asnan, registres paroissiaux.
- Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais, vol. 10, p. 276, éd. Les Imprimeries réunies, 1868
- « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, (consulté le ).
- de doléances de la paroisse d'Asnan|éditeur=Convocation des Etats Généraux et Législation de 1789, A. Labot, Paris, Librairie internationale, 1866.
- L'Abbé Nicolas Gasté
- Archives départementales de la Nièvre, registres du District de Clamecy, 4L1.
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- Les Martyrs de la foi pendant la Révolution français,vol.3, p. 161, Éd. Mathiot, 1821
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Voir aussi
Bibliographie
- Paul Guerin,Les petits Bollandistes, vol. 15, p. 503, Éd. Bloud et Barral, 1885
- Bulletin de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, vol. 21, p.595-596, éd. Société Nivernaise des Lettres, Sciences et Arts, Nevers, 1906
- Histoire du Collège de Moulins / Ernest Bouchard. – Moulins : imprimerie Desrosiers, 1872.
- Recherches sur les écoles et le collège de Nevers / Victor Gueneau. – Mémoires de la Société académique du Nivernais, tome 17, 1911.
- Nouvelles du 18 novembre 1767. – Nouvelles ecclésiastiques ou Mémoires pour servir à l’histoire de la Constitution Unigenitus, 1767.
- Mémoires et correspondance d’un prêtre nivernais déporté en 1794 / Jules Charrier. – Nevers : imprimerie de la Nièvre, 1908.
- La Révolution dans la Nièvre / Paul Meunier. – Horvath, 1988.
- La Révolution à Clamecy et dans les environs / Jules Charrier. – Clamart, 1922.
- Les Martyrs de la foi pendant la Révolution française / Aimé Guillon. – Paris : G. Mathiot, 1821.
- Martyrologe du clergé français pendant la Révolution. – Paris : bureau du Journal des villes et des campagnes, 1840.
- Le Clergé français martyrisé pendant la révolution,p. 149, Éd. Pommeret et Moreau, 1830