Napoléon (ferry de 1959)
Le NapolĂ©on est un ferry construit de 1958 Ă 1959 par les Forges et Chantiers de la MĂ©diterranĂ©e pour la Compagnie gĂ©nĂ©rale transatlantique. Mis en service en sur les lignes entre le continent et la Corse, il est le premier car-ferry de la compagnie mais aussi le premier Ă naviguer sur la MĂ©diterranĂ©e. TransfĂ©rĂ© en 1969 Ă la Compagnie gĂ©nĂ©rale transmĂ©diterranĂ©enne, il navigue pour celle-ci jusqu'Ă son retrait fin 1973. Vendu Ă un armateur saoudien en 1974, il continue Ă servir en mer Rouge sous le nom dâAl Pasha (arabe : ŰąÙ ŰšŰ§ŰŽŰ§, Al Basha) jusqu'en 1987. Il est par la suite dĂ©moli en 1988.
Napoléon | |
Le Napoléon en 1962. | |
Autres noms | Al Pasha (1974-1988) |
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Type | Ferry |
Histoire | |
Chantier naval | FCM, La Seyne-sur-Mer, France (#1334) |
Commandé | |
Quille posée | |
Lancement | |
Mise en service | |
Statut | DĂ©moli en 1988 |
Ăquipage | |
Ăquipage | 11 officiers et 65 membres |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 108,86 m |
MaĂźtre-bau | 15,80 m |
Tirant d'eau | 4,76 m |
Port en lourd | 1 025 tpl |
Tonnage | 5 308 UMS |
Propulsion | 4 moteurs Pielstick 6PC1L |
Puissance | 7 680 ch |
Vitesse | 18 nĆuds |
Caractéristiques commerciales | |
Pont | 8 |
Capacité | 1 220 passagers 100 véhicules |
CarriĂšre | |
Armateur | Compagnie générale transatlantique (1959-1969) CGTM (1969-1974) Saudi Lines (1974-1987) World Marine Sg & Tdg Co (1988) |
Pavillon | France (1959-1974) Arabie (1974-1988) |
Port d'attache | Marseille (1959-1974) Jeddah (1974-1988) |
Indicatif | (FNCZ) (1959-1974) |
IMO | 5247172 |
Histoire
Origines
En 1948, la Compagnie générale transatlantique se voit attribuer la concession de la desserte des lignes de la Corse. Héritant d'une flotte ayant souffert de la Seconde Guerre mondiale, la Transat parvient cependant à la faire évoluer et la moderniser. Au début des années 1950, le trafic des lignes de la Corse est en constante hausse, marquée par l'augmentation des passagers voyageant avec leurs véhicules, en effet, depuis la fin de la guerre, l'automobile se démocratise de plus en plus en France et devient le moyen de transport familial dominant, ce qui n'est pas sans conséquence pour la Transat qui enregistre un pic de saturation à chaque saison estivale.
DĂšs 1955 se pose le problĂšme du remplacement du paquebot Ville dâAjaccio, mis en service en 1929. Il apparaĂźt nĂ©cessaire de doter la flotte dâune unitĂ© capable de rĂ©pondre efficacement Ă la demande sans cesse en augmentation des voitures accompagnĂ©es, notamment durant lâĂ©tĂ©. Plusieurs projets sont donc Ă©tudiĂ©s par les services de la Transat. La solution retenue sera un paquebot car-ferry inspirĂ© du trafic transmanche. Il conciliera les exigences du trafic estival avec celles du trafic courant, en traversĂ©es de jour comme de nuit, aussi bien depuis Marseille que Nice.
Sur le plan technique, dans une longueur limitĂ©e Ă environ 110 mĂštres, en raison de la dimension des plans dâeau des ports corses et de Nice, il sâagit de superposer Ă un vaste garage les amĂ©nagements dâun paquebot classique. Le pont garage devra ĂȘtre autant que possible de plain-pied pour faciliter les opĂ©rations commerciales. Le principal Ă©cueil va alors consister Ă obtenir un appareil de propulsion le moins volumineux possible. En effet, un pont garage Ă hauteur de quai doit ĂȘtre un pont de cloisonnement. Cette condition impose un compartimentage transversal des fonds trĂšs serrĂ© pour satisfaire aux normes de sĂ©curitĂ© en vigueur. Le navire devra de ce fait avoir dix cloisons Ă©tanches transversales dĂ©terminant neuf compartiments, induisant un compartiment moteur dâune longueur infĂ©rieure Ă douze mĂštres. Le dispositif de propulsion devra proposer une hauteur et une longueur rĂ©duites et impliquer un tambour machine peu encombrant, afin de ne pas trop empiĂ©ter sur le garage. Câest ce problĂšme qui sera rĂ©solu Ă la fois par les chantiers de construction, les Forges et Chantiers de la MĂ©diterranĂ©e, et le constructeur de lâappareil moteur, la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale de construction mĂ©canique. Le choix va se porter sur quatre moteurs Pielstick, logĂ©s dans un espace de 11,60 mĂštres de long, 15,50 mĂštres de large et 5,30 mĂštres de haut. Quant aux divers appareils auxiliaires, ils trouveront leur place dans un compartiment sensiblement de mĂȘme taille Ă lâavant du compartiment moteur. Lâaccent est Ă©galement mis sur la manĆuvrabilitĂ©, en raison de lâexiguĂŻtĂ© de la plupart des plans dâeau rencontrĂ©s. Le navire va ĂȘtre ainsi Ă©quipĂ© dâun propulseur dâĂ©trave. GrĂące Ă cela, Ă la rapiditĂ© de rĂ©ponse des hĂ©lices rĂ©glĂ©es au pas optimum de manĆuvre, et Ă la souplesse de renversement de marche des moteurs, le navire est ainsi assurĂ© dâĂ©voluer dans les meilleures conditions.
Les locaux communs, climatisĂ©s, innovent Ă©galement avec un restaurant snack qui permet de ne plus rĂ©server un titre de passage incluant obligatoirement le repas. Enfin, dans des locaux Ă la dĂ©coration inspirĂ©e du style Empire, la sonorisation musicale et lâinstallation de la tĂ©lĂ©vision contribuent Ă donner la sensation dâun voyage dâagrĂ©ment. La sĂ©curitĂ© apporte aussi son lot de nouveautĂ©s : des canots pneumatiques en containers et un dispositif dâĂ©vacuation par deux toboggans apparaissent. Enfin, la cheminĂ©e de type «Strombos», du nom de lâingĂ©nieur qui lâa imaginĂ©e, est prĂ©vue pour que la fumĂ©e ne se rabatte pas sur le pont. Le navire est baptisĂ© NapolĂ©on en rĂ©fĂ©rence Ă NapolĂ©on Bonaparte, originaire de Corse.
Construction
Le contrat de construction entre la Compagnie gĂ©nĂ©rale transatlantique et les Forges et Chantiers de la MĂ©diterranĂ©e est signĂ© le . La mise sur cale a lieu le et le navire est lancĂ© le . Les essais Ă la mer se dĂ©roulent les 17 et , le navire atteint la vitesse de 20 nĆuds Ă pleine puissance et 16 nĆuds sur deux moteurs, soit la vitesse en service dâun navire comme le paquebot Cyrnos de 1929. Le NapolĂ©on est livrĂ© Ă la Transat le .
Service
Le NapolĂ©on est prĂ©sentĂ© au monde maritime le Ă Marseille. 800 personnalitĂ©s sont reçues Ă bord par le prĂ©sident de la Compagnie gĂ©nĂ©rale transatlantique, Jean Marie, le directeur de la Transat Ă Marseille, M. Stupfler et le commandant Charles Martel. Il appareille le lendemain Ă 13h00 avec Ă son bord 174 passagers, dont de nombreuses personnalitĂ©s parmi lesquelles le prĂ©sident de la Transat, la marraine du navire, Mme Trojani, de nombreux Ă©lus de Corse, les prĂ©fets des Bouches-du-RhĂŽne, du Var, des Alpes-Maritimes et de Corse, pour une croisiĂšre inaugurale qui mĂšnera le navire Ă Toulon, Calvi, Ajaccio, Portoferraio, Bastia et Nice. Ă chaque escale, le navire est accueilli par les personnalitĂ©s locales et une population enthousiaste, ce qui transforme cette croisiĂšre en voyage triomphal. Ainsi, pour gagner Bastia, au lieu de se diriger directement vers ce port, le commandant Martel dĂ©cide de se conduire au nord du Cap Corse, pour redescendre en naviguant Ă toucher la cĂŽte. AlertĂ©s par le son de la sirĂšne du navire, les habitants des villages Ă©parpillĂ©s sur le littoral accourent au rivage ou apparaissent aux fenĂȘtres, tandis que les cloches des Ă©glises sonnent Ă la volĂ©e. BientĂŽt, deux avions, puis des hĂ©licoptĂšres viennent faire cortĂšge au navire, qui sâamarre Ă 17h00 Ă Bastia. Le , le NapolĂ©on accoste Ă 9h00 Ă Nice, accueilli avec les mĂȘmes honneurs. La croisiĂšre se termine, mais les attentions de la compagnie se poursuivent envers ses invitĂ©s jusquâĂ lâarrivĂ©e du train Mistral Ă Paris. Quant au NapolĂ©on, il nâen a pas encore terminĂ© avec les honneurs et les festivitĂ©s. Le lendemain, le navire appareille Ă 10h00 avec Ă son bord 341 passagers, saluĂ© par la musique des gardiens de la paix et les sirĂšnes des bĂątiments prĂ©sents au port, dont le Sampiero Corso. Sous son grand pavois, le car-ferry longe la Promenade des Anglais, dĂ©file devant Antibes, saluant le fort CarrĂ© (oĂč le gĂ©nĂ©ral Bonaparte fut emprisonnĂ©), entre en rade du golfe Juan (oĂč NapolĂ©on dĂ©barqua Ă son retour de lâĂźle dâElbe), salue Cannes de quelques coups de sirĂšnes et longe le Massif de lâEsterel jusquâau cap Roux. Il vire ensuite de bord pour faire route Ă lâest et suivre de nouveau la cĂŽte du cap Ferrat Ă San Remo, saluant au passage Monaco, avant de remettre le cap sur Nice, oĂč il vient sâamarrer vers 18h30. Il appareille le soir mĂȘme pour Marseille. Il est Ă souligner que la Transat et la municipalitĂ© de Nice avaient uni leurs efforts pour faire de la rĂ©ception et du sĂ©jour Ă Nice une manifestation qui entrait dans le cadre des festivitĂ©s du centenaire de l'annexion du comtĂ© de Nice Ă la France. Le , le NapolĂ©on effectue sa premiĂšre traversĂ©e commerciale avec Ă son bord 270 personnes.
Entre le et le , en raison de la grÚve des dockers du port de Nice, le Napoléon, comme les autres navires de la flotte, est détourné sur Monaco.
Le , par temps calme, entre Nice et L'Ăle-Rousse vers 13h00, Grasse radio informe quâun yacht monĂ©gasque, lâArc en Ciel est en difficultĂ© Ă 25 milles de Calvi. Un contact radio avec le yacht est alors Ă©tabli et route est faite vers lui. A 15h30, lâArc en Ciel est rejoint. Il a une entrĂ©e dâeau par son tube dâĂ©tambot cassĂ© â son moteur est inutilisable et son gouvernail inopĂ©rant â et est immobilisĂ© depuis la veille. Une vedette est alors mise Ă la mer pour lui passer une amarre. A 16h00, le yacht est pris en remorque Ă vitesse rĂ©duite. Le NapolĂ©on fait de nouveau route vers L'Ăle-Rousse qui est atteint vers 19h30, sans incidents.
Le , alors que le NapolĂ©on fait escale Ă Bastia depuis la veille, le vent de sud-ouest fraĂźchit par rafales vers 13h30 ; lâamarrage est alors immĂ©diatement repris et renforcĂ©. Vers 15h45, les rafales, que le navire supportait bien jusquâalors, se renforcent soudain et atteignent une violence extrĂȘme. Le navire, giflĂ© par bĂąbord et par tribord, rompt ses aussiĂšres et est rapidement drossĂ© vers la digue est du port. L'Ă©quipage intervient immĂ©diatement avec le dĂ©marrage des moteurs, qui avaient Ă©tĂ© prĂ©parĂ©s dĂšs lâapparition du danger, de façon Ă freiner la dĂ©rive de lâarriĂšre tandis que la dĂ©rive de lâavant est freinĂ©e par lâancre tribord et le propulseur. Le navire parvient ainsi Ă passer entre les coffres du milieu du port et finit par accoster, brutalement en ne pouvant Ă©viter une barque amarrĂ©e, au quai est de la digue du port. 85 m2 de couverture des ponts extĂ©rieurs ont Ă©tĂ© arrachĂ©es, ce qui tĂ©moigne de la violence extrĂȘme de la tornade dont a Ă©tĂ© victime le NapolĂ©on.
Du 27 au , le navire est rĂ©quisitionnĂ© afin de rapatrier les français d'AlgĂ©rie. le NapolĂ©on appareille de Marseille pour Oran, quâil rallie le . Il quitte le port algĂ©rien le mĂȘme jour pour Toulon, oĂč il arrive le . Câest le seul voyage du navire dans le cadre du rapatriement des pieds-noirs.
Le , entre Nice et L'Ăle-Rousse, Ă 14h00, des signaux fumigĂšnes Ă©mis par le yacht Yasmina, stoppĂ© depuis la veille, sont perçus depuis la passerelle. Ce navire avait lancĂ© le matin mĂȘme le signal de dĂ©tresse mayday. Le NapolĂ©on sâapproche du yacht armĂ© par trois marins qui le convoyaient de Marseille vers Ajaccio. De 14h30 Ă 15h15, le car-ferry manĆuvre pour installer et passer la remorque et Ă 15h25 reprend sa route vers L'Ăle-Rousse Ă allure rĂ©duite oĂč il arrive Ă 20h20.
En raison de lâincendie Ă bord du nouveau car-ferry Fred Scamaroni sur le point d'ĂȘtre achevĂ©, le NapolĂ©on assure journellement des traversĂ©es depuis Nice sur la Corse entre le et le . Son Ă©quipage est double (celui du Fred Scamaroni ne subissant pas ainsi lâindisponibilitĂ© du navire), de telle sorte quâil y a en permanence un Ă©quipage Ă bord et un autre Ă terre. Les membres dâĂ©quipage sont transfĂ©rĂ©s par car entre le siĂšge de la compagnie et le navire. Câest Ă la suite de cette situation que les car-ferries assureront des rotations accĂ©lĂ©rĂ©es sur la Corse en saison avec des relĂšves dâĂ©quipage.
Le , le navire est transféré à la Compagnie générale transméditerranéenne, résultat de la fusion des services méditerranéens de la Compagnie générale transatlantique et de la Compagnie de navigation mixte.
Le , le NapolĂ©on lors dâune escale Ă Nice, sert de cadre de tournage de scĂšnes du film Profession : Aventuriers de Claude Mulot, pour le compte des studios de la Victorine, avec Nathalie Delon.
Le , le NapolĂ©on quitte pour la derniĂšre fois la Corse Ă 22h00 pour Nice oĂč il arrive Ă 7h50 le lendemain. Il quitte Nice Ă 8h30 pour Marseille. Le navire est dĂ©sarmĂ© le .
RemplacĂ© par le nouveau car-ferry Provence sur les lignes de la Corse, le NapolĂ©on est vendu Ă la compagnie saoudienne Saudi Lines le , le navire devient Al Pasha, sous pavillon saoudien et livrĂ© Ă son nouvel armateur le . Il quitte Marseille le Ă 8h40 pour Jeddah avec Ă son bord trois membres dâĂ©quipage de la CGTM qui participent au convoyage. LâAl Pasha entame alors une seconde carriĂšre en mer Rouge jusqu'en 1987, date Ă laquelle il est retirĂ© du service. Vendu Ă World Marine Sg & Tdg Co, le navire est Ă©chouĂ© en 1988 Ă Gadani, oĂč il est dĂ©moli[1] - [2] - [3].
Aménagements
Locaux communs
En 1re et 2e classe : une brasserie, un bar fumoir et salon, une véranda équipés de la télévision un pont promenade.
En 4e classe : des ponts abrités et un bar buffet
Cabines
1re classe: 52 cabines pour 103 lits ainsi quâun salon de 72 fauteuils.
2e classe: 50 cabines et 96 fauteuils ou siĂšges en salon.
Caractéristiques
Le NapolĂ©on mesurait 108,86 mĂštres de longueur pour 15,80 mĂštres de largeur, son tonnage Ă©tait de 5 308 UMS. Le navire avait une capacitĂ© de 1 220 passagers rĂ©partis en quatre classes et Ă©tait pourvu d'un garage pouvant contenir 100 vĂ©hicules et accessible par des portes rampes latĂ©rales et une Ă la poupe. La propulsion du NapolĂ©on Ă©tait assurĂ©e par 4 moteurs diesel Pielstick 6PC1L, 6 cylindres en ligne, dĂ©veloppant une capacitĂ© de 7 680 ch faisant filer le navire Ă une vitesse de 18 nĆuds. Le navire Ă©tait en outre, dotĂ© d'un propulseur dâĂ©trave Voith-Schneider de 230 ch. Il disposait de deux embarcations de sauvetage de taille moyenne d'une capacitĂ© de 47 personnes et deux embarcations plus petites d'une capacitĂ© de 18 personnes.
Lignes desservies
Lors de sa carriÚre à la Compagnie générale transatlantique de 1959 à 1969 puis à la Compagnie générale transméditerranéenne de 1969 à 1973, le Napoléon effectuait principalement la desserte d'Ajaccio, Bastia, Calvi et Propriano au départ de Marseille, de Nice ou de Toulon, il effectuait occasionnellement, vers la fin de sa carriÚre, la desserte de l'Algérie sur les lignes Marseille - Alger, Marseille - Oran ou Marseille - Skikda.
à partir de 1974, le navire, renommé Al Pasha, naviguait en mer Rouge jusqu'à sa mise hors-service, en 1987.
Notes et références
- http://www.marines-editions.fr/la-sncm-de-la-corse-au-maghreb,fr,4,31447.cfm, le livre d'Alain Lepigeon relatant l'histoire de la compagnie et des navires ayant en partie inspiré cet article
- http://ferries.online.fr/cgtm/napoleon.htm
- http://www.faktaomfartyg.se/napoleon_1959.htm