Nadine de Rothschild
Nadine de Rothschild, née le à Saint-Quentin (Aisne), est une personnalité mondaine française, veuve du baron Edmond de Rothschild.
Naissance | |
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Nom de naissance |
Nadine Nelly Jeannette Lhopitalier |
Pseudonyme |
Nadine Tallier |
Nationalité | |
Domiciles |
Puteaux (jusqu'en ), rue Guersant (- |
Activités |
Ouvrière (depuis ), modèle (depuis ), actrice (- |
Famille | |
Conjoint |
Edmond de Rothschild (de Ă ) |
Enfant |
Muse et modèle du peintre Jean-Gabriel Domergue dans sa prime jeunesse, elle est actrice dans les années 1950 sous le pseudonyme de Nadine Tallier. Elle renonce au cinéma en 1963 à la suite de son mariage avec Edmond de Rothschild, qui la hisse au sein de la haute bourgeoisie d'affaires. Autrice d'essais et de romans, elle est connue du grand public pour ses traités d'éducation et ses guides de savoir-vivre.
Biographie
Enfance
Nadine Nelly Jeannette Lhopitalier naît à Saint-Quentin (Aisne), d'un père inconnu et de Suzanne Lhopitalier, ouvrière dans le coton. Son beau-père est gardien de la paix. Elle grandit dans des conditions modestes à Puteaux, avec sa demi-sœur Nadeige de six ans sa cadette, dans un deux pièces sans eau courante. Elle est surnommée « fil de fer » car elle est maigre. Elle a douze ans quand sa famille quitte Puteaux pour Paris, dans le quartier de la porte de Champerret, rue Guersant[1]. Elle fréquente l'école secondaire de filles du boulevard Pereire, qu'elle quitte à 14 ans pour travailler chez Neubauer à la fabrication de housses de sièges pour Peugeot[2] Ne s'entendant pas avec son beau-père autoritaire, elle loue une chambre de bonne boulevard Gouvion-Saint-Cyr[2]. À seize ans, elle travaille chez un marchand de laine. Elle affirme que ces conditions de vie étaient communes à l'ensemble des jeunes femmes de son époque.
Elle découvre par hasard un livre sur le savoir-vivre de Louise d'Alq, qui semble avoir déterminé son goût pour les bonnes manières[3].
Carrière artistique
À 16 ans, avec une collègue qui avait répondu à une annonce dans un journal, elle est engagée comme modèle par le peintre Jean-Gabriel Domergue qui aime son physique d'ingénue perverse[4]. Il a peint trois tableaux d'elle.
Elle rencontre Georges Brassens, qui lui a dédié sa chanson Une jolie fleur dans une peau d'vache[5] - [6]. Nadine de Rothschild lui aurait, en revanche, inspiré Le Père Noël et la Petite Fille[7].
Jean-Baptiste Domergue lui fait rencontrer Marc Allégret qui, après un essai, lui conseille de prendre des cours d'art dramatique, mais n'ayant pas les moyens de les payer, elle épluche les annonces dans Le Film français pour des postes de figurante. En 1949, elle est engagée comme figurante pour le rôle d'une collégienne dans le film de Julien Duvivier, Au royaume des cieux[8]. Elle prend le pseudonyme de Nadine Tallier[9]. Sa carrière se limite à des seconds rôles. Elle double Martine Carol dans une scène de nu du film Caroline Chérie de Richard Pottier. Elle obtient un second rôle dans Manina, la fille sans voiles, qui met en vedette Brigitte Bardot.
Outre son activité dans le cinéma, elle est engagée par Bruno Coquatrix à L'Européen, à Bobino[10]. et au théâtre des Capucines[11]. En 1954, elle est présentatrice à l'Olympia[12].
Elle refuse un contrat de sept ans à Hollywood que lui propose la Metro-Goldwyn-Mayer, préférant tenter sa chance à Paris[13] : « Ce refus était aberrant, contre toute logique, et pourtant je sentais que si je partais, je laissais passer ma chance. Toutes le filles qui ont accepté ces contrats n'ont jamais percé » et prétendant ne pas répondre aux standards des actrices de l'époque[3].
Elle fait des essais à Los Angeles pour le rôle d'une Française dans le film Le soleil se lève aussi de Darryl F. Zanuck, qui doit se tourner en partie à Paris. Mais Bella Darvi, la maîtresse de Darryl F. Zanuck, exaspérée, lui dit que le rôle lui revient. Le rôle sera tenu, sur sa suggestion, par Juliette Gréco[14].
Nadine Tellier arrête le cinéma en 1963, après avoir épousé le baron Edmond de Rothschild et donné naissance à son fils la même année.
Famille, mariage, conversion au judaĂŻsme et descendance
Elle est d'abord fiancée à Lance Callingham, fils de la milliardaire Lady Docker, mais renonce au mariage en raison de l'ingérence dans sa vie de sa future belle-mère[15] : « Tout est allé très vite dans ma tête. Je savais être docile, mais accepter que ma vie soit totalement gérée par cette femme ! ».
Le , lors d’un dîner organisé par l’homme d’affaires Ben Jakober, elle rencontre le banquier et baron franco-suisse Edmond de Rothschild[16].
Le à Paris, enceinte de sept mois, elle épouse Edmond de Rothschild, fraîchement divorcé de l’artiste bulgare Veselinka Vladova Gueorguieva[17]. Ce mariage est considéré comme peu conventionnel, car les femmes intégrant la famille Rothschild sont cultivées, issues de familles juives aisées[18]. Catholique, elle étudie le judaïsme durant deux ans et sa conversion est officialisée par le Grand Rabbin Kaplan[3]. Le couple a un enfant unique, Benjamin de Rothschild (1963-2021). En 1997, Edmond meurt à l'âge de 71 ans[19].
Le 15 janvier 2021, Benjamin meurt d'une crise cardiaque Ă 57 ans[20] - [21].
Nadine de Rothschild ne participe pas aux activités de la Banque Rothschild et s'investit principalement dans les mondanités. En 1973 elle fait l'acquisition, avec son mari, du château Malmaison à Moulis, domaine viticole laissé à l'abandon avec seulement 1 hectare de vigne, proche du château Clarke. Entre 1974 et 1978, le couple replante le vignoble qui s’étend sur 24 hectares de sols argilo-calcaires, propices à la culture du merlot et du cabernet sauvignon[22]. Nadine de Rothschild assure la promotion internationale de la marque après avoir suivi des cours d'œnologie à l'université de Bordeaux[23]. En 1997, à la mort de son mari, elle respecte le souhait de celui-ci en confiant la direction du domaine à Yann Buchwalter.
En 2014, elle détient 17 % du capital de la holding et 7 % des voix. En désaccord avec sa belle-fille, elle transfère sa part de la fortune familiale dans la banque privée suisse Pictet[24] - [25] en 2014 et 2019.
Dans son ouvrage Très chères baronnes de Rothschild, elle aborde la biographie de douze femmes de la dynastie Rothschild sur plusieurs générations (1800 à 2020)[26].
Symbole du savoir-vivre
Nadine de Rothschild est connue pour ses ouvrages de savoir-vivre, des arts de la table, de conseils pour la vie de couple harmonieuse et l'Ă©ducation.
En 1984, en collaboration avec Guillemette de Sairigné, elle écrit une autobiographie La baronne rentre à cinq heures.
Son livre Le Bonheur de séduire, l’art de réussir, le savoir vivre du XXIe siècle, paru en 1991, est une référence dans le domaine[27]. Il est réédité en 2001. Le nombre de ventes est estimé à 170 000 exemplaires[28].
En 2004, Nadine de Rothschild ouvre à Carouge près de Genève l'académie « Nadine de Rothschild International Way of Life »[29]. Un an plus tard, elle anime l'émission En voilà des manières !! sur M6 dans laquelle elle apprend à des jeunes femmes à se comporter en société.
Opposée au divorce et défendant la famille traditionnelle, elle revendique le droit aux femmes d'avoir une pension alimentaire en cas de divorce et préconise une assurance en cas de non-paiement[30].
Elle est régulièrement invitée sur les plateaux télévisés de Thierry Ardisson dans les années 2000. Elle est plus rare dans les médias à partir des années 2010.
Filmographie
- 1949 : Un chien et madame de Marcel Martin - court métrage (19 min) -
- 1949 : Mission à Tanger de André Hunebelle : une jeune femme dans le cabaret
- 1949 : Au royaume des cieux de Julien Duvivier : une collégienne
- 1950 : Quai de Grenelle de Emil-Edwin Reinert : une danseuse nue dans la boîte de nuit
- 1951 : Caroline chérie de Richard Pottier – non créditée au générique (doublure de Martine Carol)
- 1951 : Nez de cuir de Marc Allégret
- 1951 : Le Passage de Vénus de Maurice Gleize : Gisèle
- 1951 : Boniface somnambule de Maurice Labro – non créditée au générique : Ginette, une vendeuse des magasins Berthès
- 1951 : Paris est toujours Paris (Parigi è sempre Parigi) de Luciano Emmer : Nadine, une vendeuse de l'institut de beauté
- 1952 : Ouvert contre X de Richard Pottier : Amélie, la soubrette
- 1952 : Manina, la fille sans voiles de Willy Rozier : Mathilda
- 1952 : Coiffeur pour dames de Jean Boyer : Mlle Mado
- 1953 : Femmes de Paris de Jean Boyer : Poupette
- 1953 : Les Enfants de l'amour de LĂ©onide Moguy : Lulu
- 1953 : Une vie de garçon de Jean Boyer
- 1954 : Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry – non créditée au générique : Une dame de la cour
- 1954 : Ma petite folie de Maurice Labro : Suzanne
- 1954 : Les hommes ne pensent qu'à ça d'Yves Robert : la jeune femme dans sa baignoire
- 1954 : Les Impures de Pierre Chevalier : une entraîneuse
- 1954 : Madame du Barry de Christian-Jaque : Loque, une fille du roi
- 1955 : Chantage de Guy Lefranc : Janine, la photographe
- 1956 : Les Truands de Carlo Rim
- 1956 : Vous pigez ? de Pierre Chevalier : Amanda
- 1956 : Ce soir les jupons volent de Dimitri Kirsanoff : Tania
- 1956 : Fernand cow-boy de Guy Lefranc : Any, la chanteuse du saloon
- 1956 : En effeuillant la marguerite de Marc Allégret : Magali, une journaliste
- 1956 : Le Long des trottoirs de LĂ©onide Moguy : une pensionnaire
- 1956 : L'Homme et l'Enfant de Raoul André : Pitel
- 1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy : une fille Ă la cour des miracles
- 1957 : Folies-Bergère ou Un soir au music-hall d'Henri Decoin : Sonia
- 1957 : Cinq millions comptant d'André Berthomieu : Céleste
- 1957 : Miss Catastrophe de Dimitri Kirsanoff : Arlette
- 1957 : Donnez-moi ma chance ou Piège à filles de Léonide Moguy : Kiki
- 1957 : Comme un cheveu sur la soupe de Maurice Régamey : Juliette, une entraîneuse
- 1958 : Girls at Sea de Gilbert Gunn : Antoinette
- 1958 : En bordée de Pierre Chevalier : Muguette
- 1958 : Les Grandes Familles de Denys de La Patellière : Sylvaine, la jeune actrice entretenue
- 1959 : Cigarettes, Whisky et P'tites Pépées de Maurice Régamey : Arlette, la « pépée » qui aime le whisky
- 1959 : Rue de la peur (Los Cobardes) de Juan Carlos Thorry : Maria
- 1959 : Visa pour l'enfer d'Alfred Rode : Clémentine
- 1959 : Larry agent secret (en) (autres titres : Hot Money Girl ou Long Distance) d'Alvin Rakoff : Zizi
- 1961 : Deuxième Bureau contre terroristes de Jean Stelli : Claire
- 1964 : Une ravissante idiote d'Édouard Molinaro
Théâtre
- 1952 : Schnock opérette de Marc-Cab et Jean Rigaux, mise en scène Alfred Pasquali, théâtre des Célestins
- 1954 : Les Chansons de Bilitis opérette de Jean Valmy et Marc-Cab d'après Pierre Louÿs, Musique de Joseph Kosma, théâtre des Capucines
Publications
- [Rothschild, 1984] La Baronne rentre à cinq heures (avec la collaboration de Guillemette de Sairigné), Paris, Jean-Claude Lattès, , 255 p., + 16 f. de planches
- Heureuse et pas fâchée de l'être, autobiographie, Paris : Éditions de la Seine, coll. « Succès du livre », 1987. 221 p. + 16 p. de planches (ISBN 2-7382-0007-9)
- Parlez-moi d'amour, Paris : Fixot, 1989. 243 p. + 8 p. de planches (ISBN 2-87645-051-8)
- Natara, roman, Paris : Fixot, 1994. 343 p. (ISBN 2-87645-190-5)
- Femme un jour, femme toujours (savoir-vivre), Paris : Fixot, 1997. 284 p. + 8 p. de planches (ISBN 2-221-08464-0)
- L'Amour est affaire de femmes, Paris : Robert Laffont, 2001. 285 p. + 16 p. de planches (ISBN 2-221-09345-3)
- Le Bonheur de séduire, l'art de réussir : le savoir-vivre du XXIe siècle, Paris : Robert Laffont, 2001. 436 p. + 8 p. de planches (ISBN 2-221-09595-2). Édition revue et augmentée d'un ouvrage paru en 1991 sous le titre « Le bonheur de séduire, l'art de réussir : savoir vivre aujourd'hui ».
- Jours heureux Ă Quiberon, Neuilly-sur-Seine : Michel Lafon, 2002. 160 p. (ISBN 2-84098-780-5).
- Sur les chemins de l'amour, Paris : Robert Laffont, 2003. 327 p. + 16 p. de planches (ISBN 2-221-09836-6).
- Megève, un roman d'amour, Paris : Albin Michel, 2004. 299 p. + 8 p. de planches (ISBN 2-226-15519-8).
- Les Hommes de ma vie, Paris : Albin Michel, 2007 (ISBN 978-2226176134)
- Bonnes manières, coécrit avec E. Margas, 2009
- Réussir l'éducation de nos enfants, avec Arsène Bouakira, Lausanne-Paris : Favre, 2009 (ISBN 978-2828910716)
- Ma philosophie... d'un boudoir Ă l'autre, Paris : Albin Michel, 2010 (ISBN 9782226193049)
- Très Chères Baronnes de Rothschild, Broché, 2023 (ISBN 978-2-35340-376-9)
Notes et références
- Rothschild 1984, p. 19.
- Rothschild 1984, p. 22.
- « Qui est Nadine de Rothschild ? », sur Ina.fr, (consulté le ).
- Rothschild et 1984 : « Sans le savoir, j'incarnais ces ingénues perverses que se plaisait à peindre Domergue, petites femmes au long coup, au nez mutin, aux yeux fendus, au joli buste et à la taille étranglée », p. 26.
- François Barras, « Nadine de Rothschild : La peau de vache, c’est moi ! », 24 heures « Festival »,‎ (lire en ligne) « Présidente du Comité d’honneur des Sommets musicaux de Gstaad, qui débute aujourd’hui, Mme la baronne de Rothschild connaît la partition. Rencontre au château de Pregny, pour un entretien musical et pittoresque. ».
- « La baronne et le jeune premier », RTS Un, Radio télévision suisse « Pardonnez-moi » « Moments forts »,‎ (lire en ligne [vidéo]) À l'occasion du Salon du livre et de la presse de Genève de 2013, Darius Rochebin reçoit Nadine de Rothschild, Anne Cuneo, Luc Ferry et Bastian Baker.
« Comédienne à ses débuts, Nadine de Rothschild a connu l'Olympia et les stars de l'époque de très près. Elle regrette aujourd'hui que Bastian Baker, qu'elle appelle jeune bébé, soit arrivé quelques années plus tard... »
- « Nadine de Rothschild a 90 ans : Nom de jeune fille, Mort de son fils, Adultère, Nudité... », sur www.journaldesfemmes.fr (consulté le ).
- Rothschild 1984, p. 31.
- Rothschild et 1984 : « Mon nom était trop long, j'en profitai pour en changer. Après tout, je l'avais emprunté, j'en rendis la moitié, Nadine Lhopitalier devint Nadine Tellier », p. 36-37.
- Rothschild 1984, p. 32-33.
- Rothschild 1984, p. 36-37.
- Rothschild 1984, p. 41.
- Rothschild 1984, p. 35.
- Rothschild 1984, p. 51.
- Rothschild 1984, p. 56.
- « Biographie », Gala,‎ (lire en ligne).
- « Rothschild contre Rothschild, l’éternel duel », sur tribunedegeneve.fr, (consulté le ).
- (en) Frank J. Prial, « Baron Edmond de Rothschild, 71, French Financier, Dies », New-York Times,‎ (lire en ligne).
- « La finance perd un Rothschild très discret. Le banquier Edmond est mort hier. Son fils Benjamin lui succède. », sur http://www.liberation.fr, (consulté le ).
- « Nadine de Rothschild : Brisée par la mort de son fils unique ! - France Dimanche », sur www.francedimanche.fr (consulté le ).
- Par Le Parisien avec AFP Le 16 janvier 2021 à 12h10 et Modifié Le 17 Janvier 2021 À 07h22, « Le Baron Benjamin de Rothschild est décédé à l’âge de 57 ans », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Château Malmaison », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
- (en) « Wine Talk; Another Rothschild Stands Behind a Bordeaux », New-York Times,‎ (lire en ligne).
- Myret Zaki, « La mue profonde d'Edmond de Rothschild », Bilan,‎ (lire en ligne).
- Sylvain Besson, « Chez les Rothschild, après la fête, la tempête », Tribune de Genève,‎ (lire en ligne).
- « Nadine de Rothschild: «Je veux fonder un musée à Genève à la mémoire de notre couple» », sur Illustre (consulté le )
- Aurore Coulaud, « Souhaiter «bon appétit» est-ce vraiment impoli ? », Libération,‎ (lire en ligne).
- Catherine Mallaval, « La politesse, ca s'apprend et cela se vend », Libération,‎ (lire en ligne).
- « Nadine de Rothschild », sur Evene.fr (consulté le ).
- «Souscrire une assurance pour le divorce», sur www.lefigaro.fr, (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :