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Élitisme

L'élitisme est une idéologie qui soutient l'accession au pouvoir de personnes jugées comme « les meilleures », comme « supérieures » (aux autres, au peuple) ; et qui réciproquement considère le peuple comme inférieur, et en conséquence devant être gouverné par l'élite. L'élitisme est proche du sens original d'aristocratie (du grec aristoi, « les meilleurs »), qui désigne le gouvernement du peuple par une élite, un groupe de personnes supposées supérieures, quelle que soit la nature de cette élite ou sa diversité (militaire, commerciale, financière, politique, religieuse, technocratique, etc.).

En Ă©ducation

En matière éducative, l'élitisme pousse à une sélection intense des candidats et nie reposer sur un déterminisme social : selon ses tenants, si une personne travaille durement dans le cadre du système scolaire, elle parviendra à entrer dans l'élite, indépendamment de ses possibilités réelles, dans le cas contraire, c'est qu'elle manquait des qualités requises.

En politique

Le terme d'« élitisme » était l'une des accusations préférées du pouvoir soviétique lors des Grandes Purges staliniennes et d'autres procès moins retentissants.

Les mouvements d'extrême droite ont pour caractéristique commune de suivre une ligne anti-élite, mais sans toutefois faire « l'apologie des sociétés égalitaires », l'absence d’élites étant considérée comme une décadence[1].

Particularités nationales

France

La France a la réputation d'avoir l'un des systèmes éducatifs les plus élitistes au monde, du fait des grandes écoles. En 2010, un fort courant critique a poussé le gouvernement à exiger d'elles un assouplissement de leur élitisme supposé, avec pour objectif d'ouvrir leurs portes à une plus grande part de la société, à la manière d'une affirmative action française.

Japon

Le système éducatif au Japon a lui aussi une tendance portée vers l’élitisme. Tout comme en France[2], il faut tenter d’entrer dans les meilleures écoles, pour avoir le maximum de chance d’entrer dans le meilleur collège, l’un des meilleurs lycées puis la meilleure université pour entrer dans la catégorie sociale la plus favorisée.

On note deux consĂ©quences propres Ă  ce système. La première Ă©tant la prolifĂ©ration des juku. Les juku se sont mis Ă  prolifĂ©rer Ă  partir de la fin des annĂ©es soixante. Il y en aurait aujourd’hui entre 50 et 70 000 au total dans tout le pays. Elles se prĂ©sentent soit comme des cours privĂ©s en appartement animĂ©s par une ou deux personnes, soit comme de vĂ©ritables entreprises du savoir comme Sundai Yobiko qui compte plusieurs centaines d’enseignants.

La seconde consĂ©quence est d’ordre financier. Au Japon les classes moyennes restreignent leur natalitĂ© pour donner Ă  leurs enfants les meilleures chances d’accĂ©der aux plus grandes universitĂ©s. On sait que le coĂ»t très Ă©levĂ© de l’éducation au Japon a fait baisser la natalitĂ© des classes moyennes et ceux qui ont fait le choix de n’avoir qu’un ou deux enfants pour pouvoir investir dans l’éducation de leurs enfants. GĂ©nĂ©ralement, les parents visent deux ou trois Ă©coles, une qu'ils souhaiteraient obtenir mais pour laquelle l'enfant n'est pas confiant d'obtenir le concours, une de niveau plus faible et finalement, optionnellement, une faible. Les Ă©coles moyennes, voyant leurs objectifs diminuer, ont instaurĂ© un système de telle sorte que l’inscription dans leur Ă©cole doit se faire avant tous les concours. Si l'enfant rĂ©ussit Ă  intĂ©grer la meilleure Ă©cole, il pourra se dĂ©sinscrire de l’école « moyenne Â», mais tout ou une partie des frais engagĂ©s (assez Ă©levĂ©s) resteront acquis par cette dernière, qui bĂ©nĂ©ficie donc de moyens substantiels comparativement Ă  ses effectifs. Cela reprĂ©sente un sacrifice financier important pour les familles.

La compétition n'a cessé d'être décrite, par presque tous les auteurs japonais, comme la force qui entraînait les institutions d'enseignement, tant à cause de leur réputation inégale que de la valeur attachée aux diplômes décernés par les meilleures.

Bibliographie

  • 1977 : Claude Vorilhon, La gĂ©niocratie, le gĂ©nie au pouvoir, L'Ă©dition du message, Brantome, 1977.
  • 1977 : Henri Coston, Les 200 familles au pouvoir, La librairie française, Paris, 1977.
  • 2001 : Marie-Laure de LĂ©otard, Le dressage des Ă©lites : De la maternelle aux grandes Ă©coles, un parcours pour initiĂ©s, Plon, , 242 p. (ISBN 978-2-259-18994-1)
  • 2008 : Sabouret, JF. et Sonomaya, D. (2008). LibertĂ©, inĂ©galitĂ©, individualitĂ© La France et le Japon au miroir de l’éducation. Paris : CNRS Editions.
  • 2009 : Baudelot, C. et Establet, R. (2009). L’élitisme rĂ©publicain, L’école française Ă  l’épreuve des comparaisons internationales. Seuil : Edition du Seuil.
  • 2010 : Sabouret, JF. (2010). L’école au Japon. Cahiers pĂ©dagogiques. Paris : CRAP.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

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