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Nez de cuir

Nez de cuir est un film franco-italien réalisé par Yves Allégret en 1951, sorti en 1952, d'après le roman de Jean de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, paru en 1937.

Nez de cuir

Réalisation Yves Allégret
Scénario d'après le roman de
Jean de La Varende
Acteurs principaux
Sociétés de production Alcina
Pathé
Cinès
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Italie Italie
Genre Drame
Durée 92 min
Sortie 1952

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

L'histoire dramatique du jeune et fringant gentilhomme Roger de Tainchebraye, don Juan de sa Normandie natale, obligé de porter un masque dissimulant sa mutilation. Il tomba, défiguré en 1814, grièvement blessé en Champagne au cours de ce carnage plus connu sous le nom de Campagne de France, à la fin d'une de ces batailles sans espoir, durant lesquelles l'Empereur, pour retarder sa chute, sacrifia par milliers des soldats de vingt ans. On le surnomma « Nez de Cuir ».

Résumé du film

1814 : Alors que fait rage la campagne de France de Napoléon, sur un champ de bataille, parmi les cadavres de soldats et d'animaux, un blessé hurle de douleur, haché par les sabres des cosaques. Laissé pour mort puis secouru à temps et soigné par le docteur Marchal (Massimo Girotti), le gentilhomme est bientôt guéri. C'est Roger de Tainchebraye (Jean Marais), « gentilhomme d'amour ». Mais celui dont le charme, avant la guerre chavirait tous les cœurs, grièvement touché au visage, devra désormais pour dissimuler son horrible défiguration, porter un masque, sorte de loup en cuir dont les jaloux lui feront un sobriquet, « Nez de Cuir », convaincus que ce don Juan sans nez, laissera désormais leurs femmes tranquilles. Roger sombre dans le désespoir et désire le suicide. Mais le médecin, qui lui restera fidèle jusqu'au bout, lui avoue qu'il est lui-même eunuque depuis ses vingt-huit ans et qu'il vit quand même avec cela : « Un épouvantail à filles voilà ce que je suis devenu ».

Dès lors, c'est donc masqué et revigoré par son médecin, que le handicap de Roger, loin de calmer ses ardeurs, va le pousser à asseoir un peu plus son statut de coureur de jupons, auréolé d'un mystère que lui confère son nouveau physique. Roger organise un grand bal, multiplie les liaisons, prenant et abandonnant ses victimes avec le plus parfait cynisme. Parmi ses conquêtes, c'est au tour d'Hélène Josias (Mariella Lotti) qu'il reçoit, comme les autres, dans son pavillon de chasse. Une nuit la nièce d'Hélène, la jeune et jolie Judith de Rieusses (Françoise Christophe), vient y chercher sa tante. Judith ne peut échapper au charme de Roger. Or, c'était ne pas tenir compte de la fantaisie de Cupidon qui, cette fois, parvint à planter une flèche dans le cœur du gentilhomme volage. Et sans le savoir, ces deux êtres vont jouer à un jeu dangereux où il n'y a que des perdants. En effet, jeune et innocente, Judith rêve à un mariage et ose en parler naïvement à Roger. Celui-ci, bien que touché, écarte brutalement cette éventualité : jamais il ne pourra être fidèle à une femme.

Profondément meurtrie par ce refus, la hautaine Judith de Rieusses épouse le marquis de Brives (Jean Debucourt), un homme plus âgé qu'elle, tandis que Roger, pour rester près de la jeune femme qu'il aime follement, devient le confident et le fidèle ami du marquis.

Après la mort de ce dernier, Roger, ne doutant plus de son amour, se rend un soir chez la jeune veuve pour lui exprimer passionnément sa flamme. Bien que réellement émue, Judith lui reproche de la traiter comme les autres, voire d'être un monstre. Elle lui résiste et le repousse. Devant ce refus, par dépit autant que par défi, Roger arrache alors son masque, se montrant tel qu'il est. Dans les yeux de sa bien-aimée, il voit sa déchéance et aussi le seul sentiment qu'il ne puisse supporter : la PITIE. « Nez de Cuir » s'éloigne d'elle à jamais. Blessé psychologiquement par ce sacrifice face à la femme qu'il aime et qui l'aime et blessé physiquement, après une chute de cheval, Roger met définitivement fin à sa carrière de séducteur.

Et c'est un homme diminué qui, après un séjour chez les moines trappistes, se retire solitaire dans son immense château de Tainchebraye.

Fiche technique

Distribution

Analyse

  • Le hĂ©ros du film n'a pas rĂ©ellement vĂ©cu mais a Ă©tĂ© inspirĂ© de la vie d'Achille PĂ©rier, comte de La Genevraye, surnommĂ© "Nez de cuir", qui fut atrocement mutilĂ© près de Reims, en 1814, alors qu'il combattait dans les rangs de l'armĂ©e napolĂ©onienne[1].
  • Dans sa biographie de Jean Marais, Gilles Durieux[2] Ă©crit : « Yves AllĂ©gret entreprit, toujours avec la complicitĂ© du scĂ©nariste Jacques Sigurd, d'adapter le cĂ©lèbre roman Ă  connotation historique de La Varende, Nez de cuir. Le tournage se dĂ©roula en deux temps, l'Ă©quipe entière se transporta ainsi en Normandie, l'automne venu, afin d'ĂŞtre au plus près du cadre naturel mais aussi du climat dĂ©fini par le Vicomte de La Varende, lui-mĂŞme gentilhomme normand, quand il Ă©voque la Campagne de France, le dernier baroud d'honneur de NapolĂ©on 1er. Car c'est au cours de l'une des ultimes batailles de l'Empereur bientĂ´t dĂ©chu que fut blessĂ© au visage le comte Roger de Tainchebraye, « gentilhomme d'amour » au charme fou et dont les conquĂŞtes fĂ©minines ne se comptent plus. Un rĂ´le que l'on croyait avoir Ă©tĂ© Ă©crit sur mesure pour la première star masculine française. En fait, Marais allait devoir, comme dans La Belle et la BĂŞte, disparaĂ®tre derrière un masque. Tainchebraye Ă©tait, en effet, Ă  ce point dĂ©figurĂ©, qu'il devait dĂ©sormais porter, non pas une cagoule de monstre poilu, mais une sorte de loup en cuir, d'oĂą le pseudonyme attribuĂ© bientĂ´t par les jaloux et les maris trompĂ©s. […] Si le thème du dĂ©senchantement peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme l'une des clĂ©s du film, Yves AllĂ©gret joua aussi sur les robes de couleurs des paysannes, les beaux destriers, les folles galopes, ouvrant ainsi la voie, d'une certaine manière, aux films de cape et d'Ă©pĂ©e dont Jean Marais allait bientĂ´t devenir l'un des spĂ©cialistes, accroissant du mĂŞme coup sa popularitĂ©. Pour ce premier voyage dans un genre qui lui siĂ©ra Ă  merveille, il avait retrouvĂ© l'amie Yvonne de Bray, mais jouĂ© aussi avec Valentine Tessier, Jean Debucourt, Massimo Girotti et la ravissante Françoise Christophe incarnant Judith. On n'est pas près d'oublier les belles Ă©paules nues de l'hĂ©roĂŻne sous les baisers ardents du visage masquĂ© de cuir. »
  • Le film, tournĂ© en noir et blanc, bĂ©nĂ©ficie d'une photographie de Roger Hubert qui joue avec les noirs, les blancs, les ombres. Au cours de la scène du bal, le visage blessĂ© et masquĂ© de Marais y est sublimement Ă©clairĂ©.
  • L'acteur Marais dans son personnage d'aristocrate sabrĂ© pendant la Campagne de France de 1814 et le sujet romantique Ă  souhait du film, sont une rĂ©ussite sanctionnĂ©e par le succès[3].

Box-office France 1952 : 1 738 223 spectateurs.

  • Le visage de l'acteur, dissimulĂ© derrière trois masques, n'est jamais vu. Au dĂ©but, c'est une sorte de nez tenu par des lanières qui permet au blessĂ© de se montrer aux fervents paysans de son château. Puis après, pour conquĂ©rir la haute sociĂ©tĂ© avide de le voir, lors de la scène du bal, Tainchebraye se prĂ©sente avec un loup blanc en harmonie avec son costume de gala. Enfin, c'est un loup noir de don Juan qu'il portera lors de ses conquĂŞtes et aussi lors de la scène finale de sa dĂ©chĂ©ance.

Lieux du tournage

  • Château de Dampierre : Ă  la 12ème minute du dĂ©but du film, un cavalier arrive au château porteur d'un message.
  • Château de Grosbois : Ă  19ème minute, Roger de Tainchebraye et Marchal, son ami mĂ©decin, marchent en parlant dans une allĂ©e puis entrent dans la cour du château.
  • Château de Vaux-le-Vicomte : Ă  la 54ème minute, Marchal entre Ă  cheval dans la grande cour du château (plan gĂ©nĂ©ral) puis se dirige vers l'entrĂ©e oĂą il est accueilli par Roger puis les deux hommes entrent dans le bâtiment.
  • Par contre, le lieu de la dernière sĂ©quence finale montrant de dos Roger qui assiste au dĂ©part de la calèche de Judith s'Ă©loignant par l'allĂ©e centrale vers l'horizon, n'a pas pu pour le moment ĂŞtre gĂ©olocalisĂ©.
  • De mĂŞme, fautes de prĂ©cisions visuelles, les lieux du tournage en Normandie ne peuvent ĂŞtre identifiables.

Notes et références

  1. Christian Dureau, Jean Marais, l’éternelle présence, Éditions Didier Carpentier, 2010, page 43 (ISBN 978-2-84167-645-3)
  2. Gilles Durieux, Jean Marais : Biographie , Paris, Éditions Flammarion, 2005, pages 169-170 (ISBN 9782080684325)
  3. Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimé, Éditions de La Maule, 2013, page 134

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, Paris, Plon, 1937 (plusieurs fois rĂ©Ă©ditĂ©, la plus rĂ©cente en 2006).
  • Philippe Brunetière, Sous le masque de Nez-de-cuir (hĂ©ros de La Varende), Les Amis de La Varende, 1978, 240 p. Ouvrage dans lequel l'auteur identifie le personnage jouĂ© par Jean Marais, et qui a inspirĂ© le romancier : son grand-oncle Achille PĂ©rier de La Genevraye (nĂ© en 1787, blessĂ© en 1814).
  • Maurice Bessy, Raymond Chirat, AndrĂ© Bernard, Histoire du CinĂ©ma français. EncyclopĂ©die des films 1951-1955, Éditions Pygmalion/GĂ©rard Watelet, Paris, 1995 (ISBN 2-85704-467-4) (BNF 36158117)
  • DVD : Nez de cuir, gentilhomme d'amour. Collection PathĂ© classique, 2007, 90 min, sous-titrage pour sourds et malentendants, supplĂ©ments, livret.
  • Gilles Durieux (prĂ©f. Jean-Charles Tacchella), Paris, Flammarion, 2005 - (ISBN 9782080684325)

Articles connexes

Liens externes

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