Nadia LĂ©ger
Nadia Léger, née Nadia Khodossievitch le à Ossetishchi (région de Vitebsk) en Biélorussie et morte le à Grasse (Alpes-Maritimes), est une peintre d'origine biélorusse, épouse de Fernand Léger.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs |
(Ă 78 ans) Grasse |
SĂ©pulture | |
Période d'activité |
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Nom de naissance |
Nadia Khodossievitch |
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Activité | |
Formation |
1919 Académie de Below, 1920-1921 Atelier des Beaux Arts de Smolensk, 1922-1923 école des Beaux-Arts de Varsovie, Académie Moderne de Paris |
MaĂźtre | |
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Distinctions |
Biographie
NĂ©e en BiĂ©lorussie, Nadia Khodossievitch a 13 ans quand sa famille fuit les combats de la PremiĂšre Guerre mondiale et la disette en se rĂ©fugiant Ă Beliov, en Russie centrale[1]. Elle s'inscrit Ă 15 ans au Palais des arts crĂ©Ă© par le nouveau pouvoir soviĂ©tique pour apprendre le dessin. Entre 1919 et 1921, elle poursuit Ă Smolensk son apprentissage dans les cours de WĆadysĆaw StrzemiĆski et de Kasimir Malevitch[2], rĂ©alisant ses premiĂšres Ćuvres suprĂ©matistes dont il ne subsiste Ă ce jour quâune huile sur toile, Presse-papiers (1920) et un Carnet de croquis (1919-20).
Fin 1921 elle arrive Ă Varsovie, s'inscrit Ă l'Ă©cole des Beaux-Arts ce qui ne lâempĂȘche pas de cĂŽtoyer lâavant-garde polonaise comme en tĂ©moigne une gouache de 1923, Protestation contre lâĂcole des beaux-arts.
En 1924 elle se marie avec le peintre polonais StanisĆaw Grabowski (pl) puis complĂšte sa formation Ă Paris en 1925 Ă l'AcadĂ©mie Moderne (sv) dirigĂ©e par Fernand LĂ©ger et AmĂ©dĂ©e Ozenfant. LĂ©ger confie alors Ă l'Ă©lĂšve brillante la charge de professeur-assistante dans sa nouvelle AcadĂ©mie d'Art contemporain, fonction qu'elle gardera jusqu'Ă la mort du maĂźtre.
En 1926 Ă la Galerie d'Art Contemporain du au , elle participe Ă l'exposition de l'Atelier Fernand LĂ©ger Ă l'AcadĂ©mie Moderne, puis expose avec son mari. En 1927 elle expose dans cette mĂȘme galerie avec Grabowski et Alice Halicka et participe Ă l'exposition de l'AcadĂ©mie Moderne Ă la galerie Aubier et Ă nouveau en 1928 et en 1929 Ă l'exposition l'Art Polonais, galerie Ăditions Bonaparte, Salon de l'Art Français IndĂ©pendant.
Son Ćuvre est Ă cette Ă©poque inspirĂ©e par le cubisme et le purisme, rĂ©alisant une sĂ©rie de natures mortes et de nus dont une toile, Nu (1925) rejoindra la collection de la vicomtesse de Noailles. InfluencĂ©e par Arp, elle conçoit une sĂ©rie de formes anti-gĂ©omĂ©triques dont une toile, Composition planimĂ©trique (1926) cĂŽtoyant les Ćuvres de Picasso ou Mondrian, rejoindra les collections du MusĂ©e de ĆĂłdĆș en Pologne en 1931.
En 1927, Grabowski et Nadia se séparent aprÚs la naissance de leur fille. C'est à cette époque qu'elle se lie avec Fernand Léger puis avec le peintre George Bauquier, devenu l'un des élÚves de l'atelier. En 1930 elle crée avec le poÚte Jan Brzekowski, la revue franco-polonaise l'Art Contemporain à laquelle collabore notamment Piet Mondrian et dont les couvertures sont réalisées par Fernand Léger et Hans Arp. Elle participe à Cercle et Carré et maintient les contacts avec l'avant-garde polonaise. Nadia supervise des travaux de groupes à l'Académie de Léger, tels que les panneaux peints pour le rassemblement des femmes pour la paix. Ses nus et ses natures mortes sont à cette période d'une grande rigueur et d'une richesse de tons.
TentĂ©e par lâaventure surrĂ©aliste, comme en tĂ©moignent ses Outils dans lâespace (1932) et Jouets de ma fille dans lâespace (1932), elle change rĂ©solument de style Ă partir de la fin des annĂ©es trente. Ayant adhĂ©rĂ© au Parti communiste en 1933, Nadia, avec lâAtelier LĂ©ger, se mobilise en faveur du Front populaire en participant Ă la rĂ©alisation des grandes Ćuvres collectives ornant les manifestations populaires. Certains dĂ©cors seront rĂ©alisĂ©s en collaboration avec Charlotte Perriand. Nadia signe ses premiĂšres Ćuvres engagĂ©es comme son Autoportrait au drapeau rouge (1936). Câest Ă partir de cette date que se fait sentir lâinfluence de Fernand LĂ©ger avec son autoportrait intitulĂ© Femme et pierre (1937).
InstallĂ© Ă Montrouge, lâAtelier LĂ©ger ferme ses portes sous lâOccupation. Fernand LĂ©ger se rĂ©fugie aux Ătats-Unis, tandis que Nadia entre dans la clandestinitĂ© et dans la RĂ©sistance dans les rĂ©seaux de Gaston Laroche puis au sein de lâUnion des patriotes soviĂ©tiques. Jamais elle ne cessera de peindre. Pendant quatre ans, Nadia livre quelques toiles majeures comme Le serment dâune rĂ©sistante (1941), Wanda, La Mort de Tania ou Portrait de Fernand LĂ©ger au coq rouge (1942).
Ă la LibĂ©ration, Nadia qui a rouvert lâAtelier, met son talent au service du PCF dont elle dĂ©core les congrĂšs et les grands rassemblements de masse par des portraits gĂ©ants des leaders communistes et soviĂ©tiques. Les effigies de Thorez et Duclos cĂŽtoient Staline et LĂ©nine.
Son mariage en 1952 avec Fernand LĂ©ger, correspond Ă un tournant dans son Ćuvre. Nadia LĂ©ger sous le nom de Nadia Petrova expose une cinquantaine de toiles Ă la galerie Bernheim-jeune Ă Paris. Dans la veine du rĂ©alisme socialiste et tout en assumant lâinfluence de son mari, Nadia signe quelques-unes de ses Ćuvres les plus abouties, des huiles sur toile en grand format aux titres explicites : Les mineurs, La marchande de poisson, Maiakovski, La Paix, CorĂ©e 1952, Staline et la pionniĂšre et mĂȘme Les constructeurs en rĂ©fĂ©rence Ă lâĆuvre iconique de Fernand LĂ©ger. Lâune des toiles Les musiciens tadjiks ornera plus tard le bureau de Louis Aragon.
AprĂšs la mort de Fernand LĂ©ger en 1955, elle fait construire le musĂ©e Fernand-LĂ©ger Ă Biot inaugurĂ© en 1960 en prĂ©sence de Maurice Thorez et de Marc Chagall. En 1967, elle et Georges Bauquier, avec lequel elle s'est remariĂ©e, offrent Ă l'Ătat le bĂątiment, le parc et 385 Ćuvres : peintures, dessins, cĂ©ramiques, bronzes et tapisseries. Le , AndrĂ© Malraux, ministre d'Ătat chargĂ© des Affaires culturelles, reçoit officiellement la donation du dĂ©sormais musĂ©e national Fernand-LĂ©ger.
En 1970, Nadia transforme la maison familiale du peintre Ă Lisores (Normandie) en Ferme-MusĂ©e Fernand LĂ©ger. Un temps abandonnĂ©e, la Ferme a Ă©tĂ© sauvĂ©e par un amateur dâart, Jean du Chatenet (cousin d'Aymar du Chatenet). La restauration est actuellement en voie dâachĂšvement.
Tout en veillant Ă la conservation et Ă la valorisation de lâĆuvre de Fernand LĂ©ger dont elle fut lâunique ayant-droit, Nadia se consacre Ă son art. Elle se lance dans la conception dâune centaine de portraits en mosaĂŻque monumentale qui seront rĂ©alisĂ©s par le couple Lino et Heidi Melano, mosaĂŻstes de renom. PrĂ©sentĂ©es Ă Malakoff en 1972, les mosaĂŻques sont offertes Ă lâURSS, exposĂ©es Ă Moscou et dĂ©sormais installĂ©es dans des lieux publics dans plusieurs villes de Russie. ParallĂšlement, elle effectue un retour vers le suprĂ©matisme exhumant ses Ćuvres de jeunesses dont Carnets de croquis (1920) inspirĂ©es par MalĂ©vitch quâelle adapte en huile sur toile et qui seront prĂ©sentĂ©es lors de lâexposition « Ăvolution premiĂšre 1920-1926 » Ă Paris dans sa galerie du boulevard Raspail.
Retirée dans sa propriété de Callian, Nadia poursuivit ses recherches jusqu'à son décÚs en 1982[3]. Elle repose désormais dans ce petit village du Var.
Nadia LĂ©ger a vĂ©cu dans lâombre de Fernand LĂ©ger. AprĂšs la disparition du peintre, elle se consacre Ă sa mĂ©moire. Cet engagement sâest fait aux dĂ©pens de son Ćuvre personnelle qui reste Ă ce jour mĂ©connue. Un travail[4] de rĂ©habilitation est en cours avec notamment la parution du premier livre important[5] qui lui est consacrĂ© en : « Nadia LĂ©ger, lâhistoire extraordinaire dâune femme de lâombre », dirigĂ© et Ă©crit par Aymar du Chatenet.
Bibliographie
- Aymar du Chatenet, avec la collaboration de Sylvie Buisson, Nathalie SamoĂŻlov, Jean du Chatenet, BenoĂźt NoĂ«l, Nadia LĂ©ger, lâhistoire extraordinaire dâune femme de lâombre, Imav Ă©ditions, Paris, . (ISBN 978-2-36590-137-6)
- Benoit Noël, Daniel Wallard et les mùnes de Lili Brik et de Vladimir Maïakovski, Histoires littéraires, n°76, .
- Ewa Opalka and Karolina Zychowicz, Red Matter. Nadia LĂ©ger, catalogue de lâexposition du MusĂ©e Sztuki de Lodz (Pologne), au .
- Pierre Kastelyn, Nadia Khodossievitch-LĂ©ger - La grande peintre, catalogue de lâexposition du Centre culturel des Dominicaines de Pont-lâĂvĂȘque (Calvados), au .
- BenoĂźt NoĂ«l, Daniel Wallard et le fameux sextet de bons peintres, Hommage Ă Yvonne GuĂ©gan - LâHumanitĂ© au fĂ©minin, Caen, Association Les Amis dâYvonne GuĂ©gan, 2017.
- Pierre Kastelyn, Nadia LĂ©ger, catalogue de lâexposition du ChĂąteau du Val-Fleury de Gif-sur-Yvette (Essonne), au .
- BenoĂźt NoĂ«l, Fernand LĂ©ger - Un Normand planĂ©taire, Sainte-Marguerite-des-Loges, Ăditions BVR, 2015.
- Sylvie Buisson, Femmes artistes - passions, muses et modĂšles, catalogue de lâexposition au ChĂąteau de Chamerolles (Loiret), au .
- Sarah Wilson et Nathalie SamoĂŻlov, Nadia Khodossievitch-LĂ©ger, la griffe du siĂšcle, MusĂ©e National Fernand LĂ©ger 1960-2010, hors sĂ©rie du journal Le Patriote CĂŽte dâAzur, .
- Pierre Faniest, LĂ©ger, Nadia⊠et moi, ChĂąteauneuf-de-Grasse, Ăditions de Bergier, 2002.
- Lili Brik - Elsa Triolet, Correspondance (1921-1970), traduite et éditée sous la direction de Léon Robel, Paris, Gallimard, 2000.
- Georges Bauquier, Fernand LĂ©ger - Vivre dans le vrai, Paris, Adrien Maeght Ăditeur, 1987.
- Gladys Fabre, Lâatelier Fernand LĂ©ger (1937-1955), in catalogue Paris-Paris (1937-1957), Centre Georges Pompidou, 1981.
- Louis Aragon, Ăcrits sur lâart moderne publiĂ©s sous la direction de Jean Ristat, Paris, Flammarion, 1981.
- AndrĂ© Verdet, Nadia LĂ©ger - MosaĂŻques monumentales - Portraits, catalogue de lâexposition au ThĂ©Ăątre 71 de Malakoff (Hauts-de-Seine), .
- Christophe Czwiklitzer, Suprématisme de Nadia Khodossievitch-Léger, Paris, Art C.C., 1972.
- Guido Le Noci, Fernand LĂ©ger - Sa vie - Son Ćuvre - Son RĂȘve, Milan, Edizioni Apollinaire, 1971.
- Marcelle Cahn, AndrĂ© Verdet, Paul Thorez et AndrĂ© Parinaud : Nadia LĂ©ger - Ăvolution premiĂšre (1920-1926), catalogue de lâexposition au Centre dâArt International (99, boulevard Raspail - Paris 6e), SociĂ©tĂ© Revues et Publication, .
Audiovisuel
- Nadia et Fernand Léger, la face cachée d'un Maßtre, 2018. Un film de Catherine Aventurier, co-écrit par Aurélia Rouvier, Production : Caroline Broussaud pour france.tv studio. Diffusion : France Télévisions.
- Une maison, un artiste : La ferme d'un peintre paysan, un film de Dominique ThiĂ©ry, sur une idĂ©e de Patrick Poivre dâArvor, 2019. Production : A prime group, avec la participation de France TV. Diffusion : France 5, dimanche .
Notes et références
- François Albera, « Les formes de lâengagement », sur Le Monde diplomatique,
- dictionnaire Delarge
- « Mort de Nadia Léger », sur lemonde.fr, .
- Lucie Servin, « Nadia Khodossievitch-Léger, peindre au service de ses convictions », L'Humanité, 3 septembre 2019.
- François Eychart, Denis Perus, « Nadia Léger », p. 40-55, no 68, décembre 2019, Faites entrer l'infini (Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet).
Articles connexes
Liens externes
- (nl) Wanda Khodossievitch - Nadia Grabowska - Nadia LĂ©ger (1904-1982)
- (pl) Wanda Chodasiewicz-Grabowska (Nadia LĂ©ger)
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- (en) Bénézit
- (en) MutualArt
- (en) National Portrait Gallery
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
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