Néphile dorée
Trichonephila inaurata
- Epeira inaurata Walckenaer, 1841
- Nephila inaurata (Walckenaer, 1841)
- Epeira geniculata Walckenaer, 1841
- Epeira madagascariensis Vinson, 1863
- Epeira nigra Vinson, 1863
- Nephila nigra (Vinson, 1863)
- Nephila cothurnata Gerstäcker, 1873
- Nephila argyrotoxa Gerstäcker, 1873
- Nephila ardentipes Butler, 1876
- Nephila inaurata seychellensis Canard, 1975
Trichonephila inaurata, la Néphile dorée, est une espèce d'araignées aranéomorphes de la famille des Araneidae[1].
Distribution
Cette espèce se rencontre aux Mascareignes, à Madagascar et de l'Afrique du Sud aux Seychelles[1].
La néphile dorée est très commune dans les Hauts de La Réunion, où elle est appelée bibe jaune ou bibe noire[2].
Description
Comme toutes les araignées de cette famille, la néphile dorée a une forme très allongée et de très longues pattes. Celles-ci sont orangées ou rouges et son abdomen (ou opisthosome) est doré ou noir. C'est une araignée passive et inoffensive mais dont la morsure peut être douloureuse.
À l'âge adulte, le dimorphisme sexuel est particulièrement favorable à la femelle. Son corps peut mesurer plusieurs centimètres (entre 6 et 13) alors que celui du mâle ne mesure guère que cinq millimètres en moyenne, voire un peu plus d'un centimètre . L'envergure de la femelle peut être d'une dizaine de centimètres, celle du mâle ne dépassera guère quatre centimètres.
Toile
La toile de la néphile dorée est toujours inclinée d'environ 15° par rapport à la verticale, de sorte que les proies sont toujours pendues à celle-ci et ne peuvent pas se libérer les unes les autres. La néphile dorée fait vibrer sa toile avec ses pattes lorsqu'un mouvement de cette dernière se fait sentir. Il semble que ce soit une façon de localiser avec précision l'insecte captif.
Le mâle vit sur la toile de la femelle, généralement du côté opposé. Il se nourrit de ses proies.
La particularité la plus remarquable et trop négligée de la sous-espèce réunionnaise, Trichonephila inaurata inaurata, est l'édification régulière d'un dispositif axial composé (« device ») ajouté aux orbes des immatures et des femelles adultes et ayant la valeur d'un stabilimentum (Lopez, 1986,1988, 1990)[3] - [4] - [5]. Il s'agit d'un cordon ou « chapelet » vertical de « boulettes » anguleuses (« pellets »), toujours localisé au-dessus du moyeu fermé où se poste généralement l'araignée. Disposées sur un cordon soyeux multi-fils, ces « boulettes » sont formées par des restes de proies, des débris de plantes et de la soie. Elles ont une taille et un espacement variable. Leur nombre est compris entre 2 et 20, la longueur totale du stabilimentum pouvant atteindre alors une vingtaine de centimètres. Leur caractère non comestible les différencie des réserves de proies emmaillotées suspendues en divers points de sa toile par la sous-espèce voisine, Trichonephila inaurata madagascariensis (« cocons nourriciers » de Legendre, 1966[6]). Le stabilimentum paraît manquer aussi chez les Néphiles des Seychelles.
Une autre particularité de la toile est le fait qu'elle est habitée constamment par de petites araignées Theridiidae du genre Argyrodes se comportant en kleptoparasites vis-à-vis de la Néphile dorée : Argyrodes zonatus et Argyrodes minax. Deux autres espèces, Argyrodes argyrodes, cosmotropicale, et Argyrodes borbonicus, endémique de la Réunion, n'ont été trouvées que sur des toiles de Cyrtophora et Nephilengys.
Tout à la fin du XIXe siècle, une expérimentation de production de soie industrielle est tentée avec le fil de cette araignée.
Liste des sous-espèces
Selon World Spider Catalog (version 20.0, 24/06/2019)[8] :
- Trichonephila inaurata inaurata (Walckenaer, 1841) des Mascareignes
- Trichonephila inaurata madagascariensis (Vinson, 1863) de Madagascar, des Seychelles à l'Afrique du Sud
On a longtemps supposé l'existence d'une espèce très proche, Nephila nigra, endémique des Mascareignes et ayant l'abdomen entièrement noir. Cependant, on a pu observer des individus de Nephila nigra produisant des descendants à abdomen jaune et inversement. L'appellation Nephila nigra ne correspond qu'à une variation locale de coloration.
Trichonephila inaurata et l'Homme
La Trichonephila inaurata madagascariensis est une des seules espèces d'araignées pouvant être adoptée et laissée en liberté chez l'hôte. Bien que peu d'entretien ne soit demandée par la néphile, il sera impératif de garder des constantes telles que la température ou le taux d'humidité de la chambre dans laquelle elle réside proches à celles de son habitat naturel. Son caractère inoffensif facilite l'observation mais la manipulation fréquente est déconseillée car la néphile de caractère très sédentaire n'aime pas être dérangée une fois qu'elle a tissé sa toile et s'y est installée.
Galerie
- La néphile aligne en chapelet les restes de ses proies.
- Néphile dorée des Seychelles : femelle avec proie (Pentatomide) et mâle sur les filières (flèche).
- Néphile dorée des Seychelles : femelle venant de muer et mâle (flèche). Ex. : exuvie. Photographie à contre-jour.
- Néphile dorée de la Réunion au moyeu de sa toile pourvue d'un très long stabilimentum (flèches).
- Trichonephila inaurata madagascariensis de Madagascar.
- Trichonephila inaurata inaurata de La Réunion.
- Néphile des Seychelles, femelle sur sa toile dorée.
Publications originales
- Walckenaer, 1841 : Histoire naturelle des Insectes. Aptères. Paris, vol. 2, p. 1-549 (texte intégral).
- Vinson, 1863 : Aranéides des îles de la Réunion, Maurice et Madagascar. Paris, p. 1-337.
Notes et références
- WSC, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
- Casquet, J. 2012. Hasard, déterminisme et édification des communautés écologiques insulaires : le cas des araignées d'Hawaï et des îles de l'Océan Indien. Thèse de Doctorat de l'Université de Toulouse, 290 pages. (pdf)
- Lopez,A., « – Observations sur les Argyrodes (Araignées : Theridiidae) de Ténérife (Iles Canaries) et de la Réunion (Mascareignes). », Bull. Soc.Et.Sci.nat. Béziers, 11, 52, p.48-53.,
- Lopez,A., « – Nephila inaurata inaurata (Walckenaer) and other Réunion island Orb-weavers. », Newsl.Br. Arachnol.Soc. (U.K), n° 51, p. 2-3.,
- Lopez,A., 1990, « – Contribution à l’étude des Araignées réunionaises. Note préliminaire. », Bull.Soc.Sciences nat., 67, p. 13-22.,
- Legendre,R., « - Quelques points remarquables du comportement des Néphiles à Madagascar. », Annls.Soc.Hort.et Hist.nat.Hérault, 1, p.63-66.,
- (en) Cape de soie d'araignée portée dans un spectacle au V & A Museum
- WSC, consulté le version 20.0, 24/06/2019
Liens externes
- (en) Référence Animal Diversity Web : Nephila inaurata (consulté le )
- (en) Référence BioLib : Nephila inaurata (Walckenaer, 1842) (consulté le )
- (fr) Référence Catalogue of Life : Nephila inaurata (Walckenaer, 1841) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Nephila inaurata (Walckenaer, 1841) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Nephila inaurata (Walckenaer, 1842) (taxons inclus) (consulté le )
- (en) Référence uBio : site déclaré ici indisponible le 7 avril 2023
- (en) Référence UICN : espèce Nephila inaurata (Walckenaer, 1841) (consulté le )
- (en) Référence World Spider Catalog : Trichonephila inaurata (Walckenaer, 1841) dans la famille Nephilidae +base de données (consulté le )