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Moussa Abadi

Moussa Abadi[note 1], nĂ© le 17 septembre 1907 Ă  Damas et mort le 15 septembre 1997 Ă  Paris, est un homme de thĂ©Ăątre et de radio juif et français, nĂ© en Syrie ottomane. Il est surtout connu pour son action durant l'occupation allemande pour avoir crĂ©Ă©, avec son Ă©pouse Odette Rosenstock, le RĂ©seau Marcel. GrĂące Ă  ce rĂ©seau, 527 enfants juifs ont pu ĂȘtre cachĂ©s et sauvĂ©s entre 1943 et 1945 dans la rĂ©gion de Nice.

Biographie

Avant la guerre

Moussa Abadi est né le à Damas, en Syrie, de Nassim Abadi et de Farida Katran. Sa mÚre meurt alors qu'il n'a que 12 ans. Ses grands-parents maternels prennent en charge son éducation.

Moussa fait ses Ă©tudes primaires dans une Ă©cole de l’Alliance israĂ©lite universelle et il passe son certificat d'Ă©tudes. Puis, aprĂšs le baccalaurĂ©at, il rĂ©ussit le concours qui sĂ©lectionne les cinq meilleurs Ă©lĂ©ments pour les envoyer Ă  Paris, Ă  la Sorbonne, prĂ©parer le diplĂŽme de l'École de PrĂ©paration des Professeurs de Français Ă  l’Étranger (EPPFE). Jeune instituteur, il est alors rappelĂ© Ă  Damas pour enseigner dans une Ă©cole musulmane. AprĂšs deux ans d'enseignement, il retourne Ă  Paris pour prĂ©parer une licence de Lettres, sur le conseil d'un conseiller du gouvernement français qui lui a procurĂ© une bourse d'Ă©tudes.

Il suit des études de psychologie infantile à la Sorbonne. Durant ses études, il assiste aux cours d'Histoire médiévale de Gustave Cohen. Ce-dernier crée la premiÚre troupe théùtrale de la Sorbonne. Moussa interprÚte Le Miracle de Théophile de Rutebeuf en compagnie de Marcel Schneider et Jacques Chaillet. La troupe se nommera Les « Théophiliens ».

En 1937, Moussa est engagĂ© en qualitĂ© de comĂ©dien dans la troupe d'AndrĂ© Barsacq au thĂ©Ăątre des "Quatre Saisons". Il y cĂŽtoie Jacques Copeau, Jean DastĂ© et Svetlana PitoĂ«ff[2]. La troupe se produit au ThĂ©Ăątre des Champs-ÉlysĂ©es dans « Le Roi Cerf » de Carlo Gozzi. Entre 1937 et 1938, la troupe joue au French Theater of New York. GrĂące au soutien de Mademoiselle Robinson, mĂ©cĂšne amĂ©ricaine, et en collaboration avec le Quai d’Orsay, la troupe entreprend une tournĂ©e de cinq mois. Durant cette tournĂ©e, ils joueront huit piĂšces dont « Le Roi Cerf » et « Knock » oĂč Louis Jouvet confie Ă  Moussa le rĂŽle de Knock.

Il quitte la Compagnie des Quatre Saisons en .

Pendant la guerre

Moussa Abadi rencontre Odette Rosenstock en . Ils s'installent à Nice, à la rue Amiral-de-Grasse, en . Ils y fréquentent un centre communautaire juif.

Deux Ă©vĂ©nements sont Ă  l'origine du RĂ©seau Marcel qu’Odette et Moussa vont crĂ©er[3] - [note 2] :

Au dĂ©but de 1943, un ami lui fait rencontrer le pĂšre Penitenti, aumĂŽnier des troupes italiennes sur le front de l’Est. Don Giulio Penitenti raconte Ă  Moussa les persĂ©cutions des nazis qui se dĂ©roulent en Europe de l’Est. L'incrĂ©dulitĂ© de Moussa Abadi est vite balayĂ©e par l'insistance du pĂšre Penitenti qui jure sur son crucifix que ce qu’il raconte est vrai.

Moussa et Odette dĂ©cident de sauver les plus faibles : les enfants. Ils fondent le RĂ©seau Marcel qui sauvera 527 enfants. Moussa a l'idĂ©e de demander Ă  une audience avec Paul RĂ©mond, Ă©vĂȘque de Nice. Il racontera par la suite le dĂ©roulement de cette audience :

« Je suis entrĂ© dans le bureau de Monseigneur RĂ©mond. Je ne veux pas vous raconter toute l'audience, elle a durĂ© vingt minutes et je lui ai dit : "Monseigneur, je suis un Juif. Je viens de loin. Je suis originaire d'un des ghettos les plus vieux du monde. Je viens vous demander de prendre des risques ; d'essayer de vivre vos Évangiles comme je vais essayer de vivre ma Bible. Vous pouvez me jeter dehors, vous pouvez me chasser. Mais sachez que sans vous, je ne pourrais pas sauver les enfants." Monseigneur RĂ©mond Ă©tait derriĂšre son bureau. Il avait sur sa table, je le verrais toujours, une demi-douzaine de lunettes, qu'il cassait quand il Ă©tait nerveux, ou qu'il Ă©tait Ă©mu. Il joua avec une paire de lunettes. "Je vais essayer de rĂ©flĂ©chir." Mais, arrivĂ© devant la porte il me dit : "Je crois bien que vous m'avez convaincu !" Et il ajouta : "Je crois bien que m'avez converti !" »

— Extrait de l'allocution de Moussa Abadi au Palais du Luxembourg, le 21 mai 1995, au Colloque des enfants cachĂ©s

Monseigneur RĂ©mond met Ă  la disposition de Moussa un bureau Ă  l’évĂȘchĂ© ainsi que les institutions catholiques du diocĂšse. Il sera aidĂ© par l’abbĂ© Rostand et mademoiselle Lagache de l’évĂȘchĂ©. Monseigneur RĂ©mond nomme Moussa Inspecteur des Ă©coles de l’enseignement libre. Odette devient, sous le nom de Sylvie Delattre, assistante sociale de l’évĂȘchĂ© chargĂ©e des enfants rĂ©fugiĂ©s du diocĂšse. Moussa prend le nom de monsieur Marcel (d'oĂč le nom du rĂ©seau).

Moussa et Odette prennent en charge les enfants (527 enfants au total), leur donnent une autre identité et les cachent dans des institutions catholiques et dans des familles.

Odette est arrĂȘtĂ©e le Ă  Nice. TorturĂ©e par la Gestapo, elle ne rĂ©vĂ©lera rien des activitĂ©s du rĂ©seau. Elle est transfĂ©rĂ©e Ă  Drancy et dĂ©portĂ©e Ă  Auschwitz puis Ă  Bergen-Belsen. Elle survivra et rejoindra Moussa Ă  Nice en 1945.

À la libĂ©ration et aprĂšs la guerre

AprĂšs la libĂ©ration de la CĂŽte d'Azur en , Moussa s’installe dans les locaux du commissariat aux questions juives. Les parents survivants viennent chercher leur(s) enfant(s). Ceux restĂ©s seuls sont confiĂ©s Ă  l'ƒuvre de secours aux enfants (l'OSE).

Odette rejoint Moussa à Nice en , de retour de déportation en . Ils s'installent à Paris, au 115 de la rue de Reuilly, et se marient le à la mairie du 12e arrondissement de Paris. Le rabbin Daniel Farhi les unira religieusement le .

AprĂšs la guerre, Moussa anime Ă  Radio France internationale une Ă©mission intitulĂ©e "Images et visages du thĂ©Ăątre d’aujourd’hui". Entre 1959 et 1980, il rĂ©alise plus de mille entretiens radiophoniques[4]. Il y interview des auteurs, des comĂ©diens, des metteurs en scĂšne et de jeunes talents inconnus (qui le deviendront pour certains).

De 1977 Ă  1981, il occupe le poste de prĂ©sident de la commission d’aide Ă  la crĂ©ation dramatique. Il est Ă©galement membre de la commission d’aide aux jeunes compagnies.

Moussa Abadi meurt le lundi Ă  l’ñge de 89 ans. Il est inhumĂ© au cimetiĂšre du Montparnasse (division 30).

Publications

Postérité

Hommages

Distinctions

Notes et références

Note

  1. Moussa Abadi s'Ă©crit en hĂ©breu : ŚžŚ•ŚĄŚ ŚąŚ‘ŚŚ“Ś™[1].
  2. Voir RĂ©sistance juive en France.

Références

  1. (he) « http://www.misham.co.il/uploads/Magazines/Magazine13/p26.pdf », sur www.misham.co.il (consulté le ).
  2. Svetlana PitoĂ«ff est une actrice française connue pour ses rĂŽles dans 'Abus de confiance' (1937), 'Le temps des cerises' (1938) and 'Maigret dirige l'enquĂȘte' (1956). Elle est nĂ©e le 13 Mai 1918, fille de Georges (1884-1939) et Ludmilla PitoĂ«ff (1895-1951). Son jeune frĂšre est Sacha PitoĂ«ff (1920-1990), comĂ©dien et metteur en scĂšne de thĂ©Ăątre suisse.
  3. « V - Le réseau Marcel - Les enfants cachés pendant la seconde guerre mondiale - Céline Marrot-Fellague », sur lamaisondesevres.org (consulté le )
  4. Liste alphabĂ©tique des personnalitĂ©s auxquelles ont Ă©tĂ© consacrĂ©es des Ă©missions « Images et Visages du ThĂ©Ăątre d’Aujourd’hui Â» : http://www.lesenfantsetamisabadi.fr/fr/personnalites1.htm
  5. La rédaction, « Une stÚle à la mémoire des époux Abadi, qui sauvÚrent de jeunes Niçois », sur Nice-Matin, (consulté le )
  6. (en-US) « Jewish Rescuers Citation - B'nai B'rith International », sur B’nai B’rith International (consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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