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Moschus

Le genre Moschus des chevrotains porte-musc (ou cerf porte-musc), est actuellement le seul genre de la famille des moschidés (Moschidae) qui ne soit pas éteint.

Étymologie et nomenclature

Le nom de genre Moschus, crĂ©Ă© par LinnĂ©[1] en 1758, est un emprunt d’un terme latin dĂ©signant le « musc ». Ce terme latin est un emprunt au grec ÎŒÏŒÏƒÏ‡ÎżÏ‚ moskhos, empruntĂ© lui-mĂȘme du persan muĆĄk, qui viendrait soit du sanskrit à€źà„à€·à„à€• muáčŁkĂĄ ayant le sens de « testicule », en raison de la forme de la glande soit d’un terme iranien apparentĂ©[2].

Lors de la publication de 1758-1759 de LinnĂ©, le genre Moschus ne comporte qu’une seule espĂšce : Moschus moschiferus. Mais huit ans plus tard, lors de l’édition de 1766-1768, LinnĂ© rajoute deux espĂšces supplĂ©mentaires : Moschus grimmia (habitat in Africa), et Moschus pygmeus (habitat Asia, Guinea). Le genre Moschus est classĂ© comme un Mammalia Pecora, au mĂȘme niveau que Camelus, Cervus, Capra, Ovis, et Bos.

En 1821, un zoologiste britannique, John Edward Gray crĂ©e la famille des Moschidae[3]. Pour cela, il rassemble dans l’ordre des Ruminantes, les familles de Moschidae, Cervidae, Giraffidae, Antilopidae et Capridae. La famille des Moschidae comporte alors les deux espĂšces: Moschus moschiferus et Moschus pygmeus.

Les rĂ©visions les plus importantes de la taxonomie, sont survenues avec l’arrivĂ©e des analyses gĂ©nĂ©tiques. Sokolov et Prikhod’ko[4] (1997) ont regroupĂ© toutes les espĂšces de porte-muscs en une seule espĂšce Moschus moschiferus, divisĂ©e en deux groupes, d’une part les sibirica avec quatre espĂšces et d’autre part les himalaica avec trois espĂšces. En raison des limites de cette classification Groves et Grubb[5] (2011) ont proposĂ© une classification en sept espĂšces diffĂ©rentes (voir section systĂ©matique).

CaractĂšres anatomiques

Les chevrotains porte-musc sont de petits ruminants artiodactyles de la taille d’un petit chevreuil, mais qui Ă  la diffĂ©rence des CervidĂ©s, ne portent pas de bois et dont les canaux lacrymaux ont un seul orifice alors que les cervidĂ©s en ont deux. Les mĂąles ont une paires de canines supĂ©rieures allongĂ©es, projetĂ©es vers le bas comme des dĂ©fenses (comme les cervidĂ©s du genre Hydropotes, par convergence Ă©volutive), et une glande prĂ©puciale qui secrĂšte du musc Ă  l’époque du rut. Les femelles n’ont qu’une paire de mamelles alors que les cervidĂ©s en ont deux paires[6].

Les chevrotains porte-musc ont quatre doigts (2345): les deux doigts centraux (34) larges et les deux latĂ©raux ou ergots (35) situĂ©s plus hauts et plus pointus. Les sabots des membres arriĂšres sont inĂ©gaux, l’intĂ©rieur (3) Ă©tant beaucoup plus long que l’extĂ©rieur (4); il en est de mĂȘme des ergots, dont l’interne est aussi plus long que l’externe[7] - [n 1]. De mĂȘme pour les membres antĂ©rieurs, deux ergots touchent la terre. Cette morphologie lui assure une prise ferme sur un sol escarpĂ© ou mĂȘme sur un tronc d’arbre inclinĂ© et limitent l’enfoncement dans la neige. Il court en bondissant comme un liĂšvre.

Formule dentaire
mùchoire supérieure
3 3 1 0 0 1 3 3
3 3 1 3 3 1 3 3
mùchoire inférieure
Total : 34

Les porte-muscs se nourrissent d'herbe et de pousses en été et de lichens, de ramilles et de bourgeons en hiver.

RĂ©partition

Carte de répartition des 7 espÚces de Moschus

Son aire de rĂ©partition s’étend de la SibĂ©rie Ă  l’Himalaya, en passant par la Chine, la pĂ©ninsule corĂ©enne, l’est du Kazakhstan, de Afghanistan (Ă  3 000 m d'altitude) et du Tibet (tibĂ©tain Lawa)[8] – sauf au centre le dĂ©sert de Gobi.

Menaces

Toutes les espĂšces de porte-muscs sont menacĂ©es de disparition et sont classĂ©es comme « en danger d’extinction » (sauf M. moschiferus qui est « vulnĂ©rable ») sur la liste rouge des espĂšces menacĂ©es de l’IUCN.

Le musc est une substance odorifĂ©rante qui se dĂ©veloppe en pĂ©riode de rut chez le mĂąle et s'accumule dans une poche situĂ©e dans l'abdomen. Chaque mĂąle de plus de trois ans en produit environ 25 grammes par an. Le musc qui s'utilisait en parfumerie pour fixer les parfums est de plus en plus remplacĂ© par le musc de synthĂšse. Par contre, le musc qui s’utilisait dans les pharmacopĂ©es traditionnelles a complĂštement disparu des pharmacopĂ©es en Europe et AmĂ©rique du Nord alors qu’il est toujours trĂšs recherchĂ© par les adeptes des mĂ©decines traditionnelles chinoise, indienne et japonaise[9].

Le musc se recueille souvent en tuant l'animal. Vendu sur le marchĂ© 150 000 € le kg, le musc attire la convoitise des braconniers[10]. Pour Ă©viter la disparition de l'espĂšce, le porte-musc se reproduisant en captivitĂ©, la Chine a mis en place des Ă©levages oĂč le musc peut ĂȘtre recueilli sans tuer l'animal.

Systématique

Cette famille, identifiée par John Edward Gray (1800-1865) en 1821, est actuellement composée de sept espÚces, dont toutes les représentantes actuelles appartiennent au genre Moschus. La taxonomie est variable en fonction des auteurs. La classification de Groves et Grubb[5] (2011) propose les sept espÚces suivantes :

Les noms français ci-aprÚs suivent ceux employés par la Cites[11].

  1. Porte-musc alpin – Moschus chrysogaster Hodgson 1839 — Himalayan Musk Deer. La population est estimĂ©e Ă  environ 2 000 individus[12].
  2. Porte-musc de l'Himalaya – Moschus leucogaster Hodgson 1839 — Himalayan musk deer
  3. Porte-musc du Cachemire – Moschus cupreus Grubb 1982 — Kashmir musk deer
  4. Porte-musc noir – Moschus fuscus Li 1981 — Black Musk Deer
  5. Porte-musc de SibĂ©rie — Moschus moschiferus LinnĂ© 1758 — Siberian Musk Deer
  6. Porte-musc de l'Anhui – Moschus anhuiensis Wang et al. 1982 — Anhui musk deer
  7. Porte-musc nain – Moschus berezovskii Flerov 1929 — Dwarf Musk Deer. La population est estimĂ©e entre 100 000 et 200 000 individus[12].

Annexes

Référence

Bibliographie

  • Guha S, Goyal SP, Kashyap VK (2007), Molecular phylogeny of musk deer: a genomic view with mitochondrial 16S rRNA and cytochrome b gene ; Mol Phylogenet Evol. 2007 Mar;42(3):585-97. Epub 2006 Jul 14.
  • Hassanin A, Douzery EJ (2003), Molecular and morphological phylogenies of ruminantia and the alternative position of the moschidae ; Syst Biol. 2003 Apr;52(2):206-28.
  • Jang KH, Hwang UW., Mitochondrial genome of the Korean musk deer Moschus moschiferus (Artiodactyla, Ruminantia, Moschidae) ; Mitochondrial DNA. 2010 Jun;21(3-4):65-7.
  • Qisen Yang, Xiuxiang Meng, Lin Xia et Zuojian Feng (2003). Conservation status and causes of decline of musk deer (Moschus spp.) in China, 'Biological Conservation' ; 109 : 333-342. (ISSN 0006-3207)
  • Richard Ellis (2005), Tiger Bone & Rhino Horn: The Destruction of Wildlife for Traditional Chinese Medicine, Island Press (Washington D.C.) : xiii + 294 p.

Notes

  1. Carl von Linné, Lars Salvius, Caroli Linnaei ... Systema naturae per regna tria naturae, Holmiae: Impensis Direct. Laurentii Salvii, 1758- 1759 (lire en ligne)
  2. (direction) Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française (tome I, II), Le Robert,
  3. Gray, J.E., On the natural arrangement of vertebrose animals, London Medical Repository 15, (lire en ligne)
  4. Sokolov VE, and VI Prikhod’ko, « Taxonomy of the musk deer Moschus moschiferus (Atriodactyla, Mammalia) », Biology Bulletin, vol. 24, no 6,‎ , p. 557-566
  5. Groves, CP, and P Grubb, Ungulate taxonomy, The Johns Hopkins University Press, , 336 p..
  6. (en) Référence Animal Diversity Web : Moschidae musk deer
  7. Guibourt, Gaston (1790-1867), Histoire naturelle des drogues simples, ou Cours d'histoire naturelle professĂ© Ă  l'École supĂ©rieure de pharmacie de Paris., Paris, J-B. BaillĂšre et fils, (lire en ligne)
  8. Animaux du Tibet en voie de disparition.
  9. Anya H. King, Scent from the Garden of Paradise Musk and the Medieval Islamic World, Brill, , 442 p.
  10. Ellis (2005) : 15.
  11. (fr) [PDF] Les espÚces du genre "Moschus" (consulté le 7 juin 2009).
  12. Yang et al. (2003) : 333.
  1. la longueur des sabots peut ĂȘtre comparĂ©e Ă  la longueur des doigts chez l'homme, l'index (3) est plus long que l'annulaire (4)

Liens internes

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