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Mors Liverpool

Un mors Liverpool, ou de façon dĂ©suĂšte mors (Ă ) ballon, est un type de mors pour permettre le contrĂŽle des chevaux, d'origine anglaise. Comme tous les mors de bride, il se compose d'une piĂšce mĂ©tallique, Ă  laquelle peut ĂȘtre attachĂ©e une gourmette. Le Liverpool se caractĂ©rise par son canon non-articulĂ© et son anneau de mors circulaire, prolongĂ© par deux branches mĂ©talliques latĂ©rales droites et plates, offrant trois emplacements pour attacher les guides ou les rĂȘnes. Cela permet de varier la sĂ©vĂ©ritĂ© de l'action pivotante du mors, plus sĂ©vĂšre si la fixation des guides ou des rĂȘnes est effectuĂ©e bas dans ces emplacements.

Museau d'un cheval gris portant bride, licol et mors.
Mors Liverpool avec les guides attachées dans l'emplacement du milieu, sur un cheval gris attelé à La Canée, en CrÚte.

Le mors Liverpool est couramment employé pour l'attelage, en combinaison avec le harnachement propre à cette pratique, et de façon plus ponctuelle pour des présentations, montées ou non, de chevaux de trait. Il demande un réglage minutieux, pouvant se révéler douloureux pour l'animal s'il est mal utilisé.

Histoire et dénomination

Quatre mors d'attelage, dont le Liverpool (à droite), présentés dans l'ouvrage Riding and Driving for Women (1912).

Le mors Liverpool est, comme son nom l'indique, un mors de conception anglaise[1], inventĂ© au XIXe siĂšcle au Royaume-Uni[2]. Cependant, son principe d'action et de fonctionnement semble avoir Ă©tĂ© connu antĂ©rieurement Ă  cette Ă©poque, et appliquĂ© pour d'autres mors d’attelage, de forme et de conception diffĂ©rentes[3]. Il est conçu spĂ©cifiquement pour un usage en double harnais, les autres mors ayant tendance Ă  pincer les joues du cheval[4]. Certaines variĂ©tĂ©s de mors Liverpool sont plutĂŽt nommĂ©es en anglais Manchester bits, soit « mors Manchester Â»[5].

En langue française, ce mors est couramment nommĂ© comme en anglais « Liverpool (bit) », ou plus rarement et de façon erronĂ©e, « filet » (car il ne s'agit pas d'un mors de filet)[6]. Il est connu en France au dĂ©but du XXe siĂšcle : un numĂ©ro du Journal des Éleveurs, datĂ© de 1905, recommande de se servir « du mors dit Ballon ou autrement Liverpool bit » pour la pratique de l'attelage en paire (ou dite « en double harnais Â»)[7]. Le nom de « mors Ă  ballon » est dĂ©fini en 1977 comme dĂ©signant un « mors de bride pour l'attelage Ă  l'anglaise comportant des canons droits et d'une seule piĂšce »[8].

Description

Trait Auxois attelé avec un mors Liverpool, guides attachées dans l'emplacement du haut, ou rough cheek.

Le mors Liverpool peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une variĂ©tĂ© du mors Pelham[9]. Il appartient Ă  la famille dite des curb bits[10], le terme anglais curb faisant rĂ©fĂ©rence Ă  « l'implantation du mors dans la bouche d'un cheval afin de le contrĂŽler »[11].

Il est constituĂ© d'une piĂšce unique de mĂ©tal. Droit et pourvu de longues branches[12], il comporte un anneau de mors circulaire attachĂ© Ă  chaque extrĂ©mitĂ© de sa partie centrale (pour Ă©viter les glissements latĂ©raux[12]), surmontĂ© d'un anneau plus petit servant Ă  l'attache du cuir de la bride, et prolongĂ© par deux branches droites (dites Ă©galement montants) dotĂ©es de trois emplacements pour l'attache des rĂȘnes (nommĂ©es guides dans la pratique de l'attelage), crĂ©ant un effet de levier plus ou moins puissant[13] - [1]. Le canon, piĂšce mĂ©tallique passant Ă  l'intĂ©rieur de la bouche du cheval, peut prĂ©senter diffĂ©rentes formes[4], mais il n'est pas articulĂ©. Comme tous les mors de bride, le Liverpool fonctionne sur un principe de levier pivotant[4], appliquant une pression plus ou moins forte sur la mĂąchoire du cheval, laquelle est transmise par la gourmette, une petite chaĂźne mĂ©tallique passant sous la mĂąchoire. Deux points d'ancrage sont destinĂ©s Ă  recevoir la gourmette[6]. L'utilisation de la gourmette n'est cependant pas obligatoire, certains chevaux particuliĂšrement sensibles pouvant rĂ©agir au mors sans usage de celle-ci[14].

Légende des différentes parties du mors Liverpool d'un cheval attelé.
Mors Liverpool avec guides attachées dans l'emplacement du bas, créant un effet de levier puissant.

La sévérité de ce mors sur le cheval dépend de trois facteurs[10] :

  • le positionnement des rĂȘnes, ou guides, parmi les quatre emplacements d'attache disponibles (voir ci-dessus) ;
  • l'expĂ©rience du cavalier, ou meneur, qui tient ces rĂȘnes ou guides ;
  • le rĂ©glage plus ou moins serrĂ© de la gourmette.

En effet, plus les rĂȘnes sont attachĂ©es bas dans les emplacements du mors, plus l'effet de levier crĂ©Ă© est puissant, et plus le mors est par consĂ©quent sĂ©vĂšre[13]. La premiĂšre position d'attache possible, nommĂ©e plain cheek en anglais, se situe dans l'anneau de mors[13] - [15], et n'est utilisĂ©e qu'en cas de couplage entre plusieurs paires de rĂȘnes (par exemple en cas d'enrĂȘnement)[16]. La seconde position, directement sous l'anneau de mors ou autour de la branche au niveau de l'anneau, est surnommĂ©e respectivement rough cheek[15] ou lady's curb[13] en anglais. L'emplacement suivant est communĂ©ment appelĂ© « emplacement du milieu Â»[13], ou middle bar[15]. Le dernier, surnommĂ© « emplacement du bas Â», bottom bar[15] ou full curb position en anglais, forme le rĂ©glage le plus sĂ©vĂšre[13].

Utilisations

Dans cet attelage de trait belge en paire, le cheval de gauche porte un mors Liverpool au réglage doux (rough cheek), le cheval de droite un mors Elbow au réglage plus sévÚre.

Le mors Liverpool est trÚs largement diffusé et utilisé pour la pratique de l'attelage[17] - [4] - [18] : il est presque exclusivement réservé à cet usage de nos jours[9] - [5]. Il est particuliÚrement populaire pour un usage sur des chevaux de trait[19] - [20].

En attelage

Le mors Liverpool est particuliÚrement recommandé pour former les jeunes chevaux d'attelage[21], et pour tempérer des animaux peu respectueux[5], puisqu'il est réputé rendre les chevaux plus responsables[4]. En effet, il permet d'adapter la sévérité du mors à la sensibilité de chaque cheval attelé[22]. De plus, une majorité de chevaux d'attelage semblent bien tolérer ce type de mors de bride pivotant[4]. Dans cette discipline, le Liverpool est essentiellement utilisé avec une unique paire de guides placée dans l'un des quatre emplacements disponibles[9].

Autres utilisations

DĂ©filĂ© d'un homme avec un cheval dont on ne voit que la tĂȘte.
Mors Liverpool sur un cheval Breton défilant au festival de Cornouaille de 2016 (position haute / rough cheek).

C'est Ă©galement un mors populaire pour les spectacles de prĂ©sentation de chevaux de trait, permettant un contrĂŽle important de la hauteur du port de tĂȘte : dans les pays anglophones, le mors Liverpool est couramment fourni avec la bride de prĂ©sentation, parfois en combinaison avec un enrĂȘnement releveur[23].

Il arrive qu'en utilisation montĂ©e, deux paires de rĂȘnes soient attachĂ©es, l'une dans l'anneau de mors, l'autre dans l'un des trois emplacements restants[9]. En cas d'utilisation d'un enrĂȘnement, en particulier s'il est destinĂ© Ă  relever la tĂȘte, l'attache de cet enrĂȘnement doit s'effectuer uniquement dans le premier emplacement des branches (le rough cheek), et non dans l'anneau du mors Liverpool, afin que l'effet de l'enrĂȘnement n'entre pas en conflit avec l'effet abaisseur du mors[24].

Réglages et sécurité

Petite fille sur un trĂšs grand cheval brun et blanc.
Cheval Shire montĂ© en mors Liverpool avec deux paires de rĂȘnes, l'une dans l'anneau de mors, l'autre Ă©tant un enrĂȘnement attachĂ© dans l'emplacement du milieu.

Il convient de choisir un mors adaptĂ© Ă  la largeur de la bouche de chaque cheval, en laissant un demi-pouce d'espace de chaque cĂŽtĂ© entre l'anneau du mors et la mĂąchoire, et ce afin d'Ă©viter que les molaires du cheval ne soient poussĂ©es contre ses joues (ce qui occasionne des blessures)[15]. En effet, ce mors peut ĂȘtre sĂ©vĂšre, et du fait de sa forme, peut dans certains cas causer des blessures internes dans les joues ou la mĂąchoire du cheval, si des parties mĂ©talliques les frottent[17].

Notes et références

  1. McBane 1988, p. 129.
  2. (en) Eric W. Smith, Lost Skills of the 19th Century : A practical guide to a variety of useful arts no longer widely known or practiced, History Crumbles, , 423 p. (ISBN 978-1-5080-5781-9 et 1-5080-5781-8).
  3. (en) John Philipson, Harness : Types and Usage for Riding : Driving and Carriage Horses, Read Books Ltd, , 144 p. (ISBN 978-1-4474-8666-4 et 1-4474-8666-8, lire en ligne), chap. II.
  4. Ryder 1977, p. 139.
  5. Ryder 1977, p. 17.
  6. Jean-Claude Boulet, Dictionnaire anglais-français du cheval : Equine French-English Dictionary, BoD - Books on Demand France, , 228 p. (ISBN 978-2-9804600-8-1 et 2-9804600-8-7), p. 84.
  7. « Attelage en paire », L'Acclimatation. Journal des Éleveurs,‎ , p. 577.
  8. La Banque des mots, Presses Universitaires de France, , « 13 à 18 », p. 158.
  9. (en) John Clark, The Medieval Horse and Its Equipment, C.1150-c.1450, vol. 5 de Medieval finds from excavations in London, Museum of London, Boydell Press, , 18 p. (ISBN 1-84383-097-3 et 9781843830979, lire en ligne), p. 45.
  10. (en) Charles W. Kellogg (ill. Karl W. Stuecklen), Driving the Horse in Harness : A Beginner's Manual, Stephen Greene Press, , 182 p., p. 169.
  11. J.C. Sergeant, Anglais du journalisme : Comprendre et traduire, Éditions OPHRYS, , 214 p. (ISBN 978-2-7080-1257-8 et 2-7080-1257-6, lire en ligne), p. 195.
  12. Ballereau 2010, p. 114.
  13. Bowers et Steward 2014, p. 127.
  14. (en) Margaret I. Clarke, Care of the Horse and Pony, Tri-Ocean Books, , 134 p., p. 109.
  15. Ryder 1977, p. 18.
  16. Hart 2004, p. 173.
  17. (en) Josepha Guillaume, Riding without a bit : The gentle art of sensitive riding, Cadmos Publishing, , 96 p. (ISBN 978-3-8404-6925-1 et 3-8404-6925-2), p. 37.
  18. (en) James R. Gillespie et Frank Flanders, Modern Livestock & Poultry Production, Cengage Learning, coll. « Texas Science Series », , 8e éd., 1136 p. (ISBN 978-1-4283-1808-3 et 1-4283-1808-9, lire en ligne), p. 621.
  19. (en) Terry Keegan, The Heavy Horse, Its Harness and Harness Decoration, Pelham, , 217 p., p. 54.
  20. Allen 2004, p. 157.
  21. Ryder 1977, p. 8.
  22. (en) Aaron Brachfeld et Mary Choate, Horse Hoeing Husbandry, Coastalfields Press, , 5e Ă©d., p. 558.
  23. (en) Robert A. Mischka, It's Showtime! : A Beginner's Guide to Showing Draft Horses, Mischka Press/Heart Prairie, , 105 p. (ISBN 1-882199-04-9 et 9781882199044, lire en ligne), p. 83.
  24. Ryder 1977, p. 48.

Annexes

Bibliographie

  • [Ballereau 2010] Jean-François Ballereau, Dictionnaire encyclopĂ©dique du cheval, Éditions Belin, , 194 p. (ISBN 2-7011-3549-4), « Liverpool »
  • [Bowers et Steward 2014] (en) Steve Bowers et Marlen Steward, Driving Horses : How to Harness, Align, and Hitch Your Horse for Work Or Play, Voyageur Press, , 160 p. (ISBN 978-0-7603-4570-2 et 0-7603-4570-8, lire en ligne)
  • [Hart 2004] (en) Edward Hart, Showing the Heavy Horse : An Exhibitor's Guide, J. A. Allen, , 352 p. (ISBN 0-85131-827-4 et 9780851318271)
  • [McBane 1988] (en) Susan McBane, The Horse and the bit, Howell Book House, , 144 p. (ISBN 0-87605-878-0 et 9780876058787)
  • [Richardson 1985] (en) Clive Richardson, Driving, the development and use of horse-drawn vehicles, B.T. Batsford, , 156 p. (ISBN 0-7134-3992-0 et 9780713439922)
  • [Ryder 1977] (en) Tom Ryder, On the Box Seat : A Manual of Driving, Carriage Assoc. of America, coll. « Gawsworth series », , 180 p.

Articles connexes

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