RĂȘne
Les rĂȘnes sont une piĂšce de harnachement des Ă©quidĂ©s, consistant en de longues laniĂšres souples en cuir. Elles sont toujours attachĂ©es au mors (ou autre, type hackamore), et gĂ©nĂ©ralement tenues en main par l'homme, que celui-ci soit en selle, Ă pied ou dans un attelage, pour contrĂŽler les Ă©quidĂ©s. Elles permettent notamment d'influer sur la direction et la vitesse de l'animal.
Dans diffĂ©rentes cultures, les rĂȘnes ont inspirĂ© des expressions populaires dĂ©signant le contrĂŽle exercĂ© par l'ĂȘtre humain.
Ătymologie et histoire
Le mot français « rĂȘne » est issu du latin populaire retina, lui-mĂȘme une forme de retinere, signifiant « retenir ». Il figure pour la premiĂšre fois au XIIe siĂšcle sous la forme resne, pour dĂ©signer une « courroie de la bride du cheval »[1].
Description
Les rĂȘnes sont de longues laniĂšres en cuir souple. En Ă©quitation, elles sont attachĂ©es au mors (ou autre, type hackamore) et tenues en main, elles relient la bouche du cheval Ă la main du cavalier. Elles doivent donc ĂȘtre assez souples pour communiquer la moindre pression de la main[2]. Il existe des variantes particuliĂšres pour le dressage, l'attelage et le travail Ă pied. Le cuir peut parfois ĂȘtre tressĂ© ou garni de caoutchouc.
- Longues rĂȘnes : destinĂ©es au travail Ă pied, ce sont comme le nom l'indique des rĂȘnes plus longues. La personne se place alors Ă pied derriĂšre le cheval, et tient les longues rĂȘnes en main. Elles sont destinĂ©es Ă Ă©duquer le cheval pour l'attelage ou la selle[3].
- RĂȘnes fixes : destinĂ©es au travail de dressage du cheval. Elles ne sont pas tenues en main par un cavalier, mais fixĂ©es Ă la sangle ou au surfaix du cheval, sous les quartiers de la selle, l'autre bout Ă©tant attachĂ© au mors comme d'habitude. Elles permettent de placer le cheval lors de son dressage[4].
- RĂȘnes allemandes ou rĂȘnes coulissantes : beaucoup plus longues que des rĂȘnes normales, elles partent de la sangle du cheval, passent dans les anneaux du mors et reviennent dans la main du cavalier. Ces rĂȘnes peuvent coulisser dans les anneaux du mors[5]. Leur action oblige le cheval Ă baisser la tĂȘte[2].
- RĂȘne ColbertË faite d'une seule piĂšce, elle passe sur l'encolure du cheval avant de traverser les anneaux pour rejoindre les mains. Les rĂȘnes Ă poulies en sont une variante[2]
Mal utilisĂ©es les rĂȘnes allemandes et la rĂȘne Colbert acculent le cheval[2].
Guides
En attelage, les rĂȘnes sont nommĂ©es des guides. Elles ont la mĂȘme fonction qu'en Ă©quitation, et sont le seul point de contact entre le meneur et ses chevaux. Dans le cas d'attelages Ă quatre, six voire plus, le meneur peut avoir un trĂšs grand nombre de guides entre les mains.
Utilisation
Les rĂȘnes ont pour principales fonctions d'agir sur la direction prise par le cheval (mais contrairement Ă une opinion populaire, elles ne suffisent pas Ă le faire tourner, le cheval agissant sur sa direction avec ses membres antĂ©rieurs et non son encolure), de le faire ralentir et de lui demander d'exĂ©cuter des figures. Les actions que le cavalier peut effectuer avec ses rĂȘnes sont nommĂ©es des « effets de rĂȘnes ». Les plus couramment enseignĂ©s sont la rĂȘne dâouverture et la rĂȘne dâappui[6].
Les deux maniĂšres les plus frĂ©quentes pour tenir les rĂȘnes en selle sont « Ă pleine main » (la rĂȘne sort sous l'auriculaire), ou entre l'auriculaire et l'annulaire. Dans tous les cas, elles passent aussi entre le pouce et l'index[7]. La longueur des rĂȘnes et surtout la tension exercĂ©e par la main du cavalier influencent le placer et l'amplitude des foulĂ©es, une forte tension et des rĂȘnes courtes sont dĂ©sagrĂ©ables pour l'animal[8].
"ajuster les rĂȘnes"
On utilise l'expression "ajuster les rĂȘnes" pour dĂ©signer l'action qui consiste Ă les rĂ©gler Ă une longueur conforme au niveau d'Ă©quilibre possible du cheval. Un cheval sans dressage ou sur les Ă©paules demande une certaine libertĂ© d'encolure, il faut donc lui laisser une libertĂ© de rĂȘnes qui permette le jeu de balancier de l'encolure, tandis qu'un cheval rassemblĂ©, qui se meut dans un placer relativement fixe, peut ĂȘtre montĂ© les rĂȘnes ajustĂ©es. Les chevaux d'extĂ©rieur travaillent dans un Ă©quilibre horizontal, mais il peut ĂȘtre nĂ©cessaire de pouvoir bander ses ressorts Ă partir des rĂȘnes lorsque c'est nĂ©cessaire, comme en vue d'un obstacle par exemple[2].
Effets de rĂȘnes
L'Ă©quitation moderne classe les actions de rĂȘnes en six effetsË la rĂȘne directe d'ouverture sur le filet pour tourner; la rĂȘne directe d'opposition pour ralentir, arrĂȘter et reculer; la rĂȘne contraire ou rĂȘne d'appui pour tourner large; la rĂȘne contraire d'opposition en avant du garrot pour tourner court; la rĂȘne contraire d'opposition en arriĂšre du garrot pour les pas de cĂŽtĂ©; la rĂȘne contraire d'opposition ou intermĂ©diaire au milieu du garrot pour l'Ă©paule en dedans. Cependant, il est Ă noter que les anciens n'utilisaient que la "rĂȘne du dedans" pour diriger, et celle du "dehors" pour soutenir[2].
S'attacher Ă la main
On dit qu'un cavalier "s'attache Ă la main" quand il a une main ignorante qui se fixe aux rĂȘnes sans relĂąche ni nuance. La GuĂ©riniĂšre disaitË "Elle est un des plus grands dĂ©fauts qu'on puisse avoir Ă cheval."[2]
Culture populaire
« Tenir les rĂȘnes » signifie contrĂŽler quelque chose. Par analogie avec le cavalier qui contrĂŽle les mouvements de sa monture grĂące aux rĂȘnes, « prendre les rĂȘnes » de quelque chose signifie prendre le pouvoir sur cette chose. Au contraire, « lĂącher les rĂȘnes » dĂ©signe l'abandon du contrĂŽle obtenu, le rendu de la libertĂ© d'action et de dĂ©cision. L'expression to rein in est l'Ă©quivalent dans la culture populaire anglo-saxonne. L'usage de l'expression opposĂ©e, free rein (lĂącher les rĂȘnes), remonte Ă Geoffrey Chaucer (1343 - 1400)[9] - [10].
Notes et références
- Informations lexicographiques et Ă©tymologiques de « rĂȘne » dans le TrĂ©sor de la langue française informatisĂ©, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Michel Henriquet et Alain Prevost, L'Ă©quitation, un art, une passion, Paris, Seuil, , 319 p.
- « PrĂ©sentation : Les Longues RĂȘnes » (consultĂ© le ).
- « A propos des rĂȘnes fixes » (consultĂ© le ).
- « Les RĂȘnes allemandes », sur L'Ă©quitation pĂ©dagogique (consultĂ© le ).
- Yves Katz, « Les effets de rĂȘnes : nouvelle approche », Cheval Savoir, no 34,â (lire en ligne).
- Yves Katz, « Tenue et maniement des rĂȘnes », Cheval Savoir, no 26,â (lire en ligne)
- Anna-Katharina Ludewig et Uta König v. Borstel, « Les effets du raccourcissement des rĂȘnes », Cheval Savoir, no 28,â (lire en ligne).
- (en) Geoffrey Chaucer, The Portable Chaucer, Penguin, 1975, p. 245
- (en) Merriam-Webster, Free rein. Consulté le 3 mars 2008
Annexes
Bibliographie
- Jean d'Orgeix, Les mains, Ă©ditions Belin, 2006, (ISBN 978-2-7011-4396-5)