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Miyako (cheval)

Le Miyako (宮古馬, Miyako-uma, « cheval de Miyako ») est une race de petits chevaux japonais, propre à l'île Miyako-jima dans la préfecture d'Okinawa. Il est le plus rare et le plus menacé des chevaux japonais, une quarantaine d'individus seulement étant recensés en 2013. Son origine est soumise à controverses, mais il montre une proximité nette avec d'autres petits chevaux insulaires du Japon, le Tokara, le Taishuh et le Yonaguni. Jadis employé pour la monte puis pour le travail agricole, le Miyako est beaucoup croisé au XXe siècle pour les besoins de la culture de la canne à sucre. Il décline en raison de la motorisation.

Miyako
Image illustrative de l’article Miyako (cheval)
Région d’origine
Région Drapeau du Japon Japon
Caractéristiques
Taille 1,10 m à 1,20 m
Robe Généralement baie
Pieds Particulièrement durs
Caractère Docile
Statut FAO (conservation) Critique mais maintenue
Autre
Utilisation Attraction touristique

Plusieurs programmes ont vu le jour pour préserver ce petit équidé, haut d'environ 1,15 m. Les très faibles effectifs et le manque de données relatives au patrimoine génétique des animaux rendent la menace d'extinction très présente. Le Miyako représente désormais une attraction touristique et un support d'enseignement dans les écoles d'agriculture. Il est classé monument naturel par la préfecture d'Okinawa depuis 1991.

Histoire

L'élevage du cheval est vraisemblablement pratiqué depuis des siècles sur les îles Miyako[1], mais l'origine de la race est sujette à controverses. La théorie populaire a longtemps voulu que ces chevaux proviennent de poneys de montagne du sud-ouest de la Chine : rien ne l'a jamais démontré[2]. Une autre théorie serait que des chevaux mongols soient arrivés dans la préfecture d'Okinawa entre le XIIe siècle et le XVe siècle depuis la Corée, ou que le Miyako soit une variété naine des chevaux plus grands présents sur les îles principales du Japon[2]. En 1958, l'étude de Hayashida le rapproche des autres petits chevaux insulaires du Sud-Ouest du Japon[3]. La race a vraisemblablement été introduite dans son biotope actuel via les îles principales de l'archipel Ryūkyū[4]. Durant la période du Royaume de Ryūkyū (1429-1879), elle est élevée en tant que présent pour les notables chinois, et comme monture pour la classe dirigeante[5]. Originellement, ce petit cheval toise environ 1,22 m[6].

Les changements de l'ère Meiji (1868-1912) entraînent une réorganisation de l'élevage de la race, qui devient dès lors la propriété des travailleurs agricoles, ainsi qu'un moyen de transport courant[5]. Le développement de la culture de la canne à sucre entraîne une utilisation importante de ces chevaux, mais la petite taille et la force limitée de la race sont problématiques pour la charge de travail demandée[5]. Après la Seconde Guerre mondiale, la race est croisée[6] avec des chevaux importés, de plus grande taille, pour ce travail agricole. Le Miyako atteint 1,42 m de haut[1] - [6] mais conserve le type du cheval mongol[6]. En 1955, le recensement du cheptel donne un pic de 10 000 têtes[1]. La motorisation a rendu la race rare[1], en particulier à cause de la propagation d'appareils de culture pour la canne à sucre, plus efficaces pour le travail agricole demandé, réduisant l'intérêt économique de l'élevage du Miyako[5] - [7].

Un programme de sauvegarde est mis sur pieds en 1975[1]. L'année suivante, le recensement effectué ne permet de trouver que 14 chevaux conformes au type ancien de la race[5]. Les programmes d'élevage tentent de conserver la taille initiale. La Miyako Conservation Horse Society est fondée en 1980[8]. En 1986, le Miyako est considéré comme l'une des deux races réellement natives du Japon à subsister, avec le Tokara[9]. En décembre 1988, la population restante atteint un seuil critique, seuls 11 individus étant recensés[1]. L'effectif remonte à 19 en 1991[10]. Des chevaux de l'île voisine d'Aguni sont amenés sur Miyako-jima pour apporter de la diversité génétique et prévenir le risque d'extinction[2]. Un nouveau programme de conservation est créé en 2006[6].

La race ne dispose pas de registre généalogique, celui-ci étant (2017) en cours de constitution à partir des données génétiques collectées sur 35 individus en [11].

Description

Tête d'un Miyako.

Le Miyako appartient aux huit races de chevaux indigènes du japon[12]. Il est petit, proche extérieurement du cheval mongol[1] - [13]. Les données de référence pour la taille, collectées en 1991 pour la FAO, montrent que les mâles mesurent en moyenne 1,22 m et les femelles 1,20 m[12], ce qui l'inclut au groupe des chevaux japonais de plus petite taille, avec le Tokara, le Taishuh et le Yonaguni dont il est génétiquement proche[2] - [14]. Les données de taille collectées en 2017 donnent une fourchette de 1,10 m à 1,20 m[4].

Les sabots sont particulièrement durs, en raison d'une adaptation au sol corallien caractéristique de l'île[4]. La robe est généralement baie ou avec gène dun[1] - [6]. Le caractère est réputé docile, l'animal est obéissant[4].

En 2001, une étude sur la présence de la bactérie Rhodococcus equi a permis de constater l'absence de la souche virulente de cette bactérie chez les chevaux Miyako[15]. En , une autre étude de parasitologie, sur Toxoplasma gondii, démontre qu'un seul individu sur les 35 analysés sur l'île est infecté[16]. La race a très probablement subi un goulet d'étranglement génétique récent, en raison de la baisse des effectifs[4]. Cependant, sa diversité génétique se situe dans la moyenne des autres races[11]. Elle a probablement été préservée grâce au brassage effectué avec les chevaux d'Aguni-jima[17].

Utilisation

Jadis auxiliaire des agriculteurs locaux qui appréciaient ses capacités de travail[4], le Miyako n'a désormais que peu de valeur économique. Une étude publiée en 1994, sur les races animales de rente menacées d'extinction au Japon, recommandait le développement des attractions touristiques dans les parcs nationaux, les zoos ou les fermes réserves, les outils éducatifs dans les écoles et les fermes expérimentales[18]. Le Miyako est désormais considéré comme une attraction touristique[12]. Une présentation de 7 chevaux montés s'est tenue lors d'une course locale sur la plage, en 2009[19]. La race est aussi présentée à titre d'outil éducatif dans les écoles d'agriculture[18].

Diffusion de l'élevage

Les effectifs sont extrêmement réduits, le Miyako constituant la plus rare des huit races de chevaux japonaises natives[18]. L'étude de CAB International considère le Miyako comme très proche de l'extinction, le cheptel étant largement sous le seuil critique des 100 individus[6]. Le Miyako est considéré par l'étude de l'université d'Uppsala menée pour la FAO (2010) comme une race locale en danger critique d'extinction, faisant l'objet de mesures de protection[20].

La préservation via une banque de données génétiques a été préconisée en 1995[21]. Un mâle Miyako est né le , portant à 5 le nombre de naissances chez la race cette même année, ce qui traduit une augmentation sensible par rapport aux années précédentes[22]. L'objectif est d'obtenir un effectif de 50 individus[22]. La race reste néanmoins extrêmement vulnérable à un phénomène de vortex d'extinction[4].

Recensement des Miyako

Année 1976[5] 1991[12] 1998[12] 2006[12] 2007[12] 2008[12] 2013[4]
Nombre d'individus recensés 14 19 20 23 31 31 41

Le Miyako est propre à l'île de Miyako-jima[23]. Il est notamment élevé à Nishihen'nazaki (ja), 9 personnes et une organisation s’occupant du terrain de pâture, où se trouve le ranch Nikadori, ouvert depuis [22] - [24]. Un risque inhérent à cette répartition insulaire serait qu'une maladie infectieuse décime le cheptel[19]. L'accroissement du cheptel devrait se poursuivre, les mâles n'étant habituellement pas castrés[25].

Impact culturel

Le Miyako a été classé monument naturel préfectoral par la préfecture d'Okinawa le [7]. Plus largement, il est considéré comme un patrimoine biologique et culturel local[4].

Notes et références

  1. Hendricks 2007, p. 286.
  2. (en) Ken Nozawa, Takayoshi Shotake, Shin'ichi Ito et Yoshi Kawamoto, « Phylogenetic Relationships among Japanese Native and Alien Horses Estimated by Protein Polymorphisms », Journal of Equine Science, vol. 9, no 2, , p. 53–69 (DOI 10.1294/jes.9.53, lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) T. Tozaki, « Microsatellite Variation in Japanese and Asian Horses and Their Phylogenetic Relationship Using a European Horse Outgroup », Journal of Heredity, vol. 94, no 5, , p. 374–380 (ISSN 0022-1503, DOI 10.1093/jhered/esg079, lire en ligne, consulté le ).
  4. Senju et al. 2017, p. 218.
  5. Shinjo 1984, p. 131-148.
  6. Porter et al. 2016, p. 486.
  7. (ja) 宮古島市役所, « 県関係|観光・イベント情報|宮古島市 », sur www.city.miyakojima.lg.jp (consulté le ).
  8. Sous la houlette de la division de l'élevage et de la pêche forestière, Miyakojima Agriculture. (ja) « 宮古島市の組織と業務 » [« Organisation d'affaires Miyakojima »], Miyakojima (consulté le ) et « 馬の統計&資料 » [« Ressources et statistiques cheval »], Japon Umagoto Association, (consulté le ), p. 97-98.
  9. (en) Historia medicinae veterinariae, vol. 11, Amici Historia Medicinae Veterinariae, , p. 4.
  10. (en) Beate Scherf (avec la collaboration de "Food and Agriculture Organization of the United Nations" et " United Nations Environment Programme"), World Watch List for Domestic Animal Diversity, Food and Agriculture Organization of the United Nations, , p. 113.
  11. Senju et al. 2017, p. 221.
  12. DAD-IS.
  13. Walker 2014, p. 469.
  14. Hendricks 2007, p. 447.
  15. (en) S Takai, K Ogawa, N Fukunaga et Y Sasaki, « Isolation of virulent Rhodococcus equi from native Japanese horses », Comparative Immunology, Microbiology and Infectious Diseases, vol. 24, no 2, , p. 123–133 (DOI 10.1016/S0147-9571(00)00022-9, lire en ligne, consulté le ).
  16. (en) Tatsunori Masatani, Yasuhiro Takashima, Masaki Takasu et Aya Matsuu, « Prevalence of anti-Toxoplasma gondii antibody in domestic horses in Japan », Parasitology International, vol. 65, no 2, , p. 146–150 (DOI 10.1016/j.parint.2015.11.006, lire en ligne, consulté le ).
  17. Senju et al. 2017, p. 221-222.
  18. Taro Obata, Hisato Takeda et Takao Oishi, « JAPANESE NATIVE LIVESTOCK BREEDS », Animal Genetic Resources/Resources génétiques animales/Recursos genéticos animales, vol. 13, , p. 11–22 (ISSN 2076-4022 et 1014-2339, DOI 10.1017/S1014233900000249, lire en ligne, consulté le ).
  19. (ja) « 宮古馬“完全復活”へ疾走 サニツ浜カーニバル » [« Course de chevaux Miyako « complètement ressuscités » lors du festival de la plage Sanitsu »], 琉球新報, (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) Rupak Khadka, « Global Horse Population with respect to Breeds and Risk Status », Uppsala, Faculty of Veterinary Medicine and Animal Science - Department of Animal Breeding and Genetics, , p. 58 ; 64.
  21. Y. Izaike, K. Kocuchi, J. Noguchi et K. Mrasawa, « Animal Genetic Resources:Efficient Conservation and Effective Use », Animal Genetic Resources, Tsukuba Office Agriculture, Forestry and Fisheries Research Council Secretariat, vol. 141, (lire en ligne).
  22. (ja) « 宮古毎日新聞 » [« Miyako Mainichi Shinbun »], 面記事, .
  23. (en) Elwyn Hartley Edwards, The Horse Encyclopedia, Dorling Kindersley Ltd, , 360 p. (ISBN 978-0-241-28142-0 et 0-241-28142-3, lire en ligne), p. 259.
  24. (en) Robert Walker, Okinawa and the Ryukyu Islands : The First Comprehensive Guide to the Entire Ryukyu Island Chain, Tuttle Publishing, , 288 p. (ISBN 978-1-4629-1431-9 et 1-4629-1431-4, lire en ligne), p. 469.
  25. Senju et al. 2017, p. 222.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • [Hendricks 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks, International Encyclopedia of Horse Breeds, Norman, University of Oklahoma Press, , 2e éd., 486 p. (ISBN 0-8061-3884-X, OCLC 154690199), « Miyako », p. 286. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453).
  • [Senju, Tozaki, Kakoi et Almunia 2017] (en) Natsuko Senju, Teruaki Tozaki, Hironaga Kakoi et Julio Almunia, « Genetic characterization of the Miyako horse based on polymorphisms of microsatellites and mitochondrial DNA », Journal of Veterinary Medical Science, vol. 79, no 1, , p. 218–223 (PMID 27795462, PMCID PMC5289264, DOI 10.1292/jvms.16-0111, lire en ligne, consulté le ).
  • [Shinjo 1984] (ja) A. Shinjo, « 宮古馬 », dans Masaoki Itō, Akihisa Shinjō, Yoichi Shōda, Yūjirō Kaseda, et al., 日本の在来馬 : その保存と活用 [« Chevaux indigènes du Japon : mode d'élevage et utilisation »], Tokyo, Association des « affaires équines » (日本馬事協会, Nihon baji kyōkai), , 243 p. (OCLC 16712189, LCCN 86102320), p. 131–148.
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