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Miséricorde (stalle)

La miséricorde, également appelée patience ou crédence[1], est une petite console fixée à la partie inférieure du siège pliant d'une stalle de chœur. Elle permet au clerc ou au moine qui participe à l'office divin de prendre appui sur elle lorsqu'il se tient debout et que son siège est relevé.

Une miséricorde de la cathédrale Sainte-Marie d'Auch (Gers).

Origine

L'origine de la miséricorde est liée à la longueur des offices divins dans les communautés religieuses au Moyen Âge où les prières se faisaient debout. Alors qu'avant le XIe siècle on trouve plutôt mention d'un bâton que les chanoines ou les moines plaçaient discrètement derrière eux, on voit apparaître, au XIe siècle, pour la première fois dans les textes, la notion de « miséricorde ». Les miséricordes se présentent sous la forme de petites consoles fixées au-dessous de la sellette de petits sièges pliants. Tous les chanoines n'en possédaient pas et il est possible qu'elles aient été réservées aux plus âgés d'entre eux[2].

Thèmes iconographiques

MisĂ©ricorde illustrant l'expression « bailler aussi fort qu'un four Â», basilique Notre-Dame de La Guerche-de-Bretagne.

Les motifs des stalles (qui s'adressent non aux laïcs mais au corps de clercs et moines qui seuls ont accès au chœur de l'église), et tout particulièrement ceux des appuis-main et des miséricordes, trouvent en grande partie leurs origines dans la gravure, la sculpture et la peinture de manuscrits religieux (marges de missels, psautiers, livres d'heures entre le XIIIe siècle et la fin du XVe siècle), c'est-à-dire les mêmes sources culturelles que les clercs[3].

Les sujets figurĂ©s dans les misĂ©ricordes sont très variĂ©s, constituĂ©s Ă  la fois de motifs religieux (allĂ©goriques ou non), de motifs dĂ©coratifs (vĂ©gĂ©taux ou simples ornements) et d'une large part de ce qui est aujourd'hui considĂ©rĂ© comme relevant de l'iconographie profane. Cette dernière catĂ©gorie inclut des thèmes issus des bestiaires mĂ©diĂ©vaux, des portraits, des proverbes, jeux de mots, histoires populaires et parfois des sujets volontiers pornographiques ou scatologiques. L'iconographie « osĂ©e Â» de certaines de ces misĂ©ricordes ne doit pas ĂŞtre interprĂ©tĂ©e comme relevant de la trivialitĂ© populaire mais comme issue de dĂ©tails d'images pieuses dans lesquelles l'artiste puise pour illustrer des mĂ©taphores du quotidien[4].

  • Quelques modèles
  • Image de blason : croissants de lune d'Henri III.
    Image de blason : croissants de lune d'Henri III.
  • Image d'un mĂ©tier : vigneron ou marchand de vin.
    Image d'un métier : vigneron ou marchand de vin.
  • Image licencieuse censurĂ©e : couple prenant un bain.
    Image licencieuse censurée : couple prenant un bain.

La fréquence des thèmes abordés dépend essentiellement de la circulation et popularité des modèles utilisés, ce qui explique que certains sujets sont récurrents dans certaines régions et complètement absents dans d'autres.

RĂ©partition

Allemagne

Les premières stalles avec miséricorde sont apparues en Allemagne. En tant que siège, elle est désignée par ce nom au monastère d'Hirsau dans Le Livre des règles. Cette ancienne abbaye bénédictine se trouvait à une trentaine de kilomètres de Stuttgart (Allemagne méridionale).

Belgique

Espagne

France

En France, on compte près de 9 500 misĂ©ricordes sculptĂ©es dans environ 400 Ă©glises. Dans le domaine iconographique, la cathĂ©drale d’Amiens propose la reprĂ©sentation d’environ 4 000 personnages dans les scènes sculptĂ©es. La cathĂ©drale d’Auch reprĂ©sente un autre ensemble remarquable avec un peu plus de 1 500 personnages sculptĂ©s.

Irlande

  • Limerick, cathĂ©drale Sainte-Marie (20) : ange debout, animaux fantastiques (vouivres, griffon, licornes) ou naturels (aigle, sanglier, cygne) et deux tĂŞtes d'hommes coiffĂ©es d'un bonnet retombant sur le cĂ´tĂ©.

Italie

Luxembourg

  • Echternach, basilique Saint-Willibrord : fruits, fleurs et feuillages, homme vĂ©gĂ©tal, chauve-souris, canetons. Mais surtout, ensemble somptueux de jouĂ©es surmontant les accotoirs des stalles (renard, canards, lion, Ă©lĂ©phant, oiseau fantastique et personnages).

Norvège

  • Stalheim, hĂ´tel de Stalheim : proviendrait d'un monastère de l'Ă®le de Halsnøy, un ensemble de trois stalles aux misĂ©ricordes reprĂ©sentant des tĂŞtes d'anges.

Pays-Bas

« Chieur de pièces[5] » d'une miséricorde de l'église Oude Kerk d'Amsterdam.

Portugal

  • Lisbonne, quartier de BelĂ©m : Ă©glise Sainte-Marie
  • Tibäes, monastère Saint-Martin
  • Vila Real, cathĂ©drale Sao Domingos

Royaume-Uni

Maître fessant son élève, église St Botolph de Boston.

On a rĂ©pertoriĂ© environ 3 500 misĂ©ricordes en Grande-Bretagne.

Deux stalles, siège rabattu à droite et siège relevé, faisant apparaître la miséricorde, à gauche (Boston Stump, Boston, Lincolnshire, Angleterre).

Suisse

Notes et références

  1. Informations lexicographiques et étymologiques de « crédence » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Jean-Pierre Néraudau, Dictionnaire d'histoire de l'art, Paris, PUF, coll. « Quadrige », , p. 324.
  3. Michael Camille, Images dans les marges. Aux limites de l'art médiéval, Gallimard, , 247 p.
  4. Danièle Alexandre-Bidon, « Une foi en deux ou trois dimensions ? Images et objets du faire croire à l'usage des laïcs », Annales HSS, no 6,‎ , p. 1155-1190.
  5. Danièle Alexandre-Bidon, « L'iconographie des stalles : partage et transmissions des modèles (enluminures, gravures…) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).

Voir aussi

Bibliographie

  • E. C. Block, Corpus of Medieval Misericords: France, Turhnout, Brepols, .
  • Francis Bond, Wood Carving in English Churches, .
  • Paul L. Ganz, Das ChorgesstĂĽhl in der Schweiz, .
  • J. A. Haydn (revu par M. J. Talbot), Misericords in St. Mary's Cathedral, Limerick, Limerick Leader, .
  • Dorothy et Henry Kraus, Le Monde cachĂ© des misĂ©ricordes, Paris, Les Éditions de l'Amateur, .
  • Louis Maeterlinck, Les Stalles et les Faiseurs de stalles en Belgique, .
  • G.-L. Remnant, A Catalogue of Misericords in Great Britain, Oxford, Clarendon Press, (1re Ă©d. 1969) (ISBN 0-19-817164-1).

Articles connexes

Liens externes

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