AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Mercien

Le mercien est l’un des trois ou quatre dialectes principaux du vieil anglais ; il est parfois regroupĂ© avec le northumbrien sous le terme d’« anglien »[1]. Il a Ă©tĂ© parlĂ© dans le royaume de Mercie.

Historique

Le dialecte a Ă©tĂ© utilisĂ© entre les VIIIe et XIIIe siĂšcles, sur le territoire du royaume de Mercie, de la frontiĂšre est-anglienne Ă  l’est, Ă  la digue d’Offa (limite avec le pays de Galles) Ă  l’ouest ; au nord, du Staffordshire, qui servait de frontiĂšre avec la Northumbrie[2], et au sud jusque dans l’Oxfordshire et le Gloucestershire, Ă  la frontiĂšre du Wessex.

Le vocabulaire mercien est en grande partie issu du proto-germanique, avec des emprunts au latin dus Ă  l’utilisation de cette langue par l’Église catholique, et des emprunts au norrois qui s’expliquent par les incursions vikings et la Danelaw (la « zone de loi danoise », qui couvrait une grande partie de la rĂ©gion des Midlands et le nord de l'Angleterre).

Par la suite, le saxon occidental s’est imposĂ© pour les Ă©crits, mais les diffĂ©rents dialectes ont probablement perdurĂ© Ă  l’oral.

Prononciation

L’alphabet sera dĂ©crit en comparaison avec l’anglais moderne, avec lequel il a certains points communs : les lettres b, d, g, l, m, n, p, q, s, t, v, w et z se comportent ainsi pareillement.

  • Le c se prononce toujours de maniĂšre dure, comme dans cat, jamais de maniĂšre douce comme dans cell.
  • Le ċ se prononce comme le « ch » dans cheese.
  • Le h est prononcĂ© de maniĂšre dure lorsqu’au dĂ©but d’un mot, Ă  la maniĂšre de hat. Avant un t et Ă  la fin d’une syllabe, il se prononce comme le « ch » de l’anglais loch ou de l’allemand ich ; par exemple, niht a naturellement Ă©voluĂ© vers night.
  • Le ÄĄÄĄ et le cg se prononcent comme « dge », comme dans l’anglais wedge.
  • Le á”č (G insulaire) se place avant a, o, et u, et possĂšde un son guttural, comme en français un r avant un i, e, ou y. Il sonne comme un y en en anglais moderne.
  • Le r est toujours roulĂ©, Ă  la maniĂšre Ă©cossaise.
  • Le sċ et le sc donnent tous les deux un « sh » comme dans shoe.
  • Le f se prononce comme le v dans very (comme cela se retrouve de nos jours en gallois).
  • Le ĂŠ se prononce comme le a de man ;
  • le ā comme dans aah ;
  • le a est court, comme dans barn.
  • Le ē se prononce comme le ay de bay ;
  • le e comme le e de bed ;
  • le Ä« comme le double « e » dans creek ;
  • le i comme dans bin ;
  • le ƍ comme le « o » dans l’écossais och ;
  • le o comme dans cot ;
  • le Ć« comme le double « o » dans moo ;
  • le u comme le « ou » dans Doug ;
  • le Èł comme un « u » dans le pronom français « tu » ;
  • le y comme le prĂ©cĂ©dent, en plus court.

Le mercien utilise aussi le eth (Ð et Ă°) et le thorn (Þ et ĂŸ), tous deux donnant le « th » anglais, comme dans thin.

Grammaire

La grammaire du mercien conserve la structure d’autres langues germaniques occidentales, Ă©tant par consĂ©quent trĂšs dense et assez complexe.

Noms et articles

Les noms ont trois genres : masculin, fĂ©minin et neutre, chacun avec une forme singulier et une forme pluriel, et quatre cas : le nominatif, l’accusatif, le datif et le gĂ©nitif. Ils peuvent Ă©galement ĂȘtre forts ou faibles.

  • Le nom fort masculin stān (« pierre »)
    • nominatif (singulier, pluriel) : stān, stānes
    • accusatif : stān, stānes
    • datif : stāne, stānen
    • gĂ©nitif : stānes, stāne
  • Le nom faible masculin name (« nom »)
    • nominatif : name, namen
    • accusatif : namen/name, namen
    • datif : namen/name, namen
    • gĂ©nitif : namen/name. namene/namen

Les articles dĂ©finis changent en fonction du genre au singulier, selon des variations autour de Ă°e ; au pluriel, le mĂȘme mot est utilisĂ©. L’article indĂ©fini est le plus souvent omis.

Pronoms

Les pronoms possessifs existent dans chacun des cas et nombres cités, de trois types : référent à une personne, à deux ou à plusieurs.

Les pronoms dĂ©monstratifs varie comme l’article dĂ©fini, sur la base de Ă°es (devenu this).

Les pronoms relatifs sont généralement ðe et ðet.

Adjectifs

Les adjectifs sont toujours dĂ©clinĂ©s, mĂȘme avec les verbes (ils peuvent se comporter comme des adverbes). Leurs dĂ©clinaisons ont une forme faible et une forte, qui suit le nom auquel ils se rattachent, et Ă©galement quatre formes suivant le cas, Ă  la fois pour le singulier et le pluriel.

Les superlatifs se font par l’ajout du suffixe re. Par exemple, « Æðelen » (« noble ») et « ĂŠĂ°elenre » (« plus noble »).

Verbes

Les verbes se conjuguent d’un infinitif Ă  un temps prĂ©sent, un passĂ© singulier, un passĂ© pluriel, et un participe passĂ©. Il existe des verbes forts et faibles, qui se conjuguent diffĂ©remment.

Le futur se fait par le verbe auxiliaire wyllen (que l’on retrouve dans l’anglais moderne will).

Il y a trois modes : l’indicatif, le subjonctif et l’impĂ©ratif. Comme de nombreuses langues flexionnelles, le mercien possĂšde quelques verbes irrĂ©guliers (« bēon signifie « ĂȘtre », habben signifie « avoir »).

Pour une comprĂ©hension simple, il faut connaĂźtre les quatre temps principaux de chaque verbe fort ; les verbes faibles sont plus simples et moins nombreux, et forment leurs participe passĂ© par l’ajout du suffixe ed (ce qui se retrouve en anglais).

Compléments

Le martyrologe vieil-anglais, duquel 238 entrĂ©es hagiographiques nous sont parvenus, a probablement Ă©tĂ© compilĂ© dans la seconde moitiĂ© du IXe siĂšcle en Mercie, ou en tout cas par quelqu’un maĂźtrisant le mercien.

Le philologue et Ă©crivain J. R. R. Tolkien a Ă©tudiĂ© le mercien, et l’a utilisĂ© dans son « lĂ©gendaire », particuliĂšrement en relation avec le royaume du Rohan. Le vocabulaire mercien a ainsi Ă©tĂ© rĂ©utilisĂ©[3], mais en plus une partie des rois du Rohan possĂšdent les mĂȘmes noms que les monarques merciens, par exemple FrĂ©awine, FrĂ©alĂĄf ou Éomer[4] (voir la liste des rois des Angles (en)).

Références

Notes

  1. Les deux autres dialectes du vieil anglais sont le kentien et le saxon occidental, ce dernier Ă©tant le principal.
  2. En Northumbrie, le dialecte parlé était le northumbrien.
  3. Voir par exemple (en) J. R. R. Tolkien, The Lord of the Rings, Houghton-Mifflin, (ISBN 978-0-618-64561-9), p. 1133–1138.
  4. Shippey (note p. 140) remarque que J. R. R. Tolkien utilise les formes merciennes des noms anglo-saxons, par exemple Saruman, Hasufel, Herugrim, plutĂŽt que les formes standards Searuman, Heasufel et Heorugrim.

Voir aussi

Liens internes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.