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Mayennais

Le mayennais, patois mayennais ou encore bas-mainiot est une langue d'oïl, parlée dans le département de la Mayenne en France.

Mayennais
Mayennais
Pays France
RĂ©gion Mayenne
Typologie SVO
Classification par famille
Échantillon
Dialogue de trois vignerons du païs du Maine sur les misères de ce temps, par J. Sousnor, Sieur de la Nichilière, 1724 :

J'en vay ben de pus riches que may, mais il ont oussi pus d'affaires que may et qu'i ne voudraint. Je prise pus ma patience que lous bens. Mes procez ne m'empĂŞchant point de dormir toute la neut en mon paeuvre petit cheutrin.
Carte
Image illustrative de l’article Mayennais
Le mayennais parmi les langues régionales de France.

Histoire

Comme toutes les langues d'oïl, le mayennais procède du gallo-roman issu essentiellement du latin populaire, introduit en Gaule après la conquête romaine. Il a peu à peu supplanté la langue gauloise qui est une langue celtique.

Sur le plan national, le mayennais appartient au domaine du Grand Ouest, qui se caractérise par un groupe de langues qui comprend aussi le normand méridional, l'angevin, le gallo et le poitevin[1].

On distinguait cependant à l'intérieur du mayennais plusieurs parlers différents dans la province du Maine : le bas-mainiot (actuel mayennais) à l'est dans le bas-Maine, le haut-mainiot (actuel sarthois) dans le haut-Maine, tout au nord du Mans. Une autre langue, légèrement influencée par la langue angevine se parlait au sud de la province. Ils ont évolué différemment mais restant très proches et compréhensibles par leurs locuteurs. La diffusion du français a bénéficié de l'unité territoriale, et le mayennais comme langue parlée est devenu un patois pratiqué par les populations rurales jusqu'au XXe siècle.

Répartition géographique

Le mayennais est traditionnellement parlé dans le département de la Mayenne, mais également dans l’extrême sud de l'Orne, où il se confond avec le normand méridional, dans l’extrême est de la Bretagne, où il se confond avec le gallo, et dans l'ouest de la Sarthe, où il se confond avec le sarthois.

Linguistique

La graphie et la grammaire du mayennais ne sont pas codifiées. C'est une langue essentiellement rurale, populaire et vivante.

Le mayennais est un « français local » (selon André Martinet). Il reste encore compris mais n'est plus que très rarement parlé au XXIe siècle. Certaines études se consacrent à ce patois.

Généralités

Ses caractères principaux sont communs à certains des parlers du Grand Ouest:

  • Le son /o/ (souvent Ă©crit « o », « au » ou « Ă´ » en français) est prononcĂ© fortement et devient /aø/ Ă©crit « aeu ». Ainsi, tĂ´t devient taeĂ»t, Ă´ter devient aeĂ»ter, nĂ´tre et vĂ´tre deviennent naeĂ»tre et vaeĂ»tre (mais notre et votre adjectifs se disent noĂ»tre et voĂ»tre), pauvre devient paeuvre, pot devient paeut, etc.
  • Le son français « oi » est souvent remplacĂ© par « ai » (position accentuĂ©e) ou « Ă© » (position non accentuĂ©e), car, comme les autres variĂ©tĂ©s d’oĂŻl de l’ouest, le mayennais a conservĂ© l’ancien son « ei » de l’ancien français avant qu’il Ă©volue en « oi » dans les dialectes de l’est au XIIIe siècle (Ă  partir de la Bourgogne et de la Champagne surtout). Par exemple, le latin stella (« Ă©toile ») avait donnĂ© esteile en ancien français qui devint estoile, puis Ă©toile en français moderne (prononcĂ© èstèle ou èstèïle jusqu'au XIe siècle, èsteuĂŻle au XIIe siècle, èstoĂŻle au XIIIe siècle, puis èstoèle ou Ă©toèle au XVe siècle, Ă©touèle jusqu'au XVIIIe siècle oĂą « ouè » s'ouvrit en « ouâ », donnant la prononciation de « oi » actuelle en français moderne : Ă©touâle), mais le mayennais dit toujours Ă©taile (prononcĂ© Ă©tèle ou Ă©tæïle). Cependant, un grand nombre de verbes du troisième groupe qui se terminent en français en -oir peuvent finir en mayennais en -ouèr, par influence des parlers de l’orlĂ©anais voisins. Ainsi, boire se dit baire, quelquefois se dit quieauquefais, voisin se dit vĂ©sin, voiture devient vĂ©teĂĽre (ou vĂ©ture, ou vĂ©teure), mais savoir devient sçavouèr (ou sçavair), vouloir est voulouèr ou voulair (pouvoir en revanche se dit partout pouair), etc.
  • Les consonnes finales, comme en français, ne sont pas prononcĂ©es, mais en mayennais ce phĂ©nomène est encore plus Ă©tendu. Ainsi on Ă©crit il mange comme en français mais on prononce i manj, parce que l'l final de « il » n'est pas prononcĂ©. Par exemple, les verbes du deuxième groupe sont en -ir comme en français, mais on prononce -i parce que l'r final est muet (finir se dit fini mais s'Ă©crit comme en français).
  • De mĂŞme, les mots finissant en français par -eur finissent rĂ©gulièrement en mayennais par -oux (prononcĂ© -ou), l'r final ne se prononçant plus. BĂŞcheur se ainsi dit bèchou qu'on Ă©crit baĂ®choux (plus rarement baĂ®chou, baichour, baĂ®chous, etc.). L'orthographe -oux permet de raccorder ces substantifs qui en français sont en -eur Ă  leur fĂ©minin qui est en -ouse (français -euse dans la plupart des cas), ainsi qu'aux adjectifs en -oux (qui correspondent aux adjectifs français en -eux) dont le fĂ©minin est Ă©galement en -ouse (et en français Ă©galement en -euse). Ainsi, achaloux veut dire « ennuyeur » quand il est utilisĂ© comme nom et « ennuyeux » quand il est utilisĂ© comme adjectif (achaler signifie « ennuyer »).
  • oign- (prononcĂ© « ogn » comme dans oignon) et ogn- se prononcent ongn-. Ainsi, ongnon pour oignon.
  • -ail, Ă  la fin d’un mot, se dit invariablement -al : portal pour portail ; traval pour travail. Par confusion, beaucoup de substantifs en -ail, prennent comme ceux en -al, des pluriels terminĂ©s en -aux.
  • ui du français (et Ă  l’occasion Ă©, è ou i) est rĂ©duit Ă  un seul son eu. Ainsi nuit de dit neut.
  • eu du français Ă©volue parfois en u /y/ (Ugène correspond Ă  Eugène), mais dans de nombreux cas on trouve ou Ă  la place, car lĂ  encore le mayennais a conservĂ© l’ancienne prononciation « ou » de l’ancien français avant qu’elle n’évolue en eu au XIVe siècle dans les parlers de la Loire, du bassin parisien et de la Picardie. LĂ  encore, ce phĂ©nomène n'a pas touchĂ© les parlers de l’ouest (mayennais, angevin, gallo, normand). Ainsi, on dit mangeoux et chantoux (fĂ©m. mangeouse et chantouse) pour mangeur et chanteur (fem. mangeuse et chanteuse), houre pour heure, goule pour gueule, fiour pour fleur, coue pour queue (d’oĂą le français couette, « petite queue »), noud pour nĹ“ud, etc.
  • ien du français se prononce in (rĂ©gulièrement Ă©crit en, in) : chin correspond Ă  chien, ben (prononcĂ© bin) Ă  bien, il vint Ă  il vient (mais le passĂ© simple il vint du français se dit il venit en mayennais), etc.
  • Il existe une diphtongue notĂ©e au utilisĂ©e Ă  la place de al et au en français : un jevau / chevau « un cheval Â»
  • Les groupes cl, gl, bl, pl, fl deviennent qui, gi, bi, pi, fi : pien (plein), bianc (blanc), pianche (planche), fiour (fleur), Ă©guyise (Ă©glise), Ă©quiĂ©siastique (ecclĂ©siastique), etc.
  • Les pronoms personnels je et on sont employĂ©s Ă  la place de nous : je mangeons (nous mangeons), je vourrions (nous voudrions), j’avions (nous avions), etc.
  • La 3e personne du pluriel de l'indicatif prĂ©sent se termine en -ant et en -aint Ă  l'imparfait (il mangeant, il mangeaint), ce phĂ©nomène touche aussi le passĂ© simple et le conditionnel : il diant ou il disant (prĂ©sent), il dirant (passĂ© simple) pour ils disent et ils dirent ; il disaint et il diraint pour ils disaient et ils diraient ; ou encore il sortant de lĂ  Ă  matin pour ils sortent d'ici ce matin
  • Au passĂ© simple, les terminaisons en is, it sont courantes pour tous les verbes du premier groupe et d’une grande partie de ceux du troisième. (je mangis, tu mangis, il mangit, je mangĂ®mes, vous mangĂ®tes, il mangirant)
  • Le subjonctif est terminĂ© par -ge pour les verbes du troisième groupe : que je saige « que je sois Â», que je vinge « que je vienne Â», que je prenge « que je prenne Â», que j'auge « que j'aille », que je vaige « que je voie Â» etc.
  • Les x graphiques du pluriel sont prononcĂ©s [s], les cosiaux (cosiaws) « les sauts Â»
  • Le son 'r n'est pas prononcĂ© dans bon nombre de situations : par exemple: la « douaitte » pour la droite, « ĂŞte maig » pour ĂŞtre maigre.
  • Dans le nord du dĂ©partement, les mots finissant en -er, -Ă©, -ai se prononcent -eu. Exemple : Vin' don' mangeu' ! ( Viens donc manger ! )

Consonantisme

Les consonnes du mayennais sont proches ou analogues à celle du français.

Vocalisme

  • Traitement du [e] long et du [i] bref latin analogue Ă  ce qu'on observe dans une grande partie de l'ouest
Exemples
ouestfrançais
mai, tai, sai moi, toi, soi
fai, drait, véteüre foi, droit, voiture
nair, pesson, vésin noir, poisson, voisin
  • Traitement du [o] long et du [u] bref latin
Exemples
bas latinouestfrançais
coda coue (cf. couard) queue
nodu noud nœud
gula goule (cf. goulot, goulet) gueule

De même que les produits du suffixe latin -ore(m) et -osu(s) n'ont pas évolué respectivement en -eur (pêcheur, menteur, prieur, etc.) et -eux (généreux, pierreux, etc.), mais en -oux (pêchoux, mentoux, prioux, etc.) et -oux (généroux, p(i)erroux, etc.), d'où le suffixe adjectival anglais -ous qui est issu du normand occidental.

Lexique comparatif

Le mayennais est très proche du français et lire un texte en mayennais n'est pas compliqué pour un francophone. Cependant, le mayennais, comme les parlers d'oïl de l'ouest en général, sont assez archaïques dans leurs vocabulaires, c'est-à-dire qu'ils ont conservé certains mots ou certaines formes que le français moderne ne connaît plus ou peu mais qui étaient courants en ancien ou moyen français. Sur un plan phonétique, les parlers d'oïl de l'ouest, mayennais y compris, comportent aussi quelques évolutions différentes du français, parfois plus proches de l'ancien français. Si, en lisant un texte en mayennais, beaucoup de mots seront identiques au français, d'autres seront différents voire inconnus. Petit aperçu :

MayennaisFrançaisAncien françaisBas latin
fiourfleurflor, flour, fleurflore(m)
adementiers tandis que (cf. italien mentre, « pendant Â») adementiers, a dementre, a dementieres *ad dum-interim
ademeshui désormais, dorénavant a de mes huy *ad de magis hodie
ains-jandéjàainz ja*antes etiam ("déjà avant")
ainhinainsiainsins, ensi, ainsi*in sic (inde)
taeûttôttost*tostu(m)
formentfortementforment, fortment*forti(s) mente
cieuxceuxcieus, ceus*ecce illos
ot, d'otavecod, otapud
quièrecarquer, quare, quere, quierequare
doududel, deu, dou, dau, du*de illu(m)
vairvoirveeir, veoirvidere
t(e)rouertrouvertrover, truver, truiretropare
cheuxchezchiesecasa
ben bien ben, bien bene
mau mal mau, mal male
meillour meilleur meillor, meillour, meilleur meliore(m)
pusplus, davantageplus, pusplus
sçavair / sçavouèrsavoirsavoir (mais moyen français sçavoir)sapere
louxleur, leurslor, lour, leur(il)loru(m)
jes'utilise pour je et nousnosego, nos
ilutilisé pour il et ils(3e pers. pluriel) ililli
roèderaideroit (fém. roide)rigidu(m)
quaiquoiquei, quoiquid
quieau, quelle, quieaux, quellesquel, quelle, quels, quellesqueu(s) / quieu(s), quele, queus / quieus, quelesqualis
quieauquequelquequeuque, quieuque, quelque*qualis quam
tieau, telle, tieaux, tellestel, telle, tels, tellesteu(s), tele, teus, telestalis
trétoustous (pronom)trestoz / trestouz*trans totos
noûtre, voûtrenotre, votrenostre / noustre, vostre / voustrenoster, vester / *voster
le naeûtre, le vaeûtrele nôtre, le vôtrele nostre / le noustre, le vostre / le voustre*illu(m) nostru(m), *illu(m) vestru(m) / *illu(m) vostru(m)
rainrienrien(s), ren*rem
pien (fém. pienne)plein (fém. pleine)plen (fém. plene) / plein (fém. pleine)plenu(m), plena
bianc (fém. bianche)blanc (fém. blanche)blanc (fém. blanche / blanke)*blancu(m), blanca (d'origine germanique)
paeuvre pauvre povre pauperu(m)
un heusune porte (un huis)un uis / une porte*unu(m) ostiu(m) / una porta
la neutle nuitla noit, la nectilla(m) nocte(m)
l'hourel'heurel'oure, l'eureilla hora
la goule la gueule, la figure, le visage la gueule, la goule, la gouille, la goille illa gola
la men la main la man, la main, la men, la mein illu(m) manu(m)
le pen le pain le pain, le pan, le pen illu(m) pane(m)
finer (je finons, vous finez)finir (nous finissons, vous finissez)finer / fenir (nos finons, vos finez)finire (nos finimus / *finiscemus, vos finitis / *finiscetis)
voulair / voulouèr (je vieus, tu vieus, il vieut)vouloir (je veux, tu veux, il veut)voloir (je vueil, tu vueus, il vueut)velle / *volere (volo / *voleo, vis / *voles, vult)
connoêtre / quenoêtre connaître conoistre cognoscere
gaignergagnergaaignier*wadaniare (du francique)
oĂŻr / ouĂŻr entendre, ouĂŻr oĂŻr audire
ahaner travailler dur ahan (nom) *ahaner *afanno (sûrement d'origine celtique)

Lexique mayennais

  • boner : faire le dĂ©compte, pendant un jeu de cache-cache par exemple
  • Dame ! : interjection exclamative (approbation, constatation)
  • pigner : pleurnicher. Se dit ailleurs, français populaire
  • goule : figure, gueule. Se dit ailleurs, dialectes de l'ouest
  • l'Ă©chaye : l'Ă©chalier
  • claver la porte / clencher la porte : verrouiller la porte (mot de mĂŞme famille que clef, claveau, clavier)
  • mett' le crouillet : mettre le verrou
  • les Ĺ“ufs couis : abandonnĂ©s, pourris
  • le marcau rouaude : le chat fait entendre des cris rauques lorsque les chattes sont en chaleur. Variante de marcou « chat mâle Â» ailleurs
  • Ă©vailler : Ă©tendre
  • le rouzille' : le noisetier
  • des rouzilles : des noisettes
  • les mett' en beulots : les mettre en tas
  • s'engouer / s'engouiller : avaler de travers
  • l’piston : le pĂ©nis
  • un diab' : boisson moitiĂ© cafĂ©, moitiĂ© eau-de-vie. Existe ailleurs
  • l'ergent il li brĂ»le les daigts : il dĂ©pense sans compter
  • rouzine' : lambiner
  • habille' ses vesins : dit du mal de ses voisins
  • heula ! ou heulo ! : interjection très frĂ©quente, reprĂ©sente la surprise. Existe ailleurs dans l'ouest.
  • j'me dĂ©chausse point : je ne prends pas de gants
  • Ă€ la r'voyure : au revoir! Existe dans plusieurs dialectes de l'ouest
  • porte-ta’ bin, t’as l’bonjou per cheux ta’ !: porte toi bien, passe le bonjour par chez toi !
  • auto butante : Auto tamponneuse
  • beurouette : une brouette
  • baragouiner: raconter des bĂŞtises. Français populaire
  • les guernouilles: les grenouilles. Existe dans plusieurs dialectes
  • cauoser: causer
  • une houbille : un fantĂ´me
  • iauser : surprendre (ça nous iause !)
  • amène don' ton kesio : amène ton verre
  • grand srin : grande tige, gars de grande taille. Se dit ailleurs
  • qu'c'est-y donc que v'lĂ  : tiens, qui vient lĂ  ?
  • un quenio : un enfant, un petit
  • le bouliau : le boulot, le travail
  • rabouiner : repriser grossièrement un travail mal imparfait
  • t’es ben bouinĂ© : Te voilĂ  bien attrapĂ© !
  • Eh bĂ© : eh bien!
  • Nom d'nom d'cent mille d'chartĂ© d'fin !' : un juron
  • Nom d'nom d'cent mille d'chartĂ© d'pommes cuites !' : un autre juron
  • la chaire : la chaise. Forme rĂ©gulière d'oĂŻl correspondant au parisien chaise, forme altĂ©rĂ©e
  • Ça va oursĂ© : charbonner
  • beurdereau, la niche su' l'chien: c'est fichu
  • la beurrĂ©e : le beurre ou une tartine de beurre
  • gueurmi : courbatu
  • cĂ´bi : sur la voie de la pourriture (Ă  propos des fruits)
  • un beudot : un nigaud
  • tout bâmi : tout fanĂ©
  • La cueillère : la cuillère. Commun au dialecte de l'ouest
  • Le coutieau : le couteau
  • Nom d’Diou! / Nom di Diou : Nom de Dieu ! Commun au dialecte de l'ouest
  • C'est balot : c'est dommage. Existe ailleurs
  • Amène don ta charette! : amène ta voiture !
  • La mĂ© : la mère. Existe ailleurs
  • Le pè : le père. Existe ailleurs
  • les godiots : les chaussures
  • j'va t flanquer un' roussĂ© (ou) un coup de pom'dan'l'cul : je vais te mette une bonne volĂ©e
  • j'm'Ă©gueurzille : je hausse le ton
  • un gueurzillon : un oisillon
  • un coak, une conille : un corbeau
  • une couĂ« : un corbeau
  • le co : le coq. Existe ailleurs
  • la chartĂ©e : le contenu de la charte (charrette) une chartĂ©e de paille, une chartĂ©e de sable
  • le daigt ou le dagt : le doigt. Dialectes de l'ouest
  • les peutons : les pieds. Français populaire
  • Les batouĂ©s : les mains
  • Le paisson / pesson : le poisson
  • oĂŻr / ouĂŻr : entendre
  • j’ai oĂŻ di’ : j’ai entendu dire
  • il cheut de l'ieau : il tombe de l'eau
  • cusser : gĂ©mir, geindre, pigner
  • un mic (l'orthographe n'est pas sĂ»re) : un cafĂ© Ă  la chicorĂ©e ; un vra mic : un cafĂ© avec eau-de-vie
  • poper ou bober d’la goule : (Ă©quivalent manchot bleuner) : flâner
  • la pillette : machine Ă  faire le cidre
  • faire marienne : faire la sieste
  • s’entregreuiller : se rassembler, se blottir
  • gueurbillone : faire son fier, pavaner
  • amarre : rassembler
  • un serre-soui : un ramasse poussière
  • des rouchets : des os
  • roucher : manger la viande sur les os
  • une aoudi' : une personne mal habillĂ©e
  • une dâbĂ©e : une averse
  • une r'niopĂ© ou une fiopĂ© : une averse
  • gergeu' : la neige qui a commencĂ© Ă  fondre mais a gelĂ© Ă  nouveau pendant la nuit
  • un guibet : une sorte de moustique... sur le pare brise
  • beucher : Ă  l'origine le mot signifie : bĂŞcher
  • dĂ©barbeuiller la hâe : tailler une haie
  • une chinchenĂ©e ou une pichnette : une petite quantitĂ©
  • un teugo : une tasse, un petit rĂ©cipient
  • ĂŞt’ benèse / ben aise : ĂŞtre content
  • un bizeux : une pierre de champ
  • crucher : monter
  • le pajot : le lit
  • le temps s'abeurnaudit' ': le temps se couvre. Commun ailleurs
  • repeucer : rapiècer
  • il est empafĂ© li : il dort Ă  moitiĂ©
  • bouiner : faire un petit travail. Commun dans l'ouest avec diffĂ©rentes acceptions
  • I’ n’crie ni n'ceurve, i' n'est po’ ben baisant : se dit d'un animal fĂ©brile qui ne crie pas (donc n'est pas en forme) ni ne crève, n'est pas mourant, donc encore assez vif pour se laisser vivre
  • Un serre-soui : un balai avec une pelle
  • Du soui : du bazar, des saletĂ©s, vulgairement le bordel
  • tantaeĂ»t (tantĂ´t) : se dit très souvent de l'après midi Ă  venir, ou bien d'un moment passĂ© rĂ©cent
  • barrer l'auto : condamner la voiture / la fermer Ă  clef
  • quiaver la charte: fermer la voiture Ă  clĂ©
  • pain de carabin : pain de sarrasin
  • benner : renverser
  • s'ecouister: gueuler, veut français pour Ă©couter
  • gricher : faire la grimace Ă  cause du soleil
  • poignasser : tripoter/toucher (une chose)
  • chouiner / un chouinard : pleurnicher / un pleurnichard
  • se faire sacter : se faire remonter les bretelles
  • un moment d'temps : relatif Ă  un Ă©vènement passĂ©
  • un lutueu : un homme lourd et maladroit
  • beuille : ventre rempli
  • beuillu : qui a un gros ventre, ventru
  • il Ă©-t-y-quitte ? : a-t-il fini ? A-t-il terminĂ© ?
  • des bouettons: des sabots
  • une heune: un pantalon
  • anuit : aujourd'hui (se dit pour le jour mĂŞme ou pour l'Ă©poque dans laquelle on vit). Commun ailleurs
  • Ă  matin : ce matin
  • 'core : Encore. Commun ailleurs (aphĂ©rèse)
  • avoir seu / avoir sâ : avoir soif. Variantes diverses dans les diffĂ©rents patois français
  • la terouelle : la cuillère
  • les mimines : les mains. Français populaire
  • beurdasser : bavarder (s'utilise quand il s'agit de commĂ©rages)
  • eun' beurdasse : une femme bavarde / une commère

Exemples d'énoncés en mayennais

  • « Que la paix du Seigneur soit toujours avec nous aut', et avec ton esprit que j'illi dit en y'allongeant deux va t'laver su' l'coin d'la goule ! ReunĂ© tait beurzillĂ© saoul et je m'trouvis aperçu qu'i s'prenait pour le pape. »
  • « Les gâs sont bien au chaud. Les autres mariolles vont faire les rabateux sous la piĂ©e et le vent. Le temps s'embernodit : cette raissiĂ©e, les femmes vont faire la buĂ©e. »
  • « Rapi-tĂ© ben cont'eur le meur, de pou qu'la roue d'la charte Ă© n'fasse coti du pĂ©touĂ© cont'eur tes hardes. » : aplatis-toi bien contre le mur, de peur que la roue de la charrette ne fasse jaillir de la boue contre tes vĂŞtements.
  • « Rapi-tĂ© ben amont la ha pour que l'iau n'cotise point amont tes heunes. » : Range-toi bien contre la haie pour que l'eau ne salisse pas tes vĂŞtements.
  • La mort du cochon : « L’matin conv’nu, i sont lĂ  tertous. L’saigneu’ a apporte’ ses scies, ses coutiaux, tout son fourbi. On cass’ eun’ croĂ»t’ et on bĂŞ un permie’ p’tit jus bin arrouse’, les bon’hommes i s’dirigeant vers la subite oĂą l’gorin roupille comme un sonneu’! S’ment pas trop rĂ©veille’, l’quiĂ©quiĂ© grognassant Ă© tire’, pousse’, culbute’ su’ eun’ bonn’ fourchĂ©e d’paille fraĂ®che. Ah ! c’é pas long ! L’bouche’ d’occasion a enfonce’ son coutiau. L’pourciau oince tant qu’i peut, il a beau sacte’ des pattes, les gars i t’nant bon. La mĂ©nagère r’ce’ l’sang qui pisse dans la cuvette ; lè, Ă© pens’au boudin. Ă€ c’t’heure, l’gorin, i crie pus. I bouge cĂ´r’eun p’tit què d’eu’ patte. Ca c’é bin expĂ©die’et proprement. Pendant qu’i finit d’passe’, on va Ă  la minson prend’eun’ p’tit douce avec eun’ bonn’ pichtĂ©e d’rude ; ça r’mont’ le moral. »
  • « Ça veurde a c’t’heure, j'tin tout gueurouĂ«. » : Il y a du vent, j'ai froid.
  • Pâques hao ou bas, y'a des p'tits miels dans la ha: Que Pâques soit tĂ´t ou tard, il y a des petits merles dans les haies

Expressions

  • I'bis'rait eun'bique enter'les cornes. : il a le visage maigre
  • E'dĂ©culottrait eune pape sur la piace de l'Ă©glise. : elle ne respecte rien ni personne.
  • El'Ă© comme la Vierge des Rogations, Ă© n'a ni panse ni tĂ©tons ! El'Ă© comme les biques, elle a la grèsee en d'dans ! : c'est une fausse maigre.
  • I'n'y a d'si vilain pot qui n'trouve son couverque'! : chacun peut trouver un ami.
  • S'enfier pour eun rin ! : se mettre en colère pour rien.
  • I s'Ă©coute pour cause'. I's'parluiseI's'dit'vous ! : il s'Ă©coute parler.
  • Van diou, la Mârrie, accot'a don Ă  la hâ ! : Bon sang, la Marie, appuie-toi donc contre la haie.
  • C'Ă© du suc' Ă  pren're, d's'Ă©pines Ă  ren're. : plaisir de la conception, douleur de l'accouchement.
  • Et'franc comme eun âne qui r'cule. : ĂŞtre un faux jeton.
  • Aller l'yab' Ă  la d'vallĂ©e. : aller très vite.
  • Faut point en dĂ©roule'pus long qu'on a d'ficelle. : il ne faut pas prĂ©sumer de ses forces.
  • Avèr des bruch'ments de beuyaux. : avoir mal au ventre.
  • J'va hucher su'la mère.ou j'vas crucher su'la mĂ© : je vais faire une partie de jambe en l'air.
  • Pu' qu'le bouc i' pu, pu' qu'la bique elle l'aime. : Les femmes sont attirĂ©es par les hommes virils.
  • Ă©t enfier com' un pot d'cit ou Ă©t enfier com' un srin - ĂŞtre maigre
  • I'l'sec com' un cou d'trick" - il est maigre.
  • I' n'verrait po eun' vach dans un couloieu li Il n'y voit pas plus loin que le bout de son nez
  • Il est sourd comme un pot li! Il n'entend rien
  • Bah! Dit moi le j'vo teul' dire hein! Je n'en sais pas plus que toi / Je ne peux t'en dire plus
  • Piquer des pois / des choux : s'endormir Ă  table
  • Le gars « machin » / la fille « machine » : façon usuelle pour dĂ©nommer une personne
  • I' dirant : Ils disent
  • Ă€ c't'heure : maintenant, actuellement
  • Van djiou, Vin djiou : pour « nom de Dieu ! »

Textes en mayennais

  • Annales et chroniques du paĂ®s de Laval et parties circonvoisines, depuis 1440 Ă  1537 par Guillaume Le Doyen
  • Dialogue de trois vignerons du pays du Maine sur les misères de ce temps par Jean Sousnor
  • La veillĂ©e du pommĂ©. Letellier.
  • Histoires et lĂ©gendes des CoĂ«vrons, 1883. Armand Dägnet.
  • Nos vieilles chansons du Bas-Maine. Lescane, 1979.
  • Contes et nouvelles en patois Mayennais. Cercle Jules Ferry.

Bibliographie

  • Étude sur les dialectes et les patois, spĂ©cialement le patois du Maine de Henri Chardon. 1868.
  • Le patois manceau tel qu'il se parle entre Le Mans et Laval. Armand Dägnet. 1891.
  • Glossaire des parlers du Bas-Maine (dĂ©partement de la Mayenne) de Georges Dottin. Welter, 1899.
  • Parlers et traditions du Bas-Maine et du Haut-Anjou. Le Patois Mayennais. Cercle Jules Ferry. 1981, 8e Ă©dition en 2004. Nombreux dessins en noir de Pierre Bouvet. Vocabulaire classĂ© selon plusieurs sections thĂ©matiques : La Ferme (bâtiments, ameublement, animaux, etc.). Les Travaux (labours, semailles, lessive, mort du cochon, etc.). QualitĂ©s et dĂ©fauts (sobriĂ©tĂ©, Ă©conomie, bavardage, orgueil, etc). La Vie au village (Ă©glise, mairie, Ă©cole, artisans). Les Traditions (fĂŞtes religieuses, foires, jeux et chansons). RĂ©cits en patois. Avec une Ă©tude sur la formation du dĂ©partement de la Mayenne, des remarques grammaticales et des notions de prononciation.
  • Atlas linguistique et ethnographique de la Bretagne romane, de l'Anjou et du Maine. Tome 1 (1975), tome 2 (1983). Par Gabriel Guillaume et Jean-Paul Chauveau. Éditions du CNRS.
  • Qu’est-ce que parler ? Langue et sociĂ©tĂ© en Sarthe et en Mayenne, Paris : SELAF, 1984. de Frank Alvarez-Pereyre.
  • Lexique du patois vivant. Le Patois Mayennais. Cercle Jules Ferry. 1987.
  • Grammaire patoise de la rĂ©gion de VitrĂ© (Ille-et-Vilaine) et du Craonnais (Mayenne) de Louis Julliot
  • L'Ă©crivain Jean-Loup Trassard, de Saint-Hilaire du Maine, ponctue frĂ©quemment ses rĂ©cits de mots ou d'expressions empruntĂ©s au parler local.

Notes et références

  1. René Lepelley, La normandie dialectale, Presses universitaires de Caen, Caen, 1999, p. 46.

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