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Massacre de Barrios Altos

Le massacre de Barrios Altos a eu lieu le , dans le quartier de Barrios Altos (es) Ă  Lima au PĂ©rou. Quinze personnes, dont un enfant ĂągĂ© de huit ans, ont Ă©tĂ© tuĂ©es, et quatre autres blessĂ©s, par des assaillants qui ont par la suite Ă©tĂ© identifiĂ©s comme les membres de Groupe Colina (en), un escadron de la mort composĂ© de membres des Forces armĂ©es pĂ©ruviennes. Les victimes Ă©taient en pleine fĂȘte et ils auraient Ă©tĂ© confondus avec des rebelles du Sentier lumineux.

Maison situĂ©e Ă  JirĂłn Huanta NÂș 840, oĂč a eu lieu le massacre de Barrios Altos.

Le massacre est considĂ©rĂ© comme un symbole des violations des droits humains commises pendant la prĂ©sidence d’Alberto Fujimori et a Ă©tĂ© l'un des crimes pour lesquels Fujimori a Ă©tĂ© extradĂ© du Chili au PĂ©rou le . Sa responsabilitĂ© dans le massacre avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© citĂ©e dans la demande d'extradition prĂ©sentĂ©e par le gouvernement du PĂ©rou au Japon en 2003[1].

Circonstances du massacre

Le soir du 3 novembre, un barbecue de quartier Ă©tait organisĂ© au 840 JirĂłn Huanta pour recueillir des fonds pour rĂ©parer un bĂątiment. À environ 23 h 30, six individus lourdement armĂ©s ont fait irruption dans le bĂątiment. Ils sont arrivĂ©s dans deux vĂ©hicules, une Jeep Cherokee et une Mitsubishi. Ces voitures avaient des lumiĂšres et des sirĂšnes de police, qui ont Ă©tĂ© coupĂ©es quand ils ont atteint le lieu.

Les assaillants, de 25 à 30 ans, ont couvert leur visage avec des masques et des cagoules et ont ordonné aux victimes de s'allonger sur le sol. Ils ont tiré à l'aveuglette pendant environ deux minutes, tuant 15 d'entre eux, dont un garçon de huit ans, et blessant griÚvement quatre autres. Un des blessés a été handicapé à vie. Ensuite, les assaillants ont fui dans leurs véhicules, faisant sonner leurs sirÚnes une fois de plus.

La police a trouvĂ©, au cours de son enquĂȘte, 111 cartouches et 33 balles de mĂȘme calibre Ă  la scĂšne, ils ont dĂ©terminĂ© que les assaillants avaient utilisĂ© des mitrailleuses Ă©quipĂ©es de silencieux.

EnquĂȘte

Par la suite, des enquĂȘtes judiciaires et des articles de journaux ont rĂ©vĂ©lĂ© que les acteurs du massacre travaillaient pour les services de renseignement militaire, qu’il s’agissait de membres du Grupo Colina, un groupe connu pour la rĂ©alisation de son propre programme de lutte contre le terrorisme. Il est apparu plus tard que les assaillants ont confondu la fĂȘte avec une rĂ©union des rebelles du Sentier lumineux, qui a effectivement eu lieu au deuxiĂšme Ă©tage de l'immeuble ce mĂȘme soir.

Plusieurs semaines plus tard, le CongrĂšs du PĂ©rou a convoquĂ© un comitĂ© d'enquĂȘte pour se pencher sur le massacre. En dĂ©cembre, le ComitĂ© a procĂ©dĂ© Ă  une inspection de l'immeuble oĂč les Ă©vĂ©nements ont eu lieu, et a interrogĂ© quatre personnes et effectuĂ© d'autres tĂąches. Toutefois, il a Ă©tĂ© incapable de terminer son enquĂȘte, en raison du coup d’État du de Fujimori, durant lequel il a dissous le CongrĂšs. Le CongrĂšs constitutionnel dĂ©mocratique Ă©lu Ă  sa place en n'a pas donnĂ© suite Ă  l'enquĂȘte ni publiĂ© les conclusions prĂ©liminaires de la commission sĂ©natoriale.

Amnistie

Les autoritĂ©s judiciaires n'ont pas Ă©tĂ© en mesure de lancer une enquĂȘte sĂ©rieuse sur l'incident jusqu'en , date Ă  laquelle les tribunaux militaires ont rĂ©pondu par le dĂ©pĂŽt d'une requĂȘte devant la Cour suprĂȘme ayant la compĂ©tence de l'affaire. Toutefois, avant que la Cour ait statuĂ© sur la requĂȘte, le dossier a Ă©tĂ© effectivement fermĂ© par le CongrĂšs par l'adoption de la loi n° 26.479, qui a accordĂ© une amnistie gĂ©nĂ©rale Ă  tous les membres des forces de sĂ©curitĂ© et les civils qui ont fait l'objet d'une plainte, d’une enquĂȘte, d’un acte d'accusation, d’un procĂšs ou d’une condamnation, ou qui purgeaient des peines de prison, pour les violations des droits de l'homme commises aprĂšs .

Avant la loi d'amnistie, cependant, les enquĂȘtes ont rĂ©vĂ©lĂ© des informations compromettantes. En , et de nouveau en , les officiers dissidents de l'armĂ©e pĂ©ruvienne ont dĂ©clarĂ© publiquement que les membres du Groupe Colina ont Ă©tĂ© responsables du massacre de Barrios Altos. Le Bureau a Ă©galement indiquĂ© que le chef du Commandement des forces armĂ©es et du Service national de renseignement (NAS) avait connaissance de ce massacre.

RĂ©ouverture du procĂšs

AprĂšs la chute du gouvernement de Fujimori en 2000, la loi d'amnistie a Ă©tĂ© abrogĂ©e et la rĂ©ouverture de l'affaire a Ă©tĂ© ordonnĂ©e, et un certain nombre de prĂ©sumĂ©s agresseurs ont Ă©tĂ© placĂ©s en dĂ©tention. Le , le procureur gĂ©nĂ©ral pĂ©ruvien Nelly CalderĂłn a prĂ©sentĂ© des accusations contre Fujimori au CongrĂšs l’accusant d'ĂȘtre un « coauteur » du massacre. Il a prĂ©sentĂ© des preuves que Fujimori, agissant de concert avec Vladimiro Montesinos, chef de la NAS, a exercĂ© un contrĂŽle sur Groupe Colina. Les accusations prĂ©tendent que le groupe n'aurait pas pu commettre des crimes de cette ampleur sans ordres de Fujimori ou son consentement exprĂšs, et que la formation et le fonctionnement du Groupe Colina faisaient partie d’une politique gĂ©nĂ©rale de contre-insurrection impliquant des violations systĂ©matiques des Droits de l'Homme. Selon le rapport, Fujimori est allĂ© au siĂšge du SIN pour se rĂ©jouir avec les agents de renseignements aprĂšs que le massacre ait eu lieu[2].

Plus tard, en 2001, le gouvernement a acceptĂ© de payer 3,3 millions de dollars en compensation aux quatre survivants et aux familles des quinze personnes tuĂ©es. Le 13 septembre, 2001, la Cour suprĂȘme de Justice, par l’intermĂ©diaire de JosĂ© Luis Lecaros a Ă©mis un mandat international d’Interpol pour l'arrestation d'Alberto Fujimori, qui Ă  l'Ă©poque vivait au Japon. En , le gouvernement pĂ©ruvien a prĂ©sentĂ© au Japon une demande d'extradition de Fujimori, et parmi les crimes citĂ©s dans le document de 700 pages, on comptait le massacre de Barrios Altos[3].

En 2004, les juges du PĂ©rou ont ordonnĂ© la libĂ©ration de plusieurs des suspects de Barrios Altos, qui avaient Ă©tĂ© dĂ©tenus pendant plus de trois ans, sans aucun jugement, prĂ©tendument pour se conformer Ă  une recommandation de la Commission interamĂ©ricaine des droits de l'homme[4] - [5]. Le prĂ©sident Walter Vasquez Vejarano de la Cour SuprĂȘme de Justice dit qu'une enquĂȘte est en cours dans le procĂšs des juges qui ont permis aux procĂšs d'ĂȘtre retardĂ©s si longtemps. Fujimori a Ă©tĂ© extradĂ© et a Ă©tĂ© reconnu coupable pour son rĂŽle dans le massacre.

Conséquences internationales du jugement de la CIDH

L'arrĂȘt de la Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme (CIDH) concernant le massacre de Barrios Alto a Ă©tĂ© l'un des fondements de la dĂ©cision de la Cour suprĂȘme argentine dĂ©clarant anti-constitutionnelles les lois d'amnistie et ouvrant par consĂ©quent les poursuites judiciaires en Argentine contre les crimes commis lors de la dictature[6].

Références

  1. (en) Craus, Klifford. Peru, Pressing Japan, Issues an Order for Fujimori's Arrest. 14-09-2001. The New York Times. Consulté le 27-06-09.
  2. (en) Human Rights Watch, Human Rights Watch (Organization), Human Rights Watch (New York)., Human Rights Watch Staff, Human Rights Watch World Report 2001 : Questions and Answers Regarding Peru's Criminal Prosecution of Fujimori, https://www.hrw.org Human Rights Watch, 2000, , 540 p. (ISBN 978-1-56432-254-8 et 1-56432-254-8, lire en ligne)
  3. Takahra, Kanako. Peru directly petitions Japan for extradition of Fujimori. 01-08-2003. The Japan Times. Consulté le 27-06-2009.
  4. ArrĂȘt du 14 mars 2001. Cour interamĂ©ricaine des droits de l'homme. World Legal Information Institute. ConsultĂ© le 27-06-2009.
  5. ArrĂȘt du 30 novembre 2001. Cour interamĂ©ricaine des droits de l'Homme. World Legal Information Institute. ConsultĂ© le 27-06-2009.
  6. Werner Petrot, Un pastor que abandonó a su rebaño, Pagina/12, 30 septembre 2009

Liens externes

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