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Massacre d'Izioum

Le 15 septembre 2022, plusieurs charniers, dont un site contenant 445 tombes et 450 corps[1], sont découverts dans les bois près de la ville ukrainienne d'Izioum, lors de sa libération par les forces ukrainiennes, après plusieurs mois d'occupation par les forces russes, pendant l'invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022[2] - [3].

Massacre d'Izioum
Image illustrative de l’article Massacre d'Izioum
Fosses communes et tombes d'Izioum - Investigation après la découverte du charnier, septembre 2022

Date
Lieu Izioum, Ukraine
Type Probables crimes de guerre, y compris torture et exécutions extra-judiciaires de civils
Morts 450 corps retrouvés[1]
Auteurs Forces armées russes
Guerre Invasion de l'Ukraine par la Russie de 2022
Coordonnées 49° 11′ 29″ nord, 37° 16′ 42″ est
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Massacre d'Izioum
Enquête sur le cimetière d'Izioum après l'occupation russe

Les tombes de fortune contiennent les corps de personnes mortes durant l'occupation, essentiellement tuées par les forces russes[4] - [5] - [6]. Selon les enquêteurs ukrainiens, 450 corps ont été découverts dans l'un des sites, dont 414 corps de civils (215 hommes, 194 femmes, 5 enfants) et 22 militaires. La plupart des morts présentent des signes de mort violente et 30 présentent des traces de torture et exécution sommaire, notamment corde autour du cou, mains liées dans le dos, membres brisés et émasculations[7].

Le 26 septembre, le président Zelensky déclare que deux autres fosses communes ont été découvertes contenant « des centaines de personnes »[8]. Ces fosses communes sont lourdement minées[9].

Contexte

Après le début de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022 le 24 février 2022, la bataille pour le contrôle de la ville d'Izioum commence en mars 2022, en raison de l'importance de la ville en tant que nœud de transport. L'armée russe veut capturer Izioum afin que ses forces dans l'oblast de Kharkiv puissent êtres en lien avec leurs troupes dans la région du Donbass[10]. Le 1er avril, l'armée ukrainienne confirme qu'Izioum est sous contrôle russe[11].

Après le lancement de la contre-offensive ukrainienne du sud à Kherson fin août, les forces ukrainiennes lancent une contre-offensive simultanée, début septembre dans l'oblast de Kharkiv, dans le nord-est du pays. Après une avancée inattendue dans les lignes russes, l'Ukraine reprend plusieurs centaines de kilomètres carrés de territoire le 9 septembre[12]. Le 10 septembre 2022, les forces ukrainiennes reprennent la ville d'Izioum, lors de la contre-offensive ukrainienne de Kharkiv[13] - [14].

Découvertes et premiers témoignages

Cimetière d'Izium construit pendant l'occupation russe

Le 15 septembre 2022, après que les forces russes ont été chassées de la ville lors de la contre-offensive de Kharkiv, un grand nombre de tombes sont découvertes dans les bois près d'Izioum, au milieu des arbres. Les tombes, avec de simples croix en bois, sont pour la plupart anonymes, la majorité n'étant marquées que de chiffres, tandis que la plus grande tombe porte un marqueur indiquant qu'elle contient les corps de 17 soldats ukrainiens[15] - [16]. Le 16 septembre, les enquêteurs découvrent plus de 445 tombes de civils et de soldats pour la plupart individuelles, mais dont certaines contiennent 2 à 3 corps ainsi que la fosse commune contenant les dépouilles de 17 soldats, dont un a les mains liées dans le dos. Une partie de l'identification et de la localisation des sites ayant été aidée par la responsable de l'entreprise de pompes funèbre locale. Elle avait reçu l'ordre des forces d'occupation russes de n'indiquer les tombes qu'avec des numéros et d'enregistrer à la fois le numéro et les noms des individus dans un journal[17].

Des pompiers locaux ont été employés pour aider à récupérer les restes humains sur le site, l'un d'eux déclare qu'après avoir déterré les corps, un moment de silence est observé avant que les restes ne soient rapidement examinés pour identifier des caractéristiques ou des objets. Ils sont ensuite placés dans un sac et transportés à la morgue pour une expertise médico-légale plus détaillée[18].

Une partie des victimes a été tuée par des tirs d'artillerie, l'explosion de mines et les bombardements[19], ainsi par le manque d'accès à des soins de santé[20], tandis que certains des corps ont les mains liées dans le dos et présentent des signes d'exécution ou de torture[15] - [21] - [9]. Oleh Synyehubov, gouverneur de la région de Kharkiv déclare :

« Parmi les corps qui ont été exhumés aujourd'hui, 99 % présentaient des signes de mort violente. Il y a plusieurs corps avec les mains liées dans le dos et une personne est enterrée avec une corde autour du cou. De toute évidence, ces personnes ont été torturées et exécutées. Il y a aussi des enfants parmi les enterrés.[22]»

Des habitants, survivants de l'occupation déclarent que les Russes ciblaient en priorité des individus spécifiques et qu'ils avaient déjà des listes d'habitants qui étaient dans l'armée, de familles de militaires ou de vétérans de la guerre du Donbass[23]. Ils déclarent qu'en sélectionnant les victimes, ils terroriseraient également les habitants de la ville en les déshabillant pour les fouiller publiquement[24]. La responsable d'une entreprise funéraire d'Izioum qui a fonctionné tout au long de l'occupation affirme qu'elle a été autorisée à enterrer des membres de la défense territoriale et quelques soldats, mais qu'elle n'a pas été autorisée à enterrer et ne savait pas où se trouvaient les corps de la majorité des soldats ukrainiens tués[17].

Les journalistes d'AP ont pu voir avec les poignets liés dans le dos, recueillir des témoignages de proches et de survivants, y compris de personnes torturées dans l'un des 10 centres de tortures mis en place par les forces russes dans la ville[9].

Enquêtes et rapports

Les Nations Unies déclarent prévoir l'envoi d'observateurs à Izioum[25] - [26].

Selon les enquêteurs ukrainiens, 450 corps ont été découverts : 414 corps de civils (215 hommes, 194 femmes, 5 enfants), 22 militaires et 11 corps dont le sexe n'était pas encore déterminé au 23 septembre. La plupart des morts présentaient des signes de mort violente et 30 présentaient des traces de torture et d'exécution sommaire, notamment des cordes, autour du cou ou des poignets, mains liées, des membres brisés et des émasculations[7].

Réactions

Alors que les autorités entament des enquêtes médico-légales, le président ukrainien Volodymyr Zelensky compare cette découverte à celle du massacre de Boutcha[21].

Les personnes travaillant sur le site sont submergées par le processus et les émotions, l'un d'entre eux déclare aux journalistes qu'il pensait qu'ils auraient besoin d'un soutien psychologique, car ce travail les marquerait pour toujours[27].

Prague, en tant que présidence de l'Union Européenne, appelle à la création d'un tribunal spécial pour Izioum[28]. Selon la FIDH, il n'y en aurait pas nécessairement besoin, car la Cour pénale internationale et plusieurs juridictions nationales sont compétentes, dont la justice ukrainiennes. L'ONG plaide pour que des moyens soient alloués aux enquêtes et à la justice[29].

La Russie répond par une campagne de désinformation de masse sur les réseaux sociaux visant à discréditer les découvertes comme une « fabrication occidentale » ou à affirmer que les civils tués étaient en fait des soldats ukrainiens. Interrogé par des journalistes sur les affirmations de Zelensky, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov affirme que les massacres d'Izioum et de Boutcha seraient des « mensonges »[30].

Le ministère espagnol des Affaires étrangères, dans un communiqué officiel, « condamne le massacre », et appelle au respect du droit international humanitaire et à enquêter sur les crimes commis[31]. Le président français Emmanuel Macron condamne les atrocités d'Izioum commises sous l'occupation russe[32]. John Kirby, du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche, déclare que « malheureusement, cela correspond à la privation et à la brutalité dont les forces armées russes mènent la guerre contre l'Ukraine et la nation ukrainienne »[33].

Le cardinal Konrad Krajewski voyage de Zaporijjia où il a fourni de l'aide humanitaire, pour rejoindre l'évêque Pavlo Honcharuk du diocèse de Kharkiv-Zaporijjia pour offrir des prières pour les défunts et les travailleurs[34].

L'ONG Amnesty international affirme que ces découvertes confirment leurs craintes pour les civils d'Izioum, exprimées depuis le mois de mars, et appelle la communauté internationale à apporter son aide à l'Ukraine pour pouvoir effectuer une enquête permettant de savoir précisément comment sont mortes les personnes enterrées dans la forêt d'Izioum[35].

Références

  1. « Guerre en Ukraine : ce que l'on sait du charnier d'Izioum, où 445 tombes ont été découvertes dans la forêt », sur Franceinfo,
  2. (en-US) « A mass grave site with 440 bodies was found in Izium, a police official said. », The New York Times, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  3. « Mass grave of more than 440 bodies found in Izium, Ukraine -police | Reuters », sur web.archive.org, (consulté le )
  4. (en) « Izium: after Russian retreat, horrors of Russian occupation are revealed », sur the Guardian, (consulté le )
  5. « ‘Some hanged themselves’: the work to find answers amid Izium’s mass grave | Ukraine | The Guardian », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. (pl + uk) « "Przebaczyć? Nigdy! To jest nasz wielki, palący ból". Pomordowanych w Iziumie mogą być tysiące », ukrayina.pl, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  7. (uk) « В Ізюмі закінчили ексгумацію – підняли 447 тіл, серед них багато жінок, є діти » [archive du ], Українська правда (consulté le )
  8. (en) Rai et James, « New mass graves found in Izyum after Russian troops flee – Ukraine live » [archive du ], The Independent, (consulté le )
  9. (en) « 10 torture sites in 1 town: Russia sowed pain, fear in Izium », sur AP NEWS, (consulté le )
  10. « FIRST ON CNN: Major infrastructure in central Izyum is destroyed, new satellite images show » [archive du ], CNN, (consulté le )
  11. « На Київщині ЗСУ звільнили 15 населених пунктів – зведення Генерального штабу » [archive du ], Радіо Свобода (consulté le )
  12. Eric Njoka, « Moscow sends reinforcement to Kharkiv as Ukraine claims taking several towns and villages from Russia. Is the Russian front crumbling near Kharkiv? » [archive du ], (consulté le )
  13. Marc Santora, « Ukrainian Forces Take Key City, Igniting New Phase in War », The New York Times, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  14. « Ukraine war: Zelenskyy raises flag in recently recaptured Izium », Euronews, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  15. « Reporters - Ukraine occupée : dans l'enfer de la réalité parallèle russe », sur France 24, (consulté le )
  16. « Ukraine's president says a new mass grave is found near a recaptured city : NPR », sur web.archive.org, (consulté le )
  17. (en) Koshiw et Tondo, « ‘We don’t know where the rest of the bodies went’: the search for answers in Izium » [archive du ], the Guardian, (consulté le )
  18. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Ukraine war: Izium bodies show signs of torture and execution | DW | 18.09.2022 », sur DW.COM (consulté le )
  19. AFP, « Mass Grave Found in Ukraine Town Retaken from Russia: Zelensky - Kyiv Post - Ukraine's Global Voice », sur Kyiv Post, (consulté le )
  20. (en-GB) « Ukraine war: Hundreds of graves found in liberated Izyum city - officials », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « Ukraine says victims from Izium mass grave show signs of torture », sur the Guardian, (consulté le )
  22. « Mass grave found in retaken Ukrainian city of Izyum », Financial Times, (lire en ligne, consulté le )
  23. (en) « ‘People disappeared’: Izium’s residents on Russia’s occupation », sur the Guardian, (consulté le )
  24. (pl) « Rosjanie rozbierali Ukraińców na ulicach. Wiadomo, czego szukali », sur wiadomosci.onet.pl (consulté le )
  25. David Child, « UN to probe Izyum mass grave reports », Al Jazeera, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  26. « Ukraine: UN rights office set to probe ‘mass graves’ in newly liberated east », UN News, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  27. (en-GB) Chaze, « Ukraine war: Izium bodies show signs of torture and execution » [archive du ], Deutsche Welle, (consulté le )
  28. « La présidence de l’UE réclame un tribunal spécial pour Izioum », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
  29. « Ukraine: un tribunal spécial pour les crimes à Izioum n’est pas la meilleure option, selon la FIDH », sur RFI, (consulté le )
  30. (en-US) « Kremlin says Ukrainian war crimes claims are a lie » [archive du ], Reuters, (consulté le )
  31. (es) « Condena a la masacre de la fosa común de Izium » [archive du ], Ministerio de Asuntos exteriores, Unión Europea y Cooperación, (consulté le )
  32. La rédaction, « Izioum: Macron condamne "avec la plus grande fermeté les atrocités" commises "sous occupation russe" », sur Nice-Matin, (consulté le )
  33. (pl) Mateusz Czmiel, « Biały Dom reaguje na apel Zełenskiego. "Przerażające" », sur wiadomosci.wp.pl, (consulté le )
  34. (en) Capelli et Bordoni, « Cardinal Krajewski prays before mass graves in Izium - Vatican News » [archive du ], www.vaticannews.va, (consulté le )
  35. « Ukraine. Charnier à Izioum : un macabre rappel du prix de l’agression russe », sur Amnesty International, (consulté le )
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