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Martina Chapanay

Martina Chapanay (province de San Juan, 1800—1887) est une guerrillera argentine. Elle s’illustra notamment, Ă  la tĂȘte d’une troupe de brigands, dans les guerres intestines qui sĂ©virent en Argentine tout au long d’une grande partie du XIXe siĂšcle.

Martina Chapanay
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité

Entre autres exploits, elle s’offrit Ă  venger la mort du caudillo Ángel Vicente Peñaloza, dit El Chacho. En raison de ce qu’elle avait coutume de partager avec les plus humbles les fruits de son brigandage, son tombeau est l'objet d’une dĂ©votion populaire, et continue encore aujourd’hui d’attirer des centaines d’adorateurs dans le village de Mogna, en province de San Juan.

Biographie

Elle naquit dans la province de San Juan — sans que l’on puisse prĂ©ciser si ce fut dans les lagunas de Guanacache ou dans la vallĂ©e de Zonda — comme fille unique d’un cacique indigĂšne huarpe, Ambrosio Chapanay, qui s’était rĂ©fugiĂ© dans l’actuel dĂ©partement de Lavalle, dans la province de Mendoza, et qui mourut sans autre descendance que sa fille Martina[1]. Sa mĂšre, Mercedes GonzĂĄlez, Ă©tait une femme d’ascendance europĂ©enne originaire de la ville de San Juan[2]. D’autres sources cependant affirment que son pĂšre Ă©tait un indigĂšne du Gran Chaco venu se rĂ©fugier parmi les Huarpes et que sa mĂšre, originaire de San Juan, se nommait Teodora. Quoi qu’il en soit, sa mĂšre aurait Ă©levĂ© sa fille avec dĂ©vouement, et la maison de Martina aurait mĂȘme Ă©tĂ© transformĂ©e en Ă©cole pour les enfants du lieu[3]. Le patronyme Chapanay, issu du parler huarpe milcayac, est une altĂ©ration de chapac nay, signifiant « zone marĂ©cageuse ».

À noter que, si la zone est devenue aujourd’hui un dĂ©sert, au XIXe siĂšcle les eaux des riviĂšres Mendoza et Desaguadero y engendraient autrefois les dĂ©nommĂ©es lagunes de Guanacache. La construction d’un barrage prĂšs de la ville de Mendoza provoqua l’assĂšchement desdites lagunes, et Ă  l’heure actuelle les Huarpes doivent puiser leur eau dans des puits trĂšs profonds, attendu que les eaux de surface sont contaminĂ©es d’eau salĂ©e. Les Huarpes tirent leur subsistance principalement de l’élevage de chĂšvres, de l’exploitation des algarrobos, arbre fruitier typique de la contrĂ©e, et de la vente des produits de leur artisanat sur le MarchĂ© artisanal (situĂ© Ă  cĂŽtĂ© de l’office de tourisme de la capitale provinciale).

Adolescente, Martina se distinguait par ses aptitudes de cavaliĂšre et de couteliĂšre, par son adresse Ă  faire galoper les chevaux dans les enclos et Ă  attraper au lasso les gĂ©nisses, par ses talents de chasseresse, et par sa grande agilitĂ© Ă  la nage. De taille assez petite, elle Ă©tait Ă  la fois vigoureuse et leste. Elle avait des traits avenants, les cheveux noirs et lisses, et le teint basanĂ©. Ayant choisi la vie de gardienne de troupeau Ă  cheval (montonera), elle se mit Ă  se vĂȘtir Ă  la façon traditionnelle des gauchos — chiripĂĄ (pagne-culotte), poncho, vincha (foulard) et botas de potro (bottes faites de cuir de vache ou de cheval, potro = poulain).

Lorsque mourut sa mĂšre, son pĂšre la confia Ă  une habitante de la ville de San Juan, Clara SĂĄnchez, qui entendait lui donner une Ă©ducation rigoureuse. Martina cependant rĂ©ussit Ă  s’échapper, en enfermant derriĂšre elle la famille tout entiĂšre dans la maison. À compter de cet instant, Martina vĂ©cut avec les Huarpes et se mua bientĂŽt en voleuse et brigande de grands chemins, partageant ce qu’elle dĂ©robait avec les plus pauvres. Elle se mit en mĂ©nage avec le bandit Cruz Cuero, chef d’une bande qui infesta la contrĂ©e des annĂ©es durant. Il se raconte qu’ils allĂšrent jusqu’à attaquer l’église Notre-Dame de Loreto, dans la province de Santiago del Estero. Sa liaison avec Cruz s’acheva en tragĂ©die, lorsque Martina se fut enamourĂ© d’un jeune Ă©tranger, que les bandits sĂ©questrĂšrent ; Cruz frappa Martina et assassina le jeune homme par balle, mais Martina Ă  son tour tua Cruz au moyen d’une lance, et devint la meneuse de la bande.

S’étant joints au caudillo Juan Facundo Quiroga, Martina et ses affidĂ©s luttĂšrent un temps aux cĂŽtĂ©s des caudillos fĂ©dĂ©ralistes et du Chacho Peñaloza, jusqu’à ce qu’elle eĂ»t bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une mesure de grĂące et se vĂźt offrir un poste de sergent-major dans la police de San Juan. De ce corps militaire faisait partie Ă©galement le commandant Pablo IrrazĂĄbal, l’assassin de Peñaloza. Martina le provoqua en duel, lequel cependant n’eut pas lieu, IrrazĂĄbal en effet, dĂ©composĂ© par la peur, ayant sollicitĂ© sa suspension de service.

Postérité

En 1884, l’écrivain Pedro EchagĂŒe publia La Chapanay, biographie romancĂ©e de la guerrillera. Hilario Cuadros, poĂšte et chanteur originaire de Mendoza, composa une cueca intitulĂ©e La Martina Chapanay. Enfin, du chanteur rock argentin LeĂłn Gieco parut en 2001, en collaboration avec l’historien et essayiste Hugo Chumbita, le CD Bandidos rurales, qui comprend un morceau de mĂȘme titre oĂč la figure de Martina Chapanay est Ă©voquĂ©e.

Notes et références

  1. (es) Elsa Felder, Vida y pasiĂłn de grandes mujeres, .
  2. (es) DomĂ­nguez SaldĂ­var, SaĂșl, Los Gauchos Rebeldes en la historia argentina, Buenos Aires, Gedisa, (ISBN 950-768-462-X).
  3. (es) EchagĂŒe, Pedro, La Chapanay, Buenos Aires, (lire en ligne).

Liens externes

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