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Marthe Simard

Marthe Simard, née Marthe Marie Amélie Angèle Caillaud le à Bordj Menaïel (Algérie) et morte Marthe Simard-Reid le à Québec (Canada), est une femme politique franco-canadienne.

Marthe Simard
Marthe Simard lors du discours prononcé sur la terrasse Dufferin le , à l'occasion de la Libération de Paris.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  91 ans)
Québec
Nationalité
Activité

Fondatrice en du Comité France libre de Québec, elle est la première femme française à avoir siégé dans une assemblée parlementaire[1].

Biographie

Famille

Marthe Simard, née Marthe Caillaud, est fille d'un avocat qui devient magistrat[1]. Par sa mère Emma Paoli, elle est originaire de Corse. Sa naissance représente la quatrième generation de sa famille en Algérie[1].

Elle épouse en premières noces Socrate Bastenti, qui meurt précocement, la laissant seule avec leur fille[1]. Elle retourne vivre chez ses parents, désormais installés à Douai[1].

En juillet 1932, elle part vivre au Québec où elle suit son nouveau mari, le docteur canadien André Simard, petit-fils de l’ancien premier ministre du Québec Félix-Gabriel Marchand[2]. Elle prend alors la nationalité canadienne, mais ne reste pas indifférente aux événements qui se déroulent en Europe, notamment en France. Marthe Simard organise dès 1939, depuis le Québec, une aide matérielle en médicaments et en vivres pour les familles de militaires français[3].

Son action

L'appel londonien du général de Gaulle le , sonne pour elle comme le signe de la nécessaire mobilisation, outre-Atlantique, de tous les moyens pour servir la cause de la France libre[1]. Depuis les studios de la BBC, le général sollicite le soutien et le secours des Canadiens français. Marthe Simard expose au Canada l'action de la France libre et celle du général de Gaulle, qui ne bénéficie pas toujours d'une bonne image auprès des dirigeants canadiens ou américains.

Marthe Simard crée des Comités de la France libre et s'exprime sur Radio Canada pour faire entendre sa voix. Le , de Gaulle promet que « une fois l'ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l'Assemblée nationale qui décidera souverainement des destinées du pays ». Aidée par son époux et d'autres personnalités, elle œuvre pour que le Canada contribue à l'effort de guerre et participe à la libération de la France : le , le gouvernement canadien rompt ses relations avec celui de Vichy.

En attendant la Libération et la mise en forme juridique de cet engagement, la France libre se dote d'une représentation nationale provisoire. L'ordonnance du , à Alger, donne naissance à l'Assemblée consultative provisoire. Ses membres[4] ne sont pas tous élus mais choisis. Parmi eux, pour la première fois, siège une femme : Marthe Simard, nommée le , après avoir été désignée par les représentants des mouvements de la Résistance extérieure pour y représenter le Canada.

Le , elle s'exprime pour la première fois à l'Assemblée d'Alger « Nous, Français, qui vivons au Canada (...), nous avons été l'expression de la fidélité française à nos alliés, dans un pays qui nous était doublement cher, par des alliances du cœur ... ».

En , l'Assemblée quitte Alger pour Paris, elle s'installe au palais du Luxembourg, Marthe Simard est alors l'une des dix femmes parlementaires aux côtés notamment de Lucie Aubrac, Gilberte Brossolette, Marie-Hélène Lefaucheux, Mathilde Péri, Andrée Viénot, Madeleine Braun, qui deviendra en 1946 la première femme vice-présidente de l'Assemblée nationale[5].

Prise de position féministe

Signée à Alger le , une ordonnance du gouvernement provisoire présidé par le général de Gaulle reconnaît aux femmes la qualité de citoyennes, c'est-à-dire le droit de vote « dans les mêmes conditions que les hommes », et la possibilité d'être élues. Marthe Simard n'est pas encore à Alger quand cette décision est prise. Dès son arrivée, elle déclare le , aux Dernières Nouvelles d'Alger, qu'elle se fera la porte-parole des espoirs féministes. Elle approuve la décision du général de donner le droit de vote aux femmes « Il est anormal que la femme française, qui est depuis longtemps intellectuellement (voyez les concours des universités !) et moralement l'égale de l'homme, soit restée la seule à ne pas prendre part aux délibérations politiques »[6].

DĂ©corations

59, rue D'Auteuil, Québec.
Plaque apposée à la maison.

Sur proposition d'André Malraux, elle est promue chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur dès la première promotion de la Libération, la promotion "Victoire" du . Elle lui sera remise quelques jours plus tard au consulat de France du Québec.

Elle est aussi décorée de la médaille de la Résistance et de la médaille commémorative des Services volontaires dans la France libre[7].

Plaque de la place Marthe-Simard Ă  Paris.

Il existe Ă  Paris une place Marthe-Simard depuis 2011[1] et une rue Marthe-Simard Ă  Rennes depuis 2015.

Notes et références

  1. Michèle Cointet, Histoire des 16: Les premières femmes parlementaires en France, Fayard, (ISBN 978-2-213-70700-6, lire en ligne).
  2. Frédéric SmithCoéditeur et webmestre chez Le Québec et les guerres mondialesHistorien et auteur, « La première femme parlementaire de France vivait à Québec – Le Québec et les guerres mondiales », sur www.lequebecetlesguerres.org (consulté le ).
  3. Debré et Bochenek 2013, p. 299.
  4. L'Assemblée est composée de 84 délégués, dont 40 sont des représentants des organismes de la résistance intérieure, 12 sont issus de la résistance extra-métropolitaine, dont 5 viennent des 800 Comités de la France libre dans le monde. Les autres délégués proviennent de la Chambre des députés, du Sénat, des conseils généraux de France et 12 élus par les territoires d'outre-mer ralliés à la France libre.
  5. Debré et Bochenek 2013, p. 300-302.
  6. Debré et Bochenek 2013, p. 302.
  7. Debré et Bochenek 2013, p. 303.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


Bibliographie

  • Éric Amyot, Le QuĂ©bec entre PĂ©tain et de Gaulle, MontrĂ©al, Fides, , 365 p. (ISBN 978-2-7621-2088-2, lire en ligne)
  • Jean-Louis DebrĂ© et ValĂ©rie Bochenek, Ces femmes qui ont rĂ©veillĂ© la France, Paris, Arthème Fayard, , 374 p. (ISBN 978-2-213-67180-2), p. 297-304
  • Jean-Louis DebrĂ©, Les OubliĂ©s de la RĂ©publique, Paris, Arthème Fayard, , 320 p. (ISBN 978-2-213-63709-9)
  • FrĂ©dĂ©ric Smith, "La France appelle votre secours". QuĂ©bec et la France libre, 1940-1945, VLB Éditeur, MontrĂ©al, 2012, 296 p.
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