AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Marsha P. Johnson

Marsha P. Johnson, née le à Elizabeth (New Jersey) et morte le à New York, est une femme trans[1] - [2] - [3] et travailleuse du sexe américaine. Femme trans et militante du mouvement LGBT, elle a participé aux émeutes de Stonewall, mais, contrairement à une légende tenace, ne les a pas initiées[4]. Elle est une figure populaire de la scÚne LGBT et artistique de New York des années 1960 aux années 1990, ainsi qu'une activiste des droits des personnes séropositives via son engagement à ACT UP.

Marsha P. Johnson
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  46 ans)
New York
Nationalité
Formation
Thomas A. Edison Academy for Career and Technical Education (en)
Activités
Artiste, militant pour les droits des personnes trans, personnalité engagée dans la lutte contre le sida, militante pour les droits LGBT, drag queen
Autres informations
Membre de
Plaque commémorative

Enfance

Marsha P. Johnson est nĂ©e le 24 aoĂ»t 1945 Ă  Elizabeth (New Jersey)[1]. Elle avait six frĂšres et sƓurs. Son pĂšre, Malcolm Michaels Sr., travaille sur une ligne d'assemblage Ă  General Motors et sa mĂšre, Alberta Claiborne, est gouvernante. Ses parents frĂ©quentent l'Église Ă©piscopale mĂ©thodiste africaine[5] - [6]. En 1992 dans une interview, Marsha P. Johnson confie avoir Ă©tĂ© victime d'agression sexuelle par un adolescent dans son enfance[5].

À un juge qui lui demande la signification du P. dans son nom, elle lui rĂ©pond « Pay it no mind » (« N'y fais pas attention »), une phrase qui lui reste associĂ©e[1].

Militantisme

L'une des drag queens[1] - [2] et street queen[1] - [2] (bien qu'elle fût une femme trans[7]) les plus connues de New York, elle participe aux émeutes de Stonewall[8] - [2]. Bien qu'elle soit parfois présentée comme celle qui aurait « lancé la premiÚre pierre »[9], elle a affirmé lors d'une interview au journaliste Eric Marcus en 1987 que lorsqu'elle est arrivée sur place, vers 2 heures du matin le 28 juin 1969, les émeutes avaient déjà commencé[10].

Avec son amie Sylvia Rivera, elle participe aux premiÚres Prides et à d'autres formes d'action directe[1]. En 1970, elle co-fonde avec Sylvia Rivera l'organisation Street Transvestite Action Revolutionaries (STAR). Pendant quelques mois, l'organisation gÚre un appartement, la STAR House, qui héberge les jeunes LGBT à la rue[11]. L'organisation est active jusqu'en 1973.

Marsha P. Johnson poursuit son engagement en militant pour ACT UP de 1987 jusqu'Ă  sa mort.

Art

En 1974 Marsha P. Johnson est photographiée par Andy Warhol dans une série Polaroïd intitulée ladies and gentlemen portant sur les drag queens[2]. Elle fait aussi partie de la troupe de performances LGBT Hot Peaches[1] - [12].

Mort

Illustration de Marsha P. Johnson sur un stand de la Trans Pride de Brighton en 2014.

En , son cadavre est retrouvĂ©, flottant dans l'Hudson River, peu de temps aprĂšs la marche des fiertĂ©s[1]. La police prĂ©tend qu'elle s'est suicidĂ©e[2]. Les personnes proches d'elle affirment qu'elle n'Ă©tait pas suicidaire[13] - [14] et qu'elle a Ă©tĂ© harcelĂ©e prĂšs de l'endroit oĂč son corps a Ă©tĂ© retrouvĂ©. Les dĂ©marches initiales visant Ă  inciter la police Ă  enquĂȘter sur les causes de sa mort ont Ă©tĂ© un Ă©chec[1]. Toutefois, grĂące au travail de lobbying de Mariah Lopez (en), la police de New York rouvre l'affaire en [15].

Hommages

La chanteuse transgenre Anohni a choisi le nom de son groupe Antony and the Johnsons en sa mĂ©moire[16]. Elle a Ă©galement conçu une piĂšce en son honneur, The Birth of Anne Frank/The Ascension of Marsha P. Johnson (“La Naissance d’Anne Frank/L’Ascension de Marsha P. Johnson"), jouĂ©e Ă  New York en 1996[17].

Pour l’animateur de tĂ©lĂ©vision et drag queen RuPaul, Johnson est une figure inspirante, “la vraie MĂšre des drag”[18]. En 2012, durant un des Ă©pisodes de son Ă©mission RuPaul’s Drag Race, il a dĂ©clarĂ© aux candidats que Johnson leur avait ouvert la voie Ă  tous[19].

Le documentaire Pay It No Mind – The Life and Times of Marsha P. Johnson (2012) est constituĂ© essentiellement d’extraits d’un entretien filmĂ© donnĂ© par Johnson en 1992, peu de temps avant sa mort. Il comprend Ă©galement des entretiens avec beaucoup de ses amis de Greenwich Village[20].

Johnson apparaßt en tant que personnage dans deux films de fiction librement inspirés des émeutes de Stonewall : le long-métrage Stonewall (2015), dans lequel elle est incarnée par Otoja Abit[21], et le court-métrage Happy Birthday, Marsha! (2016), dans lequel elle est incarnée par Mya Taylor[22].

Le documentaire de David France The Death and Life of Marsha P. Johnson (2017) retrace l’enquĂȘte menĂ©e par Victoria Cruz, militante trans au sein du Anti-Violence Project, Ă  propos de la mort de Johnson[23]. Comme le documentaire Pay It No Mind, il s’appuie sur des images d’archives et des interviews.

En 2018, 26 ans aprÚs la mort de Johnson, le New York Times publie sa nécrologie[5] dans le cadre de sa rubrique "Overlooked" ("sous-estimées"), une série de nécrologies qui rend hommage a posteriori à des personnalités importantes (souvent des femmes et/ou des personnes noires) dont la mort n'avait pas été annoncées dans le quotidien à l'époque de leur décÚs.

En 2019, Ă  l’occasion du cinquantiĂšme anniversaire des Ă©meutes de Stonewall, plusieurs initiatives rendent hommage Ă  Johnson :

  • une fresque de Johnson et Rivera est dĂ©voilĂ©e Ă  Dallas, au Texas. L’Ɠuvre, qui reprĂ©sente “deux pionniĂšres du mouvement pour les droits LGBT” (“gay rights movement”) devant un drapeau trans, serait la plus grande fresque au monde en l’honneur de la communautĂ© trans[24].
  • en mai 2019, deux artistes de rue queers, Homo Riot et Suriani, et le photographe et rĂ©alisateur Daniel “Dusty” Albanese, s’associent pour crĂ©er une fresque, Ă  l’angle de la 2e Avenue et de Houston Street, Ă  New York, comprenant plusieurs portraits de Johnson. L’initiative, qui se veut “une cĂ©lĂ©bration de la libĂ©ration queer”, s’inscrit dans le cadre du WorldPride Mural Project et de la WorldPride 2019, qui se tenait pour la premiĂšre fois Ă  New York.
  • le 30 mai 2019, le maire dĂ©mocrate de New York, Bill de Blasio, annonce vouloir Ă©riger un monument Ă  Johnson et Rivera Ă  Greenwich Village, prĂšs du Stonewall Inn[25]. L’érection du monument doit s’achever en 2021. Ce sera le premier au monde Ă  rendre hommage Ă  des militantes des droits des trans.
  • en juin 2019, Johnson fait partie des 50 premiers “pionniers et hĂ©ros” inscrits au Mur d’honneur LGBTQ national, installĂ© dans le Stonewall Inn, au sein du Monument national de Stonewall (le premier Monument national amĂ©ricain dĂ©diĂ© Ă  l’histoire du mouvement LGBT).

Toujours en 2019, la militante pour les droits des personnes trans Elle Hearns fonde The Marsha P. Johnson Institute, qu'elle dirige et qui vise Ă  venir en aide aux femmes noires, trans ou non-binaires victimes de violence[26].

En fĂ©vrier 2020, la ville de Metz (Moselle, France) rebaptise un square Ă  son nom et Ă  celui de Rivera. La plaque leur rendant hommage est vandalisĂ©e la veille de l’inauguration[27].

Le 30 juin 2020, Google lui rend hommage en la figurant sur sa page d'accueil[28] - [29] - [30].

À l’étĂ© 2020, dans la foulĂ©e du mouvement de protestation mondial contre le meurtre de George Floyd, une rĂ©sidente d’Elizabeth, la ville natale de Johnson au New Jersey, lance une pĂ©tition en ligne pour que la statue de Christophe Colomb qui orne la ville soit remplacĂ©e par une statue de Johnson. La pĂ©tition rĂ©colte plus de 165 000 signatures. En aoĂ»t 2020, le bureau des Affaires LGBTQ du comtĂ© d’Union, dans le New Jersey, annonce que la ville d’Elizabeth va Ă©riger un monument en l’honneur de Johnson mais que celui-ci ne remplacera pas la statue de Christophe Colomb. La ville d’Elizabeth compte dĂ©jĂ  une fresque en hommage Ă  Johnson, qui est vandalisĂ©e durant le Mois des fiertĂ©s en juin 2021. Une campagne est lancĂ©e pour financer la restauration de la fresque.

En aoĂ»t 2020, le East River State Park, Ă  Brooklyn, est rebaptisĂ© Marsha P. Johnson State Park, en prĂ©sence du gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo. Celui-ci en avait fait l’annonce lors du gala annuel de l’association LGBT Human Rights Campaign, le 1er fĂ©vrier 2020[31]. Il s’agit du premier parc de l’État de New York Ă  porter le nom d’une personne LGBTI.

Le 24 août 2021, à l'occasion de son 76e anniversaire, des militants et militantes installent un buste de Marsha P. Johnson dans Christopher Park, à deux pas du Stonewall Inn. Il ne s'agit pas d'une statue officielle approuvée par la mairie de New York mais d'une initiative d'activistes qui entendent protester contre la lenteur et les retards dans la réalisation du monument rendant hommage à Johnson et Rivera annoncé par le maire Bill de Blasio deux ans plus tÎt (cf. plus haut). La mairie justifie ces retards en expliquant qu'ils sont dus à la pandémie de Covid-19 et affirme que le projet de monument n'est pas annulé[32].

Le 1er décembre 2021, à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, la mairie du 1er arrondissement de Lyon annonce que, à la suite d'une consultation en ligne des habitants visant à féminiser les noms de lieux publics, un square des Pentes de la Croix-Rousse portera prochainement le nom de Marsha P. Johnson (qui a milité à partir de la fin des années 80 à Act Up New York)[33]. Le square, situé rue Burdeau, est officiellement baptisé (avec dévoilement d'une plaque au nom de Marsha P. Johnson) le 17 mai suivant, à l'occasion de la Journée mondiale contre les LGBTIphobies[34].

Notes et références

  1. (en) « Feature Doc 'Pay It No Mind: The Life & Times of Marsha P. Johnson' Released Online. Watch It » [archive du ], Indiewire, (consulté le )
  2. (en) Leslie Feinberg, Transgender Warriors : Making History from Joan of Arc to Dennis Rodman, Boston, Beacon Press, , 131 p. (ISBN 0-8070-7941-3).
  3. (en) Randy Wicker Interviews Sylvia Rivera on the Pier Consulté le . La scÚne se produit à 8:24.
  4. Mahoro Seward, « Émeutes de Stonewall : mais qui a jetĂ© la premiĂšre pierre ? », sur i-d.vice.com, (consultĂ© le )
  5. (en) Sewell Chan, « Marsha P. Johnson: A transgender pioneer and activist who was a fixture of Greenwich Village street life. », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  6. (en) Steve Watson, « Stonewall 1979: The Drag of Politics », The Village Voice,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Podcast unearths earliest known recordings of trans icons Marsha P. Johnson and Sylvia Rivera », sur CBC (consulté le )
  8. (en) David Carter, Stonewall : The Riots That Sparked the Gay Revolution, St. Martin's, , 336 p. (ISBN 0-312-20025-0).
  9. Xavier Héraud, « Stonewall: qui a jeté la premiÚre brique ? », sur hornet.com, (consulté le )
  10. (en) Eric Marcus, « Marsha P. Johnson & Randy Wicker », sur makinggayhistory.com (consulté le )
  11. (en) « Marsha P. Johnson (1944 - 1992) Activist, Drag Mother », sur zagria.blogspot.com, .
  12. (en) « NYC’s HOT PEACHES », sur www.hotpeachesnyc.com (consultĂ© le )
  13. (en) Bennie Toney 1992 de Randolfe Wicker, 1992.
  14. (en) Marsha P Johnson - People's Memorial de Randolfe Wicker, 1992.
  15. (en) Shayna Jacobs, « DA reopens unsolved 1992 case involving the 'saint of gay life' », sur New York Daily News, (consulté le ).
  16. (en) « Site officiel Antony and the Johnsons, page News au 23 janvier 2014 », sur antonyandthejohnsons.com, (consulté le ).
  17. (en) Quinn Moreland, « Tracking Anohni’s Avant-Garde Evolution on Stage », sur pitchfork.com, (consultĂ© le )
  18. (en) Stephen Rutledge, « #LGBTQ: Doc Film, “The Death and Life of Marsha P. Johnson” Debuts at Tribeca Film Fest », sur worldofwonder.net, (consultĂ© le )
  19. (en) JR Tungol, « LGBT History Month Icon Of The Day: Marsha P. Johnson », sur huffpost.com, (consulté le )
  20. (en) « Forget ‘Stonewall’: ‘Pay It No Mind: The Life and Times of Marsha P. Johnson’ Is Available Online For Free », sur indiewire.com, (consultĂ© le )
  21. (en) « Stonewall », sur imdb.com (consulté le )
  22. (en) « Happy Birthday, Marsha! », sur imdb.com (consulté le )
  23. Lucas Armati, « “Marsha P. Johnson : Histoire d’une lĂ©gende”, Ă  la mĂ©moire des victimes transgenres », TĂ©lĂ©rama.fr,‎ , p. 77 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  24. (en) Vic Parsons, « Mural of Marsha P Johnson and Sylvia Rivera – the largest trans mural in the world – vandalised with moustaches », sur pinknews.co.uk, (consultĂ© le )
  25. ChloĂ© Aeberhardt, « Des Ă©meutes de 1969 Ă  la Gay Pride, le Stonewall, un monument de fiertĂ© », Le Monde,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  26. Florent Manelli, 40 LGBT+ qui ont changĂ© le monde, Éditions Lapin, dl 2019 (ISBN 978-2-37754-036-5 et 2-37754-036-8, OCLC 1117747488, lire en ligne)
  27. « Metz : un jardin en hommage à des militantes LGBT vandalisé », sur France Bleu, (consulté le )
  28. « Hommage à Marsha P. Johnson », sur www.google.com (consulté le )
  29. « Marsha P. Johnson - Google Arts & Culture », sur Google Arts & Culture (consultĂ© le )
  30. « Qui est Marsha P. Johnson, icÎne du combat LGBT ? », sur CNEWS (consulté le )
  31. « Un parc de New York renommé en l'honneur de l'icÎne trans Marsha P. Johnson », sur KOMITID, (consulté le )
  32. (en) Tat Bellamy-Walker, « Activists Bring Marsha P. Johnson Sculpture to Christopher Park », sur gaycitynews.com, (consulté le )
  33. Romain Vallet, « Le square rue Burdeau portera le nom de Marsha P. Johnson », sur heteroclite.org, (consulté le )
  34. « Lyon : un square Marsha P. Johnson, femme trans et militante LGBT, inauguré », sur lyonmag.com, (consulté le )

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.