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Marie Dorval

Marie Dorval, née Marie Amélie Thomase Delaunay le à Lorient et morte le dans l'ancien 10e arrondissement de Paris[2], est l’une des plus célèbres actrices françaises du XIXe siècle. Ses succès au théâtre et sa vie sentimentale bien remplie contribueront à en faire un mythe.

Marie Dorval
Lithographie de Marie Dorval par Alphonse-Léon Noël.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Marie Amélie Thomase Delaunay
Nationalité
Activité
Conjoint
Enfant
Gabrielle Dorval (d)
signature de Marie Dorval
Signature
Portrait de Marie Dorval par Pierre-Roch Vigneron.
Marie Dorval dans le rôle-titre d’Agnès de Méranie[1] par Hippolyte Lazerges.

Biographie

Fille des comĂ©diens ambulants Marie Joseph Charles Delaunay (1766-1802) et Marie Bourdais[3], Marie Dorval est abandonnĂ©e par son père Ă  l’âge de cinq ans. Peu de temps après, elle perd sa mère, victime de la tuberculose. Elle joue d’abord des rĂ´les d’enfants Ă  Lille, sous le nom de « Bourdais Â», qui est celui de son oncle, acteur comique distinguĂ©[4].

Le , à Lorient, elle épouse le maître de ballet Louis Étienne Allan-Dorval[5], dont elle aura deux enfants : Marie Louise Désirée[6] et Catherine Françoise Sophie[7]. Le couple se sépare en 1818, mais Dorval laisse à son épouse son nom de scène qui passera à la postérité[8].

Se produisant définitivement sur la scène, elle est attachée à diverses troupes de province pour les amoureuses de comédie et les dugazons d’opéra comique. À Strasbourg, elle commence à jouer les premiers rôles de comédie et de drame et se fait remarquer par Charles-G. Potier, qui la fait engager à Paris, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, en 1818[4] - [9].

De 1818 Ă  1826, elle entretient une relation avec le compositeur Alexandre Piccinni, dont elle aura trois filles[10].

En 1827, elle connaît le succès dans la pièce Trente ans, ou la vie d’un joueur de Victor Ducange et Prosper Goubaux, où elle a pour partenaire le célèbre acteur Frédérick Lemaître. Veuve de son premier mari, elle épouse en secondes noces, à Paris, le , le journaliste Jean-Toussaint Merle[11], mais le couple s'accorde sur le principe d'une union libre permettant aux deux partenaires d'avoir des aventures passagères.

En 1832, elle devient la maîtresse d’Alfred de Vigny[12] - [13] qui, avec Victor Hugo, la fera entrer au Théâtre-Français au mois de [9]. Le nom de Marie Dorval se rattache à la révolution dramatique de l’école romantique. Son jeu, où l’art disparaît sous le naturel de la sensibilité et sous les élans de la passion, s’adapte parfaitement à la nouvelle littérature. À la majesté classique, elle substitue, elle aussi, la violence des effets.

En , elle se lie avec l'écrivaine George Sand après avoir reçu d'elle une lettre admirative concernant l’une de ses représentations[14]. Leur amitié intense donne lieu à des rumeurs de lesbianisme à Paris, d'autant que chacune des deux femmes avait fait l'objet de ces rumeurs auparavant[15]. Gustave Planche écrit à Sand de se méfier de cette « dangereuse amitié[16] » tandis qu'Alfred de Vigny écrit à Dorval de rester à distance de Sand, qu’il qualifie de « damnée lesbienne[17] ». Les historiens actuels restent partagés sur la nature de cette relation, dont le caractère amoureux ou sexuel n'a pas été vérifié [18]. En 1840, elle joue la pièce Cosima, de George Sand, à la Comédie française[19]. Les deux femmes collaborent même au manuscrit, mais la pièce, mal reçue, n'aura que sept représentations[20].

Marie Dorval et Alfred de Vigny par Delacroix, 1831

Marie Dorval exprimera son talent remarquable à la Porte Saint-Martin, dans des œuvres mélodramatiques, le Château de Kenilworth, les Deux Forçats, Trente ans, ou la Vie d’un joueur, etc. ; puis des créations d’un ordre plus élevé, Antony et Marion de Lorme, lui développeront l'ampleur de son talent. Elle a été applaudie, à la Comédie-Française, dans Chatterton, pièce dans laquelle elle a incarné le rôle de Kitty Bell[21]. Toujours à la Comédie-Française, en 1835, elle joue dans Angelo, tyran de Padoue de Victor Hugo en compagnie de sa rivale Mlle Mars. Les deux actrices sont distribuées à contre-emploi, Marie Dorval interprétant le rôle de Catarina, noble femme d'Angelo[22], et Mlle Mars celui de la Tisbe, courtisane, comédienne et maitresse du tyran de Padoue[23].

Elle apparaît dans Lucrèce de François Ponsard (1843) et, revenant au drame des boulevards, elle remporta malgré ses forces épuisées et sa voix presque éteinte, un dernier succès avec Marie-Jeanne, ou la femme du peuple, d’Adolphe d'Ennery [24].

Vers la fin de sa vie, elle s’essaya au répertoire classique à l’Odéon, créa Agnès de Méranie de François Ponsard (1846) et joua, non sans succès, les rôles de Phèdre et d’Hermione[4]. Les changements dans la mode et le désir du public de voir des actrices plus jeunes achèvent sa carrière par des tournées en province. Elle meurt, très dépressive, à l’âge de cinquante et un ans, après la mort d’un petit-fils.

Après le service funèbre, célébré le surlendemain de sa mort, à Saint-Thomas-d’Aquin, elle a été inhumée au cimetière du Montparnasse[25], au côté de son mari[26].

Postérité littéraire

Plaque sur la maison de Marie Dorval Ă  Paris

Michel Mourlet a publié un roman (Histoire d’un maléfice, 2001) et une pièce de théâtre (Marie Dorval) qui s'inspirent librement des amours de Marie Dorval[27]. Après une mise en espace en 2002, en la crypte de la Madeleine (ADAC Ville de Paris), par la troupe de Dominique Leverd, la pièce a été créée la même année au théâtre de Saint-Maur dans une mise en scène de Jean-Pierre Savinaud[28]. Elle a fait l'objet d'une nouvelle mise en scène en 2003 au Théâtre de l'Entre-Texte d'Arles et a été publiée en 2014 dans le recueil Pièces masquées[29].

Notes et références

  1. Jean-Claude Daufresne, Théâtre de l’Odéon : architecture, décors, musée, Mardaga, , 297 p. (ISBN 978-2-87009-873-8, lire en ligne), p. 57-58.
  2. Fiche sur l'état civil reconstitué de Paris (XVIe-1859), vue 50/51
  3. NĂ©e en 1781 et morte vers 1816.
  4. Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, , xvi-2096, 2 tomes en 1 vol. ; 25 cm (lire en ligne), p. 651.
  5. Né le 25 décembre 1777 à Paris Ve, et mort, le 30 mai 1820, à Saint-Pétersbourg.
  6. NĂ©e en 1814.
  7. NĂ©e en 1815.
  8. « Orpheline Ă  quinze ans, j’épousai le premier venu qui voulut bien se charger de mon sort ; le hasard intervertit les rĂ´les, je devins la protectrice de mon protecteur. Les souffrances elles travaux de la maternitĂ©, les soucis du mĂ©nage, les dures peines de l’acteur de province, sans feu ni lieu pour ainsi dire, en butte aux caprices du public, aux faillites des directeurs, ont rempli ma jeunesse. » Voir Coupy, op. cit.
  9. E. Coupy, Marie Dorval, 1798-1849 : documents inédits, biographie critique et bibliographie, Paris, Librairie internationale, , xii-471, 1 vol. ; in-12 (lire en ligne), p. 6.
  10. Deux d'entre elles mourront en bas âge.
  11. Europe : revue littéraire mensuelle, Paris, (lire en ligne), p. 188.
  12. Liaison tumultueuse puisque le poète fit suivre sa maîtresse par le premier détective de l'histoire : Vidocq. (source : Historique des détectives privés)
  13. Alfred de Vigny et Marie Dorval (préf. Ariane Charton), Lettres à lire au lit : correspondance amoureuse d'Alfred de Vigny et Marie Dorval (1831-1838), Paris, Mercure de France,
  14. Jean-Pierre Lassalle, Alfred de Vigny, Paris, Fayard, coll. « Biographies Littéraires », , 500 p. (ISBN 978-2-213-66088-2, lire en ligne), p. 97.
  15. Jean-Paul Clément, « George Sand : le scandale du pantalon », sur Revue Des Deux Mondes, (consulté le )
  16. Anna Gaylor, Marie Dorval : grandeur et misère d’une actrice romantique, Paris, Flammarion, , 260 p. (ISBN 978-2-08-066298-9, lire en ligne), p. 116.
  17. Hans Mayer (trad. de l'allemand par Laurent Muhleisen), Les Marginaux : femmes, juifs et homosexuels dans la littérature européenne, Paris, Albin Michel, , 535 p. (ISBN 978-2-226-06498-1, lire en ligne), p. 113.
  18. (en) Ruth M. Pettis, « Dorval, Marie (1798-1849 », sur www.glbtqarchive.com, (consulté le ).
  19. « Marie Dorval 2 vers 1830/ Vigny, Sand... », sur Tours et culture, (consulté le )
  20. Henri Heine (Note 2), Lutèce : Lettres sur la vie politique, artistique et sociale, Paris, La fabrique éditions, , 475 p. (ISBN 978-2-35872-133-2, lire en ligne), p. 84.
  21. Alfred de Vigny, Chatterton : drame en trois actes, Paris, Souverain, coll. « Classiques pour tous », , 111 p. (lire en ligne), p. 26.
  22. Pierre Maleuvre, « Costume de Marie Dorval (Catarina) dans Angelo, tyran de Padoue », (consulté le ).
  23. Jules Janin, Histoire de la littérature dramatique, t. 6, Paris, 376 p., 6 vol. ; in-18 (lire en ligne), p. 191 & 194.
  24. « Archives des Théâtre - comédienne : Marie Dorval », sur Tours et culture (consulté le )
  25. Division 6.
  26. (en) Bettina Liebowitz Knapp, Marie Dorval : France’s theatrical wonder : a book for actors, Amsterdam ; New York, Rodopi, , 234 p. (ISBN 978-90-420-2132-7 et 90-420-2132-2, OCLC 897034011, lire en ligne), p. 228.
  27. Michel Mourlet, « Le Démon des planches : Souvenirs d'un intermittent du spectacle », dans Michel Mourlet, L'Anti-Brecht : Le Théâtre, sa mort, sa vie, France Univers, (lire en ligne)
  28. « Archives du Spectacle »
  29. Les Cygnes, collect. « Théâtre contemporain Â».

Bibliographie

  • Dictionnaire des comĂ©diens français, ceux d'hier : biographie, bibliographie, iconographie, Paris (lire en ligne), p. 569.
  • Francis Ambrière, Mademoiselle Mars et Marie Dorval, au théâtre et dans la vie, Paris, Le Seuil, , 710 p., 22 cm (ISBN 978-2-02-015963-0, OCLC 406971930).
  • E. Coupy, Marie Dorval, 1798-1849 : documents inĂ©dits, biographie critique et bibliographie, Paris, Librairie internationale, , xii-471, 1 vol. ; in-12 (lire en ligne).
  • ThĂ©ophile Gautier, « Mort de Madame Dorval », La Presse,‎ , p. 2-3 (lire en ligne, consultĂ© le )
  • (en) Anna Gaylor, Marie Dorval : grandeur et misère d’une actrice romantique, Paris, Flammarion, , 260 p. (ISBN 978-2-08-066298-9, lire en ligne), p. 116.
  • (en) Bettina Liebowitz Knapp, Marie Dorval : France’s theatrical wonder : a book for actors, Amsterdam ; New York, Rodopi, , 234 p. (ISBN 978-90-420-2132-7 et 90-420-2132-2, OCLC 897034011, lire en ligne).
  • Françoise Moser (prĂ©f. Henri Guillemin), Marie Dorval, Paris, Plon, , 248 p. (OCLC 718377011).
  • Lettres pour lire au lit, correspondance amoureuse entre Marie Dorval et Alfred de Vigny, prĂ©sentation et notes d'Ariane Charton, Mercure de France, coll. Le Temps retrouvĂ©, Paris, 2009.

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