Marie-Fortunée d'Este
Marie-Fortunée d'Este (Maria Fortunata d'Este), princesse de Modène, comtesse de la Marche en 1759 puis princesse de Conti en 1776, est une princesse italienne membre de la maison d'Este, née à Modène le et morte au couvent de la Visitation à Venise le .
Marie-Fortunée d'Estee | ||
Marie-Fortunée d'Este, copie par Hortense Haudebourt-Lescot, 1835, d'un original pour le musée historique du château de Versailles | ||
Titre | princesse de Conti | |
---|---|---|
Autres titres | princesse de Modène | |
Biographie | ||
Dynastie | Maison d'Este | |
Nom de naissance | Maria Fortunata d'Este | |
Naissance | Palais ducal de Modène |
|
Décès | Venise |
|
Père | François III de Modène | |
Mère | Charlotte-Aglaé d'Orléans | |
Conjoint | Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti | |
Un mariage « d'inconvenance »
Fille de François III, duc de Modène et de Charlotte-Aglaé d'Orléans, elle est une cousine issue de germain du roi Louis XV de France ainsi qu'une nièce à la mode de Bretagne de l'empereur François Ier du Saint-Empire.
Après s'être séparée de son mari et avoir quitté son duché pour revenir en France, sa mère profite de son statut de princesse du sang pour arranger les mariages de ses filles, membre d'une maison souveraine mais secondaire, avec des membres de la famille royale de France : Félicité épouse en 1744 le duc de Penthièvre, tandis que Marie-Fortunée épouse un autre de ses cousins français, Louis-François-Joseph de Bourbon-Conti (1734-1814), comte de la Marche.
Le duc de Modène ayant été nommé par l'impératrice Marie-Thérèse gouverneur de Lombardie, le contrat est signé à Milan le par l'ambassadeur de France à la cour de Turin. Le duc assure à sa fille une dot d'un million de livres. Le mariage est célébré par procuration à Milan le puis en personne à Nangis-en-Brie le . Le , la princesse est présentée au roi, à la reine et à la famille royale par la princesse douairière de Conti, grand-mère du marié.
Sa mère meurt en au palais du Luxembourg. Elle était la dernière des enfants encore vivants du feu Régent.
Les deux époux ne tardent pas à se brouiller car le comte de la Marche, qui ne s'est marié que par obéissance filiale, n'a partagé la couche nuptiale que le temps de consommer son union puis a délaissé ostensiblement son épouse.
Quelques années plus tard, le prince prétend imposer à sa femme la présence d'un fils naturel qu'il a eu en 1761 de Marie-Anne Véronèse, dite Mlle Coraline, artiste du Théâtre-Italien. Le comte de la Marche a un second enfant naturel avec sa maîtresse en 1767. Ceci porte un coup fatal au ménage : les deux époux se séparent à l'amiable à la fin de l'année 1775. La séparation est définitive le . Entre-temps, en 1776, le prince de Conti, est mort et « leurs Altesses sérénissimes le comte et la comtesse de la Marche » sont devenus « leurs Altesses sérénissimes le prince et la princesse de Conti ».
En 1770 , dans le cadre de la réconciliation des maisons de France et d'Autriche, le dauphin Louis-Auguste a épousé l'archiduchesse Marie-Antoinette qui est aussi une cousine issue de germain de la princesse. L'année suivante, le frère de la jeune dauphine a épousé Marie-Béatrice d'Este, nièce de la princesse de Conti et héritière des duchés de Modène, Massa et Carrare. Ils seront les fondateurs de la maison de Habsbourg-Este dont la comtesse de Chambord sera la dernière représentante.
Dotée d'un visage disgracieux, la princesse est une femme cultivée, discrète et austère qui se tient au courant des nouvelles de son temps mais vit retirée de la cour, rebutée par la frivolité de l'entourage de la jeune reine, coquette, qui n'a guère d'attention que pour les gens de sa génération et peu d'égards pour ses aînées. La princesse de Conti ne se présente à Versailles que pour accomplir ses devoirs familiaux.
Nonobstant, elle entretient des relations affectueuses avec son beau-frère, le très pieux duc de Penthièvre, ainsi qu'avec la fille et la belle-fille de celui-ci, Marie-Adélaïde, la plus riche héritière du royaume, mariée en 1769 au duc d'Orléans, et Marie-Thérèse-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, surintendante de la maison de la reine.
En 1780, elle acquiert le château de Triel qui devient rapidement son lieu de villégiature préféré.
En , elle assiste avec la famille royale à l'ouverture des États généraux mais émigre après la « grande peur » du mois d'août sous le pseudonyme de comtesse de Triel, à la suite de son mari, devenu impopulaire, et du comte d'Artois.
Une vieillesse en exil
Tandis que son mari se réfugie à Bruxelles, Marie-Fortunée retourne vers sa terre natale, l'Italie, et s'installe à Chambéry dans les États du roi de Sardaigne, proche parent de la maison de France. En 1791, elle se retire à Fribourg, ville suisse qui accueille un grand nombre d'émigrés, notamment des religieux. C'est là qu'elle apprend la chute de la monarchie, l'emprisonnement de la famille royale, la séparation du couple Orléans, la fin atroce de la princesse de Lamballe et la condamnation à mort (notamment le vote « pour » du duc d'Orléans) puis l'exécution du roi, mais aussi la mort paisible de Penthièvre, resté populaire en ces temps troublés grâce à sa profonde générosité. Elle apprend également bientôt la désertion du duc de Chartres, fils aîné du duc d'Orléans, l'incarcération de la famille d'Orléans et de son mari qui était rentré en France dès 1790, l'exécution de la reine et du duc d'Orléans.
À partir de 1794, elle héberge sa petite-nièce Adélaïde d'Orléans qui, à 17 ans, erre dans une Europe en guerre, rejetée tant par la France révolutionnaire que par les émigrés qui refusent leur sollicitude à la fille d'un régicide, fût-elle de sang royal. Adélaïde et ses dix-sept ans seront l'objet involontaire d'une lutte aigre-douce entre la solitaire princesse sexagénaire et sa dame de compagnie, la comtesse des Roches qui, toutes deux, souhaitaient capter l'affection de la jeune fille. Peu à peu la comtesse prendra un ascendant regrettable sur la jeune princesse fragilisée par les épreuves.
En 1797, sommé par le Directoire d'expulser les émigrés, le gouvernement suisse interdit de séjour ces hôtes encombrants. La princesse de Conti, Adélaïde et leur petite suite s'installent à Landshut en Bavière. Au , les deux princesses fuyant les troupes françaises de Napoléon Bonaparte, s'installent à Presbourg où elles reçoivent la visite d'une autre parente, l'archiduchesse Marie-Béatrice, héritière du duché de Modène qui, elle aussi, avait dû fuir devant les troupes révolutionnaires.
En 1801, Adélaïde rejoint sa mère qui, après sa libération, s'est réfugiée à Barcelone, tandis que l'acte d'amnistie du premier consul envers les émigrés, sauf pour les membres de la famille royale, restreint peu à peu le cercle familier de la princesse qui atteint les soixante-dix ans.
En 1802, elle fait part à l'archiduc Ferdinand d'Autriche-Este, mari de sa nièce Marie-Béatrice, de son désir de se retirer au couvent de la Visitation de Venise. Elle s'y installe le avec trois femmes de chambre tandis que sa dame de compagnie, la comtesse des Roches, s'installe chez sa fille à Offenburg dans le pays de Bade.
Atteinte d'une pleurésie au mois d', la dernière princesse de Conti meurt le et est inhumée dans la chapelle du couvent, suivie de peu par son frère, le duc de Modène Hercule III, et sa sœur Mathilde, puis la comtesse des Roches, le .
Ascendance
Titres
- – : Son Altesse sérénissime la princesse Fortunée de Modène.
- – : Son Altesse sérénissime la comtesse de la Marche.
- – : Son Altesse sérénissime la princesse de Conti.
Bibliographie
- Pierre Houdion, La Dernière Princesse de Conti : Fortunée-Marie d'Este (1731-1803), L'Harmattan, Paris, 2007.
- Aurélie Chatenet-Calyste, Une Consommation aristocratique, fin de siècle : Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803), Limoges, Pulim, 2013.
- Aurélie Chatenet-Calyste, « Pour paraître à la cour : les habits de Marie-Fortunée d’Este, princesse de Conti (1731-1803) », Apparence(s), no 4, 2012.
Liens externes
- Ressource relative Ă la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :