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Marie-Amice Picard

Marie-Amice Picard, ou Marie Amice Picard, (nĂ©e le Ă  Guiclan ; morte le Ă  Saint-Pol-de-LĂ©on) est une mystique bretonne nĂ©e dans le diocèse de LĂ©on ; elle est l'une des figures les plus Ă©nigmatiques du XVIIe siècle breton dont le cas fit l'objet de vives polĂ©miques, y compris par de grands esprits de son temps comme Descartes ou Huyghens.

Marie-Amice Picard
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Sa vie

NĂ©e au hameau de Kergam dans la paroisse de Guiclan, dans le diocèse de LĂ©on, fille de Jean Picard et d'Agathe Malegoll[1], des paysans pauvres, elle garda d'abord les troupeaux et devint ensuite tisserande chez un certain Christophe Abgrall, un julod[2]. InfluencĂ©e dès l'âge de 7 ans par un sermon, elle promit Ă  Dieu de faire toutes ses volontĂ©s, de rester vierge et de souffrir les tourments des martyrs. Elle refusa toutes les demandes en mariage et rĂ©sista victorieusement Ă  une tentative de viol[3]. Le , alors qu'elle est âgĂ©e de 35 ans, commencent ses stigmates, accompagnĂ©s de visions et d'extases. Pendant 18 ans, elle aurait vĂ©cu miraculeusement au milieu de supplices Ă©pouvantables, endurant les souffrances des martyrs chrĂ©tiens Ă  leurs dates anniversaires respectives (on l'a appelĂ©e un « martyrologe vivant Â») et rejetant toute nourriture autre que l'Eucharistie.

« Les supplices commençaient la veille des fĂŞtes, Ă  l'heure des premières vĂŞpres. Marie-Amice Picard se sentait disloquĂ©e dans tous ses membres, disloquĂ©e, comme sur un chevalet, flagellĂ©e, Ă©corchĂ©e vive, criblĂ©e de flèches aigĂĽes, brĂ»lĂ©e sur un gril, plongĂ©e dans l'huile bouillante, dĂ©capitĂ©e mĂŞme, comme un saint Cyriaque, un saint BarthĂ©lĂ©my, un saint SĂ©bastien, un saint Laurent, un saint Jean l'ÉvangĂ©liste, un saint Jean-Baptiste. (...). La veille de la Toussaint 1638, elle endura les peines du Purgatoire et entrevit celles de l'Enfer. (...). Lors du Vendredi saint de l'annĂ©e 1639, elle vĂ©cut la passion du Christ de telle manière que « tous ceux qui Ă©taient dans sa chambre entendaient les coups, comme si l'on eĂ»t fichĂ© les clous dans le bois Â» et voyaient « le sang ruisseler sur son front et sur son corps Â»[4] ; une demi-heure avant midi, elle parut crucifiĂ©e. Lors de la fĂŞte de saint SĂ©bastien en 1641, on compta sur son corps 117 blessures. (...) Le au matin, on la trouva tout le corps Ă©corchĂ© et les vĂŞtements parsemĂ©s de verres cassĂ©s, d'huile et de rĂ©sine[5]. »

Sa vie est connue grâce au manuscrit[6] prĂ©sentĂ© par le prĂ©dicateur breton Julien Maunoir. Ce manuscrit a beaucoup intriguĂ© les commentateurs et a fait l'objet de commentaires divers. Par exemple Xavier-Auguste SĂ©journĂ© a Ă©crit Ă  son propos : « Nos idĂ©es modernes ne sont plus faites Ă  de pareilles Ă©preuves. Nous sommes tentĂ©s de rejeter a priori ces merveilleuses singularitĂ©s, dont les tĂ©moins ont Ă©tĂ© si nombreux Ă  Saint-Pol-de-LĂ©on »[7]. Hyppolyte Le Gourvello a parlĂ© de « pages impossibles Ă  publier, tellement elles sont naĂŻves et Ă©tranges »[8].

Ses persécutions et sa mort

AccusĂ©e de sorcellerie (les assemblĂ©es sabbatiques Ă©taient alors très frĂ©quentĂ©es en Bretagne) et dĂ©noncĂ©e par la vindicte populaire, l'Ă©vĂŞque de LĂ©on, Robert Cupif, la fit soumettre Ă  la question. Elle fut alors reconnue « une extatique très loyale et très chrĂ©tienne Â». Elle fut aussi soutenue par l'Ă©vĂŞque de Cornouaille, RenĂ© du LouĂ«t. Elle mourut le jour de NoĂ«l 1652 après avoir souffert pendant plusieurs jours une agonie ressemblant Ă  celle de JĂ©sus-Christ, et fut inhumĂ©e dans la cathĂ©drale de Saint-Pol-de-LĂ©on ; une dalle dans la cathĂ©drale marque l'emplacement oĂą elle a Ă©tĂ© inhumĂ©e.

Son culte

Bien que non reconnue comme sainte officiellement par l'église catholique, elle a fait l'objet d'un culte populaire. On conduisait fréquemment jadis à son tombeau les petits enfants pour les faire marcher plus tôt[9].

Des cas analogues : Catherine Daniélou et Armelle Nicolas

Une autre mystique bretonne vécut au même moment à la pointe de Bretagne : il s'agit de Catherine Daniélou, née à Quimper en 1619, qui subit dans sa jeunesse des sévices de la part d'un grand-père, puis fut victime d'un mari brutal. Elle aussi eut des visions, des extases et portait des stigmates le jour du Vendredi saint. Elle mourut lors d'un pèlerinage le à Saint-Guen (Côtes-d'Armor actuellement)[10].

Dans le diocèse de Vannes, Armelle Nicolas fut aussi une mystique assez analogue.

Références

  1. Jean-François de la Marche, SJ, Abrégé des vies de Marie Dias, Marie-Amice Picard, et d'Armelle Nicolas..., 1756, consultable https://books.google.fr/books?id=5IlBAAAAcAAJ&pg=PA34&lpg=PA34&dq=marie+amice+picard&source=bl&ots=dwisVqdlzx&sig=mzKwfFZVP91rRZdUO9N5i8sKiVg&hl=fr&sa=X&ei=OjLsTu_DCcrD8QOD35n5CQ&ved=0CEIQ6AEwBA#v=onepage&q=marie%20amice%20picard&f=false
  2. Marchand de toile enrichi du Haut-LĂ©on.
  3. Armand Corre et Paul Aubry, Documents de criminologie rétrospective (Bretagne, XVIIe et XVIIIe siècles), 1895, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5824885k/f478.image.r=Guiclan.langFR
  4. D'après le récit de sa vie par le père Julien Maunoir.
  5. Hippolyte Le Gourvello, Armelle Nicolas, dite la Bonne Armelle,Paris, Pierre Téqui, 1913, cité par http://voiemystique.free.fr/amice_picard_extrait.htm
  6. La vie de Marie Amice Picard, manuscrit rédigé par le Père Julien Maunoir de la Compagnie de Jésus, consultable « http://applications002.brest-metropole-oceane.fr/VIPBI21/Interligo.web.Front/front.aspx?controller=viewpublication&publiId=6505 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
  7. Xavier-Auguste Séjourné, Histoire du vénérable serviteur de Dieu Julien Maunoir de la Compagnie de Jésus, Paris : H. Oudin, 1895, p. 227.
  8. Hyppolyte Le Gourvello, Armelle Nicolas dite la Bonne Armelle, Paris, Pierre TĂ©qui, 1913, p. 251.
  9. « Cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (fondée par saint Paul Aurélien) », sur infobretagne.com (consulté le ).
  10. Louis Kerbiriou, "Missionnaires et mystiques en Basse-Bretagne au XVIIe siècle. Les mystiques : Catherine Daniélou et Marie-Amice Picard", revue Études, tome 188, Paris, 1926.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Claude Le Menn (prĂ©f. Yvon Etienne), Étonnants LĂ©onards, SpĂ©zet, Keltia Graphic, , 189 p. (ISBN 978-2-35313-012-2), « Marie-Amice Picard : Mystique et incomprise », p. 50-54
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