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Marcel Reine

Marcel Reine, né le à Aubervilliers et mort le en Méditerranée, est un aviateur français. Il est l'un des pionniers des grandes lignes aéropostales de l'Entre-deux-guerres.

Marcel Reine
Marcel Reine et son frère Maurice, aux Halles de Paris avant son dernier départ, en novembre 1940.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  38 ans)
Nationalité
Activité
Plaque commémorative

Biographie

Famille et formation

Sa famille est originaire de Bransles (aujourd'hui en Seine-et-Marne). Il a 4 frères et ses parents tiennent commerce aux Halles de Paris.

Après avoir passé avec succès son brevet militaire (N° 18866) au Centre d'Instruction de Avors, le , il obtient son brevet civil (N° 18251), le suivant, à l'école de pilotage Morane-Saulnier, avec comme moniteur, Mr Fronval. Le , il avait rejoint la 8e Escadrille du 32e Régiment d'Aviation, puis l'École de chasse de Avors. C'est à cette occasion qu'il rencontrera pour la première fois Antoine de Saint-Exupéry, dont il sera occasionnellement, l'instructeur à ses débuts. Il est nommé au grade de sergent, le et libéré de ses obligations militaires le .

L'AĂ©ropostale

En 1924, il est employé à Montrouge, et son statut de réserviste lui permet d'aller voler une heure par mois à Orly, au Centre d'entraînement civil ouvert aux réservistes. Il entre aux Lignes aériennes Latécoère (future Aéropostale) le et reçoit le brevet de transport public no 0842, le . Il y rencontre d'abord Jean Mermoz, puis les années suivantes, Henri Guillaumet et Antoine de Saint-Exupéry, nouvellement embauchés sur la ligne. Après la classique période d'apprentissage aux ateliers Latécoère, imposée par le directeur d'exploitation, Didier Daurat, il est, dans un premier temps affecté sur le tronçon, Toulouse-Casablanca, puis Casablanca-Dakar.

Sauvetage de l'Ă©quipage de l'Uruguay

Le , il participe au sauvetage de l'Ă©quipage de l'hydravion uruguayen, composĂ© du pilote, le commandant Taddeo Larre-Borges et de son frère, le capitaine Glauco Larre-Borges, le radio, du second pilote et navigateur, le capitaine Ibarra, et du mĂ©canicien Rigoli. Ces derniers, partis pour une tentative de tour du monde, le au matin, de Marina de Pise, en Italie, avaient ensuite rejoint Malaga, en Espagne avant de se poser Ă  Casablanca, au Maroc, pour envisager ensuite la traversĂ©e de l'Atlantique-Sud. Ils disparaissent le , alors qu'ils volent en direction des Ă®les Canaries. Les Ă©quipages de la ligne LatĂ©coère, effectuant des vols rĂ©guliers le long de la cĂ´te atlantique finissent par repĂ©rer l'Ă©pave de l'hydravion, un Dornier Wal, bimoteur Farman de 500 cv, baptisĂ© Uruguay, dĂ©rivant Ă  100 kilomètres, au nord de Tarfaya (cap Juby), les quatre hommes d'Ă©quipage ayant Ă©tĂ© capturĂ©s par les Maures, après avoir dĂ©rivĂ© vers la cĂ´te, en terrain hostile. La rançon pour leur libĂ©ration, qui s'Ă©levait Ă  5 000 pesetas, sera apportĂ©e par les pilotes français, Marcel Reine et LĂ©on Antoine, qui enlèveront les captifs, au prix d'un sauvetage Ă©pique et auxquels les Uruguayens seront reconnaissants pour toujours.

Trois fois captif des Maures

Le , Marcel Reine est, une première fois, fait prisonnier par les tribus nomades, avec son interprète chleuh, alors qu'il avait dĂ©collĂ©, depuis une heure et demie, d'Agadir, en direction de Dakar, et qu'il dut poser son Breguet XIV en plein dĂ©sert, moteur en feu. Au contact du sol, il faucha son train d'atterrissage sur un terrain irrĂ©gulier qui empĂŞcha toute tentative de sauvetage immĂ©diat au second avion, qui accompagnait toujours le courrier, ce dernier retournant Ă  Agadir prĂ©venir les autoritĂ©s. AussitĂ´t entourĂ©s de rebelles qui pillèrent l'appareil, et blessèrent l'interprète au couteau, il est emmenĂ© et rouĂ© de coups par les « Hommes bleus » du dĂ©sert et ne recouvre la libertĂ© qu'au bout de cinq jours et couvert de vermine, contre une rançon s'Ă©levant Ă  4 500 francs. L'annĂ©e suivante, le , avec le pilote Georges Pivot, avec qui il avait eu droit Ă  quelques remontrances de la part de Daurat, pour « fantaisie en vol et excentricitĂ© nocturne » Ă  Casablanca, au mois d'avril prĂ©cĂ©dent, il est une nouvelle fois fait prisonnier après un atterrissage forcĂ© en territoire rebelle. Cette captivitĂ© durera une semaine. Mais le plus dur restait encore Ă  venir pour ce pilote chevronnĂ©, puisqu'un peu plus d'un an et demi plus tard, le , alors qu'il vole aux commandes d'un LatĂ© 26, accompagnĂ© de l'ingĂ©nieur polytechnicien, Édouard Serre, et de leur interprète, Abdallah, de Toulouse vers Dakar, son avion est pris dans la brume et il heurte une falaise qui lui arrache son train d'atterrissage, l'obligeant Ă  se poser près du Cap Bojador, en territoire insoumis. L'avion capote sur le sol, mais les trois hommes s'en tirent sains et saufs. S'ensuit alors une longue marche pour essayer de rejoindre Villa Cisneros, l'aĂ©roplace la plus proche. Mais bientĂ´t capturĂ©s par une tribu de Maures R'Gibat, ils sont emmenĂ©s Ă  travers le dĂ©sert, de campement en campement, dans des conditions particulièrement difficiles. Les recherches, lancĂ©es par Antoine de Saint-ExupĂ©ry, alors chef d'escale Ă  Cap Juby, ne donnent absolument rien dans un premier temps, avant qu'une demande de rançon ne soit exigĂ©e par les ravisseurs, pas moins de un million de fusils en Ă©change de la libĂ©ration de l'Ă©quipage ! Après nĂ©gociation, Antoine de Saint-ExupĂ©ry rĂ©ussit Ă  faire ravitailler les prisonniers et Ă  faire ramener la monnaie d'Ă©change Ă  seulement 20 fusils et 6 000 cartouches, accompagnĂ©s d'une importante somme d'argent. Le calvaire des trois hommes prit fin le , soit après 117 jours de captivitĂ©, quand ils furent ramenĂ©s par bateau Ă  Villa Cisneros.

L'Amérique du Sud

Marcel Reine est affecté en Amérique du Sud, en 1929, d'abord sur le tronçon reliant, Buenos-Aires à Asuncion, puis vers Rio de Janeiro, et enfin Santiago du Chili où, à la manière d'Henri Guillaumet, il effectue de nombreux passages sur la cordillère des Andes. Il est également spécialiste des vols de nuit, et participe, entre le 11 et le , au premier courrier 100 % aérien, entre Toulouse et Santiago du Chili.

Raid Paris-Santiago du Chili

Reine, Codos et Gimié devant le Chef Pilote Laurent Guerrero

Le , il effectue, en tant que copilote de Paul Codos, avec le radio, LĂ©opold GimiĂ© et le mĂ©canicien, Edmond Vautier, « tous des chevronnĂ©s de l’Air », selon Codos, un raid aller-retour, Paris-Santiago du Chili en parcourant plus de 25 000 km Ă  bord d’un avion Farman F.223.O1, immatriculĂ© F-APUZ, et baptisĂ© "Chef Pilote Laurent Guerrero", en souvenir de ce pilote de 35 ans, disparu au mois d'octobre prĂ©cĂ©dent, dans la rĂ©gion d’Agadir, lors d’un convoyage de courrier vers Natal, aux commandes du Dewoitine D.333 "Antarès". Le vol aller, d'une distance de 13 789 km, fut rĂ©alisĂ© en 58 heures et 42 minutes, avec une seule escale.

Disparition

Le , moins d'un mois après l'armistice, et à la suite de l'interdiction de vol au-dessus de l'océan, par le commandement allemand, il fait partie du dernier équipage d'Air France, à effectuer la liaison postale sur l'Atlantique-Sud, à bord du Farman 2200 Ville de Natal. Plus de quatre mois plus tard, le , il décolle de Marignane pour son dernier vol, en tant que second pilote de Guillaumet « le survivant des Andes », sur un avion Farman F.223.4, immatriculé F-AROA, aux couleurs d'Air France et baptisé Le Verrier. Leur équipage est également composé de Jean Le Duff, le radio, et des mécaniciens Franquès et Montaubin. Leur mission est de transporter vers la Syrie, le nouveau haut-commissaire de la France au Levant Jean Chiappe, accompagné en second passager du capitaine Nicolas. En raison de la guerre, la veille même, Paul Codos, qui effectuait le vol inverse, entre Bizerte et Marseille, aux commandes du Laté 522 Ville de St Pierre, avait largement contourné la zone sensible de Malte. En revanche, l'équipage du Verrier dut obéir aux ordres et prendre le trajet soumis par l'armistice italien, en direction de Bizerte, en Tunisie, la seule étape prévue à leur voyage sur Beyrouth. On leur assura que leur avion civil, à grandes bandes jaunes d'identification, était identifiable par les belligérants. La première partie du vol se déroula parfaitement, sous un ciel dégagé avec une mer calme, permettant au radio de communiquer régulièrement son message « TVB ». Mais, au large de la Sardaigne, le Farman est soudainement pris à partie par des chasseurs italiens engagés dans une bataille aéronavale contre les Britanniques[1] et abattus par erreur, Le Duff ayant juste le temps de lancer un dernier appel de détresse ; « Sommes mitraillés ! Avion en feu ! SOS ! SOU... » (En signal morse, le « S » étant signifié par trois points courts, et le « U » par deux points courts et un trait long, il est a imaginer que le radiotélégraphiste se soit écroulé sur son poste lors du dernier appuis sur la touche). La thèse, principalement défendue par le régime de Vichy, allié des Italiens, que l'avion ait été abattu par les Britanniques est toujours discutée aujourd'hui[2], Chiappe pouvant avoir représenté une menace pour les intérêts britanniques au Proche-Orient[2], Pierre Laval, alors vice-président du Conseil, avait protesté auprès des Britanniques qu'il accusait, comme certains journaux italiens, d'avoir abattu l'appareil[2]. Mais différentes enquêtes et témoignages attestent aujourd'hui des communications d'un pilote italien ayant annoncé avoir abattu « un gros avion inconnu ».

Lors de sa disparition, Marcel Reine comptabilisait 9 100 heures de vol, dont 81 traversĂ©es de l'Atlantique-Sud, pour une distance totale de 1 500 000 kilomètres parcourus.

Distinctions

  • Commandeur du Ouissam Alaouite, en .
  • Officier de l'Étoile Noire de l'Ordre de BĂ©nin, en .
  • MĂ©daille d'or de l'AĂ©ro-club du Maroc.
  • Officier du MĂ©rite Chilien.
  • Prix du pilote de ligne, en 1930.
  • MĂ©daille d'argent de la Ligue aĂ©ronautique de France.
  • MĂ©daille d'honneur de la FĂ©dĂ©ration Nationale de Sauvetage, en 1933.
  • Officier de la LĂ©gion d'honneur, en date du . Rang du , pris sur le rapport du Ministre de l'Air. Journal Officiel du . Titres exceptionnels, "magnifique pilote faisant preuve en toutes circonstances d'un moral au-dessus de toute dĂ©faillance. 5 300 heures de vol."

Hommages

  • Citation Ă  l'ordre de la Nation :
    « Reine, Marcel, pilote douĂ© d'une haute valeur morale et de qualitĂ©s professionnelles hors pair. AffectĂ© dès ses dĂ©buts sur la ligne Casablanca-Dakar, s'affirme par son audace et sa maĂ®trise. Deux fois prisonnier des Maures Ă  la suite d'atterrissages forcĂ©s. A effectuĂ© 81 traversĂ©es de l'Atlantique Sud et des passages rĂ©pĂ©tĂ©s de la Cordillère des Andes. SpĂ©cialiste des vols de nuit, l'un des rĂ©alisateurs des grandes lignes aĂ©riennes postales. Farouchement attachĂ© Ă  cette mystique du courrier, riche des plus nobles Ă©mulations et des plus hautes vertus. A trouvĂ© une mort glorieuse en service commandĂ© au-dessus de la MĂ©diterranĂ©e le 27 novembre 1940, son appareil ayant Ă©tĂ© abattu. Comptait 9 100 heures de vol et 1 500 000 kilomètres parcourus sur les lignes commerciales. »

Dans la culture

Notes et références

  1. André Kaspi, La Deuxième Guerre mondiale : chronologie commentée, Bruxelles, Ed. Complexe, , 577 p. (ISBN 2-87027-591-9), p. 159.
  2. Anne-Lucie Chaigne-Oudin, La France dans les jeux d'influences en Syrie et au Liban : 1940-1946, Paris, L'Harmattan, coll. « Comprendre le Moyen-Orient », , 260 p. (ISBN 978-2-296-07364-7 et 2-296-07364-6, lire en ligne), p. 21 à 22.

Voir aussi

Bibliographie

  • Joseph Kessel : Tous n'Ă©taient pas des anges
  • BenoĂ®t Heimermann, L'aĂ©ropostale, la fabuleuse Ă©popĂ©e de Mermoz, Saint-ExupĂ©ry et Guillaumet, chez Arthaud, 1999
  • Hubert Reine, Marcel Reine : hĂ©ros de l'aĂ©ropostale : compagnon de Saint-ExupĂ©ry, de Mermoz et de Guillaumet, Portet-sur-Garonne, Loubatières, , 223 p. (ISBN 2-86266-381-6)
  • Olivier Poivre d'Arvor et Patrick Poivre d'Arvor, , Paris, Mengès, 2004
  • Christophe Bec, Michel Suro et Alex Gonzalbo, L'AĂ©ropostale, des pilotes de lĂ©gende, Tome 7 ; Cap Juby, bande-dessinĂ©e, Éditions Soleil, 2019.

Articles connexes

Liens externes

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