Manifestations anti-Maïdan
Les manifestations anti-Maïdan[1] - [2] constituent les manifestations hostiles au mouvement de l'Euromaïdan. Ils marquent le début de la guerre russo-ukrainienne et plus précisément de la guerre du Donbass dans de nombreuses villes de l'Est et du Sud de l'Ukraine, en 2014. Elles évoluent ensuite dans le Donbass (Ukraine orientale) en une insurrection armée séparatiste, à l'occasion de la guerre hybride menée par la Russie[3] - [4].
Contexte
Le , le président du Parlement, Oleksandr Tourtchynov, proche de Ioulia Tymochenko est nommé président par intérim, jusqu'à l'élection présidentielle prévue pour le [5]. Le même jour, la résidence présidentielle de Ianoukovytch est nationalisée par le Parlement ukrainien[5] et une enquête est ouverte sur des dirigeants de la police ayant pris part aux répressions[5]. L'Ukraine reste fortement divisée entre l'ouest pro-européen, qui a pris le pouvoir, et le sud-est pro-russe. La possibilité d'une partition est même envisagée[6]. Le Parti des régions, qui s'est officiellement séparé de Ianoukovytch[5], reste sceptique quant à la résolution des problèmes économiques du pays[6].
Les médias ukrainiens dévoilent peu à peu le luxe des résidences des anciens dignitaires du régime[7]. Outre la résidence privée de Ianoukovytch (Mejyhiria[8]), ils peuvent ainsi découvrir par exemple la résidence de l'ancien procureur général Pchonka[9]. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, annonce que des mandats d'arrêt pour « meurtres de masse » avaient été lancés à l'encontre de Ianoukovytch et d'autres anciens responsables[10]. Le , Arsen Avakov dissout les forces anti-émeutes (Berkout) par décret ministériel[11].
En abrogeant la loi sur les langues régionales (uk), la Rada (Parlement) retire au russe (comme au roumain, au hongrois et au tatar de Crimée) le statut de langue officielle dans 13 des 27 régions (essentiellement au sud et à l'est du pays)[12]. Cela implique, non seulement que tous les documents officiels doivent être rédigés uniquement en ukrainien, mais aussi que les cours dans les écoles ne doivent être dispensés qu'en ukrainien, que tous les noms de ville et autres noms propres doivent suivre l'orthographe et la prononciation ukrainienne ce qui serait mal vécu par la population russophone d'Ukraine. La loi ne sera pas appliquée et, le , le président par intérim Tourtchynov y opposera son véto.
Nationalités et langues dans la région de Donetsk (villes du Donbass)
Villes | Russes | Ukrainiens russophones | Ukrainiens ukrainophones |
---|---|---|---|
Donetsk | 48,2 % | 35,9 % | 10,8 % |
Artemivsk | 27,5 % | 35,2 % | 34,1 % |
Horlivka | 44,8 % | 36,8 % | 14,6 % |
Dzerjynsk | 36,1 % | 40,7 % | 20,9 % |
Droujkivka | 32,2 % | 30,0 % | 34,4 % |
Yenakiieve | 51,4 % | 32,1 % | 13,2 % |
Jdanivka | 47,4 % | 37,1 % | 11,2 % |
Kirovske | 41,6 % | 37,8 % | 16,4 % |
Kostiantynivka | 37,7 % | 38,9 % | 20,4 % |
Kramatorsk | 26,9 % | 35,2 % | 35,0 % |
Makiivka | 50,8 % | 33,0 % | 12,0 % |
Marioupol | 44,4 % | 39,2 % | 9,5 % |
Sloviansk | 23,6 % | 30,2 % | 42,9 % |
Torez | 45,1 % | 35,5 % | 15,3 %[13] |
Opinion publique
- Contrôlée par la Russie
- Insurrection armée
- Occupation de l'administration régionale
- Manifestations
Selon un sondage mené par l'Institut national de sociologie de Kiev (en) du 8 au dans les régions de l'Est, la majorité des habitants souhaite la décentralisation du pouvoir de Kiev dans les régions (45,2 %) tandis que 24,8 % des habitants soutiennent une fédéralisation du pays[14], mais la majeure partie des habitants (74 %) considèrent le président intérimaire Oleksandr Tourtchynov comme illégitime[15].
Quelle forme d'État l'Ukraine devrait être | Réponse |
---|---|
Unie | 19,1 % |
Unie mais décentralisation du pouvoir de Kiev dans les régions | 45,2 % |
Fédérale | 24,8 % |
Vote blanc/nul | 10,8 % |
Un autre sondage mené toujours par l'Institut national de sociologie de Kiev du 8 au évalue le soutien d'une union de l'Ukraine avec la Russie. Il a été constaté que, dans l'ensemble, 12 % des personnes interrogées sont favorables à une union avec la Russie[16]. Cependant, le soutien à une telle union s'est révélé beaucoup plus élevé dans certaines régions :
- 41,0 % Crimée ;
- 33,2 % oblast de Donetsk ;
- 24,1 % oblast de Louhansk ;
- 24,0 % oblast d'Odessa ;
- 16,7 % oblast de Zaporijia ;
- 15,1 % oblast de Kharkiv ;
- 13,8 % oblast de Dnipropetrovsk.
Dans un sondage mené du 14 au par l'International Republican Institute, 26 à 27 % des personnes interrogées dans le sud et l'est de l'Ukraine considèrent l'Euromaïdan comme un coup d'État[17] mais seulement 5 % des sondés de l'Ukraine orientale estiment que les russophones sont « certainement » sous pression ou menacés de la part des nouvelles autorités. 43 % des Russes ethniques ont toutefois soutenu la décision de la fédération de Russie d'envoyer son armée pour protéger les citoyens russophones d'Ukraine en Crimée. 1 habitant sur 3 de Donetsk se considère comme citoyen ukrainien[17]. Le même sondage a déterminé que 66 % des résidents de Donetsk souhaitent rester dans l'Ukraine, tandis que 18,2 % souhaitaient une union avec la Russie et 4,7 % l'indépendance[18]. Un deuxième sondage mené du 26 au a montré que 77 % des résidents a condamné la prise des bâtiments administratifs, tandis que 16 % soutiennent ces actions. En outre, 40,8 % des citoyens de Donetsk sont pour l'unité de l'Ukraine, tandis que 26,5 % sont pro-russes.
Déroulement
Le , peu après le changement de pouvoir, les pro-Maïdan sont minoritaires dans le sud-est, notamment à Odessa, Donetsk et le Donbass, ou bien à Kharkiv où ils sont empêchés de déboulonner la statue de Lénine[19]. Ce même jour, dans la même ville, des anti-Maïdan s'affrontent aux pro-Maïdan sur la place de la Liberté[20]. Une partie de l'Est ne reconnaît pas les nouvelles institutions, ainsi que certains députés du Parti des régions, alors même qu'ils ont lâché Ianoukovytch[21]. L'interdiction de la langue russe dans les 13 régions sur les 27 que compte l'Ukraine met en effet le feu aux poudres, même si le président par intérim Tourtchinov explique ensuite qu'il ne fera pas entrer cette mesure en vigueur pour le moment. Dans le sud-est, des brigades d'autodéfense commencent à se former, notamment à Sébastopol[22]. Dans cette ville, où se trouve une importante base navale louée par l'Ukraine à la flotte de la mer Noire russe ainsi qu'une population russophone, un nouveau maire pro-russe, Alexeï Tchaly, est élu à main levée pour « le retour à la stabilité »[22].
Le , des manifestations pro-russes massives ont lieu dans les régions russophones du pays, notamment à Kharkiv, Donetsk ou Odessa[23].
Le , des manifestations pro-russes ont lieu dans les villes industrielles de l'est de l'Ukraine alors que la Crimée vote le même jour son rattachement à la Russie. À Donetsk, des manifestants pénètrent aux sièges du parquet et des services spéciaux, à l'issue d'une manifestation de deux mille personnes en faveur du rattachement à la Russie. À Kharkiv, ce sont six mille manifestants qui organisent, et ce malgré l'interdiction de la justice, un meeting-référendum pour plus d'autonomie et pour la « souveraineté » de la langue russe. Des milliers d'entre eux marchent ensuite vers les bureaux d'organisations nationalistes où ils brûlent drapeaux, livres et tracts devant l'entrée. Les partisans de Kiev décident de leur côté d'annuler leur manifestation afin d'éviter des provocations après qu'une personne a été poignardée à mort à Donetsk le et que deux personnes ont été tuées dans la nuit du 14 au à Kharkiv, au cours d'une fusillade impliquant nationalistes radicaux et militants pro-russes[24] - [25]. Le , la diffusion de quatre grandes chaînes de télévision russes est interdite en Ukraine en raison de « mauvaise représentation des faits »[26].
- Manifestation pro-russe à Odessa, .
- Avions de la force aérienne ukrainienne au-dessus de Donetsk, le .
- Manifestation à Odessa, .
Le , le Service de sécurité d'Ukraine arrête un groupe de quinze personnes à Louhansk en possession de 300 mitrailleuses, un lance-roquettes anti-chars, 5 pistolets et des cocktails molotov. Selon les autorités ukrainiennes, le groupe planifiait de s'emparer de Louhansk (à quinze personnes) par la force le [27]. Le , à la suite de la saisie du bâtiment gouvernemental de Donetsk par des manifestants pro-russes, la république populaire de Donetsk est proclamée et les séparatistes annoncent la tenue d'un référendum sur le statut de la ville, le [28]. Le lendemain, la Russie met en garde que l'utilisation de la force par les autorités ukrainiennes pour réprimer les protestations dans l'est du pays pourrait mener à une guerre civile[29].
Principales manifestations pro-russes
Manifestations par région | Ville | Nombre de manifestants | Date | Références |
---|---|---|---|---|
Sébastopol | 2 000+ | [30] | ||
Kertch | 200 | [31] | ||
Simferopol | [32] | |||
Odessa | 5 000-20 000 | [33] - [34] | ||
Marioupol | 2 000-5 000 | [35] - [36] | ||
Dnipropetrovsk | 1 000–3 000 | [37] | ||
Mykolaïv | 5 000–6 000 | [38] | ||
Kherson | 400 | [39] | ||
Louhansk | 10 000 | [40] | ||
Donetsk | 2 000-15 000 | [41] - [42] | ||
Kharkiv | 2 000 | [43] | ||
Zaporijia | 5 000 | [44] | ||
Louhansk | 1 000 | [45] | ||
Kiev | 30 |
Contre-manifestations pro-ukrainiennes
Manifestations par région | Ville | Nombre de manifestants | Date | Références |
---|---|---|---|---|
Kharkiv | 30 000 | [46] | ||
Simferopol | 5 000 | [47] | ||
Dnipropetrovsk | 10 000 | [48] | ||
Sumy | 10 000+ | [49] - [50] - [51] | ||
Mykolaïv | 5 000–10 000 | [52] | ||
Kiev | 8 000 | [52] | ||
Zaporijia | 5 000+ | [53] - [54] | ||
Tchernihiv | 2 000+ | [51] | ||
Jytomyr | 2 000 | [51] | ||
Tcherkassy | 1 000+ | [55] | ||
Kryvyï Rih | 1 000+ | [50] | ||
Poltava | 1 000+ | [50] | ||
Donetsk | 5 000 | [56] | ||
Kirovohrad | 100 | [57] | ||
Kherson | 3 000 | [58] - [59] | ||
Odessa | 10 000–15 000 | [60] | ||
Kramatorsk | 200 | [61] | ||
Louhansk | 1 000 | [62] | ||
Donetsk | 5 000-7 000 | [63] - [64] | ||
Kramatorsk | 1 000 | [65] | ||
Kryvyï Rih | 10 000+ | [66] | ||
Marioupol | 1 000+ | [67] | ||
Tcherkassy | 4 050 | [68] |
Notes et références
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- Article du Figaro du , p. 7
- (ru) « Portail Les trésors de Pchonka : icônes anciennes, tableaux volés... », sur Censor.net, (consulté le ).
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