Maison centrale de Saint-Martin-de-RĂ©
La maison centrale de Saint-Martin-de-Ré est une maison centrale française située dans la commune de Saint-Martin-de-Ré, sur l'Île de Ré, dans le département de Charente-Maritime et en région Nouvelle-Aquitaine.
Maison centrale de Saint-Martin-de-RĂ© | ||||
Localisation | ||||
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Pays | France | |||
RĂ©gion | Nouvelle-Aquitaine | |||
DĂ©partement | Charente-Maritime | |||
Ville | Saint-Martin-de-RĂ© | |||
DISP | Bordeaux | |||
Coordonnées | 46° 12′ 08″ nord, 1° 21′ 38″ ouest | |||
GĂ©olocalisation sur la carte : Charente-Maritime
GĂ©olocalisation sur la carte : Nouvelle-Aquitaine
GĂ©olocalisation sur la carte : France
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Architecture et patrimoine | ||||
Construction | Jusqu'en | |||
Propriétaire | État français | |||
Installations | ||||
Type | Maison centrale | |||
Superficie | 35 000 m2 (citadelle) et 46 600 m2 (ancienne caserne (d)) | |||
Capacité | 478 places | |||
Fonctionnement | ||||
Date d'ouverture | (maison centrale) | |||
Opérateur(s) | Ministère de la Justice | |||
Statut actuel | En fonctionnement (d) | |||
L'établissement dépend du ressort/est géré par la direction interrégionale des services pénitentiaires de Bordeaux. Au niveau judiciaire, l'établissement relève du tribunal judiciaire de La Rochelle et de la cour d'appel de Poitiers[1]..
L'établissement est la plus grande maison centrale de France, parmi les neuf que compte le pays, regroupant à elle seule près d'un quart des places de cette catégorie.
Histoire
La citadelle de Saint-Martin-de-RĂ©
La maison centrale de Saint-Martin-de-Ré est une ancienne fortification conçues par Vauban dont la construction a été achevée en [1].
Cependant, les installations n'ont jamais servi en tant qu’infrastructures militaires, ayant uniquement été utilisées comme structures d'incarcération. Elles ont ainsi accueilli des révolutionnaires, des sympathisants royalistes, des prêtres réfractaires, des opposants ou sympathisants de Napoléon 1er (en fonction des périodes de l'histoire) et enfin des Communards[2].
Le dépôt des condamnées aux travaux forcés
A partir de , l'établissement est réaffecté à l'accueil des criminels condamnés aux travaux forcés, les relégués, les criminels et les délinquants récidivistes destinés à être envoyés aux bagnes de Guyane française[2].
Cependant, l'établissement n'a jamais été considéré comme un bagne et accueillant uniquement seulement un petit dépôt tenu par une trentaine de fonctionnaires et recevant deux fois par an pendant une vingtaine de jours des bagnards en partance pour la Guyane[2].
L'établissement reste néanmoins surnommé « le bagne »[2].
La maison centrale de Saint-Martin-de-RĂ©
L'Ă©tablissement ouvre en tant que maison centrale en [2].
L’établissement est constitué de deux implantations séparées, devenues quartiers de détention dans les années : la Citadelle et la Caserne[1].
Certains journalistes surnomment l'établissement le « Sing Sing français »[3]. Jusqu'à présent un seul homme a réussi à s'en évader, le légionnaire Marc Ténard.
La « Caserne » est notamment constituée de deux grandes cours de promenade séparées par deux corps de bâtiment constitués de huit bâtiments préfabriqués appelés les « casinos »[4]. En , ces « casinos » ont été supprimés et un gymnase à destination des détenus a été construit à la place[1].
Description
Situé au centre-vile de la localité de Saint-Martin-de-Ré, la maison centrale est l'un des quatre établissements pénitentiaires de Charente-Maritime[5]. Elle est également la plus grande maison centrale de France, parmi les neuf que compte le pays, regroupant à elle seule près d'un quart des places de cette catégorie[2].
La maison centrale de Saint-Martin-de-Ré est intégrée dans la Citadelle conçue par Vauban au XVIIe siècle et attenante à l’enceinte fortifiée de la commune de Saint-Martin-de-Ré[6]. Elle est constitué de deux implantations séparées de quelques centaines de mètres[7] :
- la « Citadelle », appelée également « quartier de la Citadelle » et d'une superficie de 35 000 m2 : installée dans la Citadelle de Saint-Martin-de-Ré, elle constituait, jusqu'en , un ancien lieu d'incarcération des condamnés aux travaux forcés avant leur départ pour le bagne de Guyane française,
- la « Caserne », anciennement « caserne Toiras »[8] et appelée également « quartier de la Caserne » et d'une superficie de 46 600 m2 : elle logeait initialement les troupes chargées de l’encadrement des bagnards incarcérés à la Citadelle[9]. C'est là qu'ont été incarcérés de nombreux condamnés de l'OAS de 1962 à 1968[10].
L'établissement est composés de 490 cellules réparties entre ces deux quartier[9]. Mais la « Citadelle » et la « Caserne » sont parfois considérés comme deux établissements pénitentiaires distincts à la fois dans leur fonctionnement, leur identité, le personnels qui y est affecté et les détenus qui y sont incarcérés[1]. Aucun prisonnier n'a réussi à s'en évader sans être repris à part Claude Tenne le [11].
L'établissement a une capacité d'accueil de 458 places exclusivement pour des détenus hommes détenus exclusivement en cellule individuelle et en régime de détention dit « porte fermée »[6]. En , lors de l'inspection réalisée par le CGLPL, une augmentation de la proportion des personnes détenues condamnées à des peines criminelles avait été relevée par les inspecteurs de même que que la présence de 54,5 % d’auteurs d’infraction à caractère sexuel[6].
Au , l'établissement accueillait 364 détenus, soit un taux d'occupation de 79,5 %[12].
Actions de réinsertion des détenus
L'organisation de l'établissement est cependant essentiellement axée sur le fait d'occuper les détenus avec des activités sportives[13], socio-éducatives, comme des ateliers d'écriture[14], voir artistiques[15], tout en octroyant de nombreuses permissions de sortie. En , plus de la moitié des permissions de sortir accordées aux détenus incarcérés en maison centrale l'ont été pour les détenus de Saint-Martin-de-Ré[2].
En , un partenariat est signé entre l'établissement et la bibliothèque de l'université de La Rochelle afin de mettre de place des ateliers pour les détenus inscrits dans des formations universitaires[16].
A partir de , des ateliers culinaires sont créés dans l'établissement à destination des détenus dans le cadre d'un projet « alimentaire, sport et santé dans détention » pour améliorer les habitudes alimentaires des détenus[17].
Prise en charge de personnes détenues transgenres
L'établissement ne dispose d'aucun quartier pour femmes mais accueillait en deux personnes détenues transgenres qui ont été incarcérées dans l'établissement en tant que détenus hommes et qui ont débuté leur transition de genre sociale, médicale et juridique durant leur incarcération à la maison centrale[18].
Le CGLPL, lors d'une inspection spécifique à la prise en charge de personnes détenues transgenres, relève ainsi que cette situation soulève plusieurs difficultés à la fois au niveau de la formation du personnel pénitentiaire et soignant affecté dans l'établissement sur les questions de transidentité quand dans l'absence de directives d'ordre général émanant de la direction de l'Administration pénitentiaire sur ces questions. La prise en compte de leur transition durant leur quotidien (mégenrage, non-respect de l'intimité ou fouilles réalisées dans les mêmes conditions que pour les hommes) ou dans la transition médicale sont également relevées[18].
DĂ©tenus notables
Détenus au dépôt des condamnées aux travaux forcés
DĂ©tenus Ă la maison centrale
Événements notables
Le député français Olivier Falorni, nouvellement nommé nommé secrétaire de la commission d'enquête parlementaire sur la surveillance des filières et des individus djihadistes[21] - [22], se rend à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré le vendredi où il dénonce l’existence d'un des baraquements, appelés « casinos », qui fait régulièrement office de mosquée clandestine salafiste, malgré la vigilance des gardiens[23].
En , une dizaine de détenus de l'établissement attaquent en justice la maison centrale car ils estiment avoir subit un nombre important de fouilles à nu qu'ils considèrent comme étant injustifiées. L'administration considère de son côté qu'il s'agit de mesures de sécurité justifiées[24]. La même année, en pleine pandémie de COVID-19, des surveillants surprennent et interrompent une relation sexuelle entre une avocate et un détenu de l'établissement survenue au parloir de l'établissement. Des procédures disciplinaires sont engagées contre l'avocate et le détenu[25] - [26]. Également en , un détenu tente d'assassiner une psychologue de l'établissement[27].
En , sept surveillants mis en cause dans la mort par asphyxie survenu en . Les surveillants sont ainsi reconnus coupables d'homicide involontaire pour avoir bâillonné et maintenus à terre un détenu violent lors d'un transfert, ce qui a entrainé son décès. Quatre agents sont condamnées pour homicide involontaire, trois pour non-assistance à personne en péril et violence volontaire aggravée pour l’un d’eux, plusieurs surveillants sont ainsi condamnés à de la prison avec sursis[28] - [29]. La même année, quatre détenus sont blessés lors d'un incident qualifiée de « bagarre générale »[30] - [31].
En , la directrice d'un des quartiers de l'établissement (le quartier de la caserne) est violemment agressée par un détenu qui venait d'être informé de son transfert dans un autre établissement[32] - [33]. Le détenu, qui devait être libéré un an après l'incident, est condamné en comparution immédiate à trois ans d’emprisonnement supplémentaires[34].
Notes et références
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté, « Rapport de visite - Troisième visite - 2017 » [PDF], sur http://www.cglpl.fr/,
- Jean-Marie Renouard, « Le grand secret de l'île de Ré », Vacarme, Association Vacarme, no 24 « Été 2003 - 2003/3 »,‎ , p. 22-24 (lire en ligne )
- Jean-Claude Vimont, Saint-Martin-de-Ré, prison politique. Les photographies d’Armand Belvisi, Carnet de recherche de Crimininocorpus 27/11/2014
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté, « Rapport de visite - Deuxième visite - 2010 » [PDF], sur http://www.cglpl.fr/,
- « Tous les organismes par thème - Charente-Maritime - Annuaire | Service-public.fr », sur lannuaire.service-public.fr (consulté le )
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté, « Rapport de visite - Quatrième visite - 2021 » [PDF], sur https://www.cglpl.fr/,
- « Deltas & Collines :: La PRISON », sur deltas-collines.org (consulté le )
- Mathilde Gardin, « À Saint-Martin-de-Ré, derrière les murs de la prison », sur Le Point, (consulté le )
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté, « Rapport de visite - Premier rapport - 2009 » [PDF], sur http://www.cglpl.fr/,
- « Deltas & Collines : : Prisonniers OAS », sur deltas-collines.org (consulté le ).
- Claude Tenne, Mais le diable marche avec nous, Ă©d La Table Ronde, 1968.
- Ministère de la justice, « Statistiques des personnes écrouées et détenues au 1er février 2022 » [PDF], sur http://www.justice.gouv.fr/prison-et-reinsertion-10036/les-chiffres-clefs-10041/statistiques-de-la-population-detenue-et-ecrouee-34271.html,
- « C'est en France - Réinsertion : des prisons pas comme les autres », sur France 24, (consulté le )
- « Reportage France - Atelier d'écriture à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré », sur RFI, (consulté le )
- Artetprisonfrance, « Interview des détenus artistes à la maison centrale de Saint Martin de Ré », sur Art et Prison France, (consulté le )
- Olivier Caudron et Laurence Dubois-Pouillaute, « Une bibliothèque universitaire en maison centrale : », sur bbf.enssib.fr, (consulté le )
- « Les détenus de Saint-Martin-de-Ré se mettent à la cuisine, est-ce utile ? » (consulté le )
- Contrôleur général des lieux de privation de liberté, « Rapport de vérifications sur place : La prise en charge des personnes transgenres - 2021 » [PDF], sur https://www.cglpl.fr/,
- Jean-Claude Michelot, La Guillotine Sèche, Histoire Du bagne de Cayenne, Fayard, , 370 p..
- « Le marquis E. de Crussol arrêté pour escroquerie et trafic d'influence », Le Monde,‎ (lire en ligne).
- Assemblée Nationale, « Commission d'enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
- « Olivier Falorni : "La France a toujours triomphé de la barbarie" », SudOuest.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Charente-Maritime : Olivier Falorni s'invite à la centrale pénitentiaire de St-Martin-de-Ré », France 3 Nouvelle-Aquitaine,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Prison de Saint-Martin-de-Ré : des détenus demandent réparation en justice après de multiples fouilles à nu », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, (consulté le )
- Sophie Carbonnel- s.carbonnel@sudouest.fr, « Charente-Maritime : une avocate surprise en pleins ébats sexuels avec un détenu à la centrale de Saint-Martin-de-Ré », Sud Ouest,‎ (ISSN 1760-6454, lire en ligne, consulté le )
- « Charente-Maritime : Une avocate surprise en plein rapport sexuel avec un détenu à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré », sur actu17.fr, (consulté le )
- « Saint-Martin-de-Ré : un détenu tente d’assassiner une psychologue à la maison centrale », sur actu.fr, (consulté le )
- « Prison avec sursis pour les surveillants de la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Sept agents pénitentiaires jugés après la mort d’un détenu », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
- « Quatre détenus blessés dans une «bagarre générale» à la prison de Saint-Martin-de-Ré », sur Europe 1, (consulté le )
- « Charente-Maritime: bagarre générale à la prison de Saint-Martin-de-Ré, quatre détenus blessés », sur RMC (consulté le )
- « Saint-Martin-de-Ré : une directrice de la maison centrale violemment agressée par un détenu », sur ici, par France Bleu et France 3, (consulté le )
- « France Bleu : Saint-Martin-de-Ré : la directrice du quartier de la caserne de la maison centrale violemment agressée », sur Info-Flash (consulté le )
- « Île-de-Ré : l'agresseur de la directrice de la prison condamné », sur LEFIGARO, (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Marie Renouard, « Le grand secret de l'île de Ré », Vacarme, Association Vacarme, no 24 « Été 2003 - 2003/3 »,‎ , p. 22-24 (lire en ligne )
- Jean-Marie Renouard, Baigneurs et bagnards : Tourismes et prisons dans l'île de Ré, L'Harmattan, , 248 p. (ISBN 978-2-296-03243-9)