Luis Lucia Lucia
Luis Lucia Lucia (en castillan) ou LluĂs LĂşcia i LĂşcia (en catalan), nĂ© Ă Les Coves de VinromĂ le 17 octobre 1888 et mort Ă Valence le 5 janvier 1943[1], est un avocat, journaliste et homme politique espagnol. LiĂ© au traditionalisme puis Ă la dĂ©mocratie chrĂ©tienne, il fonda en 1930 la Droite rĂ©gionale valencienne, parti conservateur et catholique, intĂ©grĂ© Ă la ConfĂ©dĂ©ration espagnole des droites autonomes (CEDA), qui joua un rĂ´le important pendant la Seconde RĂ©publique et dans les rangs de laquelle il fut dĂ©putĂ© aux Cortes et ministre des Travaux publics et des Communications.
Député aux Cortes républicaines IIIe législature de la Seconde République espagnole (d) Valence capitale (d) | |
---|---|
- | |
Ministre de l'Équipement | |
- | |
CĂ©sar JalĂłn AragĂłn (d) Cirilo del RĂo RodrĂguez (d) | |
Député aux Cortes républicaines IIe législature de la Seconde République espagnole (d) Valence capitale (d) | |
- |
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 54 ans) Valence |
SĂ©pulture |
Cimetière général de Valence (d) |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Enfant |
Parti politique | |
---|---|
Membre de |
Il est le père du réalisateur Luis Lucia Mingarro.
Biographie
Enfance et jeunesse
Il naquit Ă Les Coves de VinromĂ , dans la province de CastellĂłn, le 17 octobre 1888, oĂą son père travaillait comme notaire[2], dans une famille nombreuse (de douze enfants, dont seuls cinq survĂ©curent, Luis Ă©tant le plus jeune)[3]. Ses parents Ă©taient tous deux originaires de la province de Teruel (de localitĂ©s diffĂ©rentes). Alors qu'il Ă©tait encore enfant, il s'installa avec sa famille Ă Nules — ville Ă laquelle il resta profondĂ©ment liĂ© —, oĂą son père fut nommĂ© notaire Ă titre dĂ©finitif[4]. Des annĂ©es plus tard, il eut Ă©galement des intĂ©rĂŞts agricoles dans cette ville[2]. Il fit ses Ă©tudes secondaires en tant qu'interne au prestigieux Collège de Saint Joseph de la ville de Valence dirigĂ© par les jĂ©suites[3]. Dans la mĂŞme ville, il apporta son soutien aux campagnes sociales du père Vicent. Il fit des Ă©tudes de droit, tout d'abord Ă l'universitĂ© de Valence — oĂą il dirigea les Jeunesses carlistes[5] —, et les termina en 1911 Ă Saragosse. Il Ă©pousa MarĂa Mingarro Roca, de CastellĂłn[2].
Activité politique
Dès sa prime jeunesse, il milita dans le traditionalisme valencien, se démarquant comme un jeune homme prometteur. Il débuta dans le journalisme en collaborant à l'hebdomadaire carliste El Guerrillero, dont il prit la direction dans les premiers mois de 1909[6] - [5]. En 1911, il devint membre de la rédaction du nouveau journal catholique Diario de Valencia[5] - [3]. En 1912, âgé de vingt-quatre ans, il fut nommé directeur par intérim de ce journal, poste qu'il occupa jusqu'en 1914. En tant que propagandiste actif dans le domaine du catholicisme social, il revint en 1918 à la direction du journal, cette fois de façon permanente, poste qu'il occupa jusqu'au déclenchement de la guerre civile[3].
Selon JoaquĂn ArrarĂ s, Ă l'avènement de la dictature de Primo de Rivera, il perdit foi dans la doctrine traditionaliste, la jugeant inefficace pour faire face aux dĂ©fis qui se prĂ©senteraient Ă la chute du rĂ©gime[7]. Selon la Gran Enciclopèdia Catalana, sa prise de distance remonte Ă la scission du mellisme en 1919[5].
Fondateur, président et principale figure de la Droite régionale valencienne en 1930, il fut député au Congrès pour Valence aux élections de novembre 1933 et de février 1936[5]. Ses positions évoluèrent progressivement vers une acceptation de la participation démocratique et, enfin, vers une défense affirmée de la République comme modèle de cohabitation et d'une conception résolument réformiste, qui allait à l'encontre de la majorité des militants du parti[5].
Il fonda avec JosĂ© MarĂa Gil-Robles la ConfĂ©dĂ©ration espagnole des droites autonomes (CEDA) dont il fut vice-prĂ©sident[3]. Il fut brièvement ministre Ă deux reprises : une première fois au portefeuille des Communications sous le gouvernement constituĂ© le 6 mai 1935, avec Alejandro Lerroux comme prĂ©sident du Conseil, et la seconde comme ministre des Travaux publics et des Communications dans le gouvernement formĂ© le 21 septembre 1935 sous la prĂ©sidence de JoaquĂn Chapaprieta[3].
Au fil du temps, les positions de Gil-Robles et de Lucia s'éloignèrent peu à peu, le second fuyant le personnalisme excessif du premier. « Son rôle dans les moments les plus critiques de la Seconde République — août [19]32, juillet [19]36 — fut pacificateur et constructif, modérant à plusieurs reprises les pulsions et les colères de Gil Robles »[8]. Lors de la campagne électorale de février 1936, Lucia s'efforça de tempérer l'élan autoritaire du chef de la CEDA et de bâtir des ponts avec les républicains conservateurs de Maura[9].
Guerre civile
Après l'assassinat de Calvo Sotelo il fuit en France, mais revint le 17 juillet, la veille de la tentative de coup d'État nationaliste qui déclencha la guerre civile et à l'issue duquel il se prononça clairement en faveur du gouvernement républicain à travers un télégrame adressé au ministre de l'Intérieur[10] - [3].
Malgré cette position sans équivoque, en raison de ses antécédents de droite et catholique, il fut poursuivi par les républicains. Après l'effondrement de l'ordre légal et le chaos dans l'arrière-garde républicaine, il se cacha, d'abord à Cantavieja (Teruel), puis isolé dans une maison d'une petite localité de Castellón, où il vécut pendant cinq mois. Il fut finalement trahi et emprisonné[11], d'abord à Valence, puis à la prison Modelo de Barcelone[12]. Devant la chute imminente de la ville aux mains des franquistes le 26 janvier 1939, Lucia et d'autres prisonniers de droite furent libérés par un diplomate déguisé en garde d'assaut[13]. Lucia quitta la ville et se cacha en attendant l'arrivée des troupes franquistes.
Après-guerre
Lucia fut arrêté le 14 février par les troupes de Franco. À l'issue d'un jugement sommaire, il fut condamné à mort treize jours plus tard pour ne pas avoir soutenu le soulèvement militaire à l'issue d'un jugement sommaire. Son télégramme d'adhésion à la République, qui n'avait pas été considéré par les autorités républicaines, fut considéré comme une preuve de charge pour les nouveaux pouvoirs[14].
Sa peine de mort fut commuée par Franco sept jours après la condamnation — après la médiation décisive de l'archevêque de Valence Prudencio Melo — en trente ans de prison[15]. En juillet 1941, le reste de la peine qu'il n'avait pas encore purgée fut commuée en une peine d'assignement à résidence, qu'il devait purger à Majorque[3]. Gravement malade, il fut autorisé à retourner à Valence, où il mourut d'un cancer du foie dans la nuit du 5 janvier 1943[16].
Production Ă©crite
Il est l'auteur du livre intitulĂ© Salterio de mis horas, cantique spirituel Ă©crit lors de son sĂ©jour Ă la prison Modelo de Barcelone, oĂą il fut emprisonnĂ© d'abord par le gouvernement rĂ©publicain puis par le rĂ©gime franquiste. Après quelques annĂ©es d'oubli dues Ă la censure franquiste, il fut publiĂ© Ă Valence en 1953[5]. Des annĂ©es plus tard, il fut plagiĂ© par le Père Marcial Maciel, fondateur des LĂ©gionnaires du Christ, dans son livre El salterio de mis dĂas[17].
Notes et références
- Comes Iglesia 2002, p. 34, 468.
- « Don Luis Lucia Lucia », Diario de Castellón,‎ , p. 1 (lire en ligne)
- (es) JosĂ© Luis Sampedro Escolar, « Luis LucĂa y LucĂa », sur Diccionario biográfico español, Real Academia de la Historia (consultĂ© le ).
- Comes Iglesia 2002, p. 34.
- (ca) « LluĂs LĂşcia i LĂşcia », sur Gran Enciclopèdia Catalana (consultĂ© le ).
- Comes Iglesia 2002, p. 43.
- (es) JoaquĂn Arrarás, Historia de la Segunda RepĂşblica Española, vol. II, Editora Nacional, (ISBN 9788000074597), p. 144
- Hilari Raguer, prologue Ă Comes Iglesia 2002, p. 14, 201
- Comes Iglesia 2002, p. 329-330.
- (es) Hilari Raguer i Suñer, « Nadando contra corriente: cristianos por la República », Iglesia viva: revista de pensamiento cristiano, no 241,‎ (ISSN 0210-1114) :
« Madrid. Ministro GobernaciĂłn. Como ex ministro de la RepĂşblica, como jefe de la Derecha Regional Valenciana, como diputado y como español, levanto en esta hora grave mi corazĂłn por encima de todas las diferencias polĂticas para ponerme al lado de la autoridad que es, frente a la violencia y la rebeldĂa, la encarnaciĂłn de la RepĂşblica y la Patria. Luis Lucia. »
- « Sesiones de la Diputación Permanente de Cortes », Diario de sesiones del Congreso de los Diputados, no 27,‎ , p. 4 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Comes Iglesia 2002, p. 386, 410.
- Comes Iglesia 2002, p. 453.
- Comes Iglesia 2002, p. 364.
- Comes Iglesia 2002, p. 435.
- Comes Iglesia 2002, p. 468.
- (es) « La LegiĂłn de Cristo reconoce que Maciel plagiĂł el libro de mĂstica «El salterio de mis dĂas» », ReligiĂłn en libertad,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
Annexes
Bibliographie
- (es) Vicent Comes Iglesia, En el filo de la navaja. BiografĂa polĂtica de Luis Lucia Lucia (1888-1943), Madrid, Biblioteca nueva, (ISBN 84-7030-501-8)
- (ca) Alfons CucĂł, El valencianisme polĂtic : 1874-1936, Valence, GarbĂ, , 1re Ă©d., 472 p.
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :