LucĂa (film, 1968)
LucĂa est un film cubain rĂ©alisĂ© par Humberto Solás et sorti en 1968.
Réalisation | Humberto Solás |
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Scénario |
H. Solás Julio GarcĂa Espinosa |
Acteurs principaux |
Raquel Revuelta |
Pays de production | Cuba |
Durée | 160 minutes |
Sortie | 1968 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Trois destins de femmes cubaines aux prĂ©noms identiques, Ă trois pĂ©riodes historiques distinctes, ou l'Ă©volution de la condition fĂ©minine dans la plus grande Ă®le des Antilles. La première LucĂa, issue d'une famille de la bourgeoisie coloniale, s'Ă©prend d'un bel Espagnol, dĂ©jĂ mariĂ© dans son pays. En dĂ©couvrant cette rĂ©alitĂ©, celle-ci en perd la raison. Nous sommes au moment de la guerre d'indĂ©pendance contre l'Espagne (1895). La deuxième LucĂa (cette fois de classe moyenne) s'engage aux cĂ´tĂ©s d'un rĂ©volutionnaire dans le combat contre la dictature de Gerardo Machado (1932). Dernière partie du triptyque : durant les premières annĂ©es de la rĂ©volution cubaine, LucĂa est cette fois-ci une ouvrière agricole souffrant du machisme de son conjoint dans une sociĂ©tĂ© socialiste dĂ©fendant officiellement l'Ă©galitĂ© des sexes.
Fiche technique
- Titre du film : LucĂa
- Réalisation : Humberto Solás
- ScĂ©nario : H. Solás, Julio GarcĂa Espinosa, NĂ©lson RodrĂguez
- Photographie : Jorge Herrera - Noir et blanc
- Musique : Leo Brouwer, JoseĂto Fernández, Tony Taño
- Montage : N. RodrĂguez
- Costumes : MarĂa Elena Molinet
- Production : RaĂşl Canosa, Camilo Vives pour ICAIC
- Pays d'origine : Cuba
- Langue originale : Espagnol
- Durée : 160 minutes
- Sortie : octobre 1968 Ă Cuba
Distribution
- Raquel Revuelta : LucĂa (1895)
- Eslinda Núñez : LucĂa (1932)
- Adela Legrá : LucĂa (1960)
- Eduardo Moure : Rafael
- RamĂłn Brito : Aldo
- Adolfo LlauradĂł : Tomas
Analyse
Trois styles de mise en scène diffĂ©rents pour dresser une sorte d'anthologie historique de la situation de la femme cubaine. Trois styles « adoptĂ©s avec une aisance et une interprĂ©tation Ă©quivalentes composent un retable baroque, nuancĂ©, dialectique, dont la virtuositĂ© n'entame pas un profond attachement aux personnages », Ă©crit Paulo Antonio Paranagua[1]. Dans le premier volet (qui dure 65 minutes), Solás utilise une narration classique, « avec une photographie très contrastĂ©e, un ton Ă©lĂ©giaque et des interprĂ©tations mĂ©lodramatiques. Le langage des personnages et la bande-son semblent tout droit sortis du XIXe siècle. »[2] En revanche, dans le dernier Ă©pisode, celle oĂą une « fougueuse paysanne contemporaine, après la rĂ©volution cubaine, est en butte Ă la jalousie d'un mari effrayĂ© par l'autonomie de la femme »[3], le style rappelle celui des avant-gardes europĂ©ennes, du free cinema anglais Ă la Nouvelle Vague française. LucĂa s'achève sur une image optimiste, celle « d'une petite fille souriante, mĂ©taphore de l'imminente libĂ©ration de la femme. »[4] Guy Hennebelle considère ce sketch final (45 minutes) comme le plus abouti. « [...] Surtout pour le didactisme intelligent et guilleret du troisième volet, LucĂa [...] apparaĂ®t comme un grand film oĂą alternent avec bonheur, somptuositĂ© classique et prĂ©cision rĂ©aliste. Et c'est Ă juste titre que Solás rappelle aux colonisĂ©s qu'ils ont eux aussi Ă libĂ©rer une colonie : leurs femmes. »[5] Selon JesĂşs DĂaz, l'audace de ce dernier Ă©pisode « rĂ©side non seulement dans le fait d'avoir abordĂ© le phĂ©nomène universel du machisme pour la première fois dans notre cinĂ©ma (le cinĂ©ma cubain), mais aussi de l'avoir situĂ© après la victoire de la rĂ©volution, montrant par lĂ que nous commencions seulement Ă l'affronter. »[6] Puis, il Ă©crit : « En traitant des relations entre les sexes, Solás Ă©vite tout moralisme, toute apologie de l'Ĺ“uvre rĂ©volutionnaire dont, pourtant, la grandeur est, dans le film, implicite. »
Accueil
Critique
Luciá est le premier long métrage d'Humberto Solás et c'est, déjà , « l'apogée d'une longue carrière qui se prolongera, sans plus atteindre ce niveau », selon Antxon Salvador Castiella[4]. Paulo Antonio Paranagua considère ce film comme « l'un des sommets du cinéma cubain. »[7]
Distinctions
Le film a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs, en sélection parallèle du festival de Cannes 1969[8].
Il a également reçu le grand prix du Festival de Moscou 1969.
Notes et références
- in : op. cité.
- A. Salvador : op. cité.
- P. A. Paranagua : op. cité.
- A. Salvador : Le cinéma espagnol, Gremese, 2011.
- G. Hennebelle : Cette ultime colonie : la femme in : Cinema 70, no 115, p. 125-126.
- JesĂşs DĂaz : Les dĂ©fis de la contemporanĂ©itĂ© : notes sur le cinĂ©ma de fiction cubain (trad. François Maspero) in : Le cinĂ©ma cubain, Éditions du centre Georges-Pompidou, 1990.
- in : Dictionnaire mondial du cinéma, Éditions Larousse, 1986 pour la première édition.
- Édition 1969, site officiel de la Quinzaine des réalisateurs.
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Cinémathèque québécoise
- (en) AllMovie
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database