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Louise Honorine Crozat du Châtel Choiseul

Louise Honorine Crozat du Châtel de Choiseul, née le à Paris où elle est morte le , est une épistolière française.

Louise Honorine Crozat du Châtel
Biographie
Naissance
Décès
Pseudonyme
Duchesse de Choiseul
Nationalité
Père
Fratrie
Antoinette Eustachie Crozat du Châtel (d)
Conjoint

Biographie

Née dans l’hôtel du Chastel de la rue de Richelieu, Louise-Honorine était fille du marquis Louis François Crozat et de Marie-Thérèse-Catherine de Gouffier, et petite-fille d'Antoine Crozat, première fortune de France sous Louis XIV[1].

DĂ©jĂ  Choiseul par sa mère, elle a Ă©pousĂ©, le , le duc de Choiseul Amboise, pair de France, marquis de Stainville et de La Bourdaisière, chevalier des ordres du Roi et de la Toison d’Or, lieutenant-gĂ©nĂ©ral, gouverneur de Touraine, qui a Ă©tĂ© premier ministre de Louis XV, Ă  deux reprises entre 1758 et 1770, lui apportant 120 000 livres de rente et l'hĂ´tel Crozat, construit en 1706 par Cartault pour Pierre Crozat[alpha 1] - [alpha 2], grand-oncle de l'Ă©pousĂ©e.

Un peu effacĂ©e par la position de son mari, elle a repris le beau rĂ´le pendant l’exil de son mari Ă  Chanteloup. La disgrâce politique de son mari a Ă©tĂ© le signal de sa ruine domestique. TombĂ© du pouvoir, le duc de Choiseul n’avait plus que des dettes. Le , la duchesse, Ă  qui Ă©tait revenu en propre, après la mort du marquis du Chastel, l’hĂ´tel de la rue Richelieu, qui comportait alors 4 626 toises de superficie (environ 17 000 mètres) l’a vendu Ă  Jean-Joseph de La Borde, Ă©cuyer, seigneur de La FertĂ© Vidame, conseiller secrĂ©taire du Roi, etc., avec la propriĂ©tĂ© de la cour du Dragon et d’autres immeubles, moyennant 950 000 livres[alpha 3]. Elle a entretenu, Ă  cette occasion, une correspondance avec la cĂ©lèbre salonnière Marie du Deffand, qui a Ă©tĂ© publiĂ©e par les soins du marquis de Saint-Aulaire, avec une introduction[alpha 4].

Ă€ la mort de son mari qui, fidèle Ă  ses habitudes de gĂ©nĂ©rositĂ© et de faste et, sans se prĂ©occuper des dettes immenses qu’il laissait après lui, avait, par ses dernières volontĂ©s, comblĂ© de bienfaits tous ceux qui l’avaient servi, lorsque les hommes d’affaires lui conseillaient vivement de profiter de la sĂ©paration de biens et de s’en tenir Ă  ses droits : « C’est bien mon intention, rĂ©pondit-elle, d’user d’un droit auquel rien ne pourra me faire renoncer » et elle garantit aussitĂ´t toutes les libĂ©ralitĂ©s de son mari, s’engageant Ă  payer toutes ses dettes. Le lendemain elle se retirait au couvent des RĂ©collettes de la rue du Bac avec une seule domestique, renonçant Ă  la vie somptueuse Ă  laquelle elle Ă©tait habituĂ©e. Elle a consacrĂ© tous ses revenus Ă  Ă©teindre les dettes de son mari et payĂ© plus de 300 000 Ă©cus par an jusqu’à la RĂ©volution[1].

Les couvents ayant été supprimés par la Révolution, devenue la citoyenne Choiseul[2], elle a trouvé refuge dans un entresol de l’hôtel de Périgord, rue de Lille, avant d’emménager au n° 1514 rue Saint-Dominique, à l’hôtel de Dilon, au coin de la rue de Bourgogne. Pendant la Révolution, elle a vu s’effondrer autour d’elle toute l’ancienne société française et disparaitre par l’émigration ou par l’échafaud tous ceux avec qui elle avait vécu depuis son enfance. Elle aurait pu, comme tant d’autres, chercher une retraite facile à l’étranger, mais la confiscation de ses biens aurait ruiné des créanciers qui n’avaient d’autre gage que sa bonne foi et sa parole. Pas un instant elle n’a songé à quitter la capitale, malgré les dangers qu’elle pouvait y courir.

Fidèle à sa conduite, elle n’a pas hésité à risquer sa vie pour sauver celle de ses amis. Ainsi, lorsque l’archéologue Jean-Jacques Barthélemy, grand ami des Choiseul, a été arrêté comme aristocrate et conduit, le , à la prison des Madelonnettes, aussitôt informée, bien qu’elle eût tout intérêt à se faire oublier, n’a pas hésité à courir réclamer l’abbé au Comité de sûreté générale. C’était jouer sa tête, mais que lui importait. Et son courage été récompensé : elle a si bien plaidé la cause de son vieil ami, elle a défendu avec tant de chaleur ce vieillard inoffensif, accablé d’infirmités et âgé de près de quatre-vingts ans, qu’elle a fini par arracher un ordre d’élargissement aux juges[1].

Ayant ainsi appelé l'attention sur elle, le 2 floréal an II (), à neuf heures du matin, Lafitte, commissaire de police, et Carrelé, membre du comité révolutionnaire de la section des Invalides, se présentaient à son domicile, munis d’un ordre d’arrestation du CSG. incarcérée à la maison d’arrêt des Oiseaux, rue de Sèvres, accompagnée de sa femme de chambre[alpha 5]. Ce qui la désolait surtout était la pensée d’être dans l’impossibilité de continuer à payer les créanciers de son mari, sentiment qui se montre nettement dans une supplique adressée au Comité de Sûreté Générale pour demander sa mise en liberté. Les demandes de remise en liberté affluant de toute part, elle a été élargie, le 10 vendémiaire an III ()[1].

Après avoir échappé presque miraculeusement à la mort, elle a repris sa vie obscure et retirée, consacrant toute son existence et tous ses efforts à payer les dettes de son mari. Les événements de la Révolution l’avaient frappée comme tout le monde, et elle avait perdu presque toute sa fortune. Vivant dans l’isolement et le dénuement le plus complet, ayant vu disparaitre tous ses amis, tous ses parents, elle a terminé ses jours dans la misère[1].

RĂ©ception

« Madame de Choiseul a bien les honneurs de cette Correspondance ; son nom doit s’ajouter désormais à la liste des femmes qui ont bien pensé et bien écrit. C’est une conquête de plus que la littérature vient de faire sur l’ancienne société »

— Sainte-Beuve[3].

Jugements

« Madame de Choiseul a été l’être le plus moralement parfait que j’aie connu : elle était épouse incomparable, amie fidèle et prudente, et femme sans reproche. C’était une sainte, quoiqu’elle n’eût d’autres croyances que celles que prescrit la vertu ; mais sa mauvaise santé, la délicatesse de ses nerfs, la mélancolie de son humeur, et la subtilité de son esprit, la rendaient sérieuse, sévère, minutieuse, dissertatrice, métaphysicienne, et presque prude. Voilà du moins comme elle était représentée à son mari par sa sœur, et le cercle joyeux qui se divertissait chez elle. Malgré cela, il était pénétré d’estime, de reconnaissance, et de respect pour une femme qui l’adorait, qui lui conciliait les ennemis de sa sœur, et à qui son cœur rendait la justice d’avoir une vertu plus pure, plus solide, et plus méritoire que n’était la sienne »

— Baron Gleichen[4].

Notes et références

Notes

  1. nos 91/93 rue de Richelieu.
  2. « Immeubles », notice no PA00086075, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. Savoir 500 000 livres pour l’hĂ´tel Choiseul et pour la maison Le Clerc, 150 000 livres pour l’ancienne maison Du Houx, 200 000 livres pour la moitiĂ© de la cour du Dragon, l’autre moitiĂ© appartenant au duc de Lauzun qui intervint Ă  l’acte, et 100 000 livres pour les autres immeubles. Il faut croire que ce contrat, dont une copie collationnĂ©e et scellĂ©e est aux Archives Nationales, n’avait Ă©tĂ© dressĂ© que comme par prĂ©caution contre une spoliation possible et qu’il n’a reçu aucune exĂ©cution, puisque le duc et la duchesse possĂ©daient encore leur hĂ´tel lorsque Louis XVI les a autorisĂ©s, par lettres-patentes du 18 fĂ©vrier 1780, Ă  le morceler pour y percer des rues nouvelles et y construire tout un quartier.
  4. Voir infra.
  5. Depuis 1783, époque à laquelle elle avait eu à supporter une opération chirurgicale des plus douloureuses, et dont les suites durèrent jusqu’à sa mort, la duchesse avait besoin de soins constants et minutieux.

Références

  1. Gaston Maugras, La Duchesse de Choiseul : et le patriarche de Ferney, t. 9, Paris, Calmann-LĂ©vy, , 190 p., v. ; in-16 (OCLC 461674753, lire en ligne), p. 141.
  2. Jehanne d’Orliac, La Duchesse de Choiseul, Tours, Arrault, , 143 p., 1 vol. (p.) : figure, pl., portraits, couv. ill. avec un dessin de Gaston Bauvais ; 19 cm (OCLC 461463461, lire en ligne sur Gallica), p. 129.
  3. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 14, Paris, Garnier frères, 5e éd., 479 p., 1 vol. ; 19 cm (OCLC 491026657, lire en ligne), p. 236-7.
  4. Charles-Henri Baron de Gleichen, Souvenirs de Charles-Henri Baron de Gleichen : précédés d'une notice par Paul Grimblot, Paris, Léon Techener fils, , xlviii, 227, in-12 (OCLC 836576905, lire en ligne), p. 35.

Publications

  • Opuscules : La Princesse enchantĂ©e ; La Queue de vache, t. 1, Paris, Buisson, 279 p., 2 vol. in-8° (OCLC 2168858, lire en ligne), p. 243.
  • Correspondance complète de Mme Du Deffand avec la Duchesse de Choiseul, l'AbbĂ© BarthĂ©lemy et M. Craufurt : publiĂ©e avec l’introduction par M. le Mis de Saint-Aulaire, Paris, Calmann-LĂ©vy, , 461 p., 3 vol. ; 24 cm (OCLC 903676873).

Bibliographie

Liens externes

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