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Louis Dewez

Louis Dieudonné Joseph Dewez ( à Namur - à Bruxelles) est un fonctionnaire et historien belge.

Louis Dewez
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Histoire générale (...). Page de titre du premier tome (1805).
Naissance
Namur
DĂ©cĂšs
Bruxelles
Nationalité belge
Profession
fonctionnaire
Activité principale
histoire

Biographie

Louis Dewez appartient à une famille luxembourgeoise (ForriÚres) établie depuis deux générations dans le milieu de la bourgeoisie marchande namuroise.

Il occupe pendant dix ans la chaire de rhétorique au collÚge des oratoriens de Nivelles.

Le fonctionnaire

Devenu l'assesseur du juge de paix de cette derniĂšre localitĂ© en juillet 1796, il abandonne l’enseignement pour la fonction publique.

Deux ans plus tard, (en janvier 1798), il est dĂ©signĂ© Commissaire du Directoire prĂšs le tribunal correctionnel de Nivelles, en octobre de la mĂȘme annĂ©e, il fait fonction de substitut du commissaire du mĂȘme organe exĂ©cutif prĂšs les tribunaux civils et criminels du dĂ©partement de Sambre-et-Meuse (1798-1800) jusqu’à la rĂ©forme consulaire des structures administratives et judiciaires de .
Il devient alors sous-prĂ©fet de l'arrondissement de Saint-Hubert, Ă  Saint-Hubert (3 florĂ©al an VIII, soit le ) et reste en place jusqu’à la fin de l’Empire (1814) [1].

Au cours de cette période, son nom figure au Tableau de La Bonne Amitié, la loge maçonnique de sa ville natale[2].

Le nouveau royaume des Pays-Bas lui confie la charge d’inspecteur gĂ©nĂ©ral des athĂ©nĂ©es et collĂšges pour les provinces mĂ©ridionales, charge qu’il conserve sous le nouveau gouvernement belge, quoique de façon plus nominale qu’effective.

L’historien

L. Dewez se passionne pour l'histoire de la Belgique et de ses anciennes provinces. Il lui consacre diverses publications, rédigées avec sans doute beaucoup plus de fierté patriotique que de rigueur scientifique.

Il publie Ă©galement plusieurs ouvrages Ă  l’intention du public des Ă©coles, tandis que l’éditeur Meline met Ă  l’impression les cours d’histoire nationale qu’il donne au MusĂ©e des sciences et des lettres de Bruxelles de 1827 Ă  1832[3].

De la protohistoire Ă  la fin du haut Moyen Âge en passant par l'antiquitĂ©

Cette pĂ©riode a connu de nombreuses guerres et pestes, divers bouleversements et le lĂ©gendaire s'y mĂȘle Ă  l'Histoire vĂ©ritable. C'est la pĂ©riode que - comme tous les historiens - Louis Dewez juge la plus « obscure ».

Pour permettre au lecteur d'approfondir son Ă©tude et pour appuyer ce qu'il dit, il dĂ©taille les sources oĂč il a puisĂ© son information. Il le fait au dĂ©but de son ouvrage, et en dĂ©veloppe certaines Ă  la fin de son Histoire, en en proposant parfois d'assez longs extraits[4].

Ces sources sont (par ordre chronologique) l'"Histoire ancienne des Pays-Bas" de l'acadĂ©micien Jan Des Roches[5], ainsi que l' AbrĂ©gĂ© de l'histoire romaine de Florus[6], Dion Cassius[7], SuĂ©tone[8], Lucain[9], et Tacite[10]. Il a aussi utilisĂ© Xiphilin, auteur d'un AbrĂ©gĂ© de Dion Cassius[11]), Spartien (ou Aelius Spartianus, auteur insĂ©rĂ© dans Historiae Augustae scriptores ; Leyde, 1670 et 1671, 2 vol. in-8°), CornĂ©lius Capitolin et Jules ou Iulius Capitolinus, Trebellius, Flavius Vopiscus quand ils parlaient du territoire de la Belgique ou d'Ă©vĂ©nements la concernant durant la pĂ©riode oĂč les sources sont les plus rares.

Ensuite, Ă  partir du rĂšgne de Julien, ses sources sont Ammien Marcellin, Agathias (dit le Scolastique)[12], Orose et Zosime ; puis Procope, qui est selon Dewez « un guide sĂ»r », au contraire d'Orose « trop crĂ©dule et quelquefois puĂ©ril », qui « trop Ă©coutĂ© les bruits, les traditions et les fables de son temps et de son pays », alors que Zosime est « partial et souvent exagĂ©rateur », ayant « trop Ă©coutĂ© les mouvemens de ses passions et les prĂ©jugĂ©s de son parti ». Dewez utilise en renfort les dires ecclĂ©siastiques d'EusĂšbe de CĂ©sarĂ©e, Socrate et l'historien religieux SozomĂšne[13] pour tenter de complĂ©ter des lacunes d'autres auteurs ou les Ă©claircir. Pour la "seconde Ă©poque" (celle de l'union des Belges et des Francs) l'auteur utilise GrĂ©goire de Tours[14] parce qu'il a vĂ©cu des moments importants (fuite et retour de ChilpĂ©ric, fureurs de Brunehaut et de FrĂ©dĂ©gonde) bien que jugĂ© d'une « crĂ©dulitĂ© ridicule et puĂ©rile ». Viennent ensuite la compilation de GrĂ©goire et la « plate compilation d'Aimoin » (Geste des Francs) qui pour Dewez « manquent de bon sens » et sont trop chargĂ©e « de contes populaires, de faux miracles », tout en contenant quelques sources susceptibles selon Dewez d'Ă©clairer ces « temps obscurs » ; Dewez fait ensuite appel Ă  Sigebert de Gembloux [15] (bien que considĂ©rĂ© comme pro-impĂ©rial), Adon de Vienne. Dewez se rĂ©fĂšre aussi aux Annales de Metz[16], les annales de Fulda, annales de Saxe, Annales d'Afflighem, Annales d'Anchin (notamment Ă©crites par Éginhard et Ă  Flodoard de Reims, le moine Herman[17] qui ont selon Dewez « le mĂ©rite de l'exactitude ». Pour les rĂšgnes de Charlemagne et de Louis le DĂ©bonnaire, il fait appel Ă  l'abbĂ© Éginhard[18] (qualifiĂ© par lui de « flatteur ») et Ă  ThĂ©gan (qualifiĂ© d'« infidĂšle ») et Ă  Nitard (ou Nithard). Pour le Xe au XIIe siĂšcle, Dewez reconnaĂźt manquer de sources hormis les apports « mĂ©diocres » de Lambert et d'Aschaffembourg pour l'an 1000, puis d'Otton et de Frisingue (bien que sa chronique est surchargĂ©e de « fables ridicules qui dĂ©parent l'histoire et choquent la raison ». Godefroi de Viterbe et moindrement Conrad d'Usperg[19] sont jugĂ©s « plus partiaux ». Ensuite c'est Guillaume de Nangis (via deux chroniques) qui vient comme source principale.

Des chroniqueurs plus rĂ©gionaux utilisĂ©s par Dewez sont Haraeus[20] (« compilateur froid, mais fidĂšle »), Divaeus[21] (« Analyse pesant, mais Ă©rudit »), Butkens[22] (« gĂ©nĂ©alogiste sec mais exact »), Jacques Meyer[23] (hĂ©las de moindre intĂ©rĂȘt historique car il « ne cite pas ses garans »), Jean Bertholet[24] qui hors de ses recueils de miracles a recueilli des documents intĂ©ressants.

Dewez cite en particulier le Jésuite Marne[25], qu'il juge « sans contredit le meilleur historien de ce pays ».

À partir du moment oĂč la Belgique est rĂ©unie sous la Maison de Bourgogne, les sources sont plus riches et plus fiables, avec Enguerrand de Monstrelet, Philippe de Comines, Olivier de la Marche. Dewez utilise ensuite l'Histoire de Pontus Heuterus (de 1477 Ă  1564) qui lui semble sĂ»re. Viennent enfin pour la pĂ©riode des rĂ©volutions des pays-Bas Strada, Bentivolglio, Grotius, de Thou.

Pour la géographie, il a consulté Louis Guichardin[26], Charles Wastelain (Wastelain, Charles., Description de la Gaule-Belgique selon le trois ages de l'histoire. Bruxelles, 1761, p. 113, Description de la Gaule-Belgique selon le trois ages de l'histoire. Bruxelles, 1761, p. 113 et Abraham Ortelius[27], et pour les antiquités (on parlerait aujourd'hui d'archéologie), il se réfÚre à Godefroid Henschenius[28] et Daniel Papebrock[29].

Pour les lois, il a consulté les capitulaires rassemblés par Baluze [30] et les diplÎmes publiés par Miraeus (Aubert Le Mire ou Aubertus Miraeus).

Pour les périodes allant de la Renaissance à nos jours, Dewez utilise des sources les plus classiques et les plus fiables en essayant de faire la part entre les fables antiques et médiévales et la réalité historique.

Principaux titres

  • 1805-1807 : Histoire gĂ©nĂ©rale de la Belgique depuis la conquĂȘte de CĂ©sar, en 7 volumes, Ă  Bruxelles, chez J. Tarte ; rĂ©Ă©d. en 1826-1828 Ă  Bruxelles, chez H. Tarlier, 1826-1828 .
  • 1812 : GĂ©ographie ancienne du dĂ©partement de Sambre-et-Meuse, Ă  Namur.
  • 1817 : AbrĂ©gĂ© de l’histoire de Belgique, Ă  Bruxelles, chez Adolphe Stapleaux ; 2e Ă©d. chez le mĂȘme en 1829 .
  • 1818 : RhĂ©torique extraite de CicĂ©ron, ou principes gĂ©nĂ©raux de l'art de parler et d'Ă©crire, communs Ă  toutes les langues, avec des dĂ©veloppemens, des analyses et des exemples propres a en faciliter l'intelligence et l'application, Ă  Bruxelles, chez P. J. De Mat .
  • 1820 : GĂ©ographie du royaume des Pays-Bas et de ses colonies asiatiques, Ă  Bruxelles, chez Adolphe Stapleaux .
  • 1829 : Dictionnaire gĂ©ographique de la Belgique et de la Hollande ou Description physique, historique et politique des provinces, villes et endroits remarquables de ces royaumes, sous le rapport de leur Ă©tat tant ancien que moderne, Ă  Bruxelles, chez P. Ferret et Cie .
  • 1833 : Cours d’histoire de Belgique contenant les leçons publiques donnĂ©es au MusĂ©e des lettres et des sciences de Bruxelles, en 2 volumes, Ă  Bruxelles, chez J. P Meline

Distinctions et honneurs

Depuis son rĂ©tablissement en 1816, l’AcadĂ©mie royale de Bruxelles le compte dans ses rangs et, en 1821, il en devient le secrĂ©taire perpĂ©tuel.

Au titre de ses mĂ©rites, le gouvernement du Royaume uni des Pays-Bas lui accorde le ruban de l’Ordre du Lion belgique.

En , quelques mois avant sa mort, son nom figure dans la liste des personnalitĂ©s appelĂ©es Ă  former la Commission royale d’histoire [31].

Son buste , taillĂ© dans le marbre pour compte de l’AcadĂ©mie en 1860, est l'Ɠuvre du sculpteur Jehotte [32].

Depuis 1878, une rue du centre historique de sa ville natale porte son nom.

Notes et références

  1. Jacques LOGIE, « Les magistrats des tribunaux du département de Sambre-et-Meuse, 1792-1814 », dans les Annales de la Société archéologique de Namur, t. 72 (1998), pp. 183 et 235.
  2. D’aprĂšs les archives anciennes de cette loge, actuellement en cours d’étude (avril 2011).
  3. Article relatif au Musée sur BESTOR (Belgian Science and Technology On line Resources)
  4. Source : Louis Dewez (dans la préface du tome 1 de son Histoire de la Belgique)
  5. Jan Des Roches, qui utilise lui-mĂȘme littĂ©ralement la conquĂȘte des Gaules dans sa seconde partie
  6. Les livres I 0 IV de l'Abrégé de l'histoire romaine de Publius Annius Florus sont disponibles sur Wikisource (Traduction de Baudement, de 1840)
  7. (sur Wikisource)
  8. Suétone sur Wikisource
  9. Lucain sur Wikisource
  10. sur Wikisource
  11. Xiphilin, Abrégé de Dion Cassius ; paris, 1592, in-fol, traduit par le Pdt Cousin
  12. Historien grec (VIe siÚcle apr. J.-C.), ayant notamment écrit une Histoire du rÚgne de Justinien (de 553 à 559) et ayant continué l'Histoire de la guerre gothique de Procope et qui évoque la constitution de la monarchie des Francs
  13. SozomÚne a produit une histoire ecclésiastique (période : 323 à 425 apr. J.-C.)
  14. Grégoire de Tours sur Wikisource
  15. Sigebert de Gembloux Sigebertus Gemblacensis, pour son travail de chroniqueur avec sa Chronica (chronique universelle, détaillant la période 379 à 381 à 1111 ; Gesta abbatum Gemblacensium (finie en 1071, mais poursuivie aprÚs sa port par d'autres, aprÚs sa mort, jusqu'en 1136)
  16. Annales de Metz, composées à la fin du VIIIe siÚcle
  17. Herman ou Hermannus, moine érudit de Richenou (Suabe, mort à Aleshusen en 1054, surnommé Contractus ou le Raccourci, auteur d'une chronique des six ùges du monde
  18. Annales d'Eginhard ; Vie de Charlemagne dite Vita et gesta Caroli Magni
  19. Conrad d'Usperg (dit Abbas uspergensis, auteur d'une chronique s'achevant en l'an 1229, mais continuée par un anonyme jusqu'à Charles Quint.
  20. Haraeus, Franciscus Haraeus, Haraei Harraei ou François Ver Haer, d'Utrecht (Annales ducum seu principum Brabantiae totiusque Belgii usque ad annum 1609 (Annales des ducs de Brabant, ou des dirigeants de l'ensemble de la Belgique, jusqu'en 1609), édité par Plantin à Anvers en 1623, 3 vol. in-fol
  21. Divaeus ou Pierre Van Dive, de Louvain, auteur de Rerum Brabanticarum liber ; Rerum Lovaniensium liber 4 ; Annalium Lovaniensium lib. 8, publiés par Paquot, avec additions et tables, à Louvain en 1757, 2vol. in-fol.
  22. Christophe Butkens d'Anvers, Trophées sacrés et profanes du duché de Brabant, 1724, 4 vol. in-fol.
  23. Jacques Meyer, Annales rerum Flandricarum ; Anvers, 1561, in-fol
  24. Jean Bertholet, Jésuite, Histoire ecclésiastique et civile du Duché de Luxembourg et Comté de Chiny ; Luxembourg, 1741, 8 vol. in-4°
  25. Jean-Baptiste de Marne, Histoire du comté de Namur (Livre numérique Google), voir aussi [Histoire générale ecclésiastique et civile de la ville et province de Namur], par M. Galliot [d'aprÚs le P. J.B de Marne]
  26. Louis Guichardin (ou Guicciardini, Louis Guicciardin ou encore Ludovico Guicciardino), Description de tous les Pays-Bas, aussi nommés Germanie inférieure, 1567 (avec cartes), in fol., en italien, publié en latin à Amsterdam, 1652, 1660 et en Français, 1612, in-fol
  27. Abraham Ortelius d'Anvers, Itinerarium per nonnullas Galliae, Belgicae partes ; 1588, in -8°
  28. Godefroid Henschenius, Jésuite-bollandiste, auteur de dissertations sur des points d'histoire obscurs ou douteux, insérées dans les Acta sanctorum
  29. Daniel Paperbrock, d'Anvers, jésuite-Bollandiste, auteur de plusieurs dissertations insérées dans les Acta sanctorium
  30. Baluze, Capitularia regum francorum ; 1677, 2 vol. in-fol
  31. [ArrĂȘtĂ© royal du ; cfr Compte-rendu des sĂ©ances de la Commission royale d’histoire ou recueil de ses bulletins, t. 1 (1837), pp. IX-X .
  32. Jacques VAN LENNEP, Les bustes de l'Académie royale de Belgique. Histoire et catalogue raisonné précédés d'un essai. Le portrait sculpté depuis la Renaissance, Bruxelles, Académie royale de Belgique (Mémoires de la Classe des beaux-arts, Collection in 8°, 3e sér., t. 6), 1993, pp. 173 et 352.

Histoire générale de la Belgique

Bibliographie

  • 1835 : Adolphe QUETELET, notice dans l’Annuaire de l’AcadĂ©mie royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, t. 1, p. 108-114 .
  • 1876 : Louis ALVIN, notice dans la Biographie nationale, t. 5, p. 912-916 .
  • 1956 : AndrĂ© DULIÈRE, Les FantĂŽmes des rues de Namur, Namur, Imprimerie Vers l'Avenir, p. 143-148.
  • 1981 : Caroline VANBRABANT, L. D. J. Dewez (1760-1834): leven en werken, mĂ©moire de licence inĂ©dit (Katholieke Universiteit Leuven).
  • 1995 : CĂ©cile DOUXCHAMPS-LEFÈVRE, notice dans CĂ©cile DOUXCHAMPS-LEFÈVRE & Georges HANSOTTE, Sambre-et-Meuse. Ourthe, Paris, CNRS (Grands notables du Premier Empire, 22-23), p. 77-78.
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