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Sigebert de Gembloux

Sigebert de Gembloux, né vers 1030 et mort le à Gembloux (Belgique), moine bénédictin, est un hagiographe, polémiste et chroniqueur gibelin.

Sigebert de Gembloux
Statue de Sigebert, sur la place centrale de Gembloux
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Ordre religieux
Maître

Biographie

NĂ© en pays roman, Sigebert fut prĂ©sentĂ© très jeune par ses parents comme oblat Ă  l'abbaye de Gembloux (près de Namur, en duchĂ© de Brabant) oĂą il reçut une excellente formation intellectuelle, dispensĂ©e au moins partiellement par Olbert de Gembloux. EnvoyĂ© Ă  l'abbaye Saint-Vincent de Metz il en devient l’écolâtre (directeur de l’école monastique). C’est durant ces quelque 25 ans Ă  l’abbaye Saint-Vincent qu’il commença Ă  composer ses premières vies de saints. Entre 1070 et 1075 il retourna Ă  Gembloux, sa chère abbaye, oĂą il resta jusqu’à la fin de sa longue vie. Son biographe donna de Sigebert un tĂ©moignage chaleureux, louant son grand savoir, sa piĂ©tĂ© et cordialitĂ©.

Il dĂ©fendit fortement le parti des empereurs Henri IV et Henri V contre les papes GrĂ©goire VII, Urbain II et Pascal II. Il mourut en l'an 1113[1].

Écrits

Sigebert de Gembloux remettant sa chronique universelle à l'empereur. Frontispice d'un manuscrit du XVe siècle par le Maître de Robert Gaguin.

Les écrits de Sigebert relèvent de trois genres différents :

  • Écrits hagiographiques : rĂ©pondant Ă  la demande spirituelle de l’époque il Ă©crivit de nombreuses vies de saints qui n’ont guère de valeur historique ou mĂŞme biographique Ă©tant donnĂ© leur absence quasi totale d’esprit critique. Le merveilleux et miraculeux y occupent une grande place : vie de Thierry, fondateur de l’abbaye de Metz, Passion et prophĂ©tie de sainte Lucie, vie du roi Sigebert d’Austrasie, de saint Guibert, fondateur de Gembloux, de saint Lambert, Ă©vĂŞque martyr de Liège, etc. Sigebert laissa Ă©galement un De viris illustribus, Ă©crit vers la fin de sa vie, qui rassemble une sĂ©rie de notices biographiques sur des Ă©crivains contemporains. Il y donne Ă©galement la liste de ses ouvrages.
  • Écrits polĂ©miques : en 1075 Sigebert s’oppose une première fois au pape GrĂ©goire VII (le vigoureux moine Hildebrand) qui avait dĂ©clarĂ© invalides les actes sacramentels accomplis par des prĂŞtres simoniaques ou fornicateurs. Plus retentissante encore fut son opposition au mĂŞme GrĂ©goire VII dans la querelle des Investitures. Sigebert fut un des très rares hommes d’Église Ă  prendre la dĂ©fense de l’empereur Henri IV du Saint-Empire (germanique), lorsque, en 1076, il fut dĂ©posĂ© et excommuniĂ© par GrĂ©goire VII pour avoir enfreint l’ordre de ne pas nommer lui-mĂŞme des Ă©vĂŞques. Plus tard (vers 1102), nouvelle querelle, cette fois avec le pape Pascal II qui avait engagĂ© le comte de Flandre Ă  se lancer dans une « croisade » contre les clercs rĂ©fractaires de la principautĂ© de Liège et autres complices de Henri IV. Le ton est acerbe ; il s’élève contre les ambitions des pontifes romains.
  • Écrits historiques : c’est surtout comme chroniqueur cependant que Sigebert est passĂ© dans l'histoire. En fait toutes les grandes abbayes du Moyen Ă‚ge avaient leur chroniqueur de fonction, mais Sigebert fut Ă©minent dans le genre. Il composa des Gesta abbatum Gemblacensium (1071) qui rapportent ce qu’il connaĂ®t de la gestion de l'abbaye par ses premiers abbĂ©s. Ce travail fut continuĂ© après sa mort (jusqu'en 1136). Son ouvrage le plus cĂ©lèbre, et historiquement très prĂ©cieux, reste cependant sa Chronographia, une chronique universelle des Ă©vĂ©nements les plus importants entre 379 ou 381 Ă  1111, qui continue en fait celle de saint JĂ©rĂ´me. CommencĂ©e après 1083, il la publia en 1105, et la continua ensuite jusqu’en 1111. Il cite quantitĂ© de sources qui sont maintenant perdues. La chronique fut très populaire pendant la fin du Moyen Ă‚ge. Elle fut souvent recopiĂ©e, utilisĂ©e par de nombreux Ă©crivains et finalement imprimĂ©e lorsque la nouvelle technologie de Gutenberg fut disponible (1513).

Sigebert est un des auteurs que l'on cite pour la fable de la papesse Jeanne, mais le père Pagi prouve que les plus anciens manuscrits de Sigebert n'en font aucune mention ; et dans les manuscrits qui en parlent, on n'y trouve que ces mots, Fama est hunc Joannem fuisse fœmam, au rapport de Spanheim, qui en conclut que ce témoignage ne saurait être d'aucune autorité[1].

Ĺ’uvres

  • (la) Gesta abbatum Gemblacensium
  • (la) Chronographia
  • (la) De scriptoribus ecclesiasticis[2]
  • (la) Virginalis sancta frequentia[3]
  • (la) Vita brevior Sigeberti regis[4]
  • (la) Acta Sanctae Luciae, Heidelberg : Editiones Heidelbergenses, 2008

Hommage

  • Une statue de Sigebert de Gembloux due au sculpteur Jean HĂ©rain a Ă©tĂ© Ă©rigĂ©e Ă  la Place Saint-Guibert Ă  Gembloux;
  • Des rues ont Ă©tĂ© baptisĂ©es Ă  son nom Ă  Gembloux et Ă  Louvain-la-Neuve.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • J.-P. Straus (Ă©d.), Sigebert de Gembloux. Actes des JournĂ©es "Sigebert de Gembloux". Bruxelles-Gembloux - 5 et , Turnhout: Brepols Publishers, 2015. (ISBN 978-2-503-56519-4) (textes et Ă©tudes du Moyen Ă‚ge)
  • (de) Siegfried Hirsch, De vita et scriptis Sigiberti Gemblacensis, Berlin, 1841 [lire en ligne]
  • (de) Tino Licht, Untersuchungen zum biographischen Werk Sigeberts von Gembloux, Heidelberg, 2005
  • Auguste Molinier, Les Sources de l'histoire de France, tomes II et V, 1902-1904
  • (de) Wilhelm Wattenbach, Deutschlands Geschichtsquellen, vol. II, Berlin, 1894
  • « Sigebert de Gembloux » dans Dictionnaire de SpiritualitĂ©, vol. 14, colonnes 822-825, Paris, 1988
  • Édouard de Moreau, Les abbayes de Belgique (VII-XIIème siècles), Bruxelles, 1952

Liens externes

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