Liste d'attentats de la guerre civile algérienne
La guerre civile algérienne déchire le pays pendant une décennie, surnommée « décennie noire », de 1991 à 2002. Le Groupe islamique armé (GIA), le principal groupe terroriste qui affronte le gouvernement, utilise à de nombreuses reprises l'attentat et l'assassinat comme moyen d'action.
Liste d'attentats
La liste n'inclut pas les attaques-suicides commises contre des positions militaires dans des actions de combats.
1992
- Le 29 juin, Mohamed Boudiaf est assassinĂ© au cours d'une confĂ©rence des cadres qu'il tenait dans la ville d'Annaba[1]. Un sous-lieutenant du Groupement d'intervention spĂ©cial (GIS), Lambarek Boumaarafi, jeta une grenade pour faire diversion et tira Ă bout portant sur le prĂ©sident le tuant sur le coup. La motivation de son assassinat est sujette Ă controverse, entre la piste dâune action isolĂ©e commise par un militaire ayant des sympathies islamistes et celle dâun complot plus vaste impliquant des gĂ©nĂ©raux de l'armĂ©e[1]. Sans faire la lumiĂšre sur l'assassinat de Boudiaf, la commission dâenquĂȘte instituĂ©e par le gouvernement algĂ©rien Ă©carte la thĂšse de lâ« action isolĂ©e » dâun officier de lâarmĂ©e ayant agi pour des motifs strictement religieux[2]. Nacer Boudiaf est convaincu que son pĂšre a Ă©tĂ© assassinĂ© avec la bĂ©nĂ©diction de François Mitterrand , ce dernier ayant Ă©tĂ© accusĂ© par l'ancien hebdomadaire AlgĂ©rie ActualitĂ© d'ĂȘtre derriĂšre l'assassinat [3].
- Le , attentat de l'aéroport Houari-BoumédiÚne d'Alger : à 10 h 45, une bombe explose dans le hall central de l'aéroport d'Alger - Houari-BoumédiÚne et fait 9 morts et 128 blessés.
1993
- Le , Lùadi Flici, médecin et militant politique est assassiné dans son cabinet médical dans la casbah d'Alger.
- Le , Hafid Senhadri, directeur de cabinet au MinistÚre du Travail est assassiné.
- Le , Tahar Djaout, poĂšte, Ă©crivain et journaliste est victime d'un attentat. Il meurt de ses blessures le . Son assassinat est Ă l'origine de la fondation du Parlement international des Ă©crivains.
- Le , Mahfoud Boucebci, psychiatre et militant laïc, est mortellement poignardé devant son hÎpital de Kouba.
- Le , Rabhi Zenati, journaliste à la télévision nationale (EPTV, secteur public) est assassiné par balles prÚs du domicile de ses parents à Cherarba.
- Le , Abdelhamid Benmeni, cadre administratif Ă lâhebdomadaire francophone du secteur public AlgĂ©rie ActualitĂ© est assassinĂ© par balles prĂšs de son domicile aux Eucalyptus.
- Le , Smaïl Yefsah, journaliste et défenseur de la culture berbÚre est assassiné à Bab Ezzouar.
- Le , SaĂądeddine Bakhtaoui, journaliste, collaborateur au bimensuel francophone privĂ© El Minbar, publication de lâAssociation populaire pour lâunitĂ© et lâaction (APUA, parti politique, disparu) est enlevĂ© de son domicile Ă LarbaĂą et retrouvĂ© mort, tuĂ© par balles, prĂšs de son domicile.
- Le , Abderrahmane Chergou, journaliste, Ă©crivain et militant politique comme Ă lâaccoutumĂ©e, ce matin-lĂ , il sort de son domicile Ă Mohammadia pour aller faire ses courses dans le quartier. Il est 8 heures 45 lorsque, son panier dans une main et des journaux dans lâautre, il revient chez lui. PlongĂ© dans ses pensĂ©es, il ne remarque pas les trois individus qui lâattendent planquĂ©s dans la cage dâescalier de son bĂątiment. Une fois arrivĂ© prĂšs dâeux, ils se ruent sur lui et lui assĂšnent plusieurs coups de couteau. Pris au dĂ©pourvu, il tente de rĂ©agir en parant les coups avec son panier, contenant des sachets de lait et des baguettes de pain, mais câest dĂ©jĂ trop tard. Gravement atteint au ventre et Ă la poitrine, il sâĂ©croule dans une mare de sang en criant : « Non, non, non ! » TransportĂ© Ă lâhĂŽpital le plus proche, il succombe Ă ses blessures moins dâune heure aprĂšs lâattentat. MalgrĂ© les menaces quâil sait peser sur lui, en dĂ©pit des reproches, des remontrances et des avertissements de sa famille, de ses camarades et de ses amis, Abderrahmane Chergou continuera de vivre selon ses habitudes.
- Le , Youcef Sebti, enseignant de sociologie rurale Ă lâInstitut d'agronomie dâEl Harrach , Ă©crivain et poĂšte algĂ©rien d'expression française est poignardĂ© et Ă©gorgĂ© Ă son domicile prĂšs de lâInstitut national agronomique dâEl Harrach.
1994
- Le , Monique Afri, employée du consulat français est assassinée.
- Le , Rachid Tigziri, cadre du RCD est assassiné à la sortie de son domicile à Bachdjerrah.
- Le , Olivier Quemener journaliste français est assassinĂ© dans la casbah d'Alger Lors de cet attentat, ses deux confrĂšres, le Français Yves Menari, et lâAustralien, Scott Allan, ont Ă©tĂ© blessĂ©sâŠ.
- Le , Katia Bengana, une jeune lycéenne qui refusait de porter le voile islamique malgré les menaces de mort, est tuée à Meftah.
- Le , Abdelkader Alloula, metteur en scÚne est visé par un attentat. Il meurt quatre jours plus tard.
- Le , Richard Dominique, gendarme en poste au ministÚre des affaires étrangÚres est en civil et sort d'un magasin. Un commando d'au moins 3 individus se réclamant du GIA tentent de le tuer. Le militaire riposte avec son arme de point. Une fusillade de plusieurs dizaines de coups de feu sont échangés. 2 des terroristes sont tués, les autres s'enfuient. Le gendarme français est blessé à la main, sa femme est indemne.
- Le , attentat contre L'Hebdo libéré : à 11 h, un commando du Groupe islamique armé (GIA) déclenche une fusillade dans des locaux du journal, tuant 3 personnes et faisant deux blessés.
- Le , Paul-HélÚne Saint-Raymond, Henri VergÚs et les FrÚres maristes, religieux catholique français sont assassinés dans le bureau de la bibliothÚque qu'ils dirigeaient dans la Casbah d'Alger.
- Le , Salah Djebaïli, ancien footballeur du Nßmes Olympique devenu docteur en écologie, est abattu avec son garde du corps par un groupe terroriste à la sortie de l'université des sciences et de la technologie Houari-BoumédiÚne dont il était le recteur.
- Le , attentat d'Aïn Allah : un commando de sept hommes du GIA abat trois gendarmes mobiles et deux agents consulaires français dans la cité d'Aïn Allah, une résidence qui abrite du personnel diplomatique à proximité de l'ambassade de France. Un autre gendarme mobile est également gravement blessé.
- Le , Rabah Stambouli, islamologue et militant de lâopposition est tuĂ© par balles Ă Tizi Ouzou.
- Le , Cheb Hasni, chanteur de raĂŻ est assassinĂ© de deux balles dans la tĂȘte dans le quartier Gambetta Ă Oran.
- Le , Esther Paniagua Alonso et Caridad Ălvarez MartĂn, religieuses espagnoles sont assassinĂ©es Ă Alger.
- Le 1er novembre, lors du 40e anniversaire du déclenchement de la guerre de libération, une bombe explose au cimetiÚre du village Sidi Ali dans la wilaya de Mostaganem. Les victimes sont quatre enfants scouts ainsi que dix-sept personnes griÚvement blessés. La présence de la télévision nationale pour la célébration de la commémoration dans ce petit village inconnu sÚme le doute à propos des véritables auteurs de l'attentat.[4]
- Le , SaĂŻd Mekbel, directeur du journal Le Matin et militant kabyle avait Ă©chappĂ© Ă une premiĂšre tentative de meurtre le de la mĂȘme annĂ©e il finira tout de mĂȘme assassinĂ© Ă Djasr Kasentina.
- Du au : prise d'otages du vol 8969 Air France : quatre hommes du GIA prennent en otage les 220 passagers d'un Airbus A300 d'Air France à l'aéroport d'Alger. Les terroristes exigent de décoller pour Paris et abattent trois passagers jusqu'à ce que les autorités cÚdent, mais l'avion doit faire escale à Marseille. Là , sur le tarmac de l'aéroport de Marignane, le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) prend d'assaut l'appareil et libÚre tous les otages restants. Les quatre preneurs d'otages sont tués, neuf gendarmes trois membres d'équipage et treize passagers sont blessés.
- Le , en représailles à l'opération du GIGN, des membres du GIA déguisés en policiers abattent Christian Chessel, Jean Chevillard, Alain Dieulangard et Charles Deckers, PÚres blancs dans la cour de leur maison à Tizi Ouzou.
1995
- Le , attentat contre le commissariat central d'Alger : à 15 h 30, une voiture piégée explose devant le commissariat d'Alger, boulevard Colonel Amirouche. Le bilan est de 42 morts et 256 blessés.
- Le , Azzeddine Medjoubi, directeur du Théùtre national algérien, est tué à la sortie de ses bureaux.
- Le , Djamil Fahassi, journaliste Ă la ChaĂźne III de la radio nationale, a Ă©tĂ© enlevĂ© dans lâaprĂšs-midi, par quatre individus alors quâil sortait dâun restaurant. Selon son Ă©pouse, « câĂ©taient des hommes, en civil, Ă©quipĂ©s de talkies-walkies. Ils ont conduit de force le journaliste dans une Peugeot 205 beige. DâaprĂšs plusieurs tĂ©moins, cette voiture, avec cinq hommes Ă bord, a pu franchir, sans aucun problĂšme, un barrage de police, situĂ© tout prĂšs de la prison dâEl Harrach. Fin juillet 1999, un ancien prisonnier a affirmĂ© Ă une amie de la famille : âEn 1997, jâĂ©tais avec le journaliste Djamil Fahassi de la ChaĂźne III en prison.â Selon le ministĂšre de la Justice, cette affaire a fait lâobjet dâune enquĂȘte prĂ©liminaire et serait en cours dâinstruction devant le tribunal dâAlger. Pour lâObservatoire national des droits de lâhomme (ONDH-dissous), Djamil Fahassi nâa fait lâobjet, citant la gendarmerie nationale, « ni dâune interpellation ni dâune arrestation. ».
- Le , SaĂŻd Tazrout, journaliste rĂ©dacteur en chef du Pays, est assassinĂ© Ă Tizi Ouzou. Le mĂȘme jour, les religieuses catholiques Denise « Bibiane » Leclercq et Jeanne « AngĂšle-Marie » Littlejohn sont abattues Ă Belouizdad.
- Le , Brahim Guerroui, caricaturiste et collaborateur de El Moudjahid, est assassiné à Alger.
- Le , Odette Prévost, religieuse catholique est assassinée à Kouba alors qu'elle se rendait à la messe. Sa collÚgue Chantal Galicher sera gravement blessée.
- Le Ă 10h, Embarek Mahiou, membre de la direction du Front des forces socialistes (FFS) et secrĂ©taire national aux finances de ce parti, a Ă©tĂ© tuĂ© par balles au volant de sa voiture, dans le quartier de Kouba. Dans la soirĂ©e du mĂȘme jour Ahmed Khalfoun Directeur des ressources financiĂšres Ă lâAPS et Membre du MAJD est assassinĂ© devant chez lui Ă Birkhadem.
1996
- Le , attentat contre Le Soir d'Algérie : à 15 h 45, une voiture piégée explose devant le siÚge du journal Le Soir d'Algérie, tuant 29 personnes dont trois journalistes de la rédaction.
- Dans la nuit du 26 au , sept moines de l'abbaye Notre-Dame de l'Atlas, Ă Tibhirine, sont enlevĂ©s. Leur assassinat est annoncĂ© le dans un communiquĂ© attribuĂ© au GIA et leurs tĂȘtes retrouvĂ©es prĂšs de MĂ©dĂ©a, neuf jours plus tard.
- Le , Pierre Claverie, Ă©vĂȘque d'Oran, ainsi que son chauffeur et ami Mohamed Bouchikhi sont tuĂ©s par l'explosion d'une bombe Ă l'entrĂ©e de l'Ă©vĂȘchĂ©.
- Le , Cheb Aziz, chanteur de raï est assassiné à Constantine.
- Le , Ali Boucetta, maire d'Alger-Centre est tuĂ© lors dâune fusillade entre les forces de sĂ©curitĂ© et un commando islamiste Ă Telemly. Il faisait partie des fonctionnaires municipaux nommĂ©s par les autoritĂ©s pour remplacer les Ă©lus islamistes.
1997
- Le Ă 23 heures 30, Aziz Bouabdallah, journaliste au quotidien arabophone El Alem Es-Siyassi, a Ă©tĂ© enlevĂ© de son domicile situĂ© dans la commune de BouzarĂ©ah. Selon les dires de sa mĂšre, quatre individus, « habillĂ©s en civil » et qui sâĂ©taient prĂ©sentĂ©s comme des policiers, ont conduit le journaliste de force dans une voiture blanche. Le 19 avril, la sĆur dâun ami de Aziz Bouabdallah, qui avait Ă©tĂ©, lui aussi, enlevĂ© puis libĂ©rĂ© deux jours plus tĂŽt, dit Ă la mĂšre du journaliste : « Ne vous inquiĂ©tez pas, votre fils se trouve Ă la prison de Ben Aknoun et va ĂȘtre bientĂŽt relĂąché⊠»
- Le , Djaffar Ouahioune, un groupe d'assaillants dĂ©guisĂ©s en gendarmes assassine dans le lycĂ©e oĂč il enseignait Ă Ait Yenni.
- Le , attentat de la place des Martyrs : l'explosion d'une bombe, dans l'aprÚs-midi, fait sept morts et plus de cinquante blessés sur la place des Martyrs, à Alger.
- Dans la nuit du 22 au , massacre de Bentalha : un commando du GIA lance un assaut contre la banlieue algĂ©roise de Bentalha, les assaillants coupent lâĂ©lectricitĂ© de la banlieue et attaquent avec des armes Ă feu et blanches, ni les enfants et les femmes sont Ă©pargnĂ©s, bilan, entre 200 et 400 morts.
1998
- Le , attentat du train Alger-El Affroun : une bombe explose au passage du train à la hauteur de Boufarik, faisant 18 morts et vingt-cinq blessés.
- Le , Matoub LounĂšs, militant laĂŻc et chanteur engagĂ© pour la cause berbĂšre, est criblĂ© de balles dans son vĂ©hicule par des islamistes lors dâun faux barrage par des membres du GIA portant des tenues de policier que lâĂ©tat algĂ©rien leur avais fourni.
Références
- Jean-Paul Mari, « Ils avaient juré la mort de Boudiaf », Grands-Reporters, 2 juillet 1992.
- Hassane Zerrouky, « Lâespoir assassinĂ© », L'HumanitĂ©, 29 juin 2002.
- JosĂ© GARĂON, « LevĂ©e de boucliers Ă Alger contre l'initiative Mitterrand », sur LibĂ©ration.fr, (consultĂ© le )
- « 1er novembre 1994 : Quand une commĂ©moration se transforme en carnage â Algeria-Watch », sur algeria-watch.org (consultĂ© le )
Voir aussi
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