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Liquide pré-éjaculatoire

Le liquide pré-éjaculatoire ou liquide pré-séminal est un liquide visqueux et incolore qui apparaît vers le début de la puberté et qui est émis par l'urètre masculin pendant l'excitation sexuelle et le plateau, les deux premières phases du cycle sexuel. Il se distingue du sperme, expulsé lors de l'éjaculation qui a lieu au cours de l'orgasme, la phase suivante du cycle.

Liquide pré-éjaculatoire émis par un pénis en érection.

Production

Le liquide pré-éjaculatoire est sécrété par les glandes de Cowper. Les glandes de Littré, et peut-être aussi les lacunes de Morgagni (en), joueraient également un rôle dans sa production[1].

Fonction

Le liquide pré-éjaculatoire sert à la lubrification[2], facilitant à la fois le coït (tout comme les sécrétions vaginales chez la femme) mais aussi le mouvement du prépuce sur le gland. Il sert également à protéger les spermatozoïdes de l'acidité du vagin et des restes d'urine dans le canal urétral[2]. Il a également des propriétés immunodéfensives[2] et joue un rôle dans la coagulation du sperme[3].

Quantité

Le liquide pré-éjaculatoire est sécrété en quantité variable selon les individus : certains n'en produisent pas du tout[4], d'autres jusqu'à 5 millilitres[1].

Dans de rares cas, un individu peut en produire une quantité excessive, ce qui peut être une cause d'embarras ou d'irritation. Quelques études de cas ont indiqué des résultats satisfaisants pour de tels individus lorsqu'ils sont traités avec un inhibiteur de 5-alpha réductase tel que la finastéride[1].

Présence de sperme

Il existe une idée reçue, provenant peut-être[5] de Human Sexual Response écrit en 1966 par Masters et Johnson[6], selon laquelle le liquide pré-éjaculatoire contiendrait du sperme, et serait donc la cause de la faible fiabilité du coït interrompu en tant que méthode de contraception.

Pourtant, même si aucune étude n'a été menée à large échelle sur ce sujet, des études à plus petite échelle tendent à prouver le contraire. En effet, sur les échantillons de liquide pré-éjaculatoire testés, la plupart ne contenaient pas de sperme, et les autres n'en contenaient pas en quantité suffisante pour provoquer la grossesse[7] - [8] - [9] - [10]. Les grossesses qui sont observées malgré la pratique du coït interrompu, et ce même de manière parfaite, ne seraient donc pas imputables à la présence de sperme dans le liquide pré-éjaculatoire, mais plutôt à du sperme subsistant dans l'urètre après une éjaculation récente et entraîné par le liquide pré-éjaculatoire, ou encore à du sperme entré accidentellement en contact avec la vulve[9] - [11].

Toutefois, selon d'autres études, le liquide pré-éjaculatoire pourrait contenir, chez certains individus, une part non négligeable de spermatozoïdes motiles[12] - [13].

Le liquide pré-éjaculatoire contient des marqueurs chimiques associés au sperme, comme des phosphatases acides, tandis que d'autres marqueurs du sperme, comme la gamma-glutamyltranspeptidase, en sont absents[14].

Vecteur de maladie

Certaines études ont prouvé la présence du VIH dans le liquide pré-éjaculatoire des personnes séropositives, ce qui peut infecter le ou la partenaire[7] - [15].

Aspects religieux

Dans l'islam, le liquide pré-éjaculatoire est appelé madhy[16] - [17] (arabe : مَذْي), et les différentes écoles juridiques du sunnisme s'accordent sur le fait que son émission est une impureté mineure n'annulant que les petites ablutions[18] - [19].

Références

  1. (en) Aleksander Chudnovsky et Craig S. Niederberger, « Copious Pre-Ejaculation : Small Glands—Major Headaches », Journal of Andrology (nl), vol. 28, no 3, , p. 375–375 (PMID 17251594, DOI 10.2164/jandrol.107.002576).
  2. (en) Bilal Chughtai, Ahmed Sawas, Rebecca L. O'Malley, Rohan R. Naik, S. Ali Khan et Srinivas Pentyala, « A neglected gland : A review of Cowper's gland », International Journal of Andrology (nl), vol. 28, no 2, , p. 74–77 (PMID 15811067, DOI 10.1111/j.1365-2605.2005.00499.x).
  3. (en) Richard E. Beil et Robert G. Hart, « Cowper's Gland Secretion in Rat Semen Coagulation : II. Identification of the Potentiating Factor Secreted by the Coagulating Glands », Biology of Reproduction (en), vol. 8, no 5, , p. 613–617 (PMID 4713168, DOI 10.1093/biolreprod/8.5.613).
  4. (en) E. Vazquez, « Is it safe to suck? », Positively Aware, vol. 8, no 4, , p. 15 (PMID 11364482).
  5. (en) Pepper Schwartz (en) et Martha Kempner, « Sperm in Pre-ejaculate », dans 50 Great Myths of Human Sexuality, Wiley, , 320 p. (ISBN 978-0-470-67433-8 et 978-0-470-67434-5, lire en ligne), p. 154.
  6. (en) William H. Masters et Virginia E. Johnson, chap. 14 « The Male Orgasm (Ejaculation) », dans Human Sexual Response, Boston, Little, Brown and Company, , 366 p. (ISBN 0-316-54987-8, OCLC 191468, LCCN 66018370, lire en ligne), p. 211.
  7. (en) « Researchers find no sperm in pre-ejaculate fluid », Contraceptive Technology Update, vol. 14, no 10, , p. 154–156 (PMID 12286905).
  8. (en) Zvi Zukerman, David B. Weiss et Raoul Orvieto, « Does Preejaculatory Penile Secretion Originating from Cowper's Gland Contain Sperm? », Journal of Assisted Reproduction and Genetics, vol. 20, no 4, , p. 157–159 (PMID 12762415, DOI 10.1023/A:1022933320700).
  9. (en) Michael J. Free et Nancy J. Alexander, « Male Contraception Without Prescription: A Reevaluation of the Condom and Coitus Interruptus », Public Health Reports (en), vol. 91, no 5, , p. 437–445 (PMID 824668, PMCID PMC1440560, lire en ligne).
  10. (en) Gerard Ilaria, Jonathan L. Jacobs, Bruce Polsky, Brian Koll, Penny Baron, Clarinda Maclow, Donald Armstrong et Peter N. Schlegel, « Detection of HIV-1 DNA sequences in pre-ejaculatory fluid », The Lancet, vol. 340, no 8833, , p. 1469 (PMID 1360583, DOI 10.1016/0140-6736(92)92658-3).
  11. (en) « Withdrawal (Pull Out Method): How Effective Is Withdrawal? », Planned Parenthood Federation of America, (version du 20 avril 2008 sur Internet Archive) : « Even if a man pulls out in time, pregnancy can still happen. Some experts believe that pre-ejaculate, or pre-cum, can pick up enough sperm left in the urethra from a previous ejaculation to cause pregnancy. And pregnancy is also possible if semen or pre-ejaculate is spilled on the vulva. »
  12. (en) Stephen R. Killick, Christine Leary, James Trussell et Katherine A. Guthrie, « Sperm content of pre-ejaculatory fluid », Human Fertility, vol. 14, no 1, , p. 48–52 (PMCID PMC3564677, DOI 10.3109/14647273.2010.520798).
  13. (en) Ekachai Kovavisarach, Suppasak Lorthanawanich et Pairat Muangsamran, « Presence of Sperm in Pre-Ejaculatory Fluid of Healthy Males », Journal of the Medical Association of Thailand, no 99 supplément 2, , S38–41 (PMID 27266214, lire en ligne).
  14. (en) W. F. Gohara, « Rate of decrease of glutamyltransferase and acid phosphatase activities in the human vagina after coitus », Clinical Chemistry (en), vol. 26, no 2, , p. 254–257 (PMID 6101549, DOI 10.1093/clinchem/26.2.254).
  15. (en) Jeffrey Pudney, Monica Oneta, Kenneth Mayer, George 3rd Seage et Deborah Anderson, « Pre-ejaculatory fluid as potential vector for sexual transmission of HIV-1 », The Lancet, vol. 340, no 8833, , p. 1470 (PMID 1360584, DOI 10.1016/0140-6736(92)92659-4).
  16. Malek Chebel, Le corps dans la tradition au Maghreb, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Sociologie d'aujourd'hui », , 207 p. (ISBN 2-13-038284-3), p. 100.
  17. Abdelwahab Bouhdiba, chap. V « Pureté perdue pureté retrouvée », dans La sexualité en Islam, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige / Essais, débats », , 7e éd., 320 p. (ISBN 2-13-054177-1, lire en ligne), p. 59–74, n. 11.
  18. (en) Josep Lluís Mateo Dieste (trad. Martin Beagles), chap. 2 « Purity and Impurity : What Enters and Leaves the Body », dans Health and Ritual in Morocco : Conceptions of the Body and Healing Practices, Leyde et Boston, Brill, coll. « Social, Economic, and Political Studies of the Middle East and Asia (SEPSMEA) » (no 109), , 366 p. (ISBN 978-90-04-23286-0, DOI 10.1163/9789004234482_004, lire en ligne), p. 73.
  19. Hervé Bleuchot, chap. VI « Le culte », dans Droit musulman : Essai d'approche anthropologique, t. 2 : Fondements, culte, droit public et mixte, Aix-en-Provence, Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille, Presses universitaires d’Aix-Marseille, coll. « Droit et religions », (ISBN 2-7314-0303-9, DOI 10.4000/books.puam.1040, lire en ligne), p. 485–524, § 306.

Voir aussi

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