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Lilí Álvarez

Elia María González-Álvarez y López-Chicheri, comtesse de la Valdène, plus connue sous le nom de Lilí Álvarez, est une sportive espagnole de l'entre-deux-guerres, née le à Rome et décédée le à Madrid. Restée célèbre comme joueuse de tennis, elle a également été journaliste et écrivain, auteur de nombreux ouvrages sur le féminisme.

Lilí Álvarez
(épouse de la Valdène)
Image illustrative de l’article Lilí Álvarez
Lilí Alvarez à Roland-Garros en 1931.
Pays Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
République espagnole
Naissance
Rome
Décès
Madrid
Prise de raquette Droitière
Palmarès
Meilleurs résultats en Grand Chelem
Aust. R-G. Wim. US.
Simple 1/2 F (3)
Double V (1) 1/8
Mixte F (1)

Pionnière du tennis espagnol et dotée d'un jeu agressif et rapide, elle atteint trois finales consécutives en simple au tournoi de Wimbledon (1926, 1927 et 1928).

Biographie

Lilí Álvarez naît en 1905, dans un hôtel à Rome, au sein d'une famille aisée. Elle est élevée en Suisse où sa famille s'installe à cause d'une grave maladie dont est atteinte sa mère. En 1923, avec ses parents, elle déménage sur la Côte d'Azur. Elle a également vécu en Allemagne et en Angleterre.

Elle a commencé son travail de journaliste à Buenos Aires pour le quotidien La Nación. Pendant la Seconde République espagnole, elle devient correspondante à Madrid pour le journal britannique le Daily Mail dans lequel elle rédige des articles politiques sur les élections de 1931, et ne tarde pas à couvrir les événements de la guerre civile espagnole[1]. Dans l'intervalle, elle épouse en 1934 un aristocrate et diplomate français, le comte Jean de Gaillard de la Valdène. Après une fausse couche en 1939, elle le quitte et retourne vivre à Madrid.

En 1941, elle remporte le championnat d'Espagne de ski à Candanchú. Mais, pour avoir ouvertement reproché son machisme à un arbitre, se voit retirer son titre. Plus tard, ses positions anti-franquistes, en faveur des libertés individuelles, lui valent d'être interdite de toute compétition par la Fédération espagnole de tennis. Militante active pour la cause des femmes, elle fait un discours lors du cinquième congrès féministe américano-hispanique (1951) : la batalla de la feminidad. Lilí Álvarez rédige ensuite une quinzaine d'ouvrages, certains autobiographiques, avec pour thèmes centraux la religion, le féminisme et le sport parmi lesquels : Testamento espiritual: ideario de una beata atípica (1985), Revivencia: la religiosidad masculina y su desdicha (1993), La gran explicación (1998)[2].

Ayant réalisé ses principaux résultats à l'étranger, elle déplore le fait de ne pas avoir été considérée comme une sportive majeure en Espagne, étant arrivée dans le pays seulement en 1929. De plus, ses positions ouvertement féministes au sein d'une société espagnole nettement machiste ont à l'époque terni sa réputation.

Lors d'une de ses dernières apparitions publiques en 1998, elle déclare à propos des performances sportives de Conchita Martínez et d'Arantxa Sánchez Vicario : « Conchita a le talent pour devenir la meilleure, mais il lui manque la volonté. Arantxa a la volonté, mais il lui manque le talent. »[3]

Lilí Álvarez meurt en 1998, à l'âge de 93 ans. Elle a reçu en 2015 à titre posthume la médaille d'or du mérite sportif.

Carrière sportive

Lilí Álvarez apprend le tennis en Suisse, où elle devient championne nationale à l'âge de 13 ans. Elle s'initie très tôt à différents sports. Particulièrement douée en patinage, elle remporte à 11 ans sa première compétition à Saint-Moritz, puis devient championne du monde en 1921.

Elle excelle aussi au billard, au ski alpin et en équitation. Sur la Côte d'Azur, elle fréquente la haute société et perfectionne son tennis avec le roi Gustave V de Suède. Passionnée de course automobile, elle sort victorieuse, à 19 ans, du Campeonato de Cataluña de Automovilismo sur Peugeot (1924), devenant la première femme à gagner une épreuve jusqu'alors uniquement masculine. La même année, elle est proche de devenir la première athlète espagnole à participer aux Jeux olympiques d'hiver à Chamonix en patinage artistique. Cependant, une blessure l'en empêche. Elle participe par ailleurs aux Jeux olympiques d'été de Paris, où elle est éliminée en quarts de finale par la Britannique Germaine Golding, devenant ainsi la première femme avec Rosa Torras à représenter l'Espagne aux Jeux olympiques[4].

Ce n'est qu'en 1926 que la Fédération Espagnole commence à s'intéresser à elle en l'inscrivant au tournoi de Wimbledon[5]. Surnommée « Señorita de Alvarez » par la presse, elle y atteint la finale à sa première participation, puis en jouera deux autres consécutivement. Elle perd la première contre Kitty McKane (en menant 3-1 dans la 3e manche) et les deux suivantes face à Helen Wills — laquelle dira du jeu de son adversaire qu'il est « inhabituellement audacieux ». Elle ne fera par la suite pas mieux qu'un huitième de finale.

Pour sa finale à Wimbledon en 1926, elle reçoit la somme de 5 guinées, échangeables contre des articles en argent dans une célèbre boutique londonienne. Le montant passe à 10 guinées lors de ses deux autres finales, somme assez dérisoire pour l'époque. Elle évoque cette période dans son ouvrage El mito del amateurismo en 1968, affirmant que l'amateurisme était une énorme hypocrisie pour les joueurs et les organisateurs des tournois[6].

Elle joue pour la première fois en Espagne en 1929, année où elle remporte le championnat national. Elle gagnera une nouvelle fois ce tournoi onze ans plus tard en 1940. Peu après son succès à domicile, elle gagne le double dames à Roland-Garros, associée à Cornelia Bouman, tournoi dans lequel elle n'a jamais passé le stade des demi-finales (1930, 1931, 1936 et 1937).

L'année suivante, elle s'impose en simple, double et mixte aux Internationaux d'Italie, soixante-trois ans avant sa compatriote Conchita Martínez. En 1931, elle choque le public de Wimbledon en se présentant sur le court dans un short dessiné par la styliste italienne Elsa Schiaparelli, faisant d'elle une précurseur du pantalon court, en vogue notamment dans les années 1940.

Elle délaisse le tennis en 1932 par manque de résultat, avant de revenir brièvement entre 1935 et 1937 puis d'arrêter définitivement en 1941. Durant sa carrière, elle a remporté une quarantaine de tournois, principalement en France (dont deux fois Monte-Carlo), mais aussi en Amérique du Sud (au Brésil et en Argentine en 1930 notamment).

Palmarès (partiel)

Titre en simple dames

No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Finaliste Score
1 1930 Internationaux d'Italie, Rome Terre (ext.) Lucia Valerio 3-6, 8-6, 6-0

Finales en simple dames

No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Vainqueure Score
1 21-06-1926 The Championships, Wimbledon G. Chelem Gazon (ext.) Kitty McKane 6-2, 4-6, 6-3 Parcours
2 20-06-1927 The Championships, Wimbledon G. Chelem Gazon (ext.) Helen Wills 6-2, 6-4 Parcours
3 25-06-1928 The Championships, Wimbledon G. Chelem Gazon (ext.) Helen Wills 6-2, 6-3 Parcours

Titres en double dames

No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Partenaire Finalistes Score
1 20-05-1929 Internationaux de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.) Cornelia Bouman Bobbie Heine
Alida Neave
7-5, 6-3 Parcours
2 1930 Internationaux d'Italie
Rome
Terre (ext.) Lucia Valerio Leyla Claude-Anet
M. Neufels
7-5, 6-7, 7-6

Titre en double mixte

No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Partenaire Finalistes Score
1 1930 Internationaux d'Italie
Rome
Terre (ext.) Umberto de Morpurgo Lucia Valerio
Patrick Hughes
4-6, 6-4, 6-2

Finale en double mixte

No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Vainqueures Partenaire Score
1 24-05-1927 Internationaux de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.) Marguerite Broquedis
Jean Borotra
Bill Tilden 6-4, 2-6, 6-2 Parcours

Parcours en Grand Chelem (partiel)

Si l’expression « Grand Chelem » désigne classiquement les quatre tournois les plus importants de l’histoire du tennis, elle n'est utilisée pour la première fois qu'en 1933, et n'acquiert la plénitude de son sens que peu à peu à partir des années 1950.

En simple dames

Année Championnat d'Australasie
Championnat d'Australie
Internationaux de France Wimbledon US National
1925 - 2e tour (1/16) H. Contostavlos - -
1926 - - Finale Kitty McKane -
1927 - 1/4 de finale Bobbie Heine Finale Helen Wills -
1928 - 1er tour (1/32) Mme R. Fourcade Finale Helen Wills -
1929 - - 4e tour (1/8) Mary McIlquham -
1930 - 1/2 finale Helen Jacobs 1er tour (1/64) Mary Palfrey -
1931 - 1/2 finale Cilly Aussem 3e tour (1/16) Dorothy Round -
1932 - 3e tour (1/8) Lolette Payot - -
1935 - 1er tour (1/32) J. Goldschmidt 2e tour (1/32) Susan Noel -
1936 - 1/2 finale Hilde Sperling 4e tour (1/8) Helen Jacobs -
1937 - 1/2 finale Hilde Sperling 4e tour (1/8) Dorothy Round -

À droite du résultat, l’ultime adversaire.

En double dames

Année Championnat d'Australie Internationaux de France Wimbledon US National
1929 - Victoire
C. Bouman
Bobbie Heine
Alida Neave
- -
1930 - 2e tour (1/8)
E. Bennett
Mme R.
J. Vaussard
- -
1931 - 1/2 finale
S. Mathieu
E. Bennett
Betty Nuthall
- -
1932 - 1/2 finale
Josane Sigart
E. Ryan
Helen Wills
- -
1935 - 1er tour (1/16)
Anita Lizana
A. Neufeld
C. Rosambert
- -
1936 - 1/4 de finale
H. Sperling
Nelly Adamson
Josane Sigart
- -
1937 - 1/4 de finale
Marie Luise
D. Andrus
Sylvie Jung
3e tour (1/8)
C. Boegner
Mary Heeley
Dorothy Round
-
1938 - 2e tour (1/8)
Ida Adamoff
J. Horner
S. Iribarne
- -

Sous le résultat, la partenaire ; à droite, l’ultime équipe adverse.

En double mixte

Sous le résultat, le partenaire ; à droite, l’ultime équipe adverse.

Parcours aux Jeux olympiques

En simple dames

# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Ultime adversaire Score
113/07/1924 Jeux olympiques d'été, ParisTerre (ext.) 1/4 de finale Germaine Golding 7-5, 6-3Parcours

En double dames

# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Partenaire Ultimes adversaires Score
113/07/1924 Jeux olympiques d'été
Paris
Terre (ext.) 2e tour (1/8) Rosa Torras Marguerite Broquedis
Yvonne Bourgeois
2-6, 6-3, 6-4Parcours

En double mixte

# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Partenaire Ultimes adversaires Score
113/07/1924 Jeux olympiques d'été
Paris
Terre (ext.) 1/4 de finale Eduardo Flaquer Vincent Richards
Marion Zinderstein
6-3, 6-1Parcours

Notes et références

  1. Tolo Leal, Lilí Álvarez, ¿la mujer más influyente del deporte español?, libertaddigital, 22 octobre 2015
  2. Juan José Fernández, Una adelantada a su tiempo, El País, 9 juillet 1998
  3. El Mundo, 9 juillet 1998
  4. Alberto Lambea, Las 100 vidas de Lilí Alvarez, El Mundo, 17 juillet 2017
  5. Juan José Fernández, Lilí Álvarez, "Me gustaría que fuera más rápida", El País, 9 juin 1989
  6. Ignacio Alonso, Lilí Alvarez: "el amateurismo es una tremenda hipocresía", El País, 27 juin 1976

Voir aussi

Liens externes

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