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Licence globale

La licence globale est une autorisation donnée aux internautes pour accéder à des contenus culturels (musique, images, films, textes) sur Internet et les échanger entre eux à des fins non commerciales en contrepartie d'une rémunération versée aux artistes proportionnellement à la densité de téléchargement que leurs œuvres ont suscité.

la licence globale optionnelle selon la définition de l'Alliance Public-Artistes[1]

Le concept de licence globale a été inventé par la SPEDIDAM[2] et l'ADAMI[3] (administration des droits des artistes et musiciens interprètes) en 2001 et présenté 3 ans plus tard lors des Rencontres européennes des artistes à Cabourg qu'elle organise. Cette proposition faisait partie du projet de loi DADVSI lors de son passage en première lecture en décembre 2005 à l'Assemblée nationale française et donna lieu à de houleux débats. À la suite d'une forte réaction de l'industrie des droits d'auteur, elle ne fut finalement pas retenue dans le texte de loi final promulgué le .

La question a de nouveau été posée lors de la discussion du projet de loi « favorisant la diffusion et la protection de la création sur Internet » en . Les députés socialistes proposaient une contribution créative[4], qui n'était qu'un autre nom de la licence globale, tandis que le député DLF (ex UMP) Nicolas Dupont-Aignan militait pour l'adoption de la licence globale[5]. Ce mécanisme a une nouvelle fois été rejeté.

La licence globale

Derrière le concept de la licence globale, qui consiste à légaliser les échanges entre internautes de contenus audiovisuels sur internet en échange d'une rétribution forfaitaire, s'abritent différents modes d'application qui ont chacun leurs avantages et leurs chances de succès. Voici les trois principaux :

  1. La licence globale « universelle » consiste à prélever la rétribution sur la facture de l'abonnement internet de tous les accès haut débit, telle une taxe, autorisant en contrepartie tous les internautes ayant accès au haut débit à télécharger. Bien qu'elle soit très simple à appliquer et permette de collecter des fonds très importants même avec une faible rétribution, elle taxe cependant les abonnés ne téléchargeant pas.
  2. La licence globale optionnelle, consiste à faire payer la rétribution uniquement aux internautes souhaitant télécharger. Cette option, nécessite cependant le maintien des mesures juridiques contre les téléchargeurs ne payant pas la rétribution.
  3. La licence globale « à paliers » consiste à fixer une grille tarifaire de la rétribution, liée au volume de téléchargements de chaque abonné. Un abonné ne téléchargeant pas ne payerait alors rien, alors qu'un gros téléchargeur payerait plus qu'un téléchargeur occasionnel. On peut espérer que les fournisseurs d'accès à internet intègrent la valeur de cette rétribution dans l'offre haut débit qu'ils proposent aux consommateurs.

Le montant de la rétribution

L'estimation du montant de la rĂ©tribution varie selon les modes d'applications prĂ©sentĂ©s prĂ©cĂ©demment, et de la nature des contenus audiovisuels que la licence globale autoriserait Ă  tĂ©lĂ©charger (Ă  savoir si la rĂ©tribution payĂ©e par l'abonnĂ© l'autorise Ă  tĂ©lĂ©charger uniquement de la musique, ou Ă©galement des films). En France, d'après une Ă©tude de l'UFC—Que choisir rĂ©alisĂ©e en 2005[6], le nombre de rĂ©tributions collectĂ©es grâce Ă  la licence globale « universelle » et « Ă  paliers » est très important, ce qui permet de fixer une rĂ©tribution assez faible (plus ou moins infĂ©rieure Ă  4 euros par mois, pour la musique et la vidĂ©o).

Dans l'ensemble, toujours selon l'Ă©tude française prĂ©cĂ©demment citĂ©e, la valeur de rĂ©fĂ©rence de 5 euros par mois et par abonnĂ© semble avoir une correspondance Ă©conomique avec l’impact de la lĂ©galisation du tĂ©lĂ©chargement sur les filières musicales et de la vidĂ©o.

Selon une étude commandée au cabinet Idée Europe par la SPEDIDAM[7], les sommes qui pourraient être collectées s'élèveraient en France en 2007 entre 437 millions d'euros pour l'hypothèse la plus basse et 1,391 milliard d'euros pour l'hypothèse la plus haute.

La mise en place de la licence globale

Les détails techniques concernant la mise en place de la licence globale ont été la principale cible de ses détracteurs. La faisabilité d'un tel schéma est pourtant bien réelle, et ses défenseurs affirment que la critique de la licence globale sur l'aspect technique relevait de la désinformation[8]. Les possibilités pour la mise en place de la licence globale énoncées ci-dessous sont basées sur l'étude SPEDIDAM-BigChampagne [9] qui démontre la faisabilité d'un tel système.

La collecte de la rétribution

La rétribution payée par les abonnés serait collectée par les fournisseurs d'accès à internet :

  • Dans le cadre du mode forfaitaire optionnel, lors du payement de son accès Ă  internet, l'abonnĂ© choisirait de payer ou non l'option licence globale qui lui permettrait alors de tĂ©lĂ©charger en toute lĂ©galitĂ©.
  • Dans le cadre de la licence globale universelle, le montant de la rĂ©tribution forfaitaire serait inclus dans le prix de l'abonnement.

La répartition de la rémunération et la mesure du trafic

L'ensemble des rétributions ainsi collectées serait alors remis à une société de perception et de répartition des droits, comparable à la SACEM, qui répartirait cette collecte aux ayants droit des œuvres échangées, en fonction du trafic que leurs œuvres auront suscité. Richard Stallman propose une rémunération liée à la racine cubique du nombre de téléchargements, pour les livres en tout cas[10]

L'analyse du trafic

L'analyse du trafic quant à elle est plus délicate, car elle doit être suffisamment précise pour assurer une répartition juste, tout en conservant la vie privée des abonnés. Pour réaliser une telle tâche, la société de mesure du trafic devra d'abord se limiter à l'analyse des téléchargements réalisés par les français (cela grâce à l'analyse des adresses IP). Elle devra ensuite disposer de méthodes d'identification des œuvres, et de mesure de la densité des téléchargements de chacune des principales œuvres.

D'après l'étude de référence, l'identification des œuvres pourra se faire grâce à l'analyse des empreintes numériques (la représentation mathématique d'un enregistrement particulier) et des métadonnées des œuvres. L'analyse serait faite par les fournisseurs d'accès à internet, mais leur travail pourrait être désengorgé par la mise en place de partenariats avec les développeurs des logiciels permettant le partage des œuvres, ou d'autres partenaires tels que des sites webs liés à l'échange des œuvres (comme The Pirate Bay).

Une mesure passive du trafic est également rendue possible par la nature même des réseaux d'échanges pair à pair : en effet, n'importe quel utilisateur de ces réseaux peut localiser géographiquement les autres utilisateurs grâce à leur adresse IP, savoir quelles sont les œuvres disponibles, et surtout, chez combien d'utilisateurs chacune d'entre elles est présente. En répartissant massivement les efforts, il serait alors possible de mesurer l'activité de ces réseaux grâce à un système d'observation passif; et cela sans la nécessité d'un partenariat particulier.

Enfin, la mise en place de sondages massifs permettrait en combinaison des méthodes précédemment citées d'établir un rapport d'activité précis, chacune des méthodes s'équilibrant et évitant ainsi la falsification du trafic par des producteurs peu scrupuleux qui mettraient en place des robots téléchargeant leurs œuvres.

Toutes ces méthodes - mise à part celle du sondage qui repose sur le consentement de l'interrogé - ne nécessitent à aucun moment l'identification des abonnés, et pourront être appliquées dans le respect le plus strict de leur vie privée.

Le débat

Le problème réside dans le fait que toute donnée numérique peut en principe être copiée à l'infini, sans l'utilisation d'une quelconque matière. La licence globale cherche donc à trouver un compromis entre cette réalité, et la nécessité de rémunérer les ayants droit.

Arguments des défenseurs de la licence globale

  • La licence globale revient simplement Ă  Ă©tendre Ă  Internet des dispositions dĂ©jĂ  existantes pour la radiodiffusion (il est illicite d'enregistrer des Ă©missions de radio, car celles-ci ont uniquement payĂ© les droits pour la diffusion des contenus sans que le droit de reproduction ne soit concernĂ© ; en France et en Allemagne, une taxe est par ailleurs prĂ©levĂ©e Ă  la source sur les supports d'enregistrement).
  • Il est impossible d'empĂŞcher les tĂ©lĂ©chargements d'Ĺ“uvres protĂ©gĂ©es. La licence globale est donc le meilleur compromis entre les rĂ©alitĂ©s techniques et la nĂ©cessitĂ© de rĂ©munĂ©rer les artistes.
  • Des platesformes de diffusion de musique libre en ligne (comme Jamendo ou Dogmazic) ont montrĂ© que grâce Ă  Internet il n'y a plus forcĂ©ment besoin des maisons d'Ă©dition pour faire Ă©merger des nouveaux talents, y compris dans des domaines pointus.
  • En payant la licence globale, on ne paye que l'Ĺ“uvre et non son support et sa distribution. Sur le prix d'un album achetĂ© chez le disquaire, une très faible part revient aux artistes (4 % en moyenne[11]). Au contraire, la licence globale est destinĂ©e en exclusivitĂ© aux ayants droit, leur donnant un rĂ´le prĂ©dominant par rapport Ă  la filière de distribution (la FNAC, ou l'iTunes Store par exemple). Avec la licence globale, les artistes n'ont non seulement plus besoin des majors pour se faire connaĂ®tre, mais ils n'ont Ă©galement plus besoin d'elles pour leurs prĂ©cieux contrats d'exclusivitĂ© avec les grands distributeurs de musique.
  • De plus la licence globale permettrait d'augmenter considĂ©rablement le revenu du groupe « artistes » (pas des quelques artistes très connus, mais de l'ensemble des artistes), dès qu'elle est supĂ©rieure au budget moyen d'achat de CD et DVD principalement.
  • Le propriĂ©taire d'une Ĺ“uvre numĂ©rique n'est pas privĂ© de la jouissance de sa copie lorsque celle-ci est copiĂ©e. La licence globale se prĂ©sente alors comme une alternative Ă  la propriĂ©tĂ© privĂ©e assurant une juste rĂ©munĂ©ration des artistes.
  • De multiples mĂ©thodes rĂ©alisables de rĂ©partition du produit de la licence ont Ă©tĂ© identifiĂ©es : statistiques sur le tĂ©lĂ©chargement, corrĂ©lation avec les ventes de copies / de concerts, vote des auditeurs, etc. Techniquement, il est par exemple tout Ă  fait possible de limiter le comptage Ă  des tĂ©lĂ©chargements rĂ©alisĂ©s sur des sites prĂ©cis, certifiĂ©s par une agence indĂ©pendante et utilisant des technologies destinĂ©es Ă  limiter l'utilisation de robots (comme des textes floutĂ©s Ă  recopier). Si de tels sites, aboutis techniquement, proposaient un très large catalogue musical, les utilisateurs auraient tout intĂ©rĂŞt Ă  tĂ©lĂ©charger depuis ceux-ci.
  • La licence globale permet d'Ă©viter la protection des Ĺ“uvres par DRM qui est une contrainte empĂŞchant les consommateurs de lire les Ĺ“uvres lĂ©galement achetĂ©es sur tous les supports (interopĂ©rabilitĂ©).
  • L’argument des opposants Ă  la licence globale sur la baisse Ă©ventuelle de qualitĂ© des Ĺ“uvres artistiques qui s’y soumettraient ne tient pas. Il est uniquement fondĂ© sur le postulat du retour sur investissement, qui dĂ©finit un type de productions (les superproductions), mais n’a jamais Ă©tĂ© un facteur dĂ©terminant dans la crĂ©ation d’une Ĺ“uvre majeure.
  • Enfin, l'accès illimitĂ© Ă  tout le catalogue musical Ă  moindre coĂ»t permet de rendre la musique accessible Ă  tous.

Arguments des opposants Ă  la licence globale

  • D'une part une baisse de qualitĂ© des productions, ce système augmentant la difficultĂ© de rĂ©cupĂ©rer un investissement artistique important si le nombre de visionnages ne permet pas un retour sur investissement suffisant (film en superproduction, par exemple). Les producteurs ne seront-ils pas dissuadĂ©s de financer un travail en studio de plusieurs mois comme le Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles[note 1] ou un film onĂ©reux comme Amadeus ? La notion culturelle dĂ©rivant vers un mercantilisme plus poussĂ© oĂą investir revient en effet pour celui qui s'y dĂ©cide Ă  renoncer Ă  une consommation immĂ©diate pour accroĂ®tre ses recettes futures. Par exemple, pour Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles, Cet album est souvent citĂ© comme leur plus grande Ĺ“uvre et l'un des albums les plus influents de tous les temps par les critiques.
  • D'autre part ses difficultĂ©s d'application : si par exemple la rĂ©partition de la manne collectĂ©e se fait au prorata du tĂ©lĂ©chargement des Ĺ“uvres, des producteurs ou des artistes indĂ©licats ne vont-il pas lancer Ă  plein temps des robots de tĂ©lĂ©chargement pour augmenter artificiellement leur part[note 2] ? (la traque de robots de tĂ©lĂ©chargement Ă©tant plus ardue, techniquement, que celle de millions d’internautes tĂ©lĂ©chargeant en permanence).
Une affaire éclatée en [12] et dont a été victime Spotify met l'accent sur la vulnérabilité des mesures.
Le directeur de la Fnac donne son avis de la difficulté d'application dans le quotidien Libération[13] le :
« L’idée d’une licence globale n’est pas absurde sur le principe, mais elle reste totalement irréalisable. Comment rétribuer les ayants droit à partir des milliards d’échanges qui se font chaque mois sur les sites de P2P ? Comment distinguer ceux qui téléchargent de ceux qui ne le font pas, trier entre les usages des internautes ? Tout cela est un cauchemar de la raison et n’est absolument pas concevable dans des conditions d’équité et de justice. C’est dans l’état actuel des choses impossible. »
  • Par ailleurs, le fait de payer cette taxe risque de laisser croire Ă  tout internaute qu'il dispose lĂ  d'une autorisation lui permettant de copier l'ensemble des donnĂ©es accessibles bien que nombre de leurs crĂ©ateurs ne puissent bĂ©nĂ©ficier du reversement (artistes Ă©mergents ou indĂ©pendants, productions Ă©trangères, donnĂ©es volĂ©es n'ayant jamais eu vocation Ă  ĂŞtre commercialisĂ©e). Ceci laisse donc penser que le système mĂŞme de la licence globale est inadaptĂ© et sans aucun contrĂ´le de gestion des flux du consommateur jusqu'aux ayants droit Ă  l'instar de la SACEM aujourd'hui.
  • Également, rien ne permet d'assurer que le bĂ©nĂ©fice de la licence globale collectĂ©e auprès des utilisateurs reprĂ©senterait au moins une part significative des droits d'utilisation actuels alors obtenus par les consommateurs pour un coĂ»t annuel minime. On peut estimer que l'internaute paierait avec cette taxe ses droits sur le tĂ©lĂ©chargement de musique vu qu'il s'agit de l'exemple le plus souvent citĂ©. Mais qu'en serait-il pour le tĂ©lĂ©chargement d'autres contenus au prix de vente actuel plus Ă©levĂ© (films) ? Il est très peu probable que les sommes rĂ©unies grâce Ă  la licence globale suffisent Ă  couvrir les pertes de l'ensemble des industries audio-visuelles concernĂ©es dont les produits seraient alors utilisĂ©s lĂ©galement par des consommateurs qui n'auraient pas Ă  s'acquitter du vrai coĂ»t des contenus copiĂ©s. Ce changement de modèle Ă©conomique amènerait donc Ă  la disparition des intermĂ©diaires non techniques de la filière audiovisuelle.
  • Les grandes disparitĂ©s entre les zones urbaines et les espaces ruraux, en termes de dĂ©bit, pĂ©nalisent les personnes n'ayant pas accès au haut ou très haut dĂ©bit, phĂ©nomène renforcĂ© par le manque d'investissement en « dur » (installation de la fibre) de la part des grands opĂ©rateurs essentiellement tĂ©lĂ©phoniques (Orange, SFR, Bouygues, Free).
  • Contrairement au monde de la recherche qui peut publier des biens immatĂ©riels publics en rĂ©tribuant statutairement, modulĂ© par un système complexe d'Ă©valuation par des pairs, la production artistique de biens immatĂ©riels (contenus audiovisuel) ne peut pas ĂŞtre rĂ©munĂ©rĂ©e exclusivement par le seul statut d'artiste professionnel. Il faut pouvoir rĂ©compenser les crĂ©ateurs d'Ĺ“uvres originales, hors normes et hors système, promouvoir la crĂ©ation mĂŞme d'amateurs pour rĂ©vĂ©ler des talents fondĂ©s sur la qualitĂ© des Ĺ“uvres et non sur un statut d'artiste. Seule une marchandisation utilisant les caractĂ©ristiques intrinsèques des biens immatĂ©riels permet de rĂ©tribuer plus justement les artistes, tout en abaissant les coĂ»ts des Ĺ“uvres pour les consommateurs.
  • En 2017, une enquĂŞte de l'ADAMI auprès des artistes-interprètes indique que la licence globale n'est plus considĂ©rĂ©e par les professionnels comme une solution pour amĂ©liorer la condition des artistes[14].

Au-delà de ces modalités tarifaires diverses, un principe reste présent : ni la collectivité ni les artistes n'ont à gagner à empêcher une duplication des œuvres artistiques une fois la rétribution de celles-ci assurée, d'autant que des offres CC-BY-SA commencent à se répandre (2012)[15] - [16] et que les œuvres payantes devront rester attractives. Un modèle économique qui en tienne compte doit être recherché[17].

Questions voisines

  • Le dĂ©bat consistant Ă  dĂ©terminer s'il vaut mieux prĂ©lever moins sur une assiette plus grande ou davantage sur une assiette plus petite est voisin de celui soulevĂ© dans les annĂ©es 1980 avec la courbe de Laffer. On sait que ce dernier n'a toujours pas engendrĂ© de consensus.
  • Le concept est voisin aussi de ce qui existe avec l'Internet : un pĂ©age modĂ©rĂ© pour l'accès Ă  la bretelle de raccordement, qui donne ensuite accès Ă  la libertĂ© de circulation totale sur les autoroutes de l'information. Il s'agit bien, en matière de propriĂ©tĂ© intellectuelle, d'un changement de paradigme.
  • Enfin, et bien que les logiciels ne soient pas concernĂ©s par la licence globale, le modèle de gratuitĂ© participative du logiciel libre est très prĂ©sent. Une retransmission des dĂ©bats sur La ChaĂ®ne parlementaire montre cette expression utilisĂ©e 38 fois en une seule sĂ©ance.

Estimations

Une licence globale de 7 euros par mois, payée par 10 millions de personnes, représenterait 70 millions d'euros par mois, soit 840 millions d'euros par an.

Par comparaison, l'ordre de grandeur du revenu annuel déclaré (droits + concerts + droits dérivés) des 5 à 10 artistes français les plus vendus[note 3] - cumulant droits d'auteurs et revenus de spectacles - avoisine 10 millions d'euros pour chacun. Les revenus décroissent ensuite assez vite (voir Loi de Zipf pour information). Mais ce calcul ne prend évidemment pas en compte les droits des autres acteurs de la filières - producteurs de disques - éditeurs - auteurs compositeurs - distributeurs ; or les artistes ne sont pas les seuls maillons de la filière musicales à être rémunérés au volume.

Alternatives

Des fournisseurs privés, dont Neuf proposent un équivalent partiel à la licence globale (mais limité au catalogue Universal). Cette initiative augmenta toutefois la tension des rapports, déjà difficiles[18], entre les majors (intermédiaires) et la SACEM.

L'INA propose depuis avril 2006 un système hybride : 100 000 œuvres sont visionnables gratuitement sur son site (rémunération par le service public assurée donc aux frais du contribuable) et chaque utilisateur peut aussi s'il le désire télécharger le contenu correspondant en meilleure résolution pour un peu plus d'un euro.

Une alternative consiste à fonctionner par don volontaire[19], cette solution, déjà en cours sur certaines plateformes de musique diffusée librement comme Magnatune ou Jamendo permet aux artistes d'être rémunéré selon la qualité de leurs œuvres, en plus de satisfaire aux visiteurs qui peuvent choisir eux-mêmes le montant de leurs déboursements. En fait, si le site reçoit un grand nombre de visiteurs, le fait que certaines personnes déboursent peu ou pas du tout est compensé par les dons de nombreux utilisateurs.

D'autres comme Pragmazic (distributeur de musique libre en lien avec le portail Dogmazic) ne fonctionne pas par don mais propose aux visiteurs d'acheter des œuvres (distribuées gratuitement sur Dogmazic) sur CD ou à des formats de qualité supérieure à la moyenne. Ce dernier système est comparable à celui de l'INA décrit plus haut.

Une alternative d'une conception juridique différente est le Mécénat global[20]. Pas une rémunération a priori d'une consommation, mais une rémunération a posteriori d'une appréciation.

Schéma Opérationnel / Internautes : Versement obligatoire par chaque internaute d'une redevance d'un montant forfaitaire auprès de son FAI. Chaque internaute détermine la répartition de la redevance entre les différents auteurs de contenus, selon son appréciation.

Schéma Opérationnel / Ayants Droit : Versement des redevances collectées par les FAI auprès des sociétés de gestion collective, ou sociétés de perception et de répartition des droits d'auteur (SPRD).

Schéma Juridique général : Encadrement législatif et réglementaire de la gestion des droits exclusifs des auteurs, donc pas une exception.

Schéma Juridique / Internautes: Dispositions d'ordre public dans les contrats entre les internautes et leurs FAI introduisant une relation avec les SPRD.

Schéma Juridique / Ayants Droit : Dispositions d'ordre public dans les contrats entre les créateurs et SPRD introduisant une relation avec les FAI.

Propositions similaires

Europe

Le a Ă©tĂ© proposĂ©e en Grande-Bretagne une taxe sur le haut dĂ©bit de 29 livres par an[21] pour financer le manque Ă  gagner des artistes et de leurs producteurs

Les sites Deezer ou Spotify proposent également[22] - [23] des formules d'écoute en ligne, soit illimitée, soit plus ou moins limitée.

Par exemple, en ce qui concerne Deezer :

  • gratuite en qualitĂ© 128 kbs avec pub mais limitĂ©e Ă  5 heures par mois depuis le
  • pour 4,99 € par mois en 320 kbs sans pub
  • pour 9,99 € par mois en 320 kbs sans publicitĂ© et avec la possibilitĂ© de tĂ©lĂ©charger les titres musicaux sur son mobile ou son iPod grâce Ă  l'application compatible, le titre ne pouvant ĂŞtre Ă©coutĂ© que pendant la durĂ©e de l'abonnement (sur le principe de la location).

États-Unis

Le magazine amĂ©ricain Wired a mentionnĂ© en une proposition d'une taxe similaire[24] de 5 dollars par mois, Ă©mise par l'industrie du disque.

: Alors que le gouvernement français persiste avec HADOPI 2 et la LOPPSI, aux États-Unis, la politique change radicalement : trois majors sur quatre ont créé la société Choruss chargée d'étudier différentes formes de licence globale aux USA, sur plusieurs campus universitaires[25].

Par ailleurs, le Copyright Royalty Board (en) fixe des tarifs normalisés pour les ayants droit préférant ce système. Passée une première période de simple expérimentation, on observe que ces droits ont crû rapidement, restant cependant inférieurs à l'amortissement d'un disque sur sa durée de vie : deux millièmes de cent américain par écoute.

Notes et références

Notes

  1. Au moment de la sortie de cet album, les Beatles avaient déjà mis un terme définitif à leurs tournées afin de se consacrer à la seule musique de studio. Aucun rattrapage n'était donc possible à travers celles-ci.
  2. Cette objection disparaît si le financement est prélevé sur l'abonnement lui-même : c'est le projet de mécénat individuel défendu par Richard Stallman.
  3. sur la base des chiffres publiés de 2002 à 2007

Références

  1. L'ALLIANCE public.artistes
  2. SPEDIDAM
  3. ADAMI, droits des artistes-interprètes sur internet
  4. Article d'Ecrans.fr
  5. Article de PCInpact.com
  6. Étude d’impact d’une rémunération alternative sur les échanges peer to peer - UFC—Que choisir, mai 2005 [PDF] (voir archive)
  7. Les manques à gagner des artistes interprètes de la musique - IRMA, 3 mars 2008
  8. Vidéo mise à disposition par l'association Alliance Public Artistes.
  9. étude SPEDIDAM-BigChampagne sur la faisabilité technique de la licence globale
  10. http://stallman.org/articles/ebooks.pdf et http://stallman.org/articles/ebooks.pdf
  11. « Étude de l'ADAMI - Filière de la musique enregistrée : quels sont les véritables revenus des artistes interprètes ? », sur irma.asso.fr, (consulté le )
  12. Mathieu Chartier, « Comment un Bulgare a légalement dérobé une fortune à Spotify », sur lesnumeriques.com, Les Numériques, (consulté le ).
  13. Les verrous numériques sont une incitation au piratage, Libération, 1re ÉDITION - 2007-02-15
  14. marc@nextinpact.com, « La licence globale n’a plus la cote chez les artistes-interprètes », sur nextinpact.com, (consulté le )
  15. « Les 50 musiques libres de droits les plus téléchargées », sur auboutdufil.com (consulté le ).
  16. « Catalogue de la Musique 100% Libre de Droit et Gratuite », sur Whoo.fr (consulté le )
  17. Laurent Fournier Économie des biens immatériels HAL 2012
  18. Sacem, Universal et Majors - Deepsound Blog
  19. La philosophie de la musique libre: un des textes fondateurs de la musique libre, dans lequel l'auteur défend pour la rémunération des artistes un système de don, à l'instar des pratiques déjà utilisées dans le domaine du logiciel. L'auteur pense que cette pratique, comparée aux pourboires, pourrait s'enraciner dans les coutumes, car déjà existante dans certains domaines, tel que la restauration dans les pays anglo-saxons.
  20. mecenat-global.org
  21. (en) « The Times & The Sunday Times », sur technology.timesonline.co.uk (consulté le ).
  22. « Deezer lance un service payant Premium à 9,99 euros », sur ZDNet France (consulté le ).
  23. « Spotify serait contraint d’imposer des limites à la gratuité pour satisfaire les labels », sur ZDNet France (consulté le ).
  24. (en) Music Industry Proposes a Piracy Surcharge on ISPs - Wired, 13 mars 2008
  25. Choruss : 3 majors pour une licence globale aux États-Unis - Guillaume Champeau, Numerama, 5 mai 2009

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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