Les Filles du soleil
Les Filles du soleil est un film français réalisé par Eva Husson et sorti en 2018. Le film est en sélection officielle au Festival de Cannes 2018 ainsi qu'au Festival de Toronto 2018.
RĂ©alisation | Eva Husson |
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Scénario | Eva Husson |
Acteurs principaux | |
Pays de production | France |
Genre | drame, guerre |
Durée | 115 minutes |
Sortie | 2018 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Au Kurdistan, Bahar, commandante du bataillon Les Filles du Soleil, se prĂ©pare Ă libĂ©rer sa ville des mains des extrĂ©mistes, avec l'espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde, vient couvrir lâoffensive et tĂ©moigner de lâhistoire de ces guerriĂšres dâexception. Depuis que leur vie a basculĂ©, toutes se battent pour la mĂȘme cause : la femme, la vie, la libertĂ©.
Fiche technique
- Titre français : Les Filles du Soleil
- RĂ©alisation : Eva Husson
- Scénario : Eva Husson
- DĂ©cors : David Bersanetti
- Photographie : Mattias Troelstrup
- Montage : Emilie Orsini
- Musique : Morgan Kibby
- Production : Didar Domehri
- Sociétés de production : Maneki Films, Wild Bunch, Elle Driver, Arches Films, Gapbusters, 20 Steps Productions, RTBF, Bord Cadre Films, Proximus
- SOFICA : Cinécap 1, Indéfilms 6
- Société de distribution : Wild Bunch Distribution (France)
- Pays d'origine : France
- Format : couleur
- Genre : drame et guerre
- Durée : 115 minutes
- Dates de sortie :
- France :
Distribution
- Golshifteh Farahani : Bahar, une combattante yézidie
- Emmanuelle Bercot : Mathilde, reporter de guerre borgne. Le personnage est inspiré de Marie Colvin
- ZĂŒbeyde Bulut : Lamia
- Maia Shamoevi : Amal
- Evin Ahmadguli : Berivan
- Nia Mirianashvili : Nofa
- Mari Semidovi : Arafat
- Roza Mirzoiani : Rojin
- Behi Djanati AtaĂŻ : Dahia
- Zinaida Gasoiani : Torhildan
- Sinama Alievi : Guli
- Zirek : Commandant Zirek
- Erol Afsin : Tiresh
Contexte historique
Le film s'inspire des massacres de Sinjar, commis en aoĂ»t 2014 en Irak contre les yĂ©zidis par les djihadistes de l'Ătat islamique, ainsi que de la bataille de Sinjar, qui du au opposa les groupes kurdes aux djihadistes[1]. Le bataillon des « filles du soleil » s'inspire Ă©galement d'un bataillon du mĂȘme nom, fondĂ© le en Irak, intĂ©grĂ© aux peshmergas, les forces armĂ©es du Gouvernement rĂ©gional du Kurdistan irakien (GRK), et constituĂ© en de 123 combattantes yĂ©zidies ĂągĂ©es de 17 Ă 30 ans commandĂ©es par Xate Shingali, une ancienne chanteuse[2] - [3] - [4]. Cependant dans le film d'Eva Husson, les uniformes et les insignes des « filles du soleil » Ă©voquent davantage les UnitĂ©s de rĂ©sistance de Sinjar (YBĆ) et les UnitĂ©s des femmes d'ĂzĂźdxan (YJĂ), des groupes liĂ©s au PKK et au PYD. Le personnage de Mathilde, la journaliste française, s'inspire Ă©galement de la journaliste amĂ©ricaine Marie Colvin, tuĂ©e le dans un bombardement de l'armĂ©e syrienne au cours du siĂšge de Homs, lors de la guerre civile syrienne[1].
La genĂšse du projet
Les Filles du soleil est le deuxiĂšme film rĂ©alisĂ© par Eva Husson. En 2015, la rĂ©alisatrice apprend l'existence de combattantes yĂ©zidies au sein des forces kurdes, qui ont Ă©tĂ© faites captives et esclaves par l'Ătat islamique lors des massacres de Sinjar. InspirĂ©e par la rĂ©sistance de ces femmes et mue par le questionnement de la lutte pour un idĂ©al, elle dĂ©bute lâĂ©criture des Filles du soleil. Celui-ci est tournĂ© en GĂ©orgie en 37 jours, de septembre Ă , avec Golshifteh Farahani et Emmanuelle Bercot. Il est sĂ©lectionnĂ© en compĂ©tition officielle au 71e festival de Cannes en 2018.
En tant que petite-fille de soldat rĂ©publicain espagnol et petite-niĂšce du chef du parti marxiste rĂ©publicain POUM en exil, Eva Husson est travaillĂ©e par la question de la chute des idĂ©aux depuis son adolescence. Quand elle a entendu parler de ces femmes kurdes, elle a dĂ©cidĂ© de s'intĂ©resser plus prĂ©cisĂ©ment au sujet et a dĂ©couvert lâidĂ©al marxiste-fĂ©ministe des combattants kurdes, inspirĂ© par le leader politique Ăcalan, la lutte pour une terre qui nâest pas assurĂ©e, et la lutte contre le fascisme. Cela rĂ©sonnait avec son histoire familiale, lâexil, le dĂ©racinement, le questionnement de la lutte pour un idĂ©al, la quĂȘte de sens. Dans le dossier de presse du film, la rĂ©alisatrice prĂ©cise : « Il y avait un cheminement politique dans le choix de faire ce film. Et puis bien sĂ»r, il y avait autre chose, dâencore plus puissant : lâhistoire de femmes combattantes, capturĂ©es par des extrĂ©mistes, Ă©vadĂ©es dans des circonstances effroyables et qui finalement sâengagent pour combattre leurs ravisseurs... Il irradiait de cette histoire une force qui me dĂ©passait, qui devait ĂȘtre racontĂ©e. Quand jâen ai parlĂ© Ă ma productrice, elle mâa tout de suite suivie. »
Eva Husson s'est rendue au Kurdistan pendant la guerre; elle a rencontrĂ© toutes les factions kurdes (YPG, YPJ, YBĆ, Peshmergas), sâest rendue sur le front et dans les camps de rĂ©fugiĂ©s, pour recueillir le tĂ©moignage des femmes qui sâĂ©taient Ă©chappĂ©es, mais aussi celui des combattants, des femmes Ă©lues au congrĂšs irakien qui ont montĂ© des rĂ©seaux dâexfiltration, des passeurs de ces rĂ©seaux . Elle est allĂ©e voir celles et ceux qui sâĂ©taient engagĂ©es, et le personnage jouĂ© par Golshifteh Farahani est un personnage composite de ces tĂ©moignages.
Ces femmes ont vécu des atrocités inimaginables qui font écho à celles vécues par le Prix Nobel de la Paix 2018, l'activiste Nadia Murad.
On a beaucoup parlĂ© de ce film comme d'un film de femmes. Le terme est utilisĂ© Ă cause de la reprĂ©sentation particuliĂšrement Ă©levĂ©e de femmes devant et derriĂšre la camĂ©ra : le film est rĂ©alisĂ© par une femme, Eva Husson, produit par une femme, Didar Domehri, avec une Ă©quipe trĂšs fĂ©minine et un casting presque exclusivement fĂ©minin ; la rĂ©alisatrice soulĂšve les problĂšmes que prĂ©suppose lâexpression.
« Le terme me pose un peu problĂšme. Je n'ai jamais parlĂ© de mes films en utilisant ce terme-lĂ parce que je pense quâil exprime un biais masculin. Une femme expĂ©rimente le monde dâune maniĂšre diffĂ©rente de lâhomme, empiriquement, physiquement et dans son rapport socio-culturel, soit. Jâassume complĂštement le regard de femme et le film sur les femmes. Par contre, ce qui mâintĂ©resse, câest que cela pose la question sur le sens de cette formule, cela prouve quâil nây a pas assez de reprĂ©sentations de la femme par les femmes au cinĂ©ma : on nâemploie pas lâexpression « film dâhommes » tout simplement parce que la proposition de ce point de vue est plĂ©thorique. Lâhistoire du cinĂ©ma est faite Ă 95% dâun regard masculin sur le monde. Si on utilise cette expression, câest aussi parce quâil nây a pas encore assez de regards de femmes dans le cinĂ©ma pour en extraire cette universalitĂ©. »
Accueil critique
Site | Note |
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Metacritic | 59/100 |
Rotten Tomatoes | 33% |
PĂ©riodique | Note |
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Cinevu | |
Far Out Magazine | |
Timeout |
En compétition au Festival de Cannes 2018, le film essuie des critiques virulentes - et sans doute les plus sévÚres de tous les films présentés, de la part de la critique française comme celle des journalistes étrangers[5] - [6].
Le Monde relĂšve des personnages rĂ©duits Ă des figures romanesques « les plus Ă©lĂ©mentaires » et la lĂ©gĂšretĂ© des choix de mise en scĂšne : « Est-ce donc si grave que les acteurs ne parlent pas la langue de leurs personnages, que le morceau d'histoire (au sens de ce que fait advenir lâhumanitĂ©) quâils traversent soit seulement « inspirĂ© » de ce quâil sâest passĂ© ? AprĂšs avoir vu Les Filles du soleil, on a tendance Ă rĂ©pondre que oui, câest grave, pour autant quâun choix cinĂ©matographique puisse porter Ă consĂ©quence. Que le recours Ă la fiction, quand on veut Ă©voquer une tragĂ©die qui nâest pas encore terminĂ©e, implique plus de devoirs que de droits », Ă©crit le quotidien du soir[7]. LibĂ©ration Ă©voque un film « nul », « entre scĂ©nario obscĂšne et mise en scĂšne clinquante », recensant des « poncifs tire-larmes », des « images indĂ©centes », rĂ©duisant son intrigue à « une molle bouillie facilement ingĂ©rable par les spectateurs du monde entier » et ne sâembarrassant d'aucune « rĂ©flexion (gĂ©o)politique »[8]. Les cinq critiques de la rĂ©daction du Figaro dĂ©pĂȘchĂ©s Ă Cannes jugent unanimement le film mauvais[9]. Pour le journal, le projet « passe Ă cĂŽtĂ© de son sujet » : « trĂšs mal Ă©crit », remplies de « phrases dĂ©finitives » et croulant sous « trop de bons sentiments », c'est un « film de guerre qui n'en est pas un »[10]. TĂ©lĂ©rama Ă©voque un film superficiel et inconsĂ©quent, oĂč « rien ne marche vraiment » : « naĂŻf, larmoyant, plombĂ© par une musique envahissante, le film glorifie de maniĂšre bien maladroite ces femmes exemplaires. Il explicite la moindre action Ă travers des dialogues simplistes. Sur les enjeux politiques, les motivations des guerriĂšres comme de la photographe, Eva Husson frise lâinconsĂ©quence, rĂ©duisant grosso modo leur lutte Ă un Ă©lan formidable du cĂŽtĂ© de la vie. Quant au rĂ©alisme de la guerre, on en est assez loin. Le poids des armes, le danger, la peur, tout semble un peu faux. Les deux actrices vedettes ne sont pas non plus Ă leur avantage »[11]. Les Inrocks dĂ©nonce la superficialitĂ© du film (« aucune idĂ©e de la complexitĂ© gĂ©opolitique de la situation dĂ©crite ») et sa lourdeur de trait, reprenant « les codes les plus balourds du cinĂ©ma hollywoodien : tonnes de pathos, litres de larmes, B.O envahissante qui flĂšche toutes les Ă©motions au stabyloboss, comme si Husson filmait les yeux collĂ©s Ă la vitre de son sujet, sans le recul et la distance de regard nĂ©cessaire Ă tout projet artistique »[12]. Le Parisien Ă©voque un film qui « n'est pas du tout Ă la hauteur de son sujet », nous laissant sur « une sensation de grand ratĂ© ». En cause, un problĂšme de rythme et d'Ă©nergie, et le choix de se focaliser sur le personnage de Mathilde (incarnĂ©e par Emmanuelle Bercot (« on a vu cent fois traitĂ© le thĂšme des journalistes dĂ©laissant leurs proches pour danser sur les volcans des conflits de la planĂšte »)[13]. Paris Match accorde 2 Ă©toiles sur 5 au film mais se montre plus bienveillant : malgrĂ© ses maladresses (omniprĂ©sence de la musique, lourdeur des dialogues, certains choix de mise en scĂšne), l'hebdomadaire salue « un supplĂ©ment d'Ăąme, lâurgence de son sujet et le fait quâil sâagit du premier film de guerre principalement interprĂ©tĂ© par des femmes »[14].
Les publications Ă©trangĂšres ne sont guĂšre plus positives. The Hollywood Reporter parle d'un film « douloureux » et « excessif », si peu subtil qu'il en vient Ă abĂźmer ses (louables) intentions. Pour le magazine amĂ©ricain, les meilleurs moments du film sont les scĂšnes oĂč Golshifteh Farahani dirige son bataillon et les pires moments sont ceux oĂč il se livre Ă des hystĂ©ries scĂ©naristiques, sans parler de la musique larmoyante « digne d'un film de Walt Disney », de certains dialogues « presque risibles » et d'un dĂ©nouement « forcĂ© et fabriquĂ© ». « D'un cĂŽtĂ©, [la rĂ©alisatrice] met en lumiĂšre une histoire importante et terrifiante qui a fait les manchettes de journaux il y a quelques annĂ©es, mais qui a depuis Ă©tĂ© oubliĂ©e par beaucoup d'entre nous et qui mĂ©rite d'ĂȘtre redĂ©couverte », ajoute la revue. Mais « de l'autre cĂŽtĂ©, elle le fait avec une approche ouvertement manipulatrice, plutĂŽt ringarde, plus fantaisiste que rĂ©aliste », son film ressemblant alors Ă une bataille perdue[15]. Le magazine amĂ©ricain Variety Ă©voque un film pĂ©dant et creux, aux personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s, au scĂ©nario faible, digne d'un « film d'aventure hollywoodien des annĂ©es 1950 », recherchant la sympathie du public Ă tout prix[16]. Le quotidien espagnol El PaĂs qualifie le film de « dĂ©sastre », soulignant une maladresse qui devrait faire rougir et une fin artificielle et larmoyante[17]. Le journal allemand Der Spiegel parle d'une « catastrophe », incriminant Thierry FrĂ©maux, le sĂ©lectionneur du festival, pour « sa mauvaise blague » faite au public cannois. Le journal parle d'un rĂ©cit chaotique et ennuyeux, n'offrant aucune profondeur Ă ses seconds rĂŽles : « Husson sape ainsi mĂȘme le plus grand potentiel de son film : montrer la solidaritĂ© militante entre les femmes »[18]. Le quotidien anglais The Guardian se montre nettement plus positif, accordant 4 Ă©toiles sur 5 Ă ce « film de guerre fĂ©ministe, passionnĂ©, plein de suspense, en colĂšre » mais aussi « sincĂšre, direct et musclĂ© ». Si le journal pointe quelques scĂšnes peu subtiles, il ajoute que celles-ci restent « bien orchestrĂ©es et efficaces ». Le film, s'il est parfois naĂŻf, n'en reste pas moins « puissant »[19].
Prix
- Festival du film politique de Porto-Vecchio 2018 : Prix du jury
Références
- Thomas Sotinel, Cannes 2018 : « Les Filles du soleil », dans les champs de mines de la fiction, Le Monde, 14 mai 2018.
- Camille Tang Quynh, Une brigade féminine combat l'Etat islamique: «Ils nous violent, on les tue», Le Soir, 21 août 2015.
- Atika Shubert t Bharati Naik, From singer to soldier: Xate Shingali and women of the Sun Brigade take on ISIS, CNN, 7 octobre 2015
- Esther, « Ils nous violent, nous les tuons » : pourquoi tu ne peux pas manquer ce film féministe, Madmoizelle.com, 16 novembre 2018.
- Cannes 2018 : le jury s'est montré sensible aux causes à défendre sur lemonde.fr du 19 mai 2018
- Tableau des critiques du Film Français
- Cannes 2018 : « Les Filles du soleil », dans les champs de mines de la fiction sur lemonde.fr du 13 mai 2018
- Elisabeth Franck-Dumas, "Les Filles du soleil", éclipse de nul sur libération.fr du 13 mai 2018
- Festival de Cannes 2018 : la palme d'or des critiques cinéma du Figaro sur lefigaro.fr du 20 mai 2018
- Festival de Cannes : Les Filles du soleil «passe à cÎté de son sujet» sur lefigaro.fr du 13 mai 2018
- Cannes 2018 - âLes Filles du soleilâ, dâEva Husson, aussi naĂŻf quâinconsĂ©quent sur telerama.fr du 13 mai 2018
- Cannes 2018 : âLes Filles du soleilâ, un regard superficiel sur un commando de femmes soldats kurdes sur lesinrocks.com du 13 mai 2018
- Cannes : si pùles «Filles du soleil» sur leparisien.fr du 13 mai 2018
- Les Filles du soleil d'Eva Husson - la critique sur parismatch.com du 12 mai 2018
- 'Girls of the Sun' ('Les Filles du soleil'): Film Review | Cannes 2018 sur variety.fr du 12 mai 2018
- Cannes Film Review: âGirls of the Sun' sur variety.com du 12 mai 2018
- Ese insĂłlito y seductor papa sur elpais.com du 14 mai 2018
- Frauenprotest in Cannes - Im falschen Film sur spiegel.de du 13 mai 2018
- Girls of the Sun review â Kurdish female fighters film is naĂŻve yet rousing sur theguardian.fr du 12 mai 2018
Liens externes
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