Le Pont Mirabeau
Le Pont Mirabeau est un poème du poète français Guillaume Apollinaire paru dans le dernier numéro de la revue Les Soirées de Paris en puis repris en 1913 dans son recueil Alcools, où il figure en deuxième position entre Zone et La Chanson du mal-aimé. Il traite de la disparition de l'amour avec le passage du temps, dont la métaphore est l'écoulement de la Seine sous le pont Mirabeau, à Paris[1].
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Incipit |
« Sous le pont Mirabeau coule la Seine… » |
Explicit |
« …Les jours s'en vont je demeure » |
Une plaque sur ce pont reprend aujourd'hui les premiers vers du poème. Ce poème a été inspiré à Apollinaire par Marie Laurencin, avec qui il a souvent franchi ce pont et avec laquelle il commence une liaison en 1907. L'image de ce pont est liée aux souvenirs des amours du poète. Il dira de ce poème qu'il est comme « la chanson triste de cette longue liaison brisée », dans une lettre adressée à Madeleine Pagès.
Élaborations successives du poème
Apollinaire a d'abord utilisé la ponctuation dans son poème puis l'a fait disparaître, comme on le constate sur les épreuves manuscrites ou dactylographiées conservées à la BnF ou à la bibliothèque Jacques Doucet[2].
Composition
Le refrain du poème est repris d'un manuscrit écrit pendant l'incarcération de l'auteur à la prison de la Santé du au .
Le Pont Mirabeau est composé de huit strophes, quatre strophes de quatre vers entrecoupées d'un seul et même refrain : "Vienne la nuit sonne l'heure - Les jours s'en vont je demeure".
Chaque strophe de quatre vers est composée d'un décasyllabe, un tétrasyllabe, un hexasyllabe, et d'un dernier décasyllabe.
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
— Guillaume Apollinaire, Les Soirées de Paris, 1912 et Alcool, 1913
Dans la culture et les médias
Le Pont Mirabeau a plusieurs fois été mis en musique. La version de Léo Ferré est sans doute la plus connue, chantée par de multiples interprètes tels qu'Yvette Giraud, Cora Vaucaire, Anne Sofie von Otter, etc. Serge Reggiani, Marc Lavoine et le groupe Pow Wow. Le guitariste Antoine Aureche (en) (Valfeu) l'a mis en musique et enregistré avec la chanteuse Desireless sur l'album Guillaume, produit par Urgence Disk Records. Il est présenté sur scène, dans un conte musical, dont la première eut lieu le au musée Apollinaire de l'abbaye de Stavelot en Belgique[3]. Il existe aussi plusieurs versions chorales du poème ; l'une écrite par le chanteur et compositeur québécois Lionel Daunais et une autre traduite en anglais et chantée par le groupe The Pogues. Le Pont Mirabeau figure parmi les poèmes mis en musique par les Têtes raides dans l'album Corps de mots sorti en 2013. Le , Guillaume Apollinaire a enregistré Le Pont Mirabeau et Le Voyageur aux Archives de la Parole, documents sonores conservés à la Bibliothèque nationale de France et écoutables dans Gallica[4].
Liens externes
Références
- Voir notamment le commentaire proposé par Alain Frontier, pages148-150 de La Poésie, Belin, collection de poche, 1992.
- Apollinaire, Guillaume (1880-1918)., Alcools : manuscrit, Cambremer, Editions des Saints Pères, 485 p. (ISBN 979-10-95457-33-6, OCLC 992151683, lire en ligne), p.43
- « Musée Guillaume Apollinaire », sur abbayedestavelot.be
- [Archives de la parole]. , Le voyageur ; Le Pont Mirabeau ; Marie / Guillaume Apollinaire, aut. ; Guillaume Apollinaire, voix, (lire en ligne)