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Le Bal du comte d'Orgel

Le Bal du comte d'Orgel est un roman de l'écrivain français Raymond Radiguet, paru en juillet 1924, peu de temps après sa mort. Portant sur un triangle amoureux, cet ouvrage est considéré comme un chef-d'œuvre du roman moraliste. L'action se déroule dans le Paris des Années folles, son écriture est fortement orientée sur une analyse de la psychologie des personnages.

Le Bal du comte d'Orgel
Auteur Raymond Radiguet
Pays Drapeau de la France France
Genre Roman psychologique et moraliste
Éditeur Grasset
Lieu de parution Paris
Date de parution
Type de média roman

Résumé

En 1920, à Paris, François de Séryeuse, jeune étudiant issu de la vieille noblesse féodale et le comte Anne d'Orgel, venu de la noblesse de cour, se lient d'amitié dans le but initial de jouer Paul Robin, ami commun et diplomate, le soir d'un spectacle chez Medrano. C'est à cette occasion que l'étudiant rencontre la femme du comte, Mahaut d'Orgel, dont il tombe immédiatement amoureux. Ne s'avouant pas ce sentiment et voulant faire bonne figure auprès d'Anne qu'il apprécie beaucoup en tant qu'ami, il est dès lors de toutes les activités des Orgel, devenant rapidement un intime de la maison.

François fait rencontrer les Orgel à sa mère, Mme de Séryeuse, jeune veuve, avec laquelle il a du mal à communiquer. Anne découvre un lointain cousinage entre François et Mahaut, descendante des Grimoard de la Verberie, lien très ténu qui fait pourtant sursauter les deux êtres. L'amitié d'Anne et les bonnes dispositions de sa mère face aux Orgel rapprochent un peu plus chaque jour François et Mahaut. Cette dernière, aimant son mari d'un amour doux, ne comprend pas les sentiments que lui fait ressentir François.

Après des vacances d'été passées chacun de son côté dans l'attente des nouvelles de l'autre, Mahaut parvient à s'avouer ce qu'elle éprouve pour François. Ne sachant que faire face à cette émotion, elle confie son amour à Mme de Séryeuse. Celle-ci, peu habile, annonce à François ce qui devait être tu, ce qui le pousse à faire ce que Mahaut redoutait : poursuivre la relation amicale avec Anne. Ce dernier, lors de la soirée de préparation de leur bal, se ridiculise aux yeux de François en se moquant d'un prince étranger. Mahaut en est offusquée, mais se contraint finalement à encourager son mari, sachant que son geste éloignera définitivement François. Le jeune homme ne s'en va pas dégoûté, mais seulement avec une profonde tristesse. Mahaut décide d'avouer ses affres à son mari, qui pense à un malentendu, et ne prend pas au sérieux cet aveu.

Thèmes développés

  • « Roman oĂą c'est la psychologie qui est romanesque »[1] selon Jean Cocteau, Radiguet met avant tout l'accent sur la psychologie de ses personnages. Occupant la grande majoritĂ© de ses Ă©crits, il explique ce qui se passe dans leur tĂŞte, Ă©clairant de ses commentaires leurs dĂ©cisions, leurs omissions et leurs comportements. « Ces Ă©noncĂ©s sentencieux, qui rĂ©vèlent la prĂ©sence triomphante de l'auteur, seul capable d'analyser les mĂ©canismes psychologiques qui Ă©chappent aux personnages »[2], sont ainsi nombreux dans le texte.
  • Dans le premier chapitre de l'ouvrage, Radiguet fait la gĂ©nĂ©alogie des familles de ses hĂ©ros. Il ne manque pas de citer la parentĂ© entre les Grimoard de la Verberie[3] et les Tascher de la Pagerie, « famille de JosĂ©phine de Beauharnais, Ă  laquelle disait se rattacher la mère de Radiguet »[2].
  • Les rares Ă©lĂ©ments de paysage ont trait aux bords de Marne et aux promenades champĂŞtres, activitĂ© apprĂ©ciĂ©e tant par SĂ©ryeuse que par Mahaut.
  • L'environnement social est la bourgeoisie et la noblesse parisiennes de l'après-guerre. Le contexte historique est juste Ă©voquĂ©. La Première Guerre mondiale et la RĂ©volution russe sont effleurĂ©es, au hasard des rencontres. On est dans un après-guerre frivole, oĂą on ne pense qu'Ă  faire la fĂŞte autant que possible.
  • En contrepoint, le personnage de Paul Robin incarne l'arriviste[4] maladroit, qui rate toutes ses entreprises, doublĂ© par la spontanĂ©itĂ© de François. Selon M. Galichon-Brasat, « Ă  travers ce personnage, Radiguet condamne la catĂ©gorie des calculateurs dont le modèle serait le Rastignac de Balzac »[2].

Autour du roman

  • Le roman a connu plusieurs versions, la première faisant plus de quatre-cents pages[2], avant de passer chez l'imprimeur. La version finalement Ă©ditĂ©e par Grasset l'a Ă©tĂ© Ă  titre posthume, Radiguet s'Ă©tant Ă©teint après une fièvre typhoĂŻde foudroyante.
  • Écrit par Radiguet, le texte a Ă©tĂ© relu et corrigĂ© par Cocteau et Kessel[2]. Cocteau a beaucoup aidĂ© Radiguet dans sa rĂ©daction, de telle sorte que les critiques ont pu Ă©crire au moment de la sortie de l'ouvrage : « C'est du très bon Cocteau »[2]. Jacques-Émile Blanche avait Ă©galement entamĂ© la relecture des Ă©preuves, juste avant sa mort.
  • Le roman de Radiguet a plusieurs niveaux de lecture. Il peut s'agir d'un « roman d'amour chaste », mais Cocteau indique, dans la prĂ©face de l'Ă©dition de 1924, que « la convention et la biensĂ©ance, ici, couvrent la plus trouble et la plus licencieuse des chastetĂ©s ». Nadia Odouard, citĂ©e par Galichon-Brasart pour sa monographie psychanalytique[5] sur les Ĺ“uvres de Radiguet, spĂ©cule sur la dimension homosexuelle du Bal, « rappel de la relation amoureuse Radiguet/Cocteau -, en Ă©tudiant notamment le curieux jeu onomastique, qui attribue au mari et Ă  l'amant des noms fĂ©minins ou fĂ©minisĂ©s - « SĂ©ryeuse », « Anne » - et Ă  la femme, inversement, un prĂ©nom - « Mahaut » - aux sonoritĂ©s masculines »[2].
  • Radiguet a puisĂ© son inspiration un peu dans son histoire — la dimension autobiographique est largement moindre que dans Le Diable au corps — et pour beaucoup dans la littĂ©rature moraliste du XVIIe siècle. Notamment, il ne s'est pas cachĂ© de ses rĂ©fĂ©rences Ă  La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette.
  • Une adaptation cinĂ©matographique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Marc AllĂ©gret en 1970, Le Bal du comte d'Orgel, avec Jean-Claude Brialy dans le rĂ´le d'Anne d'Orgel.
  • Le château de la Solitude en ruine au Plessis-Robinson et l'HĂ´tel de Masseran semblent avoir servi d'inspiration pour la demeure des Orgel et le cadre gĂ©nĂ©ral du rĂ©cit.

Notes et références

  1. Fiche de préparation du Bal écrite par Radiguet in M. Galichon-Brasart, op. cit.
  2. Galichon-Basart 1990, p. 167-186.
  3. Ce dernier attribut Ă©tant un ajout romanesque.
  4. « L'idée fixe de Paul Robin était d'“arriver”. », p. 17.
  5. Nadia Odouard, Les Années folles de Raymond Radiguet, Seghers, 1973 in M. Galichon-Brasart, op. cit.

Annexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Marion Galichon-Basart, « Commentaires sur le Bal du comte d'Orgel », dans Raymond Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel, Paris, Le Livre de poche, Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Raymond Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel, Paris, Le Livre de poche, . Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

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