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Langue des Aluku, des Ndjuka et des Paramaka

Les langues aluku, ndjuka et saramaca font partie de la famille des créoles à base lexicale anglaise. Le terme généralement employé par les linguistes pour renvoyer aux trois variantes est celui de nenge tongo (en aluku et paamaka ; prononcé nenngué) ou celui de nengee (en ndjuka). Ces langues se distinguent nettement du saramaka qui est une langue de la famille des créoles à base lexicale portugaise. Attention, taki taki (nom souvent employé pour désigner l'ensemble des langues des Noirs marrons, ou sranan tongo (« langue du Suriname ») ne désignent pas la langue bushinengué mais plutôt parlé parlé ou faire trop de bruit. Pour parler en général des langues noirs marrons, il faut utiliser le nom générique busi nengue tongo, ou utiliser le nom de la langue en question.

C'est la langue des descendants de Marrons Africains, venant historiquement de l'Ouest Guyanais et du Suriname, localement appelés Bushinenge (« hommes de la forêt », hommes du bush ; nenge venant de nègre).

Ces langues sont connues sous les termes alternatifs suivants :

  • aloukou ou boni pour celle des Aluku ;
  • ndyuka, djuka, aukan, okanisi pour celle des Ndjuka ;
  • paamacca ou pamaka (ce dernier est un auto-ethnonyme) pour les Paramaka.

Caractéristiques linguistiques

Ces langues comportent cinq voyelles, soit brèves, soit longues (exemples : fo « quatre », foo « oiseau ») et seize consonnes. Fait exceptionnel dans des langues créoles, elles présentent en outre un système à deux tons (langue tonale, exemples : díì (haut-bas) « cher » s’oppose à dìí (bas-haut) « trois ») qui jouent un rôle important pour marquer la négation. Il n'existe pas d'adjectifs proprement dits mais plutôt des verbes qualificatifs. Le nom est invariable (genre ou nombre) mais il peut, le cas échéant, comporter des articles définis ou indéfinis qui marquent le nombre. La construction du possessif se fait soit par simple juxtaposition possesseur/possédé soit en intercalant fu entre le possédé et le possesseur (exemples : a kownu pikin ; a pikin fu a kownu « la fille du roi »). Le verbe est également invariable mais est souvent précédé de marques de temps, d'aspect ou de mode. C'est une langue SVO.

Répartition géographique

En Guyane française, l'aluku se parle sur le Maroni (communes d’Apatou, Papaïchton, Maripasoula, rivière Lawa) mais également dans les villes (Saint-Laurent-du-Maroni, « village Saramaka » de Kourou, Cayenne), les locuteurs étant appelés Boni ; le ndjuka dans la commune de Grand-Santi sur le Maroni, dans la région de Saint-Laurent-Mana, en particulier sur les routes départementales entre Saint-Laurent et Mana (CD8, CD9 et CD 10) ; et le paamaka : îles Langa Tabiki, Badaa Tabiki, au large d’Apatou. Ailleurs qu'en Guyane, l'aluku est parlé dans les abattis Cottica (Suriname) ; le ndjuka au Suriname, sur le fleuve Tapanahoni et la rivière Cottica ainsi que par des émigrés aux Pays-Bas tandis que le paamaka est parlé sur la rive gauche du Moyen Maroni.

Nombre de locuteurs

  • aluku : environ 5 900 en Guyane ;
  • ndyuka : environ 14 000 en Guyane (plus du double au Surinam) ;
  • paamaca : 2 800 en Guyane (autant au Surinam)

Historique

Si les Ndjuka et les Paramaka sont des esclaves du marronnage qui se sont échappés dès le début de la colonisation du Suriname, qui était alors sous domination anglaise jusqu'en 1667, les Aluku se sont constitués plus tardivement, au milieu du XVIIIe siècle. Les deux premiers ont signé des traités de paix tandis que les Aluku se sont réfugiés en Guyane française, au début du XIXe siècle, où ils ont pris le nom de Boni.

Publications et médias

Il existe un livre « interdialectal » incluant le boni (c'est-à-dire l'aluku), le ndjuka et le paramaka, qui a été réédité : Lexique et grammaire bushi-nengue (appelé vulgairement takitaki), M. Bindault (1995).

En 2002, sont parus quatre numéros d'un hebdomadaire bilingue français-nenge(e), A Libi fu A Liba, publication sans doute suspendue depuis.

Il existe aussi « Grammaire du nengee - Introduction aux langues aluku, ndyuka et pamaka », Laurence Goury et Bettina Migge, IRD Éditions (2e édition en 2017, revue avec l’aide de Miéfi Moese).

Codification

Notes et références

    Voir aussi

    Articles connexes

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