La Passion de Jeanne d'Arc
La Passion de Jeanne d'Arc est un film de procès français réalisé par Carl Theodor Dreyer en 1927 et projeté pour la première fois à Copenhague le . Il s'agit d'un film muet mais qui avait été initialement conçu comme un film parlant, ce à quoi Dreyer dut renoncer pour des raisons liées à l'équipement technique du studio. D'où l'aspect déconcertant de ce film, qui adopte déjà les codes du parlant tout en restant un film muet.
RĂ©alisation | Carl Theodor Dreyer |
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Scénario |
Carl Theodor Dreyer Joseph Delteil |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Société générale des films |
Pays de production | France |
Genre | drame historique |
Durée | 114 minutes |
Sortie | 1928 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Le procès de Jeanne d'Arc qui la condamna au bûcher...
Fiche technique
- Réalisateur : Carl Theodor Dreyer, assisté de Paul La Cour
- Scénario : Carl Theodor Dreyer et Joseph Delteil
- Photographie : Rudolph Maté
- DĂ©cors : Hermann Warm et Jean Hugo
- Costumes : Valentine Hugo et Jean Hugo
- Société de production : Société générale des films
- Pays d'origine : France
- Format : noir et blanc - 35 mm - 1,33:1 / 1,37:1 (version sonorisée une piste optique) - film muet
- Durée : 114 minutes
- Dates de sortie :
- Danemark : (première à Copenhague)
- France :
- États-Unis : (New York)
- Affiche : Jean-Adrien Mercier
Distribution
- Renée Falconetti : Jeanne d'Arc
- Eugène Silvain : l'évêque Pierre Cauchon
- André Berley : Jean d'Estivet, le Procureur
- Maurice Schutz : le chanoine Nicolas Loyseleur
- Jean d'Yd : Guillaume Évrard
- Louis Ravet : Jean Beaupère
- Antonin Artaud : Jean Massieu, l'huissier audiencier, Doyen de Rouen
- Michel Simon : Jean Lemaire
- Gilbert Dalleu : Jean Lemaître, le vice-inquisiteur
- Paul Fromet : un juge
- Armand Lurville : un juge
- Raymond Narlay : un juge
- Robert Le Flon : un juge
- Armand Lurville : un juge
- Jacques Arnna : un juge
- Alexandre Mihalesco : un juge
- LĂ©on Larive : un juge
- Camille Bardou : Lord Warwick, capitaine anglais de la place de Rouen
Commentaires
« Si Dreyer est l’égal des plus grands par le langage, il est supérieur aux plus grands par son propos. Et s’il est vain et probablement impossible de choisir le second chef-d’œuvre du cinéma, il est aussi impossible d’hésiter en ce qui concerne le premier. La Passion de Jeanne d'Arc est le plus beau film du monde. » Chris Marker[1] »
Dreyer choisit ici de centrer son propos non pas sur les guerres menées par Jeanne d'Arc, ni même sur son exécution, mais sur le procès qui devait y aboutir. Dans ce cadre très resserré, il met en opposition ce qui se lit sur le visage de la pucelle d'Orléans avec les grimaces de ses accusateurs et bourreaux, opposition qui est encore accentuée par le réalisme dont fait preuve le réalisateur pour exposer sa chronique de cet événement. Il ne s'agit donc pas ici de rendre compte d'un destin grandiose, mais de montrer quelle peut être la force de la foi face à la pression des institutions.
La passion de Jeanne fait évidemment écho à la Passion du Christ. Comme le Christ qui a dû affronter l'incompréhension, la haine et les outrages des Pharisiens, Jeanne doit affronter l'incompréhension, les humiliations et la haine de l'Église. Mais en montrant une femme souffrante et persécutée, Dreyer renvoie également aussi bien à la figure de la Vierge qu'aux premières martyres de l'Église. Jeanne est en état de grâce et désire y rester : comme plusieurs personnages de Dreyer, elle a fait le grand saut dans l'indicible et ne pourra être comprise que par ceux qui auront eux-mêmes réalisé une telle conversion. La scène finale de la mort de Jeanne apparaît comme une apothéose.
On relèvera l'apparition très remarquée d'Antonin Artaud dans le rôle de Jean Massieu.
Influence et postérité
Références dans d'autres œuvres
- Vivre sa vie de Jean-Luc Godard de 1962.
Restauration
La restauration de la version d'origine tient presque du miracle, puisque le premier négatif avait subi des coupures exigées par la censure, puis avait été perdu dans un incendie. Dreyer avait alors réussi à en reconstituer une seconde version à partir de chutes restantes, lesquelles devaient pourtant elles aussi disparaître dans un autre incendie. Il ne restait plus alors que des copies douteuses, et ce n'est qu'en 1981 que l'on retrouva dans un asile psychiatrique d'Oslo un double oublié du premier négatif, non censuré, à partir duquel la Cinémathèque française reconstitua en 1985 le film et les intertitres dans une version probablement très proche de celle montée par le cinéaste pour la première de 1928.
Saint-Étienne
Dans le cadre d'une rencontre Musique et Cinéma, la Maison de la Culture de Saint-Étienne avait projeté le film dans une version remontée par la société Gaumont le mercredi en la cathédrale Saint-Charles. Le film était accompagné à l'orgue par Paule Engénieux, organiste titulaire, à partir de compositions de J.S. Bach, N. Bruhns, D. Buxtehude, P. Bruna, C. Franck, M. Dupré et J. Alain.
Reims
La première projection du film restauré avec intertitres français et musique en direct eut lieu en 1985 à Reims sur un écran géant installé en plein air sur le parvis de la cathédrale avec un accompagnement à l'orgue improvisé par Jacques Charpentier (Voir le n° de l'Avant-Scène du cinéma cité dans la bibliographie).
Nanterre
En , le film fut présenté au Théâtre des Amandiers de Nanterre accompagné d'une partition originale de Arnaud Petit[2].
Cannes
Le , pour fêter ses dix années d'existence, l'association Andantino coorganise avec les Rencontres Cinématographiques de Cannes (RCC), une soirée originale, au palais des festivals, mêlant cinéma et musique autour du film, appuyé par l'orchestre régional de Cannes-Provence-Alpes-Côte d'Azur, dirigé par Philippe Bender, interprétant la musique de Jo van den Booren[3] composée spécialement pour ce film. C'est la première fois que le film est projeté dans la capitale du cinéma, qui plus est en présence de l'auteur de la musique[4] - [5] - [6].
Gerstheim
Le , le film est projeté sur grand écran dans l'église Saint-Denis à Gerstheim avec une improvisation par Pascal Reber, organiste titulaire des Grandes Orgues de la Cathédrale de Strasbourg, sur l'orgue Kern[7] - [8].
Autres ajouts sonores
- En 2015, Donald Greig du Orlando Consort, un groupe britannique de musique ancienne, conçoit une bande sonore de musique de l'époque de Jeanne d'Arc, que le groupe joue en direct lors de projections du film. La musique sélectionnée pour cet accompagnement provient principalement de compositeurs français et peu connus du public moderne en dehors du monde de la musique ancienne, à l'exception de la Chanson d'Azincourt, relativement connue de par son usage dans le film Henry V et dont une adaptation anglaise existe. Les paroles font écho au film et comportent le Ditié de Jehanne d’Arc de Christine de Pizan, un poème élégiaque écrit du vivant de Jeanne d'Arc[9].
Notes et références
- « La Passion de Jeanne d’Arc », sur www.institut-lumiere.org (consulté le )
- « La Passion de Jeanne d'Arc, Arnaud Petit », sur brahms.ircam.fr (consulté le )
- Jo van den Booren sur wiki néerlandais
- « Anniversaire d’Andantino - 10 ans », dans Art Côte d'Azur, 23 novembre 2010, Anniversaire d’ANDANTINO - 10 ANS
- Laurie Huet, Johanna Pocobene, « Jeanne d'Arc et son orchestre », dans Le petit journal des Rencontres cinématographiques de Cannes, 8 décembre 2010
- Aurore Busser, « Ciné-concert : Jeanne et la musique… passionnément! », dans Nice-Matin, 10 décembre 2010
- « L’organiste Pascal Reber met en musique La Passion de Jeanne d’Arc », sur Dernières Nouvelles d'Alsace, (consulté le )
- « Ciné-Concert "La passion de Jeanne d'Arc" », sur gerstheim.fr, (consulté le )
- Greig, Donald, « Joan of Arc », theguardian.com, (consulté le )
Annexes
Bibliographie
- L'Avant-scène cinéma, no 367-368, « Carl Th. Dreyer, La Passion de Jeanne d'Arc », janvier-.
- Henri Agel, « La Jeanne d'Arc de Dreyer », Les Cahiers de la Cinémathèque, nos 42-43 « Le Moyen Âge au cinéma »,‎ , p. 45-49.
- Hervé Dumont, Jeanne d'Arc, de l'histoire à l'écran : cinéma & télévision, Paris / Lausanne, Favre / Cinémathèque suisse, , 173 p. (ISBN 978-2-8289-1270-3).
- (en) Nadia Margolis, « Trial by Passion : Philology, Film, and Ideology in the Portrayal of Joan of Arc (1900-1930) », Journal of Medieval and Early Modern Studies, Durham (Caroline du Nord), Duke University Press, vol. 27, no 3,‎ , p. 445-493.
- Françoise Michaud-Fréjaville, « Cinéma, histoire : autour du thème “johannique” », Cahiers de recherches médiévales, Orléans / Paris, CEMO / Honoré Champion, no 12 « Une ville, une destinée : Orléans et Jeanne d'Arc. En hommage à Françoise Michaud-Fréjaville »,‎ , p. 285-300 (lire en ligne).
- Charles Tesson, « Jeanne d'Arc sauvée des flammes », Cahiers du cinéma, no 366,‎ , p. X.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) BFI National Archive
- (en) British Film Institute
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :