Accueil🇫🇷Chercher

La Benauge

La Benauge est un quartier résidentiel de Bordeaux situé dans le quartier de La Bastide, sur la rive droite de la Garonne. Officiellement, le quartier fait partie de la subdivision de La Bastide[1].

La Benauge
La Bastide
La Benauge
Cité Blanche de la Benauge
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion administrative Nouvelle-Aquitaine
DĂ©partement Gironde
Ville Bordeaux
Canton Bordeaux-5
Code postal 33100
Fonctions urbaines Habitats collectifs
à loyer modéré
Étapes d’urbanisation Pinçon (Aquitanis) :
1948-1950, 1949-1955,
1958-1962, 1971-1976
Blanche (Coligny) : 1959-1976
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 44° 50′ 41″ nord, 0° 32′ 38″ ouest
Cours d’eau Garonne
Transport
Gare Gare de Cenon
Tramway (T) (A)
Bus (Bus) 10 16 27 28 31 45 80
VĂ©los en libre-service VCUB : Galin - Le Rouzic
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Bordeaux
Voir sur la carte administrative de Bordeaux
La Benauge
    Vue depuis le collège Jacques Ellul sur les constructions disparates de la Benauge. Dans l'angle supérieur gauche de la photo on aperçoit deux des dix immeubles de pierre avec toiture de tuiles créés par Paul Volette à la cité Pinçon.

    Localisation et accès

    La Benauge est localisée à l'est du quartier bordelais de La Bastide, sur la rive droite de la Garonne, entre la rue du Petit Cardinal, le boulevard Jules Simon, la rue de la Benauge, le boulevard Joliot-Curie, la rue du professeur Lambinet et la rue Jacques Rivière[2]. Le quartier est accessible depuis Bordeaux par le Pont Saint-Jean ou le pont de pierre, depuis Lormont, Cenon et Floirac, par l'avenue Thiers ou le boulevard Joliot-Curie ainsi qu'avec la ligne A du tramway de Bordeaux (arrêt Galin), les bus TBM (lignes 10, 45 et 80) et les vélos VCUB (parc Galin et Le Rouzic)[3].

    Historique

    Contexte

    L'important développement industriel du quartier de La Bastide, qui suit son annexion par la ville de Bordeaux en 1865, conjugué à la crise du logement, liée l'exode rural et à la nécessité de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, conduisent la municipalité à envisager des opérations de création de logements sur la rive droite de la Garonne[4].

    Dès le Moyen Âge un habitat se développe autour du port de Trégey et de l'ancienne route de Paris devenue la rue de la Benauge. Le percement de la future avenue Thiers dans le prolongement du pont de pierre s'accompagne de l'urbanisation de son tracé et l'habitat ouvrier se développe entre la grande artère et les quais et autour de la gare d'Orléans, au plus près des lieux de travail[5]. Les premières habitations à bon marché voient le jour rue Jean Dollfus et cité Paul Boncour à la fin des années 1920[6]. Jusqu'aux coteaux de Lormont et Cenon la palus de Queyries et au-delà, vers Floirac, est essentiellement plantée de vignes. Les domaines et quelques fermes constituent un habitat diffus[5]. Il y a donc peu de logements mais beaucoup d'espace.

    Construction

    Jules Pinçon, entrepreneur en maçonnerie, constructeur avec ses frères de nombre de maisons de la Bastide[7], possède, en son domaine de la Galoche[8], un prĂ© d'une vingtaine d'hectares[7], en face de la Laiterie de la Benauge (future usine Cacolac), Ă  l'extrĂ©mitĂ© nord-est de la rue du mĂŞme nom, prĂ© qu'il envisage de lotir dès 1932. Le projet est repris et assorti d'un terrain de jeux par Jacques D'Welles en 1941. Interrompu par la guerre le projet « Pinçon Â» ne voit encore pas le jour[9].

    Paul Volette[10] - [11], architecte en chef de la ville, lui donne vie en 1946[12]. Sur un plan de masse Ă©laborĂ© par Jean Royer[13], architecte-urbaniste pour la ville de Bordeaux, dix immeubles disposĂ©s en « peigne Â», dents orientĂ©es vers l'ouest, sont Ă©rigĂ©s sur le « prĂ© Pinçon Â» Ă  partir de 1948[9]. Volette n'est pas un moderniste. Ou du moins sa « modernitĂ© Â» quelque peu nostalgique de l'Art dĂ©co est-elle « tempĂ©rĂ©e Â» par l'emploi de matĂ©riaux traditionnels et par l'expression d'une architecture rĂ©gionaliste. Il conçoit des immeubles d'une hauteur modeste de cinq Ă©tages en pierre de taille, posĂ©s sur un soubassement Ă  bossages et couverts d'un toit de tuiles Ă  quatre pentes. Les pignons et les façades orientĂ©s vers l'ouest sont aĂ©rĂ©s par des loggias dont la rondeur est contredite par des piliers carrĂ©s. L'orientation et la disposition sans ombre portĂ©e des dix bâtiments permet un ensoleillement maximal des 192 appartements[4] - [14].

    La rĂ©alisation rĂ©pond au vĹ“u des hygiĂ©nistes mais la densitĂ© est trop faible et les consignes du ministre de la Reconstruction Eugène Claudius-Petit sont claires : l'heure est Ă  la construction de masse. La première urgence est la lutte intensive contre les taudis dont l'air viciĂ© empoisonne encore les enfants de plus de 6 000 familles bordelaises : il faut construire rapidement 10 000 logements. Le ministre impose l'Ă©quipe parisienne de l'architecte monumentaliste et premier grand prix de Rome Jacques Carlu aux urbanistes bordelais pour optimiser l'opĂ©ration lors d'une deuxième tranche dont la rĂ©alisation est dĂ©cidĂ©e dès 1949[4] - [14].

    La réalisation majeure de Carlu est ici l'inscription, dans le plan de masse initial, de deux immeubles de dix étages, une première à Bordeaux, en guise de clôture, face aux bâtiments de la première tranche, de ce qui va devenir le parc de la cité Pinçon. L'esprit en est cette fois résolument moderniste, conjuguant la verticalité blanche des dix étages à l'horizontalité des longues baies interrompue par les balcons superposés et par la trouée des porches permettant l'accès au jardin. Le matériau est moins noble, plus économique, plus léger : béton armé et pouzzolane. Les toits-terrasse sont aménagés d'équipements collectifs fonctionnels (séchoir à linge). L'ensemble est complété par une série de bâtiments de moindre hauteur, des plots de quatre étages placés perpendiculairement à l'avant des deux précédents, d'autres bâtiments de cinq étages et des maisons d'un étage disséminées à l'arrière des immeubles de Volette, portant le parc de logements à un total de 600[4] - [14] - [15].

    Le Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme réalise sur l'opération un film documentaire de propagande diffusé aux actualités et dans les points d'information ouverts à cet effet[16].

    Ce qui va faire de cet ensemble dont prendront possession les 3 000 locataires Ă  partir 1955, bien au-delĂ  d'une citĂ©-jardin, une ville verte dans l'esprit de Le Corbusier, ce sont les Ă©quipements collectifs imaginĂ©s par les urbanistes bordelais et placĂ©s dans l'axe opposĂ©, en pĂ©riphĂ©rie du jardin, et donc accessibles aux usagers extĂ©rieurs, avec au nord un groupe scolaire et au sud une salle de sports. La piscine ("Galin") prĂ©vue dans le plan sera construite dans un troisième temps mais crèche, centre social et salle des fĂŞtes sont Ă©galement au programme[4] - [14].

    Un programme que Jacques Chaban-Delmas a la fierté de présenter le à Nikita Khrouchtchev[17] - [18] - [19] - [20], lors de sa visite en France qui fait suite à sa visite aux États-Unis. Le journal Le Monde rebaptise à cette occasion le quartier de la Benauge « Manhattan-sur-Garonne » : « De loin, avec ses blocs tout blancs, ses tours gratte-ciel, elle ressemble à un gigantesque jeu de clames. De près, c'est Manhattan sur les bords de la Garonne. Des gazons, des trottoirs, des piscines, un groupe scolaire, des installations sportives, et là-dedans plus de trois mille personnes vivant dans un bain d'air et de lumière et dans des conditions de confort dignes de notre temps »[21] - [22] - [23].

    Culture et loisirs

    Dans le quartier de la Benauge, il y a la crèche municipale, la bibliothèque de la Bastide, la salle Jean-Dauguet où plusieurs sports sont pratiqués. Il y a aussi la piscine Galin et le collège Jacques Ellul qui participe, avec le Club des Girondins de Bordeaux Bastide HBC, à la classe de handball. Le « terrain du petit cardinal » se situe juste à côté du collège Jacques Ellul : les enfants peuvent y jouer au football. Il y a également le gymnase Thiers qui a été construit en 1974.

    Depuis 2010, le festival Clair de Bastide a lieu. Ce festival de danse accueille plusieurs personnes de tout âge, il se déroule au centre d'animation Benauge.

    RĂ©novation

    Une partie de La Benauge est intĂ©grĂ©e au sein du quartier prioritaire « Benauge-Henri Sellier-LĂ©o Lagrange » avec 3 370 habitants en 2018[24]. Il a ainsi pour ambition de changer le paysage : dĂ©molition de bâtiments pour avoir plus d'espace d'habitation[25] - [26].

    Les bâtiments les moins confortables seront détruits en particulier la barre qui longe la rue Recteur Thamin. Un pôle culturel sera construit dans des rues refaites, le quartier de la Benauge va se transformer d'ici 2020. Le projet est de construire des logements confortables en passant de 500 à 700 appartements. On y trouvera des logements sociaux à côté de logements étudiants.

    Les habitants et les métiers d'autrefois

    On trouvait auparavant à la Benauge des dockers qui sont des personnes qui déchargent les bateaux ainsi que des pêcheurs de morue et de poisson[27]. Les maçons et les rémouleurs sont d'autres métiers que l'on pouvait exercer à la Benauge. Il y avait aussi des vignerons et des bergers. La chasse et la pêche faisaient partie de la vie courante. Honoré Picon, l'inventeur du célèbre apéritif Picon, avait sa propre usine à la Benauge. Il fut maire de Carignan, conseiller général et président de plusieurs sociétés sportives. Il y avait des musiciens de rue (Les Poupelins de la Bastide par exemple). Fin 2009, la population est de 14 379 habitants à la Benauge[28].

    Annexes

    Articles connexes

    Bibliographie

    • AndrĂ© Desforges (direction), L'histoire des maires de Bordeaux : le grand journal de la commune, [collectif], Bordeaux, Les Dossiers d'Aquitaine, 2008, 523 p. (ISBN 978-2-84622-171-9)[29]
    • Brigitte Lacombe, Francis Moro, La Bastide, Bordeaux, Saint-Cyr-sur-Loire, Alan Sutton, tome I : 2002, 127 p. tome II, 2005, 96 p. (ISBN 2-84253-754-8)[30]
    • Silvia Marzagalli (direction), Bordeaux et la marine de guerre : XVIIe-XXe siècles, [collectif], Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2002, 198 p. (ISBN 978-2-86781-298-9)[31]
    • Louis Desgraves, Évocation du vieux Bordeaux, Paris, Éditions de Minuit, 1976, 448 p. (ISBN 2-7073-0126-4)[32]
    • Charles Higounet (direction), Histoire de Bordeaux, [collectif], Bordeaux, FĂ©dĂ©ration historique du Sud-Ouest, 1962-1965, 8 volumes[33]
    • Michel Saffran, Bordeaux Naguère, Payot, 1981
    • Jean-François Rotonnat, La vie d'autrefois en Gironde, Sud Ouest, 1994
    • Pierre Dobos et Patrick Dauget, La Bastide Quartier de Lune
    • Mario Graneri, Dictionnaire de Bordeaux
    • Mairie de Bordeaux, Grand Bordeaux, 2009
    • Journal Sud Ouest, Portrait de quartiers,

    Liens externes

    Notes et références

    1. « Huit quartiers pour vous », sur Site officiel de la ville de Bordeaux (consulté le )
    2. Localisation avec Google Maps
    3. Informations sur le site TBM
    4. « De 1920 Ă  2010 L'histoire d'Aquitanis Â» sur le site aquitanisphere.com (pdf en tĂ©lĂ©chargement)
    5. Desgraves, 1976, p. 418-420
    6. La patrimonialisation de l'urbain, Yann Le Fur, Mathieu Dormaels, Lyne Bernier, Presses universitaires du Québec, 2012, collection Nouveaux patrimoines, 268 p. (ISBN 9782760536296) (lire en ligne)
    7. « Pinçon contre pinson, qui va gagner ? Â», Jean-Claude Meymerit, Faubourg ! La Bastide, 15 juillet 2014
    8. Conseil municipal public du 27 janvier 2014, 7e modification du PLU de la CUB, p. 442 (pdf en téléchargement)
    9. « Aquitanis partenaire des JournĂ©es europĂ©ennes du patrimoine 2011 Â» sur le site aquitanisphere.com (pdf en tĂ©lĂ©chargement)
    10. Paul Volette sur le site pss-archi.eu (qui ne présente à ce jour que ses réalisations de la cité Carle Vernet, plus tardive mais de même conception) (lire en ligne)
    11. « Objet ROYER-B-50. CitĂ© de la Benauge, Bordeaux (Gironde). 1950-1955 Â» sur la base ArchiWebture de l'Institut français d'architecture (lire en ligne)
    12. « Ă‰tonnante citĂ© de La Benauge Â» sur le site du CAUE de la Gironde (voir les photos en ligne)
    13. Jean Royer sur le site pss-archi.eu (lire en ligne)
    14. « La citĂ© de La Benauge Â» sur le site de la mairie de Bordeaux
    15. « Cru Carlu Ă  Bordeaux Â», Architectures de cartes postales
    16. Marcel de Hubsch, Naissance d'une cité (film, 1956)
    17. Cathy Lafon, « 50 ans après sa mort : cinq choses à savoir sur Nikita Khrouchtchev », Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
    18. « Bordeaux ma ville. Histoires. La cité Pinçon », sur m.bordeaux.fr
    19. « Cité de la Benauge : métamorphose en cours », sur lebordeauxinvisible.blogspot.com,
    20. « Cité Pinçon », sur memoirequartier.canalblog.com,
    21. « M. Chaban-Delmas a fait à son hôte les honneurs de Bordeaux », Le Monde,‎ (lire en ligne)
    22. « Jacques Chaban-Delmas fait visiter la cité de la Benauge à Nikita Khrouchtchev » [photographie], sur aquitanisphere.com,
    23. « [...] et là-dedans plus de trois mille personnes vivant dans un bain d'air et de lumière. » [photographie], sur aquitanisphere.com,
    24. Quartier Prioritaire : Benauge - Henri Sellier - LĂ©o Lagrange sur sig.ville.gouv.fr
    25. Bordeaux 2030 : La Benauge une rénovation urbaine
    26. « Projet de renouvellement urbain Benauge Joliot-Curie », (dont vidéo 29:49 et 7 panneaux d'exposition), sur bordeaux.fr (consulté le )
    27. Saffran, 1981.
    28. Rotonnat, 1994.
    29. Notice BnF n° 414207746 (lire en ligne)
    30. Notice BnF n° 38856349
    31. Notice BnF n° 38929725 (lire en ligne)
    32. Notice BnF n° 34698239
    33. Notice BnF n° 34327787
    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.