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Klara et le Soleil

Klara et le Soleil (titre original : Klara and the Sun), paru en 2021, est le huitième roman de l'écrivain britannique Kazuo Ishiguro.

Klara et le Soleil
Auteur Kazuo Ishiguro
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Genre Roman
Version originale
Langue Anglais britannique
Titre Klara and the Sun
Éditeur Faber and Faber
Lieu de parution Londres
Date de parution 2021
Nombre de pages 307
ISBN 978-0-571-36487-9
Version française
Traducteur Anne Rabinovitch
Éditeur Gallimard
Collection Du monde entier
Lieu de parution Paris
Date de parution 2021
Type de média Livre papier
Nombre de pages 386
ISBN 978-2-07-290-920-7

Résumé

La narration de ce roman d'anticipation dystopique est assurée par Klara, une androïde à énergie solaire, de type B2 4e série. L'action commence dans un magasin d'Amis Artificiels (AA), où il importe d'être bien exposé(e) en vitrine par Gérante pour attirer la clientèle et prendre le soleil. Outre les collègues B2 (Rosa, Rex, Kiku...), la concurrence est rude avec la nouvelle génération, des modèles B3, dotés d'une certaine olfaction, et le risque est fort de se retrouver en boîte dans la remise, loin du soleil, avant de disparaître.

Klara fait preuve de meilleures qualités d'observation et de compréhension que les autres AA présents dans le magasin. Elle remarque tout ce qui se passe à l'extérieur, en particulier chaque enfant accompagné par son AA et/ou des adultes. Mais les AA évitent de s'approcher de la vitrine, par gêne, et surtout par peur de se faire supplanter. Le Soleil est perçu comme une divinité généreuse qui « déverse son nutriment », quand il n'est pas gêné par tel grand immeuble en face, ou par la pollution de telle goudronneuse (de type machine Cootings).

Enfin, une jeune fille, Josie, 12 ans et demi, après plusieurs visites, persuade sa mère d'acheter Klara. La suite de l'action, sur plusieurs mois, se déroule principalement à (proximité de) leur domicile, vaste maison contemporaine en zone anciennement agricole. L'état de santé de Josie est très instable, elle est obligée de suivre (parfois difficilement) des cours à distance (via des objets oblongs). Sa vie sociale se résume à une unique réunion interactive à domicile avec des jeunes de son âge. Le voisin, Rick (15 ans, inventeur de son propre système d'oiseaux-drones), y est le seul autre enfant « non relevé » (plus ou moins déclassé) et discriminé. Les rares sorties sont l'excursion à Morgan Falls puis le voyage en ville chez l'Amie.

Que peut faire l'Amie Artificielle pour Josie ? Essayer de l'accompagner dans le processus d'augmentation ("relever"), mais aussi de la sauver de la maladie et de la mort.

Thématiques

Qu'est-ce que cet androïde ? C'est d'abord un produit manufacturé programmé, conscient de ses limites physiques : finitude, fragilité, vulnérabilité, obsolescence, perception fine (visuelle, sonore), absence de certaines sensations (goût, olfaction), vision limitée (nécessaire accommodation selon lumière, champ visuel en voiture, vitesse), proprioception restreinte (équilibre, oreille interne, déplacement en environnement nouveau, instable, imprévisible ou insécure (obstacles du monde réel, escalier, fossé, barrière, être vivant, circulation, foule), relative insensibilité (douleur, hostilité), nécessité de recharge d'énergie (ici solaire). C'est ensuite une intelligence artificielle : observation, décodage, compréhension, curiosité, cognition, enregistrement, apprentissage, imitation, réplication (postures, gestes, paroles, intonations...). C'est surtout un assistant personnel : disponibilité, attention, sollicitude (care), empathie (d'abord envers le Mendiant, les chauffeurs de taxi, etc.), discrétion, effacement, positivité, indulgence, évitement en milieu hostile, anxiété, planification. Cet agent virtuel n'est pas un robot domestique ni un animal de compagnie virtuel (façon tamagotchi). Klara est capable d'établir durablement des relations bénéfiques, évidemment avec "son" humain, mais surtout avec une partie positive de son entourage : Gérante, Gouvernante Melania, la mère Chrissie Arthur, l'ex-mari Paul, le jeune voisin Rick, sa mère Helen, le scientifique Henri Capaldi. Elle est enfin capable d'intercession efficace auprès d'un être supérieur (Soleil). Elle respecte ainsi les trois lois de la robotique (1942, Isaac Asimov), et dispose de la quatrième (relative autonomie, planification). Elle gère peut-être moins bien sa solitude et son besoin de communiquer avec d'autres androïdes. Elle est enfin capable de sacrifice, puisqu'elle fournit la moitié d'un de ses "fluides précieux" pour détruire une goudronneuse, au risque de voir diminuer ses propres capacités.

Que sont ces êtres humains ? D'abord ce que peut en comprendre la narratrice, un objet programmé, aussi sophistiqué soit-il, généraliste, sans spécialisation médicale (comme dans Auprès de moi toujours), uniquement chargé d'accompagnement d'enfant ou adolescent. Josie souffre d'une maladie incapacitante non précisée, en tout cas différente de celle de sa sœur qui en est morte. Incapable de suivre une vie et une scolarité normales, généralement seule (mère au travail, ex-père au loin) ou avec sa gouvernante. Rick est le seul proche avec qui développer depuis longtemps affection, empathie, soutien, jeu, amitié, amour. Ils sont tous deux différents de toutes ses autres connaissances de leur âge. Ils ne sont pas "relevés", au sens de pas scolarisés normalement (pour des raisons de santé, de finances ou de sociabilité), ils méritent tous deux de s'inscrire en université, mais seule Josie dispose d'une AA.

Deux autres éléments sont pointés : les androïdes concurrencent, dans des emplois subalternes, dans une certaine mesure, les humains et sont donc stigmatisés et/ou repoussés (comme lors des scènes de restaurant et de théâtre). Au contraire, ou plutôt en parallèle, la mère de Josie et le scientifique Henri Capaldi souhaitent, si nécessaire, que Klara prolonge Josie (dans l'enveloppe que ce dernier a fabriquée pour pallier sa mort présumée proche).

Bien que ne comprenant guère la pensée complexe des humains, le personnage de Klara, AA, Intelligence artificielle, relève de l'éthique de la sollicitude : la conscience ne serait plus ni l'exclusivité ni la priorité des êtres humains ?

RĂ©ceptions

RĂ©ception dans le monde

En 2021, la Bibliothèque de New York (qui réunit celle du Bronx, Manhattan et Staten Island) classe le roman de Kazuo Ishiguro parmi les livres les plus empruntés de la ville, témoignant du succès du document[1] - [2].

Le magazine The Atlantic écrit au sujet du livre Ishiguro may have written about a dystopia, but its robot protagonist is almost utopian. (« Ishiguro a peut-être écrit à propos d'une dystopie, mais l'androïde principale est pratiquement utopique. »)[3].

The Columbus Dispatch affiche le roman parmi les meilleurs de l'année 2021, en particulier pour ses qualités positives en temps de pandémie[4].

RĂ©ception en France

Le roman de Kazuo Ishiguro est choisi par le journaliste Florent Georgesco pour figurer dans la sélection du Monde des Livres de 2021[5] - [6].

« Toute cette agitation humaine paraît se produire en arrière-plan. Ou comme reflétée par ces miroirs que Klara découvre dans la grange et qui, lorsque le soleil arrive, explosent ses rayons en des centaines d’éclats, les font tourner autour d’elle dans un jeu infini d’éparpillement des choses, entraînant le robot et le lecteur, son semblable, vers un autre monde. Ce monde dont Klara et le soleil invente à mesure une passionnante, inoubliable cartographie : la conscience humaine, telle que seuls les très grands romanciers peuvent la révéler à elle-même, comme inconnue. »[7] - [8]

« Klara, sans avoir de cœur humain « spécial », « unique » et « authentique », va réussir pour finir à incarner, semble-t-il, une vérité humaine intéressante et difficile : celle de l’obsolescence des parents »[9]

« Kazuo Ishiguro ne montre pas un monde déshumanisé, mais veut croire au contraire aux bienfaits de la science. Lire déroutant, mystérieux, vertigineux, ce nouvel opus — dans la lignée d'Auprès de moi toujours — reste optimiste, comme un conte réconfortant pour une jeunesse marquée par la crise. »[10]

Notes et références

  1. (en) New-York Public Library, « New York City’s Three Public Library Systems Unveil The Most Borrowed Books of 2021 », sur The New York Public Library, (consulté le )
  2. Hocine Bouhadjera, « De New York au Canada, les livres les plus empruntés de 2021 », sur ActuaLitté.com, (consulté le )
  3. (en) The Atlantic Culture Desk, « The 20 Best Books of 2021 », sur The Atlantic, (consulté le )
  4. (en-US) Nancy Gilson and Margaret Quamme, « Year in review/books: Strong, powerfully written works were abundant », sur The Columbus Dispatch (consulté le )
  5. Raphaëlle Leyris, Jean Birnbaum, Florent Georgesco, Macha Séry, Nicolas Weill et Florence Noiville, « Les meilleurs livres de 2021 : la sélection du « Monde des livres » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Vincy Thomas, « Les 30 livres de l'année 2021 selon "Le Monde" », sur Livres Hebdo, (consulté le )
  7. Florent Georgesco, « « Klara et le soleil » : Kazuo Ishiguro regarde la conscience en face », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  8. https://toutelaculture.com/livres/fictions/klara-et-le-soleil-de-kazuo-ishiguro-a-i-intelligence-artificielle/
  9. Claude Grimal, « La tristesse des robots », sur en-attendant-nadeau.fr, (consulté le ).
  10. Claire Chazal, « Kazuo Ishiguro : "J'ai voulu montrer que des choses positives pouvaient arriver malgré tout" », Lire Le Magazine Littéraire, no 499,‎ , p. 7-10 (ISSN 2728-6762)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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