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Kelainai

Kelainai, Celaenae (Celænæ, grec moderne : Κελαιναί) ou CĂ©lènes, est une citĂ© antique de Phrygie et la capitale de la satrapie perse de Grande-Phrygie[1]. Elle est situĂ©e près de la source du MĂ©andre, dans ce qui est aujourd'hui le centre-ouest de la Turquie, et sur la grande route commerciale vers l'Est. La ville de Dinar, dans la province d'Afyonkarahisar, occupe aujourd'hui le mĂŞme site. 

Kelainai
Celaenae
Localisation
Pays Drapeau de la Turquie Turquie
CoordonnĂ©es 38° 04′ 18″ nord, 30° 09′ 56″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Turquie
(Voir situation sur carte : Turquie)
Kelainai
GĂ©olocalisation sur la carte : province d'Afyonkarahisar
(Voir situation sur carte : province d'Afyonkarahisar)
Kelainai

Histoire

Reddition de Kelainai au temps d'Alexandre dans un manuscrit médiéval.

Kelainai est mentionnĂ©e pour la première fois par HĂ©rodote dans le livre VII des Histoires; narrant l'itinĂ©raire de Xerxès vers la Grèce en 480 av. J.-C., il dĂ©crit sa situation sur le fleuve MĂ©andre, avec la rivière Catarractes qui s'y jette depuis la ville. Il Ă©voque aussi une lĂ©gende locale associĂ©e au satyre Marsyas[2]. Le fondateur mythique de la citĂ© est Midas, qui aurait, Ă  l'instar d'AthĂ©na, inventĂ© un type de flĂ»te[3]. XĂ©nophon la dĂ©crit, dans le livre I de l’Anabase, comme le lieu oĂą Cyrus rassemble ses mercenaires grecs en 401.

En 394 Agésilas II, atteignant le Méandre dans sa marche à travers la Phrygie, consulte un oracle pour déterminer s'il doit attaquer Kelainai. Recevant un présage négatif, il redescend la vallée jusqu'à Éphèse. « En réalité, les présages simplement confirmé une décision antérieure : marcher contre Kelainai serait terriblement risqué[4]. »

Ă€ l'hiver 333, Alexandre le Grand parvient Ă  l'extĂ©rieur de la ville alors sous la tutelle d'un satrape perse. Quinte-Curce Ă©voque « la richesse de l'agriculture et de l'Ă©levage d'un pays riche dans les villages plutĂ´t que dans les villes » (Histoire d'Alexandre, III, 1, 11)[5]. L'armĂ©e d'Alexandre se repose dans ses immenses, et cĂ©lèbres, jardins tandis que les Perses tiennent toujours la forteresse (tetrapyrgia[6]) qui domine la ville. La garnison finit par se rendre Ă  Antigone le Borgne après plusieurs semaines de siège (Alexandre a en effet prĂ©fĂ©rĂ© s'avancer vers Gordion). Elle est la capitale du diadoque jusqu'Ă  sa mort en 301[7]. Eumène de Cardia, son rival, y sĂ©journe en 320.

De Lysimaque, elle passe ensuite Ă  SĂ©leucos, dont le fils Antiochos, comprenant son importance gĂ©ographique, la refonde sur le site plus ouvert d'ApamĂ©e[7]. D'après Ronald Syme, « d'un point de vue topographique, le changement a Ă©tĂ© moins important que, par exemple, Ă  Nysa, une nouvelle ville, constituĂ©e par le synĹ“cisme de trois villages diffĂ©rents »[8].

GĂ©ographie

Sa position à l'intersection des routes traversant l'Asie Mineure fait de Kelainai un carrefour idéal pour le commerce et une grande étape de caravanes au temps de l'empire achéménide et des royaumes hellénistiques. Trois routes reliant l'Asie Mineure occidentale à Suse y passent[9].

Exploration

Le site d'Apamée-Kelainai a fait l'objet de recherches archéologiques par une équipe européenne en 2008-2009[10], qui ont donné lieu à la publication d'un ouvrage en 2016[11].

Références

  1. Briant 1973, p. 45
  2. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VII, 26
  3. Astrid Nunn, « L. Summerer, A. Ivantchik, A. von Kienlin (eds.). Kelainai-Apameia Kibotos : Développement urbain dans le contexte anatolien. Stadtentwicklung im anatolischen Kontext Actes du colloque international Munich, 2-4 avril 2009 / Akten des Internationalen Kolloquiums, München, 2-4 April 2009. », Abstracta Iranica, vol. 34-35-36, Comptes rendus des publications de 2011-2013,‎ (lire en ligne).
  4. Briant, De Cyrus Ă  Alexandre, p.639.
  5. Briant, De Cyrus Ă  Alexandre, p. 705.
  6. Ce terme désigne une construction carrée munie de quatre tours d'angles, certainement répandue en Phrygie dès l'époque archaïque.
  7. Hadrien Bru, La Phrygie Parorée et la Pisidie septentrionale aux époques hellénistique et romaine : Géographie historique et sociologie culturelle, Leiden/Boston, Brill, coll. « Mnemosyne, Supplements, History and Archaeology of Classical Antiquity », , 428 p. (ISBN 978-90-04-33740-4 et 90-04-33740-7, lire en ligne), p. 68.
  8. Syme, Anatolica, p. 337.
  9. Briant 1973, p. 49-52.
  10. Askold I. Ivantchik, Alexander von Kienlin et Latife Summerer, « Recherches à Kélainai -Apamée Kibotos en 2008-2009. Rapport préliminaire », Anatolia Antiqua, vol. 18,‎ , p. 109-140 (DOI https://doi.org/10.3406/anata.2010.1305, lire en ligne).
  11. Guy Labarre, « Kelainai – Apameia Kibotos : une métropole achéménide, hellénistique et romaine. – A. Ivantchik, L. Summerer, A. von Kienlin dir. », sur revue-etudes-anciennes.fr.

Bibliographie

  • Pierre Briant, Antigone le Borgne : Les dĂ©buts de sa carrière et les problèmes de l'assemblĂ©e macĂ©donienne, Besançon, UniversitĂ© de Franche-ComtĂ©, coll. « Annales littĂ©raires de l'UniversitĂ© de Besançon » (no 152), , 400 p. (ISBN 2-251-60152-X, lire en ligne), p. 52.
  • G. Weber, Dinair CĂ©lènes-ApamĂ©e-Cibotos (46 pages avec un plan et deux cartes) (Besançon: Delagrange Louys, 1892).
  • Ronald Syme (ed. Anthony Richard Birley), Anatolica: Études de Strabon (Oxford University Press, 1995: (ISBN 0-19-814943-3).
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